4. Assistants locaux : chasseurs, guides, couturières, etc.
Alingnak
Alingnak, également connu comme « Freeman », avec sa femme
Guninanna et leur fille adoptive, Topsy Ikiuna, est
engagé par Stefansson comme chasseur pour l'équipe nord de l'Expédition.
Il voyage et chasse avec Stefansson et d'autres gens sur les îles Banks
et Melville. Stefansson et Anderson ont déjà travaillé avec
Alingnak au cours de leur expédition précédente. Stefansson
« le considère comme un bon compagnon d'humeur joviale, qui n'est
pas du tout paresseux, bien qu'incapable de travailler lorsqu'il est malade ».
(Stefansson 1913). Par exemple, Alingnak n'est pas capable de voyager à
la vitesse maximale : « Alingnak, dont les poumons ne sont pas les meilleurs,
avait de la difficulté à rattraper Eimu ». (Stefansson 1921).
En tant que chasseur, Alignak a un salaire de 20 $ à 75 $ par mois, qui
varie selon le travail et le temps de l'année. Iyituaryuk est le père
d'Alingnak et vient des îles Baillie; en 1913, Alingnak vit dans l'établissement
d'hiver de Nogarvik (Stefansson 1913). Sa grand-mère, « la vieille
femme Panigyuk à l'île Baillie (mère d'Irituorak,
"Rambler") », vivait dans une des maisons de crâne de
baleine-huttes de terre à Langton Bay (Journal de R.M. Anderson, le
2 septembre 1910).
Les descendants baptisés en son honneur incluent un
artiste d'Holman, Alex Alingnak Banksland, créateur de nombreuses gravures
d'excellente qualité.
Amaganna
La couturière Amaganna reçoit un salaire de 240 $ pour une année
de travail à cap Kellett à l'île Banks durant l'hiver 1916-1917
(Rap. du Vér. 1916-1917). Nous savons peu de choses de cette personne.
Elle n'est pas mentionnée par Stefansson ni par Jenness. Il est possible
qu'elle soit la femme d'Iyituaryuk qui travaille également
un an à cap Kellett (Rap. du Vér. 1916-1917).
Ole Andreasen
Ole Andreasen quitte sa Norvège natale et arrive dans l'Arctique canadien
à un moment quelconque avant 1912. Stefansson rencontre Ole pour la première
fois au printemps 1912 près du fleuve Mackenzie (Stefansson 1921 p. 25).
En 1914, Diamond Jenness rencontre Andreasen chez lui près
de l'île Barter sur la côte nord de l'Alaska. Stefansson engage Ole
comme membre de sa première équipe d'exploration sur les glaces
lorsqu'il traverse la glace de la mer de Beaufort jusqu'à l'île Banks
en 1914 et en 1915. Stefansson fait l'éloge d'Andreasen, commentant «
sa merveilleuse capacité à rester jovial dans toutes les circonstances »
et le décrivant comme « l'homme qui, après Storkerson,
est le meilleur voyageur des glaces que j'aie jamais connu » (Stefansson
1921).
Andreasen quitte l'Expédition en 1916. « Ole ...avait maintenant
suffisamment de capital pour s'acheter une petite goélette et commencer
des opérations de commerce indépendantes grâce auxquelles,
selon lui, il allait faire fortune. Il quitte l'Expédition avec le capitaine
Lane en embarquant à bord du Gladiator. J'appris plus tard qu'il
avait acheté ce navire. » (Stefansson 1921).
Andreasen passe l'hiver à bord du Gladiator près
de l'île Herschel puis se dirige vers le sud jusqu'à Nome où
il vend le Gladiator à Daniel Sweeney (ancien capitaine de l'Alaska
de l'Expédition canadienne dans l'Arctique) pour la somme de 2 000 $ en
août 1916. « Ole Adreason a décidé de ne pas retourner
dans le Nord cette année puisque son frère n'est pas arrivé,
ni le Polar Bear d'ailleurs, grâce auquel il devait se procurer des
provisions. » (Journal de R.M. Anderson, le 26 août 1916).
En 1918, « Ole Andreasen est maintenant responsable d'un
poste de traite à pointe Shingle. » (Stefansson 1921) À la
fin des années 1920, Andreasen est commerçant à pointe Atkinson
et encourage les trappeurs inuvialuits à aller à Banksland. Il vend
à Allen Okpik son équipement ainsi qu'une goélette en 1929
(Usher 1971). Ole exploite des postes de traite de fourrure à pointe Atkinson
à peu près entre 1921 et 1933, et à l'île Richardson
de 1933 à 1943. » (Usher 1971).
« Ole Andreasen était toujours à Tapkrak
[pointe Shingle], mais souhaitait s'établir plus loin vers l'est dans la
contrée Krangmalit. La même année [1931] le Bay Chimo, le
gros navire de la C.B.H., est projeté par la glace sur une banquise. »
(Nuligak/Metayer 1966).
« Ole Andreassen était un Norvégien venu
d'un endroit non loin d'où je suis né [Larsen]. Il avait fait partie
de l'expédition de Stefansson... Andreassen possède maintenant son
propre poste de traite et il aurait été un homme bourgeois s'il
n'avait pas eu si grand cur et donné presque tout ce qu'il possédait,
tant aux Esquimaux qu'aux Blancs. » (Larsen 1967).
Le commissaire de la GRC Wood suggère à Henry
Larsen de tenter d'engager Ole Andreasen, alors âgé d'environ soixante-cinq
ans, pour se joindre à l'équipage du St-Roch de la GRC lors de son
voyage dans le passage du Nord-Ouest. Ole prend l'avion pour faire le voyage de
la baie du Couronnement jusqu'à Halifax, où il se joint à
l'équipage de Larsen (Larsen 1967). La médaille polaire lui est
décernée ainsi qu'à d'autres membres de l'équipage
du St-Roch (Archives nationales du Canada RG18-Série G, vol. 3469).
On se rappelle toujours d'Ole Andreasen même dans l'ouest
de l'Arctique d'aujourd'hui. « Ole Andreasen était anciennement le
gérant à pointe Atkinson. [Il était] marié à
Attugiyuuk. Un jour [nous] avon passé Noël [chez Ole] et la femme
d'Ole a dit en anglais Ole, ouvre le nez! » [En inuvialuktun, le mot kinguk
signifie nez ou narine et est également utilisé pour décrire
un ventilateur]. » (Edward Ruben, 2002).
Link et Tahoe Washburn rendent visite à Ole et sa femme
Susannah dans leur demeure de l'île Richardson en février 1941. À
cette époque, son fils Jasper et ses deux petites-filles habitent avec
eux. « Ole était un homme tranquille et modeste. Il décrivait
ses longs voyages sur des mers et des terres inconnues sur un ton assez anodin
alors que ceux-ci étaient extraordinaires. » (Washburn 2001, Under
Polaris).
