|
|
|
|
Gramophone
mécanique de table, modèle VV-VIII, 1913. Victor
Talking Machine,
Camden, New Jersey.
|
|
|
|
|
|
Des objets qui parlent...
une révolution technologique
Texte de Nicole
Cloutier
Jusqu'à la fin du dix-neuvième
siècle,
les veillées servent de prétexte à se réunir
en famille
et à fêter en compagnie de musiciens. Deux grandes
révolutions
dans la technologie du son, le reproducteur de son, au début du
siècle
suivant, et l'arrivée de la radio, dans les années 1920,
viennent
changer la vie quotidienne des Canadiens.
Le phonographe et le gramophone | La
radio
Le phonographe et le gramophone
L'invention de Thomas Edison : le cylindre
Le phonographe à cylindre de l'Américain Thomas Edison
(1847-1931)
pénètre dans les foyers canadiens bien nantis après
1891,
au moment où sa compagnie commercialise une série
d'enregistrements
de musique sur cylindres.
L'invention de Berliner : le disque plat
Après avoir créé le gramophone, Emile Berliner
(1851-1929),
un Américain d'origine allemande, invente le disque plat, qui
tourne à
78 tours à la minute. En 1900, il installe son usine à
Montréal.
Le succès de son invention est immédiat et la Berliner
Gramophone
publie alors un catalogue de disques qu'elle expédie par la
poste.
Les trois grands de l'industrie du son
|
|
|
|
Le
Graphophone Eagle. Catalogue d'Eaton, Toronto,
printemps-été 1899,
p. 191.
|
|
|
|
|
|
Les trois grands de l'industrie du son, Berliner
Gramophone,
Edison et Columbia, accaparent le marché. La vente par catalogue
des grands
magasins contribue à permettre l'accès à ces nouveaux
appareils
de divertissement partout au Canada. Le catalogue d'Eaton de 1899
propose,
pour la première fois, des appareils à cylindre : le
Columbia
Graphophone et le Eagle Graphophone, semblable au modèle B de
Columbia.
|
|
|
|
Phonographe
Graphophone, modèle B de Columbia. Le modèle BX,
très semblable à
celui-ci,
apparaît dans le catalogue d'Eaton (Toronto),
printemps-été 1900,
p. 174.
|
|
|
|
|
|
Le Graphophone de Columbia, destiné à jouer les disques
plats,
fait son entrée dans le catalogue d'Eaton de 1903,
concurrençant
ainsi le phonographe de Edison. L'édition de 1904-1905 propose des
disques
bruns de 7 pouces et le gramophone modèle A de Berliner Gramophone.
Profitant
de l'expansion rapide de ce marché, Eaton publie, en 1903, un
catalogue
de disques. Au cours de ses deux premières années à
Montréal,
la Berliner Gramophone aurait produit quelque 2000 disques; en 1912, la
production
annuelle atteint les deux millions d'exemplaires.
De 1907 à 1910, Eaton met en vente un
tourne-disque,
le Eatonia, tandis que les gramophones de la Berliner disparaissent de son
catalogue.
La compagnie continue toutefois d'y proposer la marque Columbia et
les
phonographes Edison. Il faut attendre 1910 pour y voir apparaître
des modèles
de la Victor Talking Machine, distribués au Canada par la Berliner.
Pour
la première fois, Eaton offre un meuble muni d'un
haut-parleur intégré,
donc sans pavillon.
Disparition du cylindre au profit du disque plat
Le tout nouveau Victrola XI trône dans le catalogue d'Eaton
de
1913 : il se vend au même prix que dans le catalogue de la
Berliner
de 1912. En 1913 et en 1914, Eaton met en vente les populaires Victrola
VIII
et IX. Comme les consommateurs préfèrent les disques, plus
faciles
à entreposer et moins fragiles, aux embarrassants cylindres, la
compagnie
cesse, en 1914, de vendre des phonographes à cylindre.
