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Dans le temps des catalogues
Texte de Tamara
Tarasoff
Bien des gens gardent des souvenirs agréables et
vivaces
des catalogues de vente par correspondance. Certains se souviennent des
vêtements,
des tissus et d'autres articles à prix modique que leurs
parents
commandaient par la poste. La plupart d'entre eux ont encore,
gravé
dans leur mémoire, le souvenir des produits splendides et
dispendieux
que l'on voyait dans les catalogues - superbes robes du soir,
luxueux
mobilier de salle à manger, poupées de fantaisie en
porcelaine
ou bicyclettes dernier cri - toutes choses qui leur faisaient envie,
mais
qui étaient bien
au-dessus de leurs moyens. Les catalogues de vente par correspondance
servaient
à fournir une multitude de produits aux Canadiens et aux
Canadiennes,
même dans les régions les plus isolées et, d'un
bout
à l'autre du pays, ces publications en ont fait rêver
plus
d'un.
Sélectionnez un titre pour voir et entendre des anecdotes sur
les commandes
par catalogue, certaines, effectives, d'autres, qui ne furent jamais
que
des souhaits. Des images de catalogues anciens ainsi que des photos
accompagnent
chaque récit.
Tout s'achetait par catalogue.
Des catalogues à faire rêver
Un équipement complet de hockey
Le matériel à la verge
Le petit four bleu tant espéré (texte
seulement,
pas de document audio)
[Écouter le document
audio (4,8 Mo)]
Souvenirs du temps des
catalogues
Avez-vous gardé des souvenirs de vos achats par catalogue ?
Aimeriez-vous
en partager quelques-uns avec nous ? Nous ferons une sélection
des
réponses reçues afin de les présenter dans cette
section
de l'exposition virtuelle; certaines pourront toutefois être
révisées.
Prenez quelques minutes pour télécharger
le présent formulaire et nous envoyer vos souvenirs, par la
poste,
ici, au Musée canadien de la poste du Musée canadien des
civilisations.
Joignez à votre lettre la photo d'un article obtenu par catalogue,
si
vous en avez une. Vous devez posséder les droits de reproduction de
la
photo, dont vous serez crédité. En soumettant vos anecdotes
au
Musée, vous lui accordez l'autorisation d'utiliser, en partie ou en
totalité,
les témoignages obtenus pour leur diffusion sur le site.
Prière
de nous indiquer si vous voulez que la photo vous soit retournée.
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Tout s'achetait par catalogue.
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« Tout
s'achetait par catalogue : les outils dont papa avait besoin pour
travailler dans son moulin à bois, la laine que ma
grand-mère voulait
pour tricoter des mitaines et des patrons, et du matériel à
la verge
que maman recherchait afin de nous confectionner des
vêtements. »
Beaucoup
de femmes aimaient mieux commander du tissu et des patrons et confectionner
elles-mêmes leurs vêtements. Cette page présente des
échantillons de
tissus et des patrons.
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« J'ai
aussi commandé par catalogue une cuisinière
électrique pour remplacer
notre vieux poêle à bois. » En 1950, on pouvait
acheter une
cuisinière électrique
par catalogue ainsi que des poêles à charbon et des
poêles à bois.
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[Écouter le document
audio (705 Ko)]
Je suis native d'un petit village du Nouveau-Brunswick et, quand les
catalogues
arrivaient, nous passions de grandes soirées assis autour de la
table
à les feuilleter tout en rêvant de redécorer la
maison, de
la cave au grenier, et à renouveler notre garde-robe avec ces
belles robes,
ces jolis souliers à la mode et ces magnifiques chapeaux. Tout
s'achetait
par catalogue : les outils dont papa avait besoin pour travailler
dans
son moulin à bois, la laine que ma grand-mère voulait pour
tricoter
des mitaines et des patrons et du matériel à la verge que
maman
recherchait afin de nous confectionner des vêtements. J'ai aussi
commandé
par catalogue une cuisinière électrique pour remplacer notre
vieux
poêle à bois.
- Stella Labonté, témoignage, vers 1940-1950
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Des catalogues à faire rêver
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« Les
plus vieilles s'intéressaient aux manteaux, robes, souliers,
chapeaux;
pour les plus jeunes, les jouets attiraient notre attention. »
Dans
le catalogue Eaton's Spring and Summer 1926, il n'y avait que trois pages
consacrées aux jouets. Cette page, qui montre des tricycles, des
wagonnettes,
un jeu de croquet et d'autres jouets, a sans doute été
tournée et retournée
bien des fois dans plus d'un foyer.