« Ole meurt à Vancouver en 1946 et est enterré
avec tous les honneurs de la Gendarmerie royale. » (Larsen 1967).
Capitaine Matt Andreasen
Matt (ou Martin) Andreasen était le frère d'Ole. Même si Matt
n'a jamais été membre de l'Expédition canadienne dans l'Arctique,
il a vendu sa goélette North Star et des provisions à Stefansson.
Il possédait également une cabane et des provisions à pointe
Atkinson, T.N.-O. Matt Andreasen possède une maison à pointe Atkinson
que Jenness, au temps où il était à bord du North Star,
visite en 1914. Matt était également connu sous le nom de Cheechako
Anderson.
James Asaela (Jim Fiji)
En 1910, Jim Fiji travaille pour le capitaine Fritz Wolki à bord de la
goélette Rosie H comme harponneur (Journal de R.M.Anderson 1910).
En 1915, Nuligak mentionne que Jim vit à bord de la goélette Rosie
H., attrape 110 renards, tout en travaillant comme harponneur pour l'une des
baleinières du Rosie H. (Nuligak/Metayer 1966).
Jim Fiji travaille pour l'équipe nord de l'Expédition
canadienne dans l'Arctique à partir du mois d'août 1915 jusqu'en
septembre 1917. Il est payé 75 $ par mois et reçoit en plus une
prime de 2,50 $ par jour pour surveiller une cache probablement la cache de
viande de caribou sur la côte est de l'île Banks pendant 60 jours
(Rapport du Vérificateur général 1919-1920).
Jim Fiji habite toujours à l'île Baillie en 1925
(Gillingham 1955). Metayer fait le récit suivant de la mort de Jim : «
Jim Fiji, Hawaïen (comme Tom Emsley), habite dans les environs de Booth.
Il vit dans une cabane qui est toujours visible aujourd'hui. Il ne s'est jamais
marié. Selon les Esquimaux, il est partiellement aveugle. En 1925, il disparaît.
Il semblerait qu'il soit allé chasser le phoque en mer sur la glace et
que sa mauvaise vue aurait fait en sorte qu'il ait pris la couleur noire des eaux
libres comme étant le reflet de la terre, et il est passé à
travers la glace. » (Nuligak/Metayer 1966).
« Jim est resté à l'île Booth, avec
la goélette, dans un petit havre appelé l'île Fiji. De bonnes
gens. [Il] chassait. Après [je ne sais combien d'années], il a été
emporté par les glaces, n'est jamais revenu. Dommage, [il] se faisait vieux
aussi. De l'île Booth, entre cap Parry, quinze milles, [il] essayait de
traverser de l'île Booth à cap Parry. Ne savait pas [au sujet] des
courants, glaces libres. » (Entrevue avec Edward Ruben, septembre 2002,
Paulatuk).
Emiu (Split-the-wind «
Fend-le-vent »)
Emiu était également connu sous le nom de « Split-the-wind »
en raison de sa prédilection pour les attelages de chiens rapides.
Originaire de Nome, et anciennement mousse à bord de la goélette
Polar Bear, Emiu participe à toutes les excursions en traîneaux
des « Terres nouvelles » dans les îles arctiques entre 1916
et 1918 (Stefansson 1921 p. 450, 569).
Emiu passe deux années à Seattle et la majeure partie du reste de
sa vie à Nome, en Alaska.
« Split est un petit homme toujours prêt à
tout, véritable paquet de nerfs mince comme un fil. Il avait l'habitude
de serrer étroitement sa ceinture, ce qui le faisait paraître encore
plus décharné qu'il ne l'était, et dans les camps, il prenait
grand plaisir à parler des bons steaks qu'il commanderait lorsque nous
serions finalement de retour à la civilisation. »(Noice 1924).
« Split a commencé. Il nous a dit... comment,
à telle date, il avait entraîné un attelage de chiens qui
avait remporté le All Alaska Sweepstakes en "Vingt-trois minutes
et quatre-vingt-neuf secondes pile!" » (Noice 1924).
Split est l'un de plusieurs anciens membres de l'Expédition
canadienne dans l'Arctique à avoir succombé à l'épidémie
de grippe espagnole de 1918. « Le petit Split est mort de la grippe espagnole
peu de jours après son arrivée à Nome. » (Noice 1924).
Guninanna
Femme d'Alingnak, et mère (adoptive) de Topsy Ikiuna, Guninanna, ou
« Kuninana » , travaille comme couturière pour l'équipe
nord de l'Expédition canadienne dans l'Arctique de septembre 1915 à
mai 1917, pour un salaire de 20 $ ou de 40 $ par mois (Rapport du Vérificateur
général 1919-1920). Stefansson l'engage surtout comme couturière,
mais considère sa connaissance des coutumes inuites et inuvialuites très
utile. « Guninana est l'un des meilleurs informateurs esquimaux jamais eus
auparavant, et certains des principaux résultats ethnologiques de mon ancienne
expédition sont fondés sur les renseignements qu'elle m'a transmis. »
(Stefansson 1921).
« J'ai trouvé que Guninana était beaucoup
mieux renseignée que je ne pensais au sujet des traditions anciennes de
son peuple et parlait le dialecte des îles Baillie avec un accent d'une
pureté indéniable et était la personne la plus joviale et
la plus patiente que j'ai jamais rencontré pour répondre à
des questions qui doivent nécessairement lui paraître ennuyeuses...»
« Guninana ...m'a dit comment les épidémies étaient
contenues, comment les famines étaient évitées, comment les
personnes étaient tuées ou étaient guéries par la
magie, comment on pouvait prédire l'avenir et dévoiler les secrets
cachés du passé, comment les personnes pouvaient voir à travers
les collines et voler jusqu'à la lune, et diverses autres histoires que
les Esquimaux chrétiens prétendent ignorer et dont ils ne vous diront
rien, ou sinon, ne vous diront que des demi-vérités ou des mensonges....
Guninana, à elle seule, pouvait me raconter des histoires, que, selon elle
(et je présume que c'est vrai), j'aurais pris des années à
écrire. » (Stefansson 1913).
Topsy Ikiuna
La fille adoptive d'Alingnak et de Guninanna, Topsy Ikiuna voyage avec l'Expédition
canadienne dans l'Arctique aux îles Banks et Melville de 1915 à 1917.
Elle est payée pour dix mois de travail comme couturière à
un salaire de 40 $ par mois (Rapport du Vérificateur général
1919-1920). En octobre 1916, Topsy et Natkusiak se marient à l'île
Melville. « J'ai vu Ikiuna, la nouvelle épouse de Natkusiak, mâcher
de la gomme... en se servant ... de la poix noire trouvée dans la mine
[de charbon]. » (Noice 1924).
