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Les catalogues de Noël d'Eaton (page 2)
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Noël,
le temps des enfants | Arbres de Noël
communautaires
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La commercialisation de Noël | Noël et
l'après-guerre
| Une préparation jamais trop hâtive | Le
choix des cadeaux | Un véritable livre de
souhaits
| Conclusion | Sources
documentaires
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Arbres de Noël communautaires
Les collectivités rurales célèbrent Noël
à
l'église et lors de grandes fêtes communautaires
appelées
« arbres de Noël », puisque, à
l'origine,
les cadeaux des enfants étaient placés dans l'arbre.
Dans
les années 1930, Eaton instaure un service d'achat pour
l'arbre
de Noël, qui choisit des cadeaux selon les renseignements qui lui
sont fournis
sur le budget, le sexe et l'âge. Quelques enfants
reçoivent
uniquement des cadeaux à l'école et lors des
fêtes
communautaires; ils n'ont rien à la maison. Dans certains
cas, les
professeurs achètent des cadeaux dans les catalogues d'Eaton,
les
placent dans l'arbre et, lors du concert de Noël, les donnent
aux
enfants des familles trop pauvres pour s'en offrir.
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Page
de couverture d'un recueil de blagues de Charlie Chaplin. 1917.
Eaton
a vendu un certain nombre de livres inspiré par Charlie Chaplin.
Dans
le catalogue, l'acteur est présenté comme le
« comédien de vues
animées ». Ce petit livre contient 16 pages de
« blagues
amusantes » et était vendu 0,15 $ dans le catalogue
Eaton,
Winnipeg, automne et hiver 1919-1920, p. 449.
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Maggie
et Jiggs, personnages de George McManus. 1919. Page de couverture
de Bringing Up Father, ouvrage présentant les aventures de
ces deux personnages comiques qui ont été très
populaires pendant des
décennies. L'artiste a publié plusieurs livres et bandes
dessinées
vers la fin des années 1910 et le début de la
décennie suivante. Le
livre de 46 pages était offert à 0,25 $ dans le
catalogue d'Eaton,
Winnipeg, automne-hiver 1919-1920, p. 448.
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Les célébrations incluent un
aspect divertissement,
des concerts organisés par des élèves ou la
présentation
d'un film spécial ou d'une pièce de
théâtre
(les costumes d'ange sont fabriqués en tissu de gaze
commandé
en rouleau chez Eaton), ainsi que des rafraîchissements. Les
organismes
communautaires procèdent à des tirages et donnent des
articles
comme des poupées Beauté d'Eaton, pour lesquelles les
membres
ont fabriqué des vêtements et des couvertures. Eaton vend des
friandises
et des bas de Noël déjà préparés.
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Poupée
Beauté d'Eaton, offerte à Shirley McLouglin, de Comox, en
Colombie-Britannique,
en 1938. C'est la seule poupée encore intacte des deux paires
données à la mère et à la tante de la fillette
dans les années 1910.
L'une des poupées de la première paire a été
détruite lors d'un incendie;
elles en ont donc reçu deux autres l'année suivante. La
tête de la
deuxième s'est brisée lorsque la poupée est
tombée du lit. La troisième
a été vendue dans les années 1980.
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La commercialisation de Noël
Bien que le marché de Noël de
l'époque
ait été beaucoup plus modeste que celui
d'aujourd'hui,
Eaton avait déjà réalisé son importance.
Magasins
et catalogues vont donc se compléter : la publicité des
premiers
fait la promotion du service de vente par correspondance. En 1905, le
service
de commercialisation d'Eaton annonce la première parade du
père
Noël à Toronto dans le but d'inciter les gens à
acheter
leurs emplettes de Noël dans son magasin. Chaque succursale qui ouvre
ses
portes au Canada établit son « pays des
jouets »
pendant la période des Fêtes et, bien sûr, les enfants
sont
invités à assister à son ouverture :
« Enfin ! un pays merveilleux
qui
rend les filles et les garçons heureux, un monde féerique
aux couleurs
vives, où trouver les jouets les plus fabuleux. Vous verrez les
trains
filer à la vitesse de l'éclair, les lumières
clignoter
et les aiguilles s'aligner. Les poupées chéries, au
joli
visage et aux cheveux bouclés, tendent les bras à leur
petite maman.
