La nourriture : vivre de la terre ou de boîtes de conserve?
Que mangent les membres de l'ECA?
À l'heure des repas, les membres de l'ECA ont droit à tout, d'un
mets attendu
à un mets
dégoûtant.
Vivre de la terre
« Quand je suis rentré au bercail, Billy [Natkusiak]
a fait préparer pour moi un dîner composé de viande de loup.
La viande de loup est bonne et ressemble un peu au poulet, mais, comme d'habitude,
l'idée de manger de la nourriture inhabituelle me répugnait. Néanmoins,
j'ai apprécié le repas, et toute viande de loup que nous aurons
ne sera pas gaspillée par moi, si j'ai faim. » (Journal de Wilkins,
septembre 1914, dans le nord de l'île Banks)
Vivre de boîtes de conserve
« J'ai écrit un peu aujourd'hui et j'en ai assez
d'être harcelé par Pete à cause du menu hebdomadaire que j'ai
composé : dimanche, bacon, pommes de terre, carottes; lundi,
riz et pois; mardi, tomates, haricots verts, patates douces; mercredi,
miel, chou; jeudi, maïs, légumes en purée; vendredi,
poisson, riz, chou, patates douces; samedi, haricots, huîtres, tomates.
Chaque jour, nous avons des fruits séchés ou en conserve et toujours
des beignes, de la confiture et du beurre. Nous ne mourons donc pas de faim, même
si nous pouvons aisément mourir à cause de notre nourriture, parce
qu'elle n'est pas très cuite. Je peux difficilement blâmer Pete de
cela, car nous n'avons pas assez de charbon pour alimenter le poêle toute
la journée. Il doit donc faire de son mieux avec deux poêles Primus. »
(Journal de Wilkins, 1er décembre 1915, base de Kellett).
Du poisson au menu
Pour les membres de l'équipe sud, qui voient anéantir
leurs espoirs de se nourrir de caribou quand les troupeaux migrent plus à
l'est le long de la côte, le poisson devient une importante source locale
de nourriture. En route vers le nord, Anderson achète 136 kg de saumon
séché d'Albert Bernhardt à Teller, en Alaska, mais il faut
se ravitailler en poisson presque constamment.
Vivre de la terre
Bien que Stefansson souhaite promouvoir l'idée de vivre
de la terre, ses équipes transportent de grandes quantités de nourriture
pour compléter les fruits de leur chasse. Les victuailles constituent un
important élément des préparatifs de l'Expédition
et prennent beaucoup de place dans les bateaux. Pour les hommes qui travaillent
à partir du quartier général de l'Expédition ou dans
les principaux camps, seule la variété des aliments pose problème.
Les hommes de l'équipe nord sont heureux de découvrir
une cache laissée sur l'île Melville par le capitaine Bernier lors
d'une expédition précédente dans l'Arctique canadien :
« 25 oct. 1916. Au cours des trois derniers jours, j'ai été
occupé à réparer des harnais, à confectionner des
couvertures pour les chiens avec une mince fourrure, à transporter de la
glace et à accomplir diverses autres tâches. Je me suis promené
hier, mais je n'ai vu que des pistes de renard et de lièvre. Storkerson
[sic], Castill [sic] et Split sont arrivés à 14 h aujourd'hui. Ils
sont allés à Winter Harbor, où ils ont découvert une
superbe cache laissée par le capitaine Bernier lors de l'Expédition
dans l'Arctique de 1906 à 1910. Dans la cache, il y avait une grande variété
de choses qui nous faciliteront la vie lorsque nous accomplirons notre travail
durant l'année. Il y avait du sucre, du lait, des haricots, des pois, du
maïs, du beurre, des lanternes, des haches, de la corde, des scies, en fait,
tout ce qu'on pouvait désirer. Le kérosène (environ 40 gallons)
constitue la meilleure trouvaille, étant donné qu'avec un peu d'économie,
nous en aurons suffisamment pour nous débrouiller durant l'hiver et le
printemps prochain. » (Journal d'Harold Noice, 1915-1917, Archives nationales
du Canada MG30 B16).
Durant les déplacements de l'équipe nord sur
la mer de glace, des phoques et des ours polaires servent de nourriture aux hommes
et aux chiens. Sur l'île Banks et le long de la côte continentale,
des carcasses de baleines boréales, tuées l'année précédente
(certaines par l'équipage de la goélette Polar Bear), fournissent
en abondance de la nourriture aux chiens et permettent d'attirer les ours polaires
et les renards.
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- Video:
Stefansson traînant un phoque.
- Video:
McConnell et Storkerson écorchant un phoque sur la glace.
- Video:
Chasseurs retournant au camp avec des lièvres arctiques.
- Video:
Un Inuk mettant de la graisse dans un sac de peau de phoque.
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La nourriture entreposée dans des caches
Lors de leurs déplacements, les équipes de
reconnaissance cachent des provisions pour ceux qui les suivent. Voici un
extrait typique prélevé dans un journal faisant état
d'une cache laissée dans le sud de l'île Melville :
« Cache au cap James Ross. Faite par Storkerson [sic],
Thompson [sic], Anderson, Illun [sic], Picalo et moi. La cache est située
à environ un mille à l'ouest de la pointe du cap. Elle se trouve
dans un trou taillé dans la glace d'une haute crête de pression,
du côté du continent. Le drapeau anglais a été attaché
fermement à une lance qui a été enfoncée dans la glace
à côté de la cache.
