La langueLa société canadienne est divisée le long de nombreuses lignes de faille : régions, économies, classes politiques, origines culturelles ou ethniques, revenus personnels - la liste semble infinie. Rien, cependant, n'a divisé les citoyens autant que les différences linguistiques. En effet, certains définissent ce pays comme étant formé de deux groupes linguistiques, français et anglais, constamment aux prises l'un avec l'autre, leur conflit trouvant écho dans tout ce qui compte. L'éducation, le commerce et le gouvernement sont, et ont toujours été, les champs de bataille des guerres linguistiques canadiennes. Dès 1700, les Autochtones étaient divisés en douze familles linguistiques*, et c'est plus ou moins toujours le cas. Supérieurs en nombre lors de la chute de Québec aux mains des Britanniques, les Canadiens d'expression française représentaient 31 % de notre population en 1931 et essentiellement la même proportion trente ans plus tard. Les personnes dont la langue maternelle était l'anglais représentaient 57 % et 44 % pour les mêmes années, respectivement. L'immigration en provenance d'Europe avait considérablement changé l'équilibre, et il a continué à évoluer jusqu'en 2001 avec l'arrivée d'Asiatiques. Tout au long de leur histoire, les deux peuples fondateurs européens, français et britannique, se sont efforcés de trouver des moyens d'établir la paix linguistique, mais des épisodes comme la rébellion de Riel (1869), la question des écoles du Manitoba (1890), la crise de la conscription (1917) et l'adoption de la loi 101 au Québec (1977) ont fait en sorte que notre ligne de faille linguistique resterait une embûche pour ceux qui cherchaient un pays complètement unifié. De toutes les tentatives visant à combler l'écart entre les Français et les Anglais, et à assimiler les nouveaux venus dans la société canadienne, aucune n'a été poursuivie avec autant de vigueur ou de succès que l'enseignement public. Nos lois exigent que tous les jeunes, qu'ils soient nés au pays ou immigrants, poursuivent leurs études jusqu'à l'âge de 16 ans. Avec les programmes scolaires annuels auxquels nous avons recours, chaque enfant a huit ans d'instruction en français ou en anglais et, par conséquent, connaît suffisamment bien une des langues officielles du Canada** pour se débrouiller dans le monde adulte compétitif. Le milieu de travail est le deuxième endroit en importance où les nouveaux venus peuvent améliorer leurs connaissances linguistiques. La vie de tous les jours au sein de la collectivité, qu'il s'agisse de regarder les publicités, de magasiner, de manger dans les restaurants, d'assister à des évènements ou de pratiquer des centaines d'autres activités offre d'autres occasions d'améliorer ses compétences en lecture et en rédaction de textes français ou anglais. Les médias, tant la presse écrite que les médias électroniques, ont également un effet fondamental sur notre capacité d'apprendre de nouvelles expressions ou de mettre en question l'état des choses. En fait, à moins qu'une personne ne soit virtuellement enfermée chez elle ou isolée du monde d'une autre façon, il est impossible de ne pas apprendre la langue dominante, au moins au point d'en avoir une connaissance pratique***. Cette combinaison d'enseignement public et d'apprentissage dans la vie quotidienne est la façon dont le Canada intègre tous ses citoyens dans l'une des deux familles linguistiques. |
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