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  Marchand de tapis, vers les 
années 
1930.  
  

Agrandir l'image.Cet homme semble un marchand ou un intermédiaire qui participe à la vente de tapis aux acheteurs de Simpson. Années 1930.

  
     

Des tapis d'Orient par la poste
Texte de Neil Brochu

Articles très en demande depuis la fin du
dix-neuvième siècle, les tapis d'Orient étaient vendus dans les grands magasins ou par catalogue. Ainsi, Simpson enverra ses acheteurs au Moyen-Orient pour y acquérir directement des tapis de la meilleure qualité, à des coûts moindres. Le magasin utilisera les photos d'un voyage d'achat effectué dans les années 1930 pour en mousser la vente.

Introduction | Acheter ses tapis directement au Moyen-Orient | L'expédition des tapis | Conclusion | Sources documentaires

 


Introduction

  Moquette, tapis, linoléums et 
paillassons, Simpson's Fall Winter 1907-1908, p. 143.  
  

Agrandir l'image.Tapis et revêtements de plancher offerts par Simpson en 1907. Catalogue de Simpson, automne-hiver 1907-1908, p. 143.

  
     

Quand, à la fin du dix-neuvième siècle, les tapis d'Orient gagnèrent en popularité, les grands magasins furent parmi les premiers détaillants au Canada à conserver ces articles dans leur inventaire. Chez Eaton et Simpson, ces tapis, tissés à la main, furent d'abord placés dans le rayon qui comprenait les revêtements de planchers, faits à la machine. Puis, ils constituèrent un rayon spécialisé et figurèrent régulièrement dans les catalogues. Comme chaque tapis était une œuvre d'art plus ou moins unique, les catalogues n'en détaillaient pas tout le stock. Les clients qui désiraient s'en procurer un devaient alors écrire au magasin pour obtenir des renseignements supplémentaires. C'est ce qu'indiquait cet avis, tiré du catalogue automne-hiver de Simpson en 1907.

Par ailleurs, c'était une pratique courante, pour les grands magasins et les marchands spécialisés, de poster, dans un seul envoi, plusieurs tapis d'Orient à leurs clients. Ces derniers choisissaient celui qu'ils désiraient et retournaient les autres. Ainsi, les gens qui vivaient à l'extérieur des grandes villes canadiennes pouvaient-ils choisir parmi plusieurs modèles.


Acheter ses tapis directement au Moyen-Orient

  Eric Cecil Budd et M. Treloar, vers 
les années 1930.  
  

Agrandir l'image.Eric Cecil Budd et un certain Treloar, en Turquie, posant en compagnie d'un chameau. Années 1930. Budd était le gérant du rayon des tapis d'Orient du magasin Simpson de la rue Queen, à Toronto.

  
     

Les grands magasins se procuraient leurs tapis d'Orient auprès de grossistes européens et nord-américains ou envoyaient leurs acheteurs en acquérir directement au Moyen-Orient. Par exemple, au début des années 1930, Simpson envoya Eric Cecil Budd, le gérant du rayon des tapis d'Orient du magasin de Toronto, en voyage d'achat en Turquie. Les photographies qu'il en rapporta furent ensuite affichées dans le magasin du centre-ville. Les clients purent ainsi découvrir les origines exotiques de ces tapis et connaître tous les efforts accomplis par Simpson pour ajouter ce genre d'articles de qualité à son inventaire.

  Acheteurs à un entrepôt, 
vers les 
années 1930.  
  

Agrandir l'image.Les acheteurs de Simpson, à un entrepôt de tapis, en Turquie. Années 1930.

  
     

Les acheteurs internationaux suivaient une procédure précise lors de l'achat de tapis au Moyen-Orient. Ils étaient accompagnés de courtiers en tapis qui recevaient une commission équivalant à 1 % des ventes. Ceux-ci conduisaient les acheteurs auprès des marchands dans un entrepôt (appelé « Khan »), où l'on stockait les tapis, fabriqués dans les villages environnants. Un sofa bas, des coussins et des tapis, de même que quelques sièges bas, assuraient le confort des visiteurs étrangers. Avant d'engager les négociations, les marchands prenaient le temps de s'informer de la santé des acheteurs et leur servaient du café, du thé russe et des cigarettes. La pipe à eau (la « narguilé ») était également offerte pour le plaisir des visiteurs. Ces marchands étaient considérés comme d'habiles négociateurs.

  Acheteurs à un entrepôt, 
vers les 
années 1930.  
  

Agrandir l'image.Acheteurs de Simpson en compagnie de vendeurs, à un entrepôt de tapis, en Turquie.

  
     

Grâce à ces missions commerciales en Turquie pour y acheter des tapis directement des entrepôts au lieu de passer par l'entremise de grossistes anglais et nord-américains, les grands magasins pouvaient acquérir des produits de meilleure qualité à des coûts moindres.

La ville turque de Demirdji était à cette époque un important centre de fabrication de tapis d'Orient de grande qualité. Les jeunes filles travaillaient assises devant un grand métier à tisser vertical, appareil typique des ateliers plus petits. Le modèle des tapis, en papier, était accroché sur le côté du métier. Les tapis Sparta étaient caractérisés par un tissage serré, durable et inspiré de motifs turcs et persans.

  Jeunes filles occupées à 
tisser un 
tapis Sparta, vers les années 1930.  
  

Agrandir l'image.Acheteurs de Simpson regardant des jeunes filles occupées à tisser un tapis Sparta, à Demirdji, en Turquie. Années 1930.

  
     

  Homme tissant, vers les années 
1930.  
  

Agrandir l'image.Un homme, dos à un berceau attaché entre deux arbres, tisse sous un abri. Turquie, années 1930.

