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Premier
catalogue de Pryce Jones (Canada) Limited, février 1911, page de
couverture.
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Le grand magasin Pryce Jones, appelé le
« chéri
de Calgary », ouvre ses portes le mardi 14 février 1911
dans
un immeuble en briques rouges, à l'angle nord-ouest de la 12e
Avenue
et de la 1re Rue Sud-Ouest. Il est connu comme le « magasin
métropolitain
de la métropole de l'Ouest ultime ». La direction
invite
la clientèle à participer à la réussite de
l'entreprise.
« Nous avons une mission à accomplir à Calgary;
avec
votre aide, nous souhaitons devenir le magasin le plus populaire, plus
populaire
même que les grands magasins métropolitains de l'Est.
L'extraordinaire
optimisme sans cesse grandissant qu'engendrent les plaines infinies
de
l'Ouest contribuera à l'atteinte de notre objectif.
Nous souhaitons
obtenir votre collaboration; en retour, nous vous offrirons un excellent
service,
des prix raisonnables et les meilleurs produits au monde. »
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Lettre
d'introduction du premier catalogue de Pryce Jones, février 1911,
deuxième
de couverture.
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Le grand magasin est la filiale canadienne de la prestigieuse maison de
vente
par correspondance établie à Newtown, au pays de Galles,
vers 1851.
Des rumeurs concernant les plans de l'entreprise à Calgary
font
surface en juin 1910, quand Albert Pryce Jones, venu du pays de Galles,
s'installe
au Braemar Lodge, achète un immeuble de la 1re Rue Sud-Ouest et
fait appel
à la firme d'architecture locale Hodgson and Bates pour
dessiner
les plans d'un magasin. Deux mois plus tard, l'entrepreneur
local
George H. Archibald and Company s'affaire à construire une
structure
de trois étages (en plus du sous-sol) en brique et en béton
armé
Le projet progresse rapidement et, en novembre, le journal local
présente
l'immeuble dont les travaux sont presque terminés.
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Choix
de parapluies offerts dans le catalogue de Pryce Jones, février
1911.
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Le magasin est ouvert en semaine, de 8 h
30 à
17 h 30, et le samedi, jusqu'à 21 h 30. Il possède des
vitrines
de verre qui donnent sur la rue, des colonnes de miroir, des installations
et
des comptoirs solides, en chêne sur mailles, ainsi que des lampes
électriques
au tungstène, munies d'abat-jour en laiton brossé.
L'établissement
est élégant et regorge de belles marchandises. Les articles
de
journaux parus avant la grande ouverture décrivent ainsi la
disposition
des marchandises à chaque étage.
Au sous-sol : produits d'épicerie, friandises,
cristal taillé
vénitien, vaisselle, quincaillerie, porcelaine, produits en cuir et
service
de vente par correspondance.
Au rez-de-chaussée : soie, mercerie, dentelle, rubans, bas,
gants,
velours, produits pour la confection de robes, tweed, flanelle, articles
pour
hommes, vêtements pour garçons et hommes, chapeaux,
casquettes,
art et ouvrages à l'aiguille.
Au premier étage : corsets, vêtements pour
bébés
et enfants, landaus, robes et vêtements blancs pour femmes, linges
de maison,
rideaux, ameublement, couvertures et carpettes.
Au deuxième étage : tapis,
linoléum,
toile cirée, encadrement (lit), matelas, oreillers, balais
mécaniques,
bureaux de l'administration, ateliers de confection, salons
d'écriture
et le salon de thé royal Welsh, fierté de
l'entreprise, meublé
en « Mission Style », où joue quotidiennement un
orchestre, de 12 h 30 à 13 h 30 et de 15 h 45 à 17 h 15.
Lors de l'ouverture, le jour de la Saint-Valentin, les clients
peuvent
goûter à des aliments délicats et entendre
« la
plus charmante harmonie de sons mélodieux » que joue
l'orchestre
dans le salon de thé, au deuxième étage. Les
employés
invitent les clients à passer des commandes par correspondance aux
commis
vêtues de blanc.
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Pryce
Jones, entreprise pionnière de l'achat par correspondance.
Couverture
du catalogue de Pryce Jones printemps-été 1912.