Elizabeth Banksland de Holman, la belle-fille de Topsy, se
souvient d'elle comme d'une excellente couturière. « Topsy (Ikiuna)
était une quarteronne avec des cheveux noirs et frisés. »
(Entrevue avec Elizabeth Banksland, septembre 2002, Holman).
En septembre 2002, Jimmy Memogana se rappelle un chant de danse
joué au tambour sur l'île Melville qu'il a appris de sa mère,
Topsy Ikiuna. Ce chant a été composé par Kikoak, fils adoptif
d'Atenoyuk originaire d'Alaska, sur l'île Melville, durant l'Expédition
canadienne dans l'Arctique. Véritable complainte des longs hivers sur les
îles du nord, ce chant souligne la quantité impressionnante du nombre
de bufs musqués.
« Pungmagok Pungma » (Au-dessus de nous)
Our weather around us
Our land (here) with us
It doesn't become spring
It doesn't become summer
Going around the seasons (the circle)
Too many muskoxen
Too many muskoxen. »
Illun
Originaire de l'île Herschel, Illun est membre de l'équipage du Polar
Bear et voyage avec l'équipe nord de Stefansson dans les îles
arctiques en 1915 et en 1916. Lui et sa femme Kutok, couturière pour l'Expédition,
travaillent sur les îles Victoria et Melville, et Illun est membre de l'équipe
d'exploration de 1917. Lorsqu'Illun voyage avec Stefansson, il lui transmet des
renseignements sur plusieurs aspects intéressants des croyances surnaturelles
des Inuits (Stefansson 1921). Illun établit un camp de chasse à
l'île Ramsay près de Walker Bar à l'île Victoria.
Le salaire d'Illun, du mois d'août 1915 à février
1916. varie entre 20 $ par mois et 45 $ par mois. Il reçoit aussi une prime
de 5 $ par jour pour des travaux spéciaux. Lorsqu'il quitte l'Expédition
canadienne dans l'Arctique, il achète des chiens et des provisions provenant
de l'Expédition (Rapport du Vérificateur général 1919-1920).
L'Expédition achète diverses provisions à
Illun dont des peaux de caribou, des raquettes, du thé et des pièges
(24 à 1,50 $ chacun).
Iyituaryuk
Iyituaryuk, connu comme le « Rambler » , travaille pour l'Expédition
pendant au moins un an au camp cap Kellett sur l'île Banks. Le journal de
George Wilkins mentionne que Rambler se trouve à cap Kellett en 1916, et
le rapport du Vérificateur général pour 1916-1917 indique
qu'il a reçu un salaire de 240 $ pour un an de service à cap Kellett.
Iyituaryuk vend également à l'Expédition six de ses chiens
( 2 à 30 $ chacun, 3 à 15 $ chacun et 1 à 10 $ chacun) ainsi
que du poisson et 100 lb de viande de baleine (Rapport du Vérificateur
général pour 1916-1917).
Bien que Stefansson (1921) ne mentionne pas Iyituaryuk comme
faisant partie de l'équipe nord, il l'a rencontré en mars 1910 lorsqu'il
est arrivé avec d'autres visiteurs à l'établissement d'hiver
de Nogarvik, situé 12 milles à l'est des îles Baillie (Stefansson
1912). Stefansson note qu'Iyituaryuk est le père d'Alingnak. Le journal
de R.M. Anderson nous dit que la mère d'Iyituaryuk était «
la vieille femme Panigyuk à l'île Baillie... [qui] habitait dans
l'une des maisons à crâne de baleine-huttes de terre à Langton
Bay. » ( Journal de R.M. Anderson, le 2 septembre 1910).
Stefansson mentionne que Iyituaryuk était un jeune garçon
quelque cinquante ans avant 1910 (Stefansson 1912), suggérant ainsi qu'il
est né vers 1855. Il serait donc âgé de 61 ans en 1916. Wilkins
dans son journal suggère par ces mots (« ce couple ») que Iyituaryuk
était là avec sa femme, possiblement Amaganna
la couturière. Dans une lettre à Girling (le 13 juillet 1916) Anderson
note que « le "Mary Sachs" est toujours au sec à cap
Kellett, avec le capt. Bernard et le vieux Irituayuk ("Old Rambler")
ainsi que sa famille. »
Kutok (Katie Roland)
Stefensson (1921) mentionne que la femme d'Illun, Kutok, leur fournit des renseignements
sur les croyances locales. En tant que couturière, Kutok reçoit
un total de 100 $ pour son travail à cap Kellett à l'île Banks
effectué en 1916-1917, et 20 $ par mois pour les deux années qu'elle
a passé à travailler dans les îles Melville et Victoria, de
septembre 1917 à septembre 1919 (Rapport du Vérificateur général
de 1919-1920).
Kutok est connu plus tard sous le nom de Katie Roland, et ses
souvenirs du temps passé avec l'Expédition canadienne dans l'Arctique
sont consignés dans des enregistrements d'archives et cités abondamment
dans le projet d'histoire orale Aulavik (Nagy 1999). En voici un extrait :
« Puis nous sommes partis avec les Mimiqluks, les Ikugaks, Mamayauq et aussi
Panigavluk lorsqu'ils sont arrivés à la maison et Palaiyaq aussi.
C'était nous qui étions les Inupiats. Il y a beaucoup d'entre nous
et nous sommes partis. Lorsque nous avons poussé le bateau au large de
la côte, ils ont fait partir les sirènes et j'ai presque commencé
à pleurer. Nous avons voyagé et voyagé et nous sommes partis
vers l'océan dans un bateau avec deux grosses voiles. Ils ont dit que le
bateau était le Polar Bear. Il y avait beaucoup de Blancs, ils étaient
très animés ces Blancs.... nous sommes finalement arrivés
à l'île Banks. Des Inupiats étaient [là] et ils nous
ont accueillis. Un homme blanc appelé Charlie (Thomsen?) avait une femme,
mais j'ai oublié son nom. Aussi deux autres, Kiguaq et quelqu'un d'autre.
Ils travaillaient là à l'île Banks. Ils s'occupaient des chiens.
Ces deux-là ont pris du temps et, avec mon mari Itluun, ils sont restés
derrière. »
Peter Lopez
Peter Lopez est baleinier avant de joindre l'Expédition canadienne dans
l'Arctique. Il est venu dans l'Arctique à bord d'un baleinier qui a fait
naufrage sur Diamond Rock. Ce navire était probablement le baleinier Alexander
qui s'est échoué dans la brume au cap Parry en août 1906.