Riz
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130 lbs
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Pantalons faits de couverture
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2 paires
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Sucre
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160
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Pantalons en peau de chevreuil
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3 paires
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Chocolat
|
110
|
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Pantalons de neige
|
3
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Pemm. - h[umains]
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468
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Chemise de neige
|
1
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Pemm. - c[hiens]
|
96
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Mitaines de fourrure
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3 paires
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Craquelins
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84
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Chaussettes de laine
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12
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Lait sec
|
50
|
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Chausettes de laine légères
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3
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Lait condensé |
14 boîtes |
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Chaussettes
de fourrure |
3 |
Beurre |
6 |
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Bas
de fourrure |
1 |
Tabac |
4 |
|
Mitaines
en peau d'orignal |
2 paires |
Soupe aux pois |
5 |
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Mitaines
en peau de cheval |
1paire |
Alcool |
4 gal |
|
Gants |
1paire |
Distillat |
20 |
|
Mitaines
de laine |
2 paires |
Kérosène |
30 |
|
Mitaines
de laine feutrée |
7 paires |
Tablettes de thé? |
2300 |
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Ligne
à morue |
2 bobines |
Allumettes |
3 boîtes |
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Ligne
à phoque barbu |
2 bobines |
Bottes
|
8 paires
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»
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Journal d'Harold Noice, 1917 (Archives nationales du Canada, MG 30 B16)
Les pilleurs de cache
Les caches de nourriture préparée et emballée
sont relativement à l'abri des loups ou des ours polaires qui rôdent.
Cependant, la viande fraîche, comme les carcasses de caribou ou de buf
musqué, rangées dans les caches durant l'hiver, est habituellement
vulnérable à ces prédateurs :
« 8 janvier. Nous sommes repartis et avons traversé le golfe jusqu'à
l'endroit où Storkersen avait une cache de viande. Nous avons franchi 17
milles par beau temps. En arrivant, nous avons découvert que la cache avait
été dévalisée par les loups et qu'il ne restait plus
un seul morceau de viande. Comme je l'ai toujours soutenu, il est dangereux de
dépendre des caches de viande à ce temps-ci de l'année, quand
le jour ressemble à la nuit et qu'un homme n'a aucune chance d'attraper
du gibier si la cache manque de provisions. C'est faire preuve d'une mauvaise
gestion, ce qui ne devrait pas se produire dans une expédition comme celle-ci.
Nous devrons laisser nos provisions ici dans une cache et rentrer au bercail pour
aller chercher de la nourriture pour les chiens. » (Journal de Karsten Andersen,
janvier 1917).
Pour ceux qui se déplacent en traîneau à chiens durant l'hiver,
la présence ou l'absence de gibier devient d'une importance cruciale. Quand
les provisions commencent à être épuisées et que la
chasse est infructueuse, même un vieux tas de déchets est le bienvenue,
devenant une source potentielle de nourriture. Parfois, les membres de l'équipe
nord en sont réduits à manger de la viande avariée provenant
de bufs musqués morts depuis longtemps.
« Nous nous sommes mis en route à 14 h et sommes
parvenus au camp du cap Grassy à minuit. Nous avons trouvé le camp
désert. Alignak a laissé une note disant qu'ils sont partis de cet
endroit le 16. Ils n'avaient plus de viande et très peu de graisse. Ils
nous ont laissé un gallon de kérosène, et nous avons trouvé
un peu de thé qu'ils avaient, de toute évidence, oublié.
Il nous restait environ 1 lb de farine. Billy est sorti et a trouvé une
vieille tête de buf, ce qui nous a donné de quoi manger pour
le dîner. Il en est resté un peu pour le petit déjeuner. Nous
avons donné aux chiens de vieilles semelles de botte et des lambeaux de
peau. Ils ne mangent que cela depuis le 24 avril. Quand nous partirons d'ici,
nous devrons dépendre de la chasse pour le gibier. Si nous pouvons obtenir
quelque chose demain, nous sauverons peut-être tous nos chiens. Deux d'entre
eux sont totalement vidés. Il a fallu faire entrer "Tansie",
l'un des vieux chiens de Seymore, parce qu'il ne pouvait plus se tenir debout
dans le harnais. Température. Couvert avec une forte brise du sud-ouest.
Dégagé à minuit. » (Journal de Castel, 28 avril 1917,
île Melville).
« Nous nous sommes mis en route le ventre vide. Billy
et Storkersen sont partis à la chasse par voie de terre. Castel, Ikuma
et moi avons quitté en traîneau. Janser est tombé sur la piste
et ne pouvait plus se relever. Je l'ai mis sur le traîneau afin de le sauver,
étant donné qu'il est notre vieux chien de tête. Nous sommes
arrivés à la maison de neige dans la baie tard dans la nuit. Tout
le monde s'y trouvait. Storkersen et Billy sont arrivés avant nous. Ils
n'ont pas eu de chance à la chasse. Nous avons commencé à
creuser pour récupérer des carcasses de buf musqué
laissées ici l'automne dernier. Nous avons creusé toute la nuit.
Enfin, nous avons eu la chance d'en trouver une vers le matin enfouie sous un
banc de neige de 8 pieds. Les loups avaient mangé un côté,
mais il en restait encore assez pour nourrir tout le monde et les chiens. La viande
était très avariée, mais nous n'avons pu attendre. Nous nous
sommes mis à quatre pattes et nous avons enfoncé nos couteaux dans
la carcasse pour nous remplir l'estomac. Quand enfin nous avons eu assez mangé,
nous avons nourri les pauvres chiens, qui avaient presque oublié ce qu'était
la nourriture. Elle est arrivée trop tard pour Janser. Il est mort peu
après. » (Journal de Karsten Andersen, 30 avril 1917, île Melville).
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