La goélette Challenge fait partie de la « petite marine de
l'Arctique » de l'Expédition canadienne dans l'Arctique pendant quelques
semaines seulement, mais elle sert suffisamment longtemps pour épargner
à Stefansson un séjour hivernal imprévu dans l'île
Banks à la fin de son expédition d'exploration en 1917.
Le Challenge était une petite goélette
propulsée par un moteur à essence qui pouvait transporter entre
150 et 175 tonnes de cargaison. Elle est commandée pendant plusieurs années
par le capitaine Theodore Peterson, l'un des capitaines de chasse à la
baleine les plus capables de l'Arctique. Stefansson a visité le Challenge
en décembre 1908 alors que la goélette est sous le commandement
du capitaine Petersen; elle passe l'hiver à l'intérieure de la lagune
de pointe Barrow en Alaska. L'été suivant, Stefansson, Pannigabluk
et Natkusiak naviguent le long de la côte jusqu'à l'île Herschel
à bord du Challenge (Stefansson 1913).
À l'automne 1913, le commerçant Charlie Madsen
achète le Challenge d'un Lapon à Nome. Madsen remet le navire
en état, installe un moteur Atlas Imperial et lui fait prendre la mer jusqu'à
la côte de Sibérie au printemps 1914. Lorsque le Challenge
retourne à Nome après avoir été malmené par
la glace du détroit de Béring (malgré un voyage commercial
réussi), Madsen navigue vers le sud et passe l'hiver sur la péninsule
de l'Alaska. Il retourne à Nome à la fin de la saison 1915 et là,
dit-il, « le cur lourd, j'ai vendu mon excellent navire » à
« un représentant de l'Expédition canadienne dans
l'Arctique » « qui cherchait un vaisseau pour remplacer la perte
du Karluk. La structure solide du Challenge répond à
ses besoins, et il m'a fait une offre généreuse. » (Madsen).
Le nouveau propriétaire, James Crawford, ancien mécanicien
du Mary Sachs et membre de l'Expédition canadienne dans l'Arctique
de 1913 à 1916, et son partenaire Leo Wittenberg, se préparent à
emmener le Challenge au cours d'une expédition commerciale dans
les îles Herschel et Banks (Hunt 1975). En février 1917, le Challenge
passe l'hiver à Minto Inlet, près du camp de l'Expédition
canadienne dans l'Arctique sur l'île Victoria. Parmi les hommes en poste
sur le navire se trouvent Otto Binder et August Masik, qui sont ultérieurement
engagés pour apporter de l'aide à l'Expédition canadienne
dans l'Arctique.
Lorsque le Challenge se pointe plus tard à cap
Kellett, où Stefansson se trouve abandonné à l'automne 1917,
c'est un coup de chance pour Stefansson et ses hommes. Stefansson achète
le Challenge de Crawford et de Wittenberg malgré les lacunes qu'il
lui connaît « ayant déjà considéré la
possibilité de l'acheter avant de se décider pour le Sachs
alors qu'il était à Nome en 1913 ». N'ayant pas le choix,
il l'achète pour une somme de 6000 $ puis donne toutes les provisions de
l'Expédition sur l'île Banks ainsi que l'épave du Mary Sach,
incluant ses moteurs, à Crawford et ses hommes. Sous le commandement de
Masik comme second et de Binder comme mécanicien, le Challenge met
le cap vers l'ouest avec Wittenberg comme passager. Une fois que le Challenge
a rejoint le Polar Bear, Stefansson n'a plus besoin de lui.
Binder, Noice et Carroll deviennent partenaires et achètent le
Challenge appartenant à Stefansson pour 6000 $ dans l'intention
de naviguer vers l'est pour chasser, faire le commerce et vivre l'aventure des
explorations. Malheureusement, la première année, le navire sombre
lorsqu'il est dans ses quartiers d'hiver sur la côte continentale du golfe
d'Amundsen.
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