« Peter Lopez est resté avec nous à la
baie Tom Cod pendant deux ans. Il voyageait avec le vieux navire quand il s'est
échoué entre le côté ouest du cap Parry sur Diamond
Rock, un gros rocher en soi, élevé [hors de l'eau?]. Ils voyageaient
dans la brume. J'l'ai rencontré en 1925. Il restait à pointe Stephen.
Il racontait l'histoire du naufrage du bateau à Diamond Rock. Les membres
de l'équipage du baleinier ont pris la baleinière et sont partis
pour l'île Herschel. [Ils] sont restés à pointe Stephen. »
(Edward Ruben 2002).
Selon Frank Carpenter d'Inuvik, Peter était bien connu
des Inuits et sa réputation de chasseur à la baleine était
faite. Une histoire raconte qu'il a sauté sur le dos d'une baleine durant
une chasse (Entrevue avec Frank Carpenter, septembre 2002, Inuvik).
En septembre 1914, R. M. Anderson note que le baleinier Rosie
H. quitte les îles Baillie « piloté par Tom Emmsley, Jim
Fiji et Peter Lopez (Portugais de race noire) » avec l'intention de passer
l'hiver à l'île Booth (Journal de R.M. Anderson, le 9 septembre 1914).
En 1915, Peter Lopez était « responsable de la
goélette [Rosie H.], il avait avec lui Jim, le frère de Nuligak,
la mère de Nuligak et la femme de Lopez.... Peter Lopez, de race noire,
après un an à Baillie est allé vivre à Aklavik .»
(Nuligak/Metayer 1966).
Peter Lopez se joint à l'Expédition canadienne
dans l'Arctique aux îles Baillie en août 1915. « Pete Lopes,
un Portugais du Rosie H., m'a demandé du travail hier, et à
ce qu'il me dit, il semble être un homme disposé et capable, alors
je l'ai engagé ce matin pour donner un coup de main à bord du [North]
Star. J'ose dire que l'on pourrait se passer de lui, mais nous pourrions faire
mieux avec lui, car un bateau, si petit soit-il, a besoin de quatre hommes pour
le faire fonctionner continuellement dans ces eaux où l'on risque de rencontrer
de la glace à tout moment. Il a une femme esquimaude avec lui et elle nous
fournira une aide supplémentaire pour ce qui est de la couture.»
(Journal de Wilkins, le 15 août 1915). Lopez et sa femme Uttaktuak se rendent
à l'île Banks avec Wilkins à bord du North Star et
aident l'équipe nord de nombreuses façons. Il fait partie de groupes
de chasseurs et prend part à des excursions sur l'île Melville durant
l'hiver 1916, tuant des caribous et des bufs musqués, préparant
et cachant la viande pour les équipes de reconnaissance de Stefansson.
En 1917, Peter Lopez et Uttaktuak quittent l'île Victoria
à bord du Polar Bear, s'arrêtant à la base Kellett sur
l'île Banks. « ... les deux navires [Polar Bear et Challenge]
continuent leur route vers le port de cap Bathurst où le capitaine Gonzales
quitte l'Expédition. Nous avons également débarqué
plusieurs hommes qui désirent devenir des trappeurs ici, Pete Lopez, Jim
Fiji et des Esquimaux. » (Stefansson 1921).
La fille de Lopez et d'Uttaktuak, Lucy Adams, d'Inuvik, est
née à la baie de Tom Cod en 1931. Elle se rappelle peu de ses parents,
car sa mère est morte lorsqu'elle avait seulement trois ans et son père,
quand elle en avait huit (1938). Après la mort d'Uttaktuak (vers 1934),
Lopez envoie Lucy à l'école à Aklavik. « Il est resté
à la Mission, travaillant pour les frères et le père à
Aklavik. Il pêchait pour nourrir leurs chiens (deux attelages, plus le sien)
et en hiver pêchait sous la glace avec des filets. Toutes les écoles
chauffaient au bois. Il coupait du bois et le cordait, été comme
hiver, au camp des frères. Il y avait cinq gros édifices à
chauffer à la Mission. Il logeait, chambre et pension, à la maison
du père. Il allait souvent au camp des frères, pêchait pour
nourrir les chiens, l'hôpital et la Mission. Je ne le vois que lorsqu'il
vient dans le village. » Peter Lopez et Emmanuel, le frère de Lucy
(mort en 1942), sont enterrés dans le vieux cimetière à Aklavik.
Lucy se rappelle de son père comme un homme mesurant six pieds et ayant
la peau foncée et les cheveux très frisés. Le nom anglais
de sa mère était Sarah ou Nellie (Entrevue avec Lucy Adams, Inuvik,
septembre 2002).
Wilkins note avoir pris des photographies de Lopez à
l'île Banks en 1916. « Wilkins # 321. Pete Lopez, un matelot portugais
engagé par Wilkins aux îles Baillie en août 1915, au camp du
North Star, au nord de l'embouchure de la rivière Bernard, île Banks,
T.N.-O., le 21 février 1916. » Malheureusement, cette photo fait
partie de celles énumérées par Wilkins qui n'ont pas été
retrouvées.
Mamayauk (Mamie Mamayauq)
Mamayauk est la femme d'Ilavinirk et mère
d'une fille appelée Nogasak. Le couple a adopté un garçon,
Palaiyak, qui a environ 20 ans à l'époque
de l'Expédition canadienne dans l'Arctique. Ilavinirk et Mamayauk ont travaillé
pour Stefansson lors de son expédition précédente (Stefansson
1913).
« Ilavinirk était un informateur... loin d'être
aussi bon que sa femme Mamayauk, mais il avait de plus l'avantage de parler le
dialecte Mackenzie assez clairement. » (Stefansson 1913).
Mamayauk travaille comme couturière pour l'équipe nord et
est rémunérée au moins 450 $ pour son travail
(Rapport du Vérificateur général 1919-1920).