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Grâce à sa centaine d'employés, à ses
activités
de vente par correspondance bien établies et à sa grande
variété
de biens de consommation, Pryce Jones défie directement la
suprématie
commerciale établie par la Compagnie de la Baie d'Hudson
depuis
qu'elle a fourni l'équipement de la Police à
cheval
du Nord-Ouest, de Fort Calgary, au milieu des années 1870. La
Compagnie
de la Baie d'Hudson se sent menacée. Moins d'un mois
après
l'ouverture de la Saint-Valentin, cette dernière
achète l'immeuble
du sénateur James Lougheed à l'angle de la 7e Avenue
et de
la 2e Rue Sud-Ouest et, en 1912, commence la construction d'un
magasin
de 1 500 000 $ pour contrer la nouvelle concurrence venue des
« vieux
pays ».
L'économie florissante et l'augmentation rapide du
nombre
d'habitants semblent promettre une croissance inégalée
à
Calgary. Pryce Jones suit la tendance. Les travaux d'agrandissement
du
nouveau magasin commencent en mai 1911 et l'ouverture se
déroule
en décembre. Cette même année, l'entreprise
remporte
le premier prix de l'exposition industrielle de Calgary pour la
meilleure
présentation de marchandises en Alberta. En 1912, elle gagne la
médaille
d'or dans la catégorie canadienne correspondante.
Bien que la priorité de Pryce Jones soit la vente par
correspondance,
il ne s'agit pas d'un concept nouveau pour les Calgariens, qui
connaissent
les catalogues diffusés par Eaton depuis 1884. Mais
l'édition
automne et hiver 1912-1913 du catalogue de Pryce Jones, dont la couverture
montre
des images lithographiées en couleur des magasins de Calgary et de
Newtown,
au pays de Galles, a certainement plu aux clients de l'endroit et
des environs.
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Les
liens entre le magasin canadien Pryce Jones et l'entreprise parente
du pays de Galles. Couverture du catalogue de Pryce Jones ,
automne-hiver 1912-1913, page de couverture.
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L'index du catalogue de 176 pages contient
plus
de 307 articles, entre autres, des sous-vêtements en finette
(0,75 $),
des montres de gousset
(de 1 $ à 2,50 $), des barrettes (de 0,10 $ à
0,45 $)
et des manteaux doublés de mouton (de 5 $ à 8 $).
La
seule modalité est le paiement à la commande; les prix
indiqués
comprennent la livraison. « Nous vous assurons que chaque
article
choisi correspond à sa description. Si vous n'êtes pas
satisfaits,
vous pouvez nous retourner l'article et nous vous rembourserons sans
condition. »
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Carte
postale montrant le magasin Pryce Jones, à l'angle nord-ouest de la
12e Avenue et de la 1re Rue Sud-Ouest.
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En février 1914, seulement trois ans
après
la spectaculaire ouverture de la Saint-Valentin, Edmund McKay envoie une
carte
postale illustrant le magasin Pryce Jones de Calgary à Bessie
Lobban,
de Chatham, au Nouveau-Brunswick, et lui écrit ce qui suit :
« [V]oici l'ancien plus grand magasin de Calgary car, en
août
dernier, la Compagnie de la Baie d'Hudson en a ouvert un beaucoup
plus
imposant. Il est magnifique et ressemble aux grands magasins de
Boston. »
La carte postale de McKay est prophétique. La concurrence de la
Compagnie
de la Baie d'Hudson, les conséquences économiques de
la Première
Guerre mondiale et l'absence du directeur général, le
colonel
A. W. Pryce Jones, qui quitte le pays à l'automne 1916 pour
assurer
le commandement d'un bataillon outre-mer, entraînent la
fermeture
définitive de Pryce Jones de Calgary cette année-là.
Contrairement à l'entreprise, l'immeuble survit.
Vers 1924,
Lougheed (le sénateur James Lougheed) and Taylor Limited
rénove
l'ancien grand magasin à rayons, qui était devenu,
avec le
temps, l'« horreur » de la
1re Rue. Le Traders Building abrite des locataires, commerçants et
détaillants.
Après avoir servi de quartier général du district
militaire
n° 13, pendant la Seconde Guerre mondiale, il est rénové
vers
la fin des années 1940 afin de loger les bureaux du gouvernement
fédéral,
dont les directions locales du Service national de placement et du
ministère
de l'Impôt. Dernièrement, l'immeuble de
l'ancien
grand magasin Pryce Jones est devenu un ensemble de luxueux condominiums
appelé
« The Manhattan ».
Comme un immeuble indestructible, la Compagnie de la Baie
d'Hudson continue
de se réinventer et demeure, à Calgary, l'unique
magasin
à rayons qui a survécu à cette époque
d'avant
1900.
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