La promotion du CanadaTout au long de son histoire, le Canada a souffert de pénuries chroniques de main-d'œuvre et de capital. Le problème principal résidait dans l'immensité de son territoire et le coût en hommes, en argent et en machines du développement de ses industries et du transport des produits jusqu'au marché. Les investissements étrangers directs, conjugués à des entreprises dirigées ou garanties par le gouvernement*, comblaient les principaux besoins financiers des entreprises commerciales, mais il était plus difficile de trouver suffisamment de travailleurs. Dès 1623, l'État est intervenu activement lorsque Louis XIII de France a formé la Compagnie des Cent Associés pour envoyer 4000 colons en Nouvelle-France sur une période de quinze ans. Au début des années 1800, la Grande-Bretagne a exigé que la Compagnie de la Baie d'Hudson colonise certaines parties de sa vaste concession de terre. À un moment donné, les autorités et des organismes de bienfaisance du Haut-Canada (aujourd'hui l'Ontario) ont fait des démarches auprès des Highlanders écossais pour les convaincre de s'y établir. En 1891, la Société de colonisation du Manitoba a réussi à rapatrier 3000 Canadiens qui étaient en Nouvelle-Angleterre pour qu'ils s'installent dans les paroisses de la rivière Rouge, mais d'autres tentatives de recrutement faites après la Confédération avaient produit peu de résultats. À l'époque, les États-Unis étaient le véritable pôle d'attraction en Amérique du Nord, même pour les Canadiens, dont un million y vivaient. Au Canada, les principales vagues d'immigration ont eu lieu entre 1896 et 1914, dans les années 1920, et au cours des années 1950 et 1960. Cependant, seule la première a fait l'objet d'une promotion internationale intense pour attirer des immigrants. L'histoire de Clifford Sifton, un jeune politicien de l'Ouest canadien, est bien connue. Ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Laurier de 1896, il est considéré comme celui qui a peuplé les Prairies. Sa stratégie comportait quatre volets : éliminer les obstacles à l'octroi de concessions de terre aux colons; offrir des primes aux entreprises de transport qui réussissaient à attirer des colons; organiser des visites guidées de l'Ouest à l'intention des journalistes des États-Unis et d'autres pays; et inonder la Grande-Bretagne, l'Europe et les États-Unis de millions de brochures visant principalement les agriculteurs qui voulaient des terres ou en avaient besoin. Les corporations et les autres entreprises menaient leurs propres campagnes de promotion. Le Canadien Pacifique avait même un secteur de colonisation et a volontairement commandité trois séries de films (1898, 1902, 1910) vantant la richesse, la beauté et l'accessibilité des terres agricoles de l'Ouest**. Dans ses publicités des années 1920, Cunard, la grande entreprise britannique de transport maritime de passagers, présentait le Canada comme étant une terre merveilleuse pleine de possibilités. D'autres chemins de fer, le Canadian Northern et le Grand Trunk Pacific, se sont mis de la partie, faisant circuler, entre autres, des affiches, des brochures et des horaires, surtout en Angleterre. Tous ces efforts ont eu un grand retentissement. Plus de deux millions de personnes ont immigré au Canada durant le « boom Laurier », dont plus de la moitié provenaient des îles Britanniques. On faisait aussi de grands efforts pour promouvoir le pays lorsque nos producteurs présentaient, entre autres, leurs produits agricoles, forestiers, minéraux et industriels dans des salons commerciaux internationaux. La promotion du Canada et de ses provinces pour attirer des touristes étrangers et continentaux est depuis longtemps une activité économique importante des gouvernements, des entreprises de transport, des centres de loisirs, des chaînes d'hôtel et des entreprises qui organisent des voyages. En fait, les Canadiens doivent l'établissement de leur premier parc national*** au Canadien Pacifique, puisque le chemin de fer avait besoin d'un commerce touristique fiable pour assurer les revenus qui lui permettraient de prospérer, pour ne pas dire survivre, pendant ses premières années d'activité. Mais la promotion du Canada la mieux ciblée, la plus déterminée et la plus réussie a eu lieu entre 1896 et 1914 avec les grandes campagnes de recrutement d'immigrants. Pour lire les témoignages d'immigrants récents au Canada cliquez sur « Le voyage » du site Passages vers le Canada. |
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