Tel qu'il est enregistré dans le projet d'histoire orale
Aulavik (Nagy 1999), Mamayauk se rappelle la relation entre les gens locaux et
Stefansson : « Ce Stefansson, il y a longtemps était dans notre pays,
autour d'ici (Holman) lorsqu'il n'y avait personne. Lorsqu'il a rencontré
les gens pour la première fois, il n'avait rien, seulement un matelas et
des couvertures. C'est tout ce qu'il avait sur lui. Il n'avait rien du tout. Il
essayait seulement de manger à même la nourriture des gens lorsque
Stefansson est venu pour la première fois. Puis il est revenu la deuxième
fois, il est allé chercher des choses et il est venu. Pendant tout ce temps,
il se préparait pour une expédition. Il a commencé à
donner beaucoup de choses à ceux avec qui il mangeait, ceux avec qui il
avait passé l'hiver, l'hiver et l'été. Il allait d'un groupe
à l'autre. »
Mamayauk
(Violet Mamayauk)
Une jeune femme des îles Baillie, nommée
Violet Mamayauk, a travaillé pour l'équipe nord
et Stefansson l'a rémunérée au moins
450 $ pour son travail (Rapport du Vérificateur
général de 1919-1920). Noice (1924) signale
que le capitaine Henry Gonzales
et Mamayauk se sont mariés durant l'ECA, probablement à
l'île Victoria en 1917 (Noice 1924). Gonzales leur a construit
une maison aux îles Baillie en 1917. On ne sait pas s'ils
ont eu des enfants ou combien de temps ils sont restés ensemble.
Wilkins a photographié « Mammayauk », dans
une parka colorée, avec sa mère Paddy (Betty?) aux
îles Baillie le 26 juillet 1916. L'une de ces photographies (GHW 51337)
figure dans Stefansson The Friendly Arctic (1921) avec la légende :
« Mamayauk, fille à demi-blanche, Cape Bathurst. »
August Masik
August Masik est un matelot estonien qui, en 1914, quitte Nome pour élire
domicile dans le Nord. Il se rend à l'île Banks avec Crawford en
1917 pour chasser le renard arctique. De la baie De Salis du côté
sud-est de l'île Banks, lui et Otto Binder traversent le col, maintenant
connu sous le nom de col Masik, pour se rendre au camp de l'Expédition
canadienne dans l'Arctique près de cap Kellett. Là, il est engagé
pour aider Castel à remettre en état la goélette Mary
Sachs. En raison de son expérience de navigation, Stefansson le nomme
second capitaine du Challenge pendant une courte période en septembre
1917. Il devient ensuite second officier à bord du Polar Bear pendant
près d'un an. À l'île Barter en Alaska, il se porte volontaire
pour être membre de l'expédition sur les glaces de Storkersen en
1918. En 1919, il reçoit finalement une lettre officielle de remerciement
de la part de Stefansson.
Trois ans après la fin de l'Expédition canadienne
dans l'Arctique, Masik se joint à un groupe de commerçants qui cherchent
de l'aide pour renflouer le Polar Bear, alors échoué à l'embouchure
du fleuve Kolyma en Sibérie. Il passe l'hiver 1921-1922 à cet endroit,
effectuant des travaux de réparation sur la goélette et exploitant
un territoire de piégeage en vertu d'un permis accordé par les communistes.
Il quitte cet endroit à l'été et passe l'hiver 1922-1923
à cap Billings en Sibérie en face de l'île Wrangel (l'année
où Lorne Knight et les autres meurent à l'île Wrangel). Il
vit dans une petite cabane près de pointe Martin, sur la côte nord
de l'Alaska, jusqu'au moins en 1934.
Natkusiak (Billy
Banksland)
« Natkusiak l'avait accompagné [Stefansson] lors de son séjour
auprès des Esquimaux "du cuivre" de la baie du Couronnement.
Il s'était joint à Stefansson lors de la présente expédition
en 1914, et depuis, avait été l'un des membres d'équipage
du North Star. Par conséquent, lui et le commandant étaient
de vieux amis. Natkusiak était un petit homme, âgé d'environ
quarante ans, Esquimau typique, mais qui possédait une bonne maîtrise
de l'anglais, car il avait travaillé à bord de navires. Il était
jovial, aimant raconter des histoires drôles, et avait de l'énergie
à revendre. » (Noice 1924).
« Depuis 1926, depuis que je suis arrivé dans
cette région, les îles Baillie, je voyais Natkusiak. Il m'a parlé
de Stefansson. Quand Natkusiak était guide, [il aimait] fumer la pipe. »
Alors que Stefansson et Natkusiak avaint rencontré « trois
jeunes hommes venant de l'est de l'Arctique, Natkusiak a bourré
sa pipe et au moment où il a gratté une allumette, ces gars sont
partis en courant. Il leur a crié : "Je ne vous ferai pas de mal
à vous les gars". Mais ils ne se sont jamais retournés. »
(Entrevue avec Edward Ruben, septembre 2002, Paulatuk.).
Lorsque la cheville de Stefansson « l'empêchait
de chasser » , la majeure partie du travail incombait à Natkusiak,
qui était l'un des meilleurs chasseurs esquimaux que j'ai jamais connus;
il était un marcheur infatigable et lorsqu'il repérait des caribous
il avait une patience infinie, attendant à l'afût l'occasion de les
approcher par derrière. » (Noice 1924).
En octobre 1916, à leur retour de l'île Meighen, Noice décrit
le travail que doit effectuer Natkusiak pour établir le camp [à
cap Grassy]; « C'était une performance très crédible.
Natkusiak méritait certainement tous les éloges que nous lui avions
faits. Comme il faisait bon d'être de nouveau avec nos amis! » Noice
mentionne le nom des habitants du camp : Natkusiak et sa nouvelle épouse,
Ikiuna, Pannigabluk, Alingnak et sa femme, « petite Guninana » (Noice
1924).
En octobre 1916, Natkusiak épouse
Topsy Ikiuna, fille d'Alingnak
et de Guninanna, lorsqu'il est avec l'équipe
nord de l'Expédition canadienne dans l'Arctique sur l'île Melville.
Natkusiak est payé entre 65 $ et 75 $ et reçoit
une prime pour faire des excursions sur les glaces. À la fin de l'Expédition,
le North Star ainsi que certaines provisions servent de salaire à Natkusiak,
une somme de 2 000 $ lui étant due (Rapport du Vérificateur général
1919-1920).
Après l'Expédition canadienne dans l'Arctique
À la fin de l'Expédition canadienne dans l'Arctique en 1917, Natkusiak
passe quatre années (de 1917 à 1921) à chasser dans la région
nord-ouest de Banksland en se servant de la goélette comme camp de base.
Fred Carpenter rapporte à à Usher (1971) que Natkusiak et son groupe
ont piégé environ 1 000 renards en quatre ans, à partir de
1917 jusqu'à ce qu'il quitte Banksland à bord du North Star
en 1921. Natkusiak quitte son camp de base, le North Star, pour se diriger
vers le sud en direction du promontoire Nelson. De là, il effectue la dangereuse
traversée sur la glace du golfe d'Amundsen en attelages de chiens durant
l'hiver 1918-1919, et peut-être aussi pendant celui de 1919-1920. Il en
profite pour visiter le poste de traite de Fritz Wolki (Usher 1971 et Manning
1956).