  
     

À l'entrepôt, les tapis étaient classés et nettoyés avec de l'eau et des balais. Après l'introduction, au dix-neuvième siècle, de teintures chimiques dans l'industrie de la fabrication de tapis, ceux-ci étaient souvent blanchis au soleil afin d'en adoucir les couleurs criardes. Certains pensaient que le blanchiment les rendait plus attrayants aux yeux des Nord-Américains.

Tapis nettoyés et 
préparés pour la 
vente, vers les années 1930.
   Tapis nettoyés et 
préparés pour la 
vente, vers les années 1930.   

Les tapis sont nettoyés et préparés pour la vente. Turquie, années 1930.

Agrandir l'image.
 
Des acheteurs en compagnie de 
marchants et d'habitants turcs, vers les années 1930.
   Des acheteurs en compagnie de 
marchants et d'habitants turcs, vers les années 1930.   

Des acheteurs en compagnie de marchands et d'habitants turcs. Années 1930. L'expédition des acheteurs de Simpson en Turquie comportait une visite, à dos de chameau, d'anciennes ruines et des villes de Pergame et d'Éphèse.

Agrandir l'image.
 
   Eric Cecil Budd à dos de 
chameau, 
exhibant un tapis de Turquie, vers les années 1930.   

Eric Cecil Budd, à dos de chameau, exhibant un tapis de Turquie, dans les années 1930. À la gauche de Budd, debout, un certain Treloar, sans doute à l'emploi de Simpson.

Agrandir l'image.
 
   Acheteurs et marchands buvant du 
café 
turc, vers les années 1930.   

Acheteurs et marchands buvant du café turc devant une ruine ancienne. Années 1930. Les tapis de Turquie à vendre sont étalés sur le sol, à la vue de tous.

Agrandir l'image.
 
   Le rayon des tapis, Simpson's Spring 
Summer 1903, p. 114.   

Choix de tapis et d'articles d'entretien proposé par Simpson. 1903. Catalogue de Simpson, printemps-été 1903, p. 114.

Agrandir l'image.

L'expédition des tapis

Une fois choisis par les acheteurs, les tapis étaient emballés en paquets pouvant varier de cinquante à mille unités, attachés par de la corde, recouverts de toiles et renforcés de frettes. Chaque paquet comprenait un mélange de tapis de qualité supérieure et inférieure. Le coût des paquets était calculé à l'aide d'un prix moyen par pied carré.

  Transport des tapis à dos de 
chameau, 
vers les années 1930.  
  

Agrandir l'image.Transport des tapis à dos de chameau. Années 1930.

  
     
Transport des tapis à dos de 
chameau, 
vers les années 1930.

Les paquets étaient d'abord transportés à dos de chameau jusqu'à un chemin de fer, chargés dans des wagons couverts et acheminés vers le bureau de douane et le port les plus près. Ils étaient ensuite placés, à bout de bras, à bord de bateaux à destination de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Le voyage jusqu'au Canada durait environ six mois.

  Transport des tapis au chemin de fer 
à 
dos de chameau, vers les années 1930.  
  

Agrandir l'image.Le transport des tapis de l'entrepôt au chemin de fer à dos de chameau. Années 1930.

  
     
  Employés turcs transportant de 
lourds 
rouleaux de tapis, vers les années 1930.  
  

Agrandir l'image.Des employés turcs transportaient sur leur dos des rouleaux de tapis qui pesaient parfois jusqu'à 270 kilos.

  
     

Conclusion

  Une poignée de main concluait 
une 
transaction, vers les années 1930.  
  

Agrandir l'image.Dans les années 1930, une transaction se concluait par une simple poignée de main.

  
     

Les photos du voyage en Orient effectué par Budd furent affichées dans le rayon des tapis du magasin Simpson, rue Queen, à Toronto, et contribuèrent certainement à renforcer l'aspect mythique de ces objets fabriqués dans cette partie du monde. La vente de ce type de tapis, exposés en magasin ou offerts par catalogue, exigeait des efforts et des considérations particuliers. Puisque aucun des tapis n'était identique, ces articles se distinguaient des autres produits présentés dans les catalogues et il s'avérait donc impossible de les obtenir en procédant de la façon habituelle. Le catalogue Simpson permettait donc à ses clients des milieux éloignés des grands centres urbains d'acheter de superbes tapis d'Orient de qualité qu'ils n'auraient pu se procurer autrement.


Sources documentaires

BABAYAN, Levon. The Romance of the Oriental Rug. Toronto, Babayan's Ltd, 1925.

COXON, Herbert. Oriental Carpets: How They Are Made and Conveyed to Europe with a Narrative of a Journey to the East in Search of Them. Londres, T. Fisher Unwin, 1884.

ELLWANGER, William De Lancy. The Oriental Rug: A Monograph. New York, Dobb, Mead and Company, 1903.

GURDJI, V. Oriental Rug Weaving. New York. F. Tennyson Neely Company, 1901.

HOLT, Rosa Belle. Oriental and Occidental Rugs, Antique and Modern. Garden City, Garden City Publishing Company, 1937.

LANGTON, Mary Beach. How to Know Oriental Rugs: A Handbook. New York, D. Appleton and Company, 1904.

LEWIS, G. Griffin. The Practical Book of Oriental Rugs. New York, J. B Lippincott Company, 1945.

MUMFORD, John Kimberly. Oriental Rugs. New York, Charles Scribner's Sons, 1900.

NAHIGIAN BROTHERS. Oriental Rugs in the Home: A Monograph. Chicago, Nahigian Brothers, 1913.

RIPLEY, Mary Churchill. The Oriental Rug Book, New York. Frederick A. Stokes Company, 1904.

 

 

   
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