La littératureLes écrivains canadiens ont développé deux courants littéraires complètement distincts, l'un français et l'autre anglais, qui ne se croisent qu'occasionnellement. Cette dichotomie découle en partie de deux systèmes d'éducation indépendants, d'histoires culturelles uniques et d'influences religieuses très différentes. Parmi les premiers ouvrages importants de nos expériences littéraires, il y a The History of Emily Montague, un roman d'amour écrit par Frances Brooke en 1764. Son importance résidait dans les descriptions de la vie au Québec - en grande partie des familles d'habitants et des Indiens locaux. Les sœurs Susanna Moodie et Catherine Parr Traill ont présenté la vie dans le Haut-Canada dans les années 1830 et 1840. Lucy Maud Montgomery a commencé à écrire en 1891, à l'âge de 16 ans, dans l'Île-du-Prince-Édouard. Elle a produit neuf romans dont la jeune héroïne est connue aujourd'hui sous le nom de Anne aux pignons verts. Sur la côte ouest, la poète et conférencière Pauline Johnson, dont la mère était anglaise et le père mohawk, a publié en 1912 Legends of Vancouver, basé sur les récits des Indiens squamish. Sur l'île de Vancouver, en 1941, Emily Carr, peintre, a écrit Klee Wyck, un recueil de nouvelles d'une veine semblable. Sous-jacent à chacun de ces exemples est un lien particulier que les auteures ont entretenu avec le milieu naturel. Les thèmes centraux de la littérature canadienne-française sont tout à fait différents. L'écriture de Philippe Aubert de Gaspé, le premier romancier québécois, est plus soutenue et plus philosophique. L'influence d'un livre, publié en 1837, est solidement ancré dans la société qui entoure l'auteur, mais ce dernier adopte une perspective urbaine, plutôt que pionnière ou rurale. Il a fallu un étranger né en France, Louis Hémon, pour « brosser un portrait incomparablement vrai et beau du paysan canadien-français », dans son œuvre de 1914, Maria Chapdelaine*. Certains disent que ce petit volume a inspiré l'image que le Québec se faisait de lui-même, celle d'une société pastorale, une opinion qui a été démolie par Gabrielle Roy en 1945 dans Bonheur d'occasion. Ce livre qui remet tout en question, écrit d'un point de vue urbain, sensible aux distinctions de classe et mécontent, a probablement suscité une bonne partie de l'émotion communiquée dans le Refus Global, un manifeste rédigé en 1948 par Paul-Émile Borduas. Appuyé par les Automatistes, un groupe d'artistes, ce manifeste était une missive destinée à la société québécoise, l'invitant à se libérer de nombre des conventions traditionnelles et autoritaires qui l'enchaînaient. La littérature de langue anglaise du milieu du XXe siècle avait aussi une voix politique, mais son approche et son ton étaient plus savants. Ne se sentant pas contraints par des forces internes ou externes, comme l'étaient souvent les Québécois, des historiens comme Donald Creighton et J. M. S. Careless cherchaient à influencer la façon dont les Canadiens voyaient le pays, adoptant des points de vue conservateurs et libéraux respectivement. La biographie était leur véhicule principal. De leur côté, Harold Innis, Marshall McLuhan, Northrop Frye et George Grant ont affirmé que c'était la théorie des communications qui permettrait de comprendre vers où le Canada se dirigeait**. Il y a des indications de nationalisme passablement fortes chez les poètes et dramaturges canadiens contemporains, mais des thèmes tels que le féminisme, l'humanisme et le racisme les masquent souvent. Leur champ d'expression étant beaucoup plus large, les romanciers qui sont nés au Canada ou à l'étranger ont réussi à faire ressortir des questions nationales ou régionales dans des intrigues plus vastes. Two Solitudes (1945), de Hugh McLennan, est un excellent exemple de tentative d'expliquer les conflits entre les Canadiens anglais et les Canadiens français. Mordecai Richler a présenté une collectivité juive fascinante au beau milieu de ces deux groupes linguistiques dans son roman The Apprenticeship of Duddy Kravitz (1959). Margaret Laurence décrit presque parfaitement la vie dans une petite ville des Prairies à la fois dans A Jest of God (1966) et dans The Diviners (1974). Nous voyons aussi d'importants auteurs puiser dans l'avenir et le fantastique, comme le fait Margaret Atwood dans The Handmaid's Tale (1986), ou dans le passé, comme le font Guy Vanderhaeghe dans The Englishman's Boy (1996) et Carol Shields dans The Stone Diaries (1993), qui racontent des épisodes historiques régionaux à travers les yeux de personnages fictifs. Une autre tendance moderne est le nombre grandissant d'écrivains immigrants qui remportent les prix littéraires canadiens les plus prestigieux. The English Patient (1992) et Anil's Ghost (2000) de Michael Ondaatje ont tous les deux remporté le Prix du Gouverneur général, à l'instar de A Song for Nettie Johnson, de Gloria Sawai, en 2002. |
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