Désastre - Le naufrage du Karluk et l'île Wrangel
La tragédie du naufrage du Karluk,
navire amiral de l'Expédition canadienne dans l'Arctique, et la perte de
onze hommes de l'équipage ont été relatées dans cinq
livres publiés entre 1916 et 2000. Par conséquent, nous présentons
ici seulement un bref compte rendu de la perte du Karluk et du sort des divers
membres de l'Expédition canadienne dans l'Arctique qui étaient à
son bord.
Lorsque l'Expédition se met en route à partir
de Victoria (Colombie-Britannique) en juin 1913, la plupart des hommes, des provisions
et de l'équipement se trouvent à bord du navire amiral, l'ancien
baleinier Karluk, sous le commandement du capitaine Robert Bartlett. À
Nome, en Alaska, le Karluk est rejoint par les deux goélettes,
Alaska et Mary Sachs, achetées pour transporter les hommes
et les provisions qui se sont ajoutés en raison des nouveaux objectifs
de l'Expédition. Après un transfert important de cargaison et d'hommes
et un chargement de provisions supplémentaires, les trois vaisseaux se
mettent en route pour la mer de Beaufort, espérant se rencontrer à
l'île Herschel. Les conditions de la glace au nord de la côte de l'Alaska
sont difficiles en 1913 et le Karluk, comme plusieurs autres navires, se retrouve
emprisonné par les glaces. En septembre 1913, Stefansson, avec cinq autres
compagnons, quitte le Karluk pour chasser le caribou. Les deux goélettes
de l'Expédition, étant plus petites, réussissent à
naviguer dans des eaux peu profondes jusqu'à pointe Collinson en Alaska
où elles doivent passer l'hiver.
Le Karluk demeure pris dans les glaces et dérive
vers l'est pour être ensuite entraîné vers l'ouest avec les
banquises. Finalement, il se fait écraser par les glaces et sombre en janvier
1914 près de l'île Wrangel (Ostrov Vrangelya) au large de la côte
de Sibérie. Vingt-cinq des personnes qui étaient à bord atteignent
l'île Wrangel sans encombre, mais huit autres personnes parmi les membres
de l'équipage et les scientifiques trouvent la mort en cherchant à
atteindre les îles Herald et Wrangel. Quatre hommes, Alistair Mackay, Henri
Beuchat, James Murray et Stanley Morris, quittent le groupe du capitaine Bartlett
pour tenter de traverser seuls les glaces et trouvent la mort. Quatre autres hommes,
envoyés en reconnaissance par Bartlett, réussissent à atteindre
l'île Herald, mais meurent peu de temps après d'une cause inconnue,
peut-être à cause de la fumée provenant d'un poêle défectueux.
Le groupe de l'île Herald comprend Alex (Sandy) Anderson (premier officier
du Karluk), Charles Barker, John Brady et A. Golightly. Ce n'est qu'onze
ans plus tard, en 1924, lorsque le capitaine Louis Lane découvre leurs
restes, que leur sort est connu!
Après avoir atteint l'île Wrangel, Bartlett et
Kataktovik, l'un des chasseurs inupiats alaskiens de l'Expédition canadienne
dans l'Arctique, traversent la glace dangereuse jusqu'au continent russe puis
poursuivent leur voyage vers l'est jusqu'en Alaska pour organiser le sauvetage
des rescapés. À Emma Harbour, en mai 1914, le capitaine Pedersen
embarque Bartlett à bord de son navire, le Herman, puis le ramène
en Alaska. Une fois arrivé, Bartlett monte une Expédition de sauvetage
pour les survivants de l'île Wrangel et va à leur rencontre au large
de la côte à bord du USS Bear.
Les autres naufragés passent un hiver inconfortable
à Wrangel, réussissant à peine à survivre de pemmicans
et d'une quantité limitée de gibiers. Trois autres hommes meurent
avant que n'arrivent les secours à l'automne 1914. Le géologue George
Malloch et son assistant Bjarne Mamen meurent de néphrite, probablement
attribuable à de la viande de pemmican avariée. Quant au marin Breddy,
il meurt d'une blessure par balle, qu'il s'est probablement infligée lui-même.
La possibilité d'un homicide involontaire a aussi été mentionnée,
car Breddy avait été accusé d'avoir volé de la nourriture
aux autres membres du groupe.
La perte du Karluk et de ses hommes oblige Stefansson
à acheter des navires et des provisions supplémentaires à
un coût considérable et à engager des hommes en provenance
d'autres navires de la région pour grossir l'équipe nord. John Hadley
est le seul survivant de l'équipage du Karluk qui se joint une seconde
fois à l'Expédition.
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