Agnes Goose de l'île Holman se rappelle de certains faits
concernant son père Natkusiak : « Puis il a épousé
ma mère Topsy Ikiuna. Sa famille travaillait également pour Stefansson,
et elle et mon père se sont rencontrés à l'île Melville.
Après que mon père a fini de travailler pour Stefansson, il a vécu
sur l'île Banks et puis il est allé à l'île Baillie
où ils avaient une maison. C'est également à ce moment qu'ils
ont adopté Jimmy (Memogana). Lorsque mon père a fini de travailler
pour Stefansson, il a eu le North Star. »
Après l'Expédition, Natkusiak reprend une vie
de chasse et de piégeage. Plus tard, connu sous le nom de Billy Banksland,
il passe plusieurs années à piéger à
Banksland. Avec
sa femme, Topsy Ikiuna, qui est originaire du delta du Mackenzie, il a six enfants.
En 1939, il déménage sa famille à l'île Holman. Natkusiak
meurt et est enterré à Holman en 1947. Une péninsule de l'île
Victoria et une formation rocheuse de basalte de l'île Holman sont baptisés
en son honneur.
Plusieurs des enfants de Natkusiak et d'Ikiuna deviennent des artistes réputés.
Alex Banksland, également appelé Alingnak, d'après le père
adoptif de sa mère, a produit de nombreuses gravures fort intéressantes
dont un bon nombre sont présentées dans le catalogue annuel de gravures
de Holman. Leur fils adoptif, Jimmy Memorana (Memogana), est un artiste accompli,
créant des sculptures et des gravures. C'est aussi un danseur au son du
tam-tam et un grand chanteur ainsi qu'un chasseur réputé et un assistant
dévoué à son travail auprès des biologistes de la
faune. Jimmy a été élu membre de l'Institut de l'Arctique
de l'Amérique du Nord.
Jimmy Memorana a beaucoup de souvenirs de Natkusiak qui lui
conseillait : « Nourris les chiens avant de manger, avant d'aller à
l'intérieur pour manger. Occupe-toi bien des chiens. » Jimmy lui
dit ceci : « Billy Banksland avait une boîte de cartouches pour un
an. Il avait toujours de bons chiens. A utilisé le même traîneau
[que celui utilisé durant l'Expédition canadienne dans l'Arctique]
après ». Jimmy joue le rôle de Natkusiak dans le film de James
Houston, The Winners, dans les années 1970 (Entrevue avec Jimmy
Memorana, septembre 2002, Holman).
Fannie Pannigabluk
(et fils Alex Stefansson)
La femme inuvialuite de la région du Mackenzie connue sous
les noms de Pannigabluk ou de Panivaluk est la couturière
de Stefansson durant son expédition de 1908-1912 et est sa femme,
selon la coutume locale, durant cette période. Leur fils Alex,
ou Alashuk, naît en 1910. Pannigabluk est de nouveau engagée
brièvement par Stefansson pour travailler à pointe Martin et à
bord du North Star dans le nord de l'Alaska au printemps 1914 et plus tard,
à bord du Polar Bear en août 1915. Pannigabluk est payée
pour l'équivalent de 32 mois de travail durant l'Expédition.
Durant l'exploration des Terres nouvelles en 1916, Stefansson renvoie Storkersen
en direction du cap Murray sur l'île Brock (Terre nouvelle) jusqu'à
l'île Victoria pour ramener la femme et la famille de Storkersen ainsi que
la couturière Pannigabluk vers le nord à l'île Melville afin
de confectionner des vêtements pour les explorateurs (Noice 1924). Au début
de 1916, Pannigabluk et son jeune fils Alex partent vers le nord de l'île
Victoria en direction des îles Banks et Melville avec une équipe
menée par Storkersen et se composant de la famille de Storkersen, de Martin
Kilian, de Jim (Fiji) Asasela et de Lorne Knight (Montgomery 1932).
Lorsque Noice revient vers le sud de l'île Meighen nouvellement
découverte (en octobre 1916), Pannigabluk est l'une des habitantes du camp
de cap Grassy, avec Natkusiak et sa nouvelle épouse, Ikiuna, et Alingnak
et sa femme « petite Guninana » (Noice 1924). À la fin de novembre
1916, Noice quitte le camp de cap Grassy avec Natkusiak, Ikiuna ainsi que Pannigabluk
et son jeune fils, et avec tous les chiens, en direction du sud où il y
a de la nourriture en abondance (Noice 1924 p. 196).
Au printemps 1917, Pannigabluk et Alex sont au camp de pointe
Peddie dans le sud de l'île Melville. Lorsque Gonzales quitte cap Grassy
avec Lopez, Alingnak et Guninana, il a l'ordre d'aller chercher les femmes à
pointe Peddie Mme Storkersen, Mme Lopez et Pannigabluk et de les emmener au
Polar Bear (Noice 1924).
Il semble que Pannigabluk et Alex aient été à
bord du Polar Bear pendant la courte saison de navigation d'été
en 1917 lorsque la goélette parcourt le trajet entre l'île Victoria
et l'île Banks pour se rendre en Alaska. En lisant le journal de John Hadley,
nous apprenons qu'ils sont à l'île Barter, de décembre 1917
jusqu'en mai 1918. Les compétences de couturière de Panny sont toujours
un élément essentiel pour l'Expédition canadienne dans l'Arctique
:
Le 29 décembre1917 : « Panny est incapable de
travailler, souffrant de la goutte dans le bras et dans l'épaule, et les
deux autres femmes sont très lentes. »
Le 1er février 1918 : « Aujourd'hui, j'ai demandé à
Pannagubluk de faire 4 chemises de neige et 6 pantalons de neige, ce qui complète
la quantité requise pour l'excursion sur les glaces. Elle a confectionné
10 paires de bottes d'eau, mais pas de bottes de toile. »
Le 6 février 1918 : « Aujourd'hui, j'ai reçu de Punnagubluk
14 paires de bottes, 2 autres sont à venir, ce qui nous fera 17 paires
de bottes d'eau et 7 paires de bottes de toile. Il faudra récupérer
4 paires de bottes de toile et 2 paires de bottes d'eau en passant à pointe
Collinson. »
(Journal de John Hadley, octobre 1917 à juillet 1918).
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Le 28 mai 1918 : « Notre vieille amie Punnigubluk nous
a quitté ce matin pour se rendre à l'île; je crois qu'elle
a changé d'idée à propos de pointe Barrow, car elle a dit
que les femmes parlaient trop et qu'elle n'était pas satisfaite de toute
façon. » (Journal de Hadley, octobre 1917 à juillet 1918).