Il y a tellement d'autres jeux et de jouets que nous ne pouvons pas
tous
les décrire. Le pays des jouets accueille chacun d'entre vous
le
samedi et tous les jours qui précèdent Noël. Venez le
plus
tôt possible et restez tout le temps que vous
voudrez. »
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Noël et l'après-guerre
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Choix
d'appareils électriques et d'accessoires offerts dans le catalogue
de Noël d'Eaton, 1956, p. 184.
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Après la Seconde Guerre mondiale, de plus en plus de gens
s'installent
dans les villes. Le rôle de la femme au sein de la
société
évolue. Les enfants ont moins de responsabilités à la
maison
et jouissent de plus de liberté et d'attention.
L'économie
se diversifie. La disponibilité de l'argent et des
marchandises
augmente. Les gens achètent des objets au lieu de les fabriquer
eux-mêmes.
L'électricité entraîne l'apparition de
nouveaux
appareils et de nouvelles sortes de divertissement.
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Craquelins
de Noël Caley dans une boîte Jolly Crackers d'Eaton.
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Noël devient plus complexe. Il y a davantage de
décorations, d'échanges
de cadeaux, de biens matériels, de cartes, de cuisine, de
vêtements
de fête, de cérémonies et de travail pour les
mères.
La saison s'étend au mois de novembre, et les gens en
ressentent
les effets dans leur budget. Le choix du cadeau idéal pour chaque
personne
prend une ampleur capitale. Les journaux locaux affirment de plus en plus
que
Noël est devenue une fête trop commerciale.
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Une préparation jamais trop hâtive
Les publicités de Noël font leur apparition dès le
début
de novembre et soutiennent qu'il « n'est jamais
trop tôt
pour faire ses achats des Fêtes ». Certains
s'objectent
au début plutôt hâtif de cette période et
croient qu'il
est trop tôt pour penser à Noël. À la
mi-novembre, les
publicités changent de stratégie : elles
félicitent
les consommateurs qui commencent déjà à acheter leurs
cadeaux
et leur rappellent que le temps s'écoule rapidement.
Les gens ont l'habitude de demander au maître de poste
d'ouvrir
son bureau le jour de Noël afin qu'ils puissent y
récupérer
cartes et colis spéciaux. En 1959, celui-ci n'a plus besoin
de travailler
pendant quelques heures cette journée-là. Même que le
bureau
de poste y va de ses propres annonces : « Donnons tous un
peu
de repos au père Noël. - Passons nos commandes des
Fêtes
le plus tôt possible. »
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Le choix des cadeaux
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Suggestions
de cadeaux de Noël pour fillettes. 1956. Catalogue de
Noël d'Eaton,
1956, p. 12.
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Dans les années 1950, la plupart des gens ont tendance à
offrir
des cadeaux pratiques : pantoufles, aliments maison et chandails
tricotés
à la main. Les cadeaux liés à la maison incluent des
couvre-lits,
des meubles et des appareils. Les cadeaux électriques sont
considérés
comme des nouveautés. Les machines à coudre sont
appréciées.
Les téléviseurs sont présentés comme un cadeau
familial.
Les cravates demeurent des cadeaux traditionnels pour les hommes. Les
femmes
aiment qu'on leur donne des fleurs. Toutefois, ce sont les enfants
qui
reçoivent le plus de cadeaux. Aussi les magasins offrent-ils une
vaste
gamme de jouets.
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Vêtements
et accessoires pour apprentis cow-boys et .cow-girls. 1956.
Catalogue
de Noël d'Eaton, 1956, p. 20.
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Même si les consommateurs des années 1950 peuvent faire
leurs
achats dans plusieurs commerces locaux, les catalogues d'Eaton
jouent encore
un rôle important durant la période de Noël,
particulièrement
auprès des habitants des régions rurales. Un homme qui a
grandi
à Drumheller, en Alberta, à cette époque, se rappelle
l'enthousiasme
engendré par le catalogue de Noël. Il le considérait
comme
« une fenêtre sur le monde extérieur ».
Puisque
sa famille était relativement pauvre, il a passé beaucoup de
temps
à rêver d'articles du catalogue qu'il ne
recevrait jamais.
Une femme, qui a élevé huit enfants
vers
la fin de cette décennie, raconte : « Nous
regardions
beaucoup le catalogue, surtout pendant la période des fêtes.
[…]
À Noël, il était presque tout abîmé parce
que
les enfants l'avaient feuilleté et y avaient choisi des
choses.