Eaton, en 1917 et en 1918, propose des
gramophones
His Master's Voice. À partir de 1918, elle consacre une page
complète
aux disques Victor et Columbia. En 1919 et en 1920, la compagnie vend des
gramophones,
modèles au plancher, sous la marque Symphony, qui change de nom,
l'année
suivante, pour Eatonola. Les tourne-disques portables,
intégrés
dans une valise, apparaissent en 1924; ils se vendront pendant plusieurs
années.
|
|
|
|
Combiné
récepteur
radio et phonographe Viking. Catalogue d'Eaton, Toronto,
automne-hiver
1939-1940, p. 374.
|
|
|
|
|
|
Jusqu'à la fin des années
1930,
le catalogue Eaton ne propose que des gramophones mécaniques. Le
Victor
Orthophonic, présenté comme une révolution dans la
technologie
du son, est mis en marché en 1925 par la Victor Talking
Machine.
En 1929 et en 1930, Eaton offre le nouveau modèle 43 Victor
Orthophonic.
Dans son catalogue de 1939-1940, elle met en vente le premier
modèle électrique,
qui comprend aussi une radio, sous sa marque, Viking, marque qui mettra en
vente,
en 1946, des tourne-disques de table. L'année suivante, Eaton
présente
un modèle qui combine radio et tourne-disques, le Astra, au design
très
moderne. Au début des années 1950, la compagnie vend
toujours un
combiné à pile pour les foyers sans
électricité.
La guerre des vitesses
La fin des années 1940 a vu apparaître ce que l'on a
appelé
« la guerre des vitesses ». En effet, en 1948,
Columbia
met sur le marché le disque long jeu (33 tours, sur vinyle) pour
remplacer
le 78 tours. RCA Victor réplique en lançant,
l'année
suivante, le disque 45 tours.
En 1952 et en 1953, Eaton offre le populaire tourne-disques de
plastique de
RCA Victor, mis en marché en même temps que l'arrivée
du
45 tours. Ce modèle a l'avantage de se brancher sur le haut-parleur
d'un
récepteur radio ou celui d'un téléviseur. À
cette
époque, les tourne-disques possédaient trois vitesses
- 33,
45, 78 tours - et Eaton introduit son premier modèle Viking
présentant
cette caractéristique.
|
|
|
Tourne-disque
de RCA Victor pour 45 tours, modèle 9JY, vers 1950. Ce
tourne-disque,
vendu 19$ par Eaton, a été très populaire
auprès des adolescents des
années 1950.
|
|
|
|
La radio
La radio à galène
|
|
|
|
Récepteur
radio à galène et accessoires. Catalogue d'Eaton,
Toronto,
automne-hiver
1922-1923, p. 401.
|
|
|
|
|
|
Une autre invention viendra révolutionner
l'écoute
de la musique chez soi. Bien des amateurs construisent eux-mêmes
leur récepteur
radio à galène pour capter les ondes. La première
programmation
commence à Montréal par la diffusion, à partir du
premier
décembre 1919, d'émissions de la station
expérimentale
de la compagnie Marconi, XWA, qui devient CFCF en novembre 1920. La
programmation
régulière débute le 21 mai 1920. CKAC, inaugure sa
programmation
régulière en langue française
le 27 septembre 1922.
Devant l'engouement des Canadiens pour la radio, le catalogue
d'Eaton
de 1922-1923 offre des postes de radio à galène avec
écouteurs
et consacre une page entière à toutes les pièces
nécessaires
pour monter soi-même ce type de récepteur. Devant cette
vogue, le
catalogue d'Eaton de 1924 annonce la parution d'un catalogue
spécial
de pièces.
Le haut-parleur
Un récepteur à piles, muni d'un haut-parleur, permet
à
plusieurs personnes d'écouter la radio. En 1925 et en 1926, Eaton
vend
un modèle à cinq lampes et haut-parleur. La
popularité de
la radio se propage jusque sur la page de couverture de son catalogue.