À la mi-novembre 1918, Storkersen, lors de son excursion
sur les glaces, trouve Punnigabluk vivant « toute seule » dans une
cabane à l'embouchure de la rivière Hula-Hula (journal de Knight,
1918). Elle leur dit que le Polar Bear a coulé dans le port de l'île
Barter l'été précédent, mais que « Ils l'ont
bien arrangé. Il est parti y'a pas très longtemps avec d'autres
hommes blancs. Voulez-vous du thé? » Après le thé avec
« cette charmante leader sociale du Nord » , ils se mettent en route
vers l'île Barter située à dix milles de là (Montgomery
1932).
En tant que couturière et compagne durant un bon nombre
d'excursions nordiques, Pannigabluk est aimée des membres de l'Expédition.
Lorsque Lorne Knight arrive à Edmonton en route vers le sud, et après
avoir fait sa toilette et avoir acheté de nouveaux vêtements, il
se dit à lui-même : « Punnigabluk aurait dû me voir à
ce moment! » (Montgomery 1932 p. 288).
Parmi les mammifères recueillis durant l'Expédition
canadienne dans l'Arctique, se trouve, au Musée canadien de la nature,
un vison d'Alaska (Lutreola sp.) portant l'inscription suivante :
« De Pannigabluk, delta du fleuve MacKenzie, T.N.-O., Canada. Hiver 1914-1915 »
(Liste de spécimens de R.M. Anderson).
Même si Stefansson n'a pas publiquement reconnu Panigabluk
comme sa femme, il dédie son livre, Unsolved Mysteries of the Arctic,
« À Fannie ». Les petits-enfants de Pannigabluk et de Stefansson
ont beaucoup de souvenirs de cette femme et de sa relation avec Stefansson. Rosie
(Stefansson) Albert d'Inuvik se souvient de sa grand-mère qui lui disait :
« Tu vas être une vaurienne comme ton grand-père! »
Il lisait et écrivait toujours pendant qu'elle chassait et faisait tout le
travail!
Shirley Esau de Sachs Harbour, qui a baptisé sa fille
en souvenir de Pannigabluk (en réalité Panygavlok), se souvient
des talents de couturière de sa grand-mère et chérit le souvenir
du coffret à couture rouge appartenant à sa grand-mère.
Pausanna
Originaire de Barrow, en Alaska, Pausanna ou Pauchina, est engagée comme
aide du missionnaire H. Girling de l'Église anglicane qui a un camp avec
sa femme et ses enfants près de Bernard Harbour en 1915-1916, à
l'époque de l'Expédition. Plus tard, en 1918, Pausanna offre son
aide pour travailler et chasser pour le camp de l'île Barter en Alaska afin
d'appuyer la dernière excursion sur les glaces de Storkersen et réparer
la goélette Polar Bear.
Le journal de 1918 de John Hadley note que l'Expédition
a acheté « aujourd'hui deux paires de raquettes à Pausanna »
à l'île Barter en Alaska, et en mai que « Pausanna
a attrapé deux phoques dans le filet. » (Journal de Hadley, 1918).
Pikalu
Pikalu est avec Stefansson « de temps à autre » durant l'Expédition
Stefansson-Anderson de 1908-1912 (Stefansson 1912). Stefansson note que le père
de Pikalu est Kunasluk. Pikalu et sa femme Pusimmik sont membres de l'équipe
d'exploration de 1917 et chassent avec Stefansson, Illun et Palaiyak. Pikalu voyage
également avec le capitaine Gonzales et Jim Fiji jusqu'au village inuit
à Minto Inlet à l'hiver 1917 pour échanger des artefacts
destinés aux collections ethnologiques de l'Expédition (Stefansson
1921).
« Après une poursuite de plusieurs milles, les
chiens ont arrêté les ours et les ont encerclés jusqu'à
l'arrivée de Pikalu avec son fusil. Il a tué la mère ours
et les Kogmolliks voulaient tuer les autres, car ils ont dit qu'ils avaient couru
si loin. Pikalu leur a donné le fusil et ils ont abattu les oursons. J'ai
gardé deux oursons comme spécimens. » (Journal de George Wilkins).
Pipsuk
Plusieurs membres de l'équipe nord de l'Expédition canadienne
dans l'Arctique (Baur, Castel, Hadley) ont noté la
noyade
de Pipsuk, un employé
inupiat de l'Expédition canadienne dans l'Arctique, dont le nom ne figure
par sur la plaque commémorative officielle qui énumére toutes
les personnes mortes au service de l'Expédition : « En mémoire
de tous ceux qui ont péri Expédition canadienne dans l'Arctique
1913-1918 ». Pipsuk est originaire de Nome et est membre de l'équipage
de la goélette Challenge lorsque Stefansson l'achète pour
l'Expédition en septembre 1917.
« ...Pipsuk notre autochtone, originaire de Nome, anciennement
de l'équipage de la goélette Challenge s'est noyé
cet après-midi. Pendant qu'il s'occupait des filets, son kayak a chaviré
et s'est échoué sur la rive où il a été trouvé.
Nos hommes ont tiré le corps qui a été trouvé à
environ 50 verges de la plage. Le menuisier a fait un cercueil. Il sera probablement
enterré demain... Le lundi 22 juillet 1918
...Le cercueil a été terminé à 3 heures du matin,
et tous les préparatifs ont été faits pour l'enterrement
de Pipsuk...Le cercueil est terminé et la pierre tombale portant une inscription
est prête. Les funérailles de Pipsuk auront lieu quelque part dans
la soirée...Pipsuk a été enterré sur l'île Barter
à 7 heures du soir, du côté est, avec une pierre tombale appropriée.
Le mardi 23 juillet 1918. »
(Journal de W.J. Baur, déc. 1916 à sept. 1918).
Pusimmik
Pusimmik, femme de Pikalu, est engagée comme couturière pour l'Expédition
à 20 $ par mois. Son salaire est l'équivalent de plus de deux ans
de service « aux îles Herschel et Melville » (Rapport du Vérificateur
général 1917-1918).
Jennie Thomsen
Jennie Thomsen, Inupiate originaire de Nome en Alaska, est la femme de Charles
Thomsen. Elle est engagée par Stefansson comme couturière pour
l'équipe nord de l'Expédition. En 1914, Jennie, ayant déjà
une fille âgée de 16 mois, Annie, donne naissance durant l'Expédition
à un fils dont le nom est inconnu. Jennie aide Diamond Jenness à
étudier les langues et à écrire les récits inuits
et inupiats durant le premier hiver dans le nord de l'Alaska. Comme couturière,
Jennie gagne 25 $ par mois.
En 1914, Jennie et son mari Charles prennent, avec Wilkins, la mer à bord
du Mary Sachs en direction de l'île Banks et établissent le camp
de base à cet endroit. Jennie fait partie de ce camp lorsque son mari périt
en tentant d'apporter les provisions et de nouveaux traîneaux à Stefansson
à l'hiver 1916. Après cet hiver, Jennie se rend à l'île
Victoria et semble également avoir voyagé jusqu'à l'île
Melville avec l'équipe nord.