Ils n'ont pas toujours reçu l'objet convoité,
mais
ils en rêvaient. » Elle se souvient aussi d'avoir
eu
recours au service de livraison à l'étranger
d'Eaton
pour expédier à des parents des biens introuvables en
Grande-Bretagne,
après la guerre.
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Un véritable livre de souhaits
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Équipements
sportifs du catalogue de Noël d'Eaton, 1956.
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Dans les années 1950, le catalogue automne et été
compte
plus de 600 pages, dont le tiers est en couleur. Celui de Noël en
possède
approximativement 200, la moitié illustrée en couleur. Les
50 premières
pages sont consacrées aux articles pour enfants. Vers la fin de la
décennie,
les enfants sont clairement ciblés comme un groupe distinct,
surtout en
ce qui a trait aux vêtements pour garçons et jeunes hommes.
Il y
a davantage de vêtements spécialisés, notamment pour
la pratique
des sports et de la chasse. Le « gros » catalogue
automne
et hiver contient moins de jouets, puisqu'on les présente
dorénavant
dans celui de Noël, avec l'équipement sportif, le
matériel
d'artiste et d'artisanat et les livres.
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Page
de couverture du conte de Roch Carrier, Le Chandail de
hockey.
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Les objets les plus populaires sont les
poupées,
les produits qui imitent les activités des adultes
- trousses de chimie, « Meccano », jeux de
construction
-, rappellent le monde de l'imaginaire
- Robin des Bois, Zorro, cow-boys et Indiens, fusils, figurines de
soldats
- et invitent à diverses activités sportives -
jeux
de tir, hockey, billard, quilles et jeux de table. Beaucoup de
garçons
rêvent de porter un chandail des Canadiens de Montréal ou des
Maple
Leafs de Toronto, deux équipes de la Ligue nationale de hockey,
comme
le racontera plus tard Roch Carrier dans sa populaire histoire Le
Chandail
de hockey et relatant l'erreur du magasin Eaton qui n'a
pas
expédié le chandail commandé. Le nombre
d'instruments
de musique offerts dans le catalogue diminue à mesure que les pages
consacrées
aux appareils électriques, aux radios et aux
téléviseurs
augmentent.
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Radios,
tourne-disques et téléviseurs offerts par Eaton.
1956. Catalogue
de Noël d'Eaton, 1956, p. 183.
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Le père Noël devient un symbole
capital
dans la publicité et les célébrations communautaires.
Des
lettres qui lui ont été adressées par courrier sont
déposées
dans les magasins locaux ou publiées dans les journaux. La plupart
des
enfants demandent une ou deux choses pour eux ainsi que des cadeaux pour
leurs
frères et leurs sœurs plus jeunes. Les objets les plus en
demande :
camions, poupées, trains électriques, vaisselle, livres
à
colorier, casse-tête, trousses de médecin ou
d'infirmière,
patins, équipements de hockey, balais, ensembles de cuisson,
livres, téléphones,
télévisions, instruments de musique, fusils et montres.
Certains
aimeraient avoir un animal de compagnie comme cadeau, par exemple, un
chien et
même un singe !
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Conclusion
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Rubans
et boutons présentant Eaton comme le magasin de Noël du
Canada.
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Le catalogue d'Eaton occupait une place
considérable
dans les Noëls d'autrefois. Au début du vingtième
siècle,
le catalogue est une source importante d'articles - et souvent
de
rêves - qui n'étaient disponibles dans les
régions
rurales du pays. Dans les années 1950, il existe beaucoup plus de
magasins
locaux et une plus vaste gamme de produits, mais Eaton demeure dans
l'esprit
et dans les habitudes d'achat des gens, particulièrement des
gens
habitant en dehors des grands centres urbains.
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Sources documentaires
L'auteure s'est principalement inspirée des rapports
de
recherche réalisés pour le Red Deer and District Museum de
l'Alberta
et le Fraser-Fort George Museum de Prince George.
COLE, Catherine C. « Childhood in
Prince
George, 1910-1960 ». Rapport de recherche inédit,
préparé
pour le Fraser-Fort George Museum. Prince George, Colombie-Britannique,
mars
2002.
COLE, Catherine C. « The Wishing Book:
Dreaming
of Christmas in Central Alberta through the Eaton's Catalogues
1925-1929,
1955-1959 ». Rapport de recherche inédit,
incluant des
témoignages oraux recueillis par Judy Larmour pour le compte du Red
Deer
and District Museum, octobre 2000.
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