À
l'hiver 1926-1927, le modèle Minerva, fabriqué
spécialement
pour la compagnie, se vend 99 $. La page de couverture du Eaton's
Radio
Catalogue de 1927-1928 montre un appareil qui incorpore un haut-parleur
dans
un meuble.
|
|
|
|
Récepteur
radio et haut-parleur. Catalogue d'Eaton, automne-hiver 1925-1926,
p. 391.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Page
de couverture du catalogue d'Eaton, Toronto, automne-hiver
1926-1927.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Appareil
radio Minerva. Catalogue d'Eaton, Toronto, automne-hiver 1926-1927,
p. 306.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Appareil
radio Minerva. Catalogue des appareils radios d'Eaton, Winnipeg,
printemps-été 1927-1928, page de couverture. Musée
canadien des sciences
et de la technologie.
|
|
|
|
|
|
|
Des modèles combinant radio et
tourne-disques
Très tôt, les compagnies produisent des modèles
combinant
récepteur radio et tourne-disque, que Sonora a mis en marché
vers
1924. Cependant, on ne les retrouve dans le catalogue d'Eaton
qu'à
la fin des années 1930. Devenus des meubles indispensables dans
presque
tous les foyers, ils occupent fièrement l'espace central des
salons.
Au début des années 1930, Eaton vend des radios de
plancher
Marconi, Eveready, Fada , Brunswick, Westinghouse, Zenith, Philco, Sonora,
De
Forest, Crosley et Victor, à pile et à
électricité.
Le format réduit
Le format et le prix de vente des appareils radio commencent à
baisser
et, en 1934, Eaton offre de petits modèles de table, en bois,
fabriqués
par Victor, Philco et Sparton, en plus de son modèle Viking. Le
catalogue
de 1939 propose, pour la première fois, une radio portable Viking
et le
populaire Little Nipper de RCA Victor.
Après la Deuxième Guerre mondiale,
les
compagnies fabriquent des modèles de petit format, en bois, en
bakélite,
aux couleurs vives, comme le
modèle B 4000 de Northern Electric, le 501 de Westinghouse, au
design
canadien unique, qui se place dans différentes positions.
|
|
|
|
Récepteur
radio modèle 4000 de Northern Electric. Catalogue d'Eaton,
Toronto,
printemps-été 1946, p. 367.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Radio
de RCA Victor, modèle M45A, 1946.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Radio
Northern Electric Canada, modèle B 4000, vers 1946. Semblable
au B 5000, ce modèle est proposé par Eaton dans son
catalogue,
printemps-été 1946,
p. 367. On a surnommé ce design
« arc-en-ciel ».
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Gamme
d'appareils radios. Catalogue d'Eaton, Toronto, automne-hiver
1948-1949, p. 468.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Radio
de Westinghouse Canada, modèle 501, 1948.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Radio à pile
portable de RCA Victor (Montréal), modèle BP6C
Superheterodyne. Ce
modèle était offert dans le catalogue d'Eaton, automne-hiver
1948-1949,
p. 468.
|
|
|
|
|
|
|
Le modèle BP6C de RCA Victor, une radio
à
pile portable, donne un avant-goût du nouveau design des
années
1950. Le catalogue d'Eaton de 1952 illustre le Nipper de RCA Victor.
En
1955-1956, la compagnie propose le Crosley, le premier
radio-réveil, muni
d'une prise de courant pour la cafetière. Le modèle portable
P-233
de RCA Victor, à piles et à électricité,
devient
aussi abordable.
|
|
|
|
Gamme
d'appareils radios. Catalogue d'Eaton, Toronto,
printemps-été 1952,
p. 309.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Radio-réveil
de Crosley. Catalogue d'Eaton, Toronto, automne-hiver 1955-1956,
p. 439
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Radio-horloge
de Crosley, modèle D-25, vers 1954. Ce modèle se
vendait dans
des couleurs variées.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Radio
de RCA Victor (Montréal), modèle Nipper, vers 1952.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Radio
portable de RCA Victor (Montréal), modèle P-233,
1956.
|
|
|
|
|
|
|
Un récepteur radio pour toutes les bourses
Au milieu des années 1950, Eaton offre une grande
variété
de modèles pour toutes les bourses, depuis le modeste 418 de
General Electric,
à 23,95 $, jusqu'au sophistiqué SX-96 de
Hallicrafters,
à 449 $.
|
|
|
Gamme
d'appareils radios offert dans le catalogue d'Eaton. Toronto,
automne-hiver 1956-1957, p. 414.
|
|
|
|
|