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« Maman
préférait les tissus à la verge. »
Même en 1926, alors que les
catalogues
ne comptaient que quelques pages en couleurs, celles qui
présentaient
des tissus étaient tout en couleurs. Bien des femmes ont dû
admirer ces
chatoyants tissus de soie imprimés.
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« L'intérêt
de mon frère se tournait vers les bicyclettes. À chaque
année, il suppliait
nos parents de lui en acheter une, mais ceux-ci n'ont jamais pu
répondre à
son
désir. L'instruction était leur
priorité. » Ces bicyclettes à une
seule vitesse ont fait l'envie de bien des garçons et de bien des
filles.
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[Écouter le document
audio (1,0 Mo)]
Un rêve jamais réalisé
Dans notre petit village, nous n'avions pas de grands magasins.
Maman
achetait beaucoup par catalogue, Eaton, Simpson, Dupuis et Frères.
Au
printemps et à l'automne, près de la boîte aux
lettres
située sur le chemin, en face de notre maison, nous guettions le
postillon.
Nous voulions être les premières à jeter un coup
d'œil
sur le nouveau catalogue. Les plus vieilles s'intéressaient
aux
manteaux, robes, souliers, chapeaux; pour les plus jeunes, les jouets
attiraient
notre attention. Maman préférait les tissus à la
verge,
tandis que l'intérêt de mon frère se tournait
vers
les bicyclettes. À chaque année, il suppliait nos parents de
lui
en acheter une, mais ceux-ci n'ont jamais pu répondre
à son
désir. L'instruction était leur priorité. Comme
mon
frère fréquentait l'école secondaire de
Plantagenet,
il fallait payer sa pension. Quand papa acheta sa première Ford, en
1927,
mon frère, qui avait 17 ans, eut la permission de la conduire. Ce
privilège
le consola de ne pas posséder de vélo.
- Yvonne Drouin Jobin, témoignage, vers 1930
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Un équipement complet de hockey
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« Je
me vois encore parcourant les pages du catalogue afin d'obtenir, pour
mon anniversaire, un équipement complet de hockey. La commande
comprenait
une paire de patins CCM, un habillement complet avec les quelques
protecteurs
de l'époque et un bâton de hockey qui ne se vendait pas dans
notre magasin
général. Toute une commande ! »
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Si
les bâtons de hockey ne pouvaient être achetés au
magasin général du
village, on les commandait par catalogue.
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Chandails
et bas de hockey, aux couleurs des six équipes de la Ligue nationale
de hockey, pouvaient être commandés dans le catalogue Eaton -
automne-hiver
1950-1951.
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Les
modèles dernier cri de jambières, de gants et de culottes de
hockey étaient
offerts dans le catalogue de 1950-1951.
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[Écouter le document
audio (2,2 Mo)]
Un équipement complet de hockey
J'avais neuf ans à la fin des années cinquante. Les
classes
avaient repris et l'hiver était déjà
entamé.
Comme à chaque année, d'aussi loin que je me
souvienne, j'attendais
avec impatience le catalogue des étrennes de Noël. Ce
catalogue,
avec sa couverture colorée, comprenait les rêves les plus
séduisants
pour un enfant de mon âge.
Je me souviens particulièrement de cette année où le
catalogue
des étrennes était arrivé et où, je crois,
j'étais
seul à la maison. La fameuse soirée du hockey avait
débuté
en noir et blanc sur notre téléviseur. Ma mère avait
dû
s'absenter pour la soirée et je savais que mon père
reviendrait
avant elle - samedi soir aidant - il serait probablement un
peu pompette
et réceptif à mes demandes.
Je me vois encore parcourant les pages du catalogue afin d'obtenir
pour
mon anniversaire, quelques jours avant Noël, et pour les
étrennes
de l'occasion, un équipement complet de hockey. Avec mes
camarades,
nous avions déjà commencé nos parties de hockey
habituelles
et je n'avais que des patins, comme la plupart des autres enfants.
La commande
comprenait une paire de patins CCM, un habillement complet avec les
quelques
protecteurs de l'époque et un bâton de hockey qui ne se
vendait
pas à notre magasin général. Toute une
commande !
Mais la commande devait être autorisée et signée et,
si je
me souviens bien, devait être payée à l'avance
ou par
'C.O.D.' (Cash on delivery - envoi contre
remboursement),
comme on disait à l'époque. L'enveloppe
pré-adressée était déjà sur la table et
attendait
le retour de mon père.
Enfin, ce dernier arriva, heureusement plus pompette que prévu, et,
dans
une déclaration qui m'aurait fait gagner la coupe Stanley,
j'obtins
l'autorisation et la signature tant convoitées. Je cachetai
l'enveloppe
en me préparant à la livrer au bureau de poste le lendemain.