Jennie reste avec l'équipe de l'Expédition sur l'île
Barter jusqu'à l'automne 1918. À Nome, elle épouse
Aarnout Castel, avec qui elle a voyagé
et travaillé durant les deux années précédentes.
Malheureusement, Jennie, sa fille Annie et son fils, contractent tous la
grippe espagnole et meurent à Nome en 1918 (Jette Ashlee).
Ulipsinna
En 1917, Ulipsinna (ou Ulipsfink), « un des Esquimaux blonds » de
Minto Inlet à l'île Victoria, fait partie de l'équipage du
Polar Bear et de l'équipe d'exploration du nord. Il n'est consigné
nulle part qu'un salaire lui est versé. Peut-être Stefansson l'a-t-il
payé en espèces ou en nature. Cet homme est peut-être le seul
homme de la région à avoir travaillé sur l'île Melville
pour l'équipe nord de Stefansson.
« Sommes restés au camp. Picallu, Freemen [Alingnak]
et un Autochtone de la Terre de Victoria sont arrivés du camp de chasse
avec deux chargements de viande. Le temps est clair et froid. Temp. 54 sous zéro,
vent L.V.O.» (Journal de Karsten Andersen, le 14 mars 1917).
Sarah Kuptanna de Sachs Harbour croit que cet homme, qu'elle
connaît sous le nom d'Olifie, était un bon ami de son oncle et elle
raconte comment des histoires, selon lesquelles ces hommes ont obtenu leurs premiers
fusils auprès de l'Expédition, ont subsisté (Entrevue avec
Sarah Kuptanna, septembre 2002, Sachs Harbour).
Unalina
Unalina, femme d'Ambrose Agnavigak et sur
de Palaiyak, est originaire de l'île Herschel.
Uttaktuak
Wilkins engage Uttaktuak et son mari Peter Lopez à
l'île Baillie en 1915 pour aider l'équipe nord. « .... elle
fournira une aide supplémentaire en tant que couturière. »
(Journal de Wilkins 1915).
À l'automne et au début de l'hiver 1915, Uttaktuak et Peter sont
au camp de cap Kellett avec Wilkins.
Wilkins découvre qu'Uttaktuak est une artiste accomplie :
« Le dimanche 5 décembre 1915. J'ai donné à Uktuktowik,
la femme de Pete, un livre et quelques crayons de couleur. Elle adore dessiner,
et j'aimerais garder le livre pour témoigner de son art, qui, je me dois
d'ajouter, n'est probablement pas inné, mais inspiré par d'autres
et par l'observation d'images provenant de livres, de magazines, etc. Je lui ai
donné à copier la photographie d'un chien. Elle semble avoir une
assez bonne connaissance de l'anatomie, ou peut-être s'agit-il de jugement
ou d'instinct? Questionnée à ce sujet, elle répond qu'elle
ne réfléchit pas aux proportions, qu'elle les dessine simplement.
Par conséquent, je crois que son talent doit être attribué
à la mémoire. » (Journal de Wilkins).
Jusqu'à maintenant, il n'y a aucune trace des dessins
qu'Uttaktuak a faits pour Wilkins en 1916, mais on les découvrira peut-être
dans les archives des documents de Wilkins à l'Université d'État
d'Ohio.
Pendant que son mari voyage avec les équipes d'exploration
en 1916, elle demeure au camp de base à pointe Peddie à l'île
Melville. Stefansson note sa satisfaction par rapport au travail qu'elle accomplit
: « Nous sommes arrivés au camp de base de Storkersen le 16 octobre,
que nous avons trouvé très accueillant sous la direction de Mme
Storkersen et de Mme Lopez. Durant l'été, elles avaient fait plus
que leur part en aidant à sécher la viande et maintenant elles s'affairaient
à préparer des vêtements d'hiver chaud et à imperméabiliser
les bottes d'été sans lesquels notre travail serait difficile et
le confort, impossible. » (Stefansson 1921).
« Les femmes, Uttaktuak (Mme Lopes) et Uinirk (Mme Storkersen)
ont toutes deux fait un excellent travail et n'auraient pu être plus utiles
qu'elles ne l'ont été. Elles ont écorché et découpé
des bufs et ont fait beaucoup de travail de séchage, en plus de coudre
des vêtements »
(Manuscrit de Stefansson, The Summer Work in Melville Island, Dartmouth
College).
Fred Wolki
Fred Wolki, originaire de Teller en Alaska, est le fils de Fritz
Wolki, chasseur de baleines suisse-allemand, et de Pisuktoak, femme inupiate.
Wolki est au service de l'Expédition canadienne dans l'Arctique, de décembre
1917 à février 1918. Il fait partie de l'expédition sur les
glaces de 1918 dirigée par Storkersen. Après, il se porte volontaire
lors de l'expédition sur les glaces à la dérive, mais Storkersen
considère qu'il est trop jeune pour ce voyage et le renvoie avec la dernière
équipe de soutien ayant Castel à sa tête. Il est payé
45 $ par mois avec une prime de 5 $ par jour lorsqu'il est sur la glace et une
autre prime de 75 $ en tant que membre de l'équipe de soutien. Fred continue
de travailler pour l'Expédition à l'île Barter.
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En 1924, Fred Wolki fait partie de l'équipage de la
goélette Maid of Orleans appartenant à Christian Klengenberg
en même temps que Henry Larsen et que le gendarme MacDonald de la GRC, qui
se perd en mer. « Bror [Wiik] est resté sur le pont avec Fred Wolkie,
le fils d'un capitaine de baleinier allemand, qui était à la barre. »
(Larsen, The Big Ship, 1967).
Fred Wolki et sa famille se rendent à l'île Banks
vers 1929-1931. Il aurait eu des renseignements sur l'île Banks et sur la
chasse au renard pratiquée là-bas grâce à son association
avec les hommes du Polar Bear et de l'équipe nord de l'Expédition
canadienne dans l'Arctique. Ils ont un camp et une maison à Blue Fox Harbour,
sur la côte de l'île Banks. Susie, la femme de Fred, est originaire
d'Aklavik, et ils ont un fils qui s'appelle Roy (Entrevue avec David Berhardt,
septembre 2002, Kugluktuk).
Fred meurt relativement jeune de la tuberculose. Après
sa mort, sa veuve se remarie avec Peter Sydney. Bon nombre de photographies intéressantes
de leur famille et de leur goélette Blue Fox se trouvent dans la collection
de Peter et Susie Sydney.
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