La goélette Polar Bear est construite en 1911 pour le capitaine
Louis Lane et ses associés par la E.W. Heath Company de Seattle. Propulsée
par un moteur à essence de trois cylindres, la goélette de 81 tonnes
a été conçue d'après le modèle des goélettes
de pêche de Gloucester. Le Polar Bear effectue deux expéditions
de commerce dans l'Arctique sibérien et est ensuite équipé
pour une expédition de chasse à la baleine en 1913. À cause
des glaces épaisses de 1913, le navire passe l'hiver près de
l'île Barter avec l'Elvira et le Belvedere, pas
très loin de l'endroit où les deux bateaux servant à
l'Expédition canadienne dans l'Arctique, l'Alaska
et le Mary Sachs, sont mis en quartiers d'hiver. Durant sa deuxième
excursion de chasse à la baleine en 1914 (l'une des dernières
expéditions de chasse à la baleine), la goélette croise plusieurs
fois des membres de l'Expédition canadienne dans l'Arctique.
En août 1915, Stefansson affrète le
Polar
Bear du capitaine Lane (qui a rencontré Stefansson
à l'île Banks) pour se rendre à l'île Herschel
et à Bernard Harbour. Se rendant compte que les frais d'affrètement,
qui s'élèvent à 1000 $ par jour, se rapprochent du
prix d'achat, Stefansson décide d'acheter le Polar Bear pour
la somme de 20 000 $. Dans le cadre de cette transaction, Stefansson
achète aussi le Gladiator de Fritz Wolki pour 6000 $ et donne
la plus petite goélette à Lane en paiement partiel du Polar Bear.
« Durant mon absence, le Polar Bear est arrivé
et nous attendons M. Stefansan depuis trois jours, les provisions sont chargées
à bord du navire et ont été achetées par le commandant.
Aussi, un autre bateau, le Gladiator, a été
acheté du capt. Volki et 50 nouveaux chiens ont été
achetés de diverses personnes, ce qui nous en fait 90 avec ce que Wilkins
a à bord du North Star. Mon informateur, le capt. Lane, m'a aussi
apporté du courrier venant de chez moi et de plusieurs membres de ma famille
aux États ». (Journal de Storkersen, le 29 août 1915).
« Il [Stefansson] a aussi acheté le Polar Bear
pour la somme de 20 000 $ avec en plus le North Star, en plus de payer
Louis Lane 12 000 $ pour affréter le bateau. Un autre achat a été
le Gladiator, une goélette à essence, appartenant à
Fritz Wolki, pour 7000 $. Le Polar Bear est arrivé à l'île
Banks le troisième jour après notre départ, mais V.S. est
resté à l'île Baillie avec le Gladiator pendant
six autres jours pour attendre un esquimau, Alingnak, et sa femme. Lorsqu'ils
sont arrivés à Kellett, il a embarqué à bord du Polar
Bear et comme le North Star n'était pas disponible, Louis
Lane a dû prendre le Gladiator pour prendre la mer. » (Journal
de Wilkins, le 29 octobre 1915).
En 1915-1916, le Polar Bear passe l'hiver à
pointe Armstrong à l'île Victoria. Stefansson veut que le navire
passe l'hiver à l'île Melville, mais il est incapable de
briser la glace dans le détroit de McClure.
L'été suivant, le Polar Bear est
censé se rendre à l'île Melville, mais de nouveau, les
conditions de la glace ne le permettent pas. En fait, le navire passe l'hiver
1916-1917 à l'île Victoria, dans un lieu plus au sud, dans la
baie de Walker. Le Polar Bear quitte l'île Victoria à
l'automne 1917 avec les membres des équipes de soutien du nord. Ils
naviguent jusqu'aux îles Baillie, retournent à l'île
Banks et rejoignent finalement l'autre équipe de soutien au camp de
base de Kellett. Rendu là, le Polar Bear aide à tirer de la
grève le Mary Sachs, qui a subi des réparations, avant que
le capitaine Gonzales n'ordonne finalement de le démanteler, de l'échouer
et de l'abandonner.
Stefansson arrive au camp de base Kellett, achète le Challenge,
et rattrape Gonzales et le Polar Bear. Gonzales quitte l'Expédition
aux îles Baillie, et le Polar Bear poursuit sa route vers l'ouest avec
Stefansson à son commandement.
Au début de septembre 1917, à l'île
Herschel, la plupart des aides inupiats et inuits et William Seymour sont payés.
Le Polar Bear poursuit sa course vers l'ouest avec Hadley comme capitaine
et Castel et Masik comme premier et second officiers. À la mi-septembre,
la goélette s'échoue sur l'île Barter en Alaska
et passe l'hiver à cet endroit. Le printemps suivant, le Polar
Bear est endommagé et pratiquement coulé par l'inondation
des eaux de fonte. Sous le commandement de John Hadley, il est extirpé
des glaces avec succès et réparé. C'est le 22 juillet
1918 que Pipsuk, un employé de
l'Expédition, se noie en s'occupant des filets de pêche de
l'Expédition.
Au début août, le Polar Bear quitte finalement en partance
pour Nome. Toujours sous le commandement d'Hadley, la goélette navigue
ensuite vers St. Michaels en Alaska, préparée pour l'hiver et
réparée dans le but d'être vendue (Journal de Hadley 1918).
En 1919, elle est vendue à Jafet Lindeberg de Nome pour la somme de 5000 $.
Après avoir quitté le service de l'Expédition canadienne
dans l'Arctique en 1918, le Polar Bear reprend le commerce avec la
Sibérie. Le navire y rencontre de nouveau deux anciens membres de
l'Expédition canadienne dans l'Arctique, August Masik et Arnout Castel.
Castel installe des pièges à l'embouchure de la rivière
Kolyma à l'hiver 1920-1921. En juillet 1920, il prend des photos du
Polar Bear à côté de sa goélette Belinda,
qui est plus petite (dossiers R.M. Anderson des archives du Musée
canadien de la nature,). Masik s'est joint à une équipe
de commerçants qui demandaient de l'aide pour remorquer le Polar Bear,
échoué à l'embouchure du fleuve Kolyma en 1920. Il passe
l'hiver 1921-1922 à cet endroit, effectuant des réparations
à la goélette et établissant un territoire de piégeage
en vertu d'un permis accordé par les communistes (Masik et Hutchison
1935).
Le Polar Bear est finalement récupéré et utilisé
par les Soviétiques de 1925 à 1928. Rebaptisé Polyarnaya
Zvezda (Étoile polaire), la goélette sert à transporter du
matériel et des passagers le long de la côte arctique jusqu'au
fleuve Lena. En 1929, elle est déclarée comme étant inapte
à prendre la mer et termine probablement ses jours dans le fleuve Lena
(Barr 1988).
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