L'enveloppe
ne quitta jamais la maison, ma mère l'ayant
interceptée à
temps car, selon elle, il s'agissait d'une folle commande
!
Il est vrai que je serais devenu le joueur de hockey le plus
convoité
du village !
Ce catalogue, avec ses images séduisantes, m'avait à
nouveau
conquis. Il me faudrait attendre le catalogue de l'été
afin
que je puisse commander ma première bicyclette !
- Simon Morin, témoignage, fin des années 1950
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Le matériel à la verge
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« Je
me souviens encore de la couleur saumon pâle du matériel
illustré dans
le catalogue qui avait capté fortement mon
imagination. »
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« Les
habiles couturières s'inspiraient des modèles
illustrés pour coudre leur
propre robe, et cela, sans patron. » Des couturières
peuvent très
bien avoir confectionné des robes en reproduisant ces
modèles-ci qui
étaient
offerts dans le catalogue Eaton - automne-hiver 1939-1940.
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« Les
malins prenaient plaisir à dire le prix payé des
vêtements achetés tout
faits du catalogue. Madame Unetelle a une robe de $2.98 ! Deux belles
sours s'étaient procuré une robe identique. »
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[Écouter le document
audio (885 Kb)]
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Le matériel à la verge
Avant l'ouverture des classes en septembre, je choisissais du
matériel
à la verge afin que maman me couse une petite robe. Je me souviens
encore
de la couleur saumon pâle du matériel illustré dans le
catalogue
qui avait capté fortement mon imagination.
Les habiles couturières s'inspiraient des modèles
illustrés
pour coudre leur propre robe, et cela, sans patron. Bien des mamans
feuilletaient
le catalogue le dimanche après-midi. Je vois encore maman et la
voisine,
assises sur la galerie, étudiant le catalogue afin, disaient-elles,
de
se donner des idées. Les malins prenaient plaisir à dire le
prix
payé des vêtements achetés tout faits du catalogue.
« Madame
Unetelle a une robe de $2.98 ! » Deux
belles-sœurs
s'étaient procuré une robe identique. Les malins
avaient
beau jeu de noter qu'une telle paraissait mieux que l'autre
!
- Lucienne Messier, témoignage, vers1930
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Le petit four bleu tant espéré
(À noter qu'il n'y a pas de version audio pour ce
récit.)
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« En
déballant le cadeau, je n'en croyais pas mes yeux :
c'était bel
et bien le petit four bleu tant espéré ! Enfin, je
pouvais cuisiner
et cuire de véritables biscuits, gâteaux et autres surprises.
Et tous
autour de moi de se montrer fort enthousiastes : en moins de deux,
les instructions étaient parcourues; l'ampoule à cuisson,
installée;
le four, branché, et tous les petits moules, lèchefrites et
ustensiles,
étalés
sur la table. » Le four Betty Crocker utilisait deux ampoules de
150 watts pour cuire de tout petits gâteaux et des muffins.
L'ensemble
« de
luxe » comprenait 30 moules en papier, 2 tôles à
biscuits et 22
mélanges à gâteaux.
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Nul
doute que le service de vaisselle de luxe a déjà
été utilisé pour servir
des friandises cuites, toutes chaudes encore, fraîchement sorties du
four Betty Crocker.
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Le petit four bleu tant espéré
En déballant le cadeau, je n'en croyais pas mes yeux :
c'était
bel et bien le petit four bleu tant espéré ! Enfin, je
pouvais
cuisiner et cuire de véritables biscuits, gâteaux et autres
surprises.
Et tous, autour de moi, de se montrer fort enthousiastes : en moins
de deux,
les instructions étaient parcourues; l'ampoule à cuisson,
installée;
le four branché, et tous les petits moules, lèchefrites et
ustensiles,
étalés sur la table. À moi d'ouvrir le premier paquet
Betty
Croquer, en humecter le contenu, brasser, verser, mettre au four sous les
rires
et exclamations de l'auditoire familial, rassemblé autour de moi.
En quelques
minutes, je sortais ma première fournée odorante et tous
d'en savourer
le résultat en me couvrant de compliments ! Ma mère
avait
commandé le cadeau parfait : celui que je désirais et
celui
qui me permettait d'être en bonne compagnie, car l'odeur de mes
cuissons
subséquentes n'a jamais manqué de m'attirer un convive ou
deux.
Non pas tant pour le goût, mais bien pour
l'événement !
- Louise N. Boucher, originaire de Saint-Jérôme,
témoignage,
vers 1966
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