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De la brochure originale de 32 pages, publiée
à
Toronto, en 1884, le catalogue d'Eaton est devenu le
« grand
livre » des années 1920, une véritable
institution de
500 pages qui passera à l'histoire du pays, connaîtra
des
éditions régionales dans l'Ouest et dans l'Est
ainsi
qu'une version française et sera associée à des
centres
de distribution. Quand, en 1976, le catalogue cesse de paraître, il
y a
longtemps que les ventes de Simpsons-Sears ont surpassé celles
d'Eaton.
Jamais, toutefois, une autre publication de ce genre ne suscitera autant
de nostalgie.
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Une croissance rapide | Les
marques d'Eaton |
L'expansion dans l'Ouest et dans
l'Est |
La concurrence de Simpson
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Page
de couverture du catalogue d'Eaton, automne-hiver 1884. Cette
reproduction du tout premier catalogue d'Eaton date de 1978.
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Le premier catalogue de Timothy Eaton est une modeste brochure de 32
pages,
publiée en 1884 et distribuée aux visiteurs de
l'extérieur
venus à Toronto pour y admirer l'Exposition nationale
canadienne.
En 1887, le même Eaton précise ce que devra être la
destinée
son catalogue : « Ce catalogue doit se trouver partout
où
pousse la feuille d'érable, dans tout le vaste Dominion. Nous
sommes
équipés pour traiter, de façon adéquate, toute
commande
postale, peu importe la distance qu'auront à franchir la
lettre
et la marchandise ».
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Une croissance rapide
À compter des années 1890, les usines d'Eaton,
établies
à Winnipeg et dans le Centre du Canada, fabriquent une vaste gamme
de
produits : vêtements pour hommes et femmes, bijoux, meubles,
articles
rembourrés, stores, harnais, colliers de cheval, valises et coffres
en
cuir, etc.
Le service de vente par catalogue croît rapidement et, en 1903,
la marchandise
ainsi vendue est séparée des articles du magasin pour
être
entreposée dans un immeuble à part. Eaton produit des
cadeaux -
éventails, tue-mouches, chausse-pieds, signets en celluloïd,
porte-allumettes,
entre autres - dans le but de promouvoir l'image de
l'entreprise.
Cadeaux
promotionnels offerts par Eaton : éventails, signets et
boîtes
d'allumettes.
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Le magasin publie des catalogues spécialisés
destinés
au marché de l'Ouest, comme le
« Klondike »
(1898) et celui « des immigrants » (1903).
C'est
en 1905 qu'il introduit l'édition
préparée à
Winnipeg. À cette époque, cette ville connaît un taux
de
croissance plus élevé que celui de Toronto. Aussi
devient-elle
le centre de distribution de la vente par catalogue dans cette partie du
pays.
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Catalogues
spécialisés d'Eaton. Noël, 1905; produits
d'alimentation, 1927;
semences, 1928; papiers peints, 1941.
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Après le décès du fondateur de l'entreprise,
Timothy
Eaton, en 1907, c'est John C. Eaton qui en devient le
président.
Son épouse joue aussi un grand rôle dans la promotion de
l'image
de l'entreprise et de la famille. Eaton instaure un principe :
si
un client n'est pas satisfait de la marchandise reçue, le
magasin
s'engage à le rembourser. Plus tard, il met en place la
politique
du paiement des frais d'expédition et du retour de la
marchandise.
Les ventes sont effectuées uniquement contre de l'argent
comptant.
En 1909, le service de vente par catalogue déménage dans des
locaux
indépendants et commence à acheter son propre stock.
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Les marques d'Eaton
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Quelques
marques de commerce d'Eaton. Ces sept articles, fabriqués par
Eaton, étaient annoncés à l'endos d'un plan de
l'Exposition nationale
canadienne, à Toronto, gracieusement fourni aux visiteurs par le
magasin.
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L'utilisation de noms et de marques de commerce s'accentue
après
1910 et le nombre de marques introduites par Eaton croît rapidement.
Parmi
celles-ci, il y a EATON, Eatonia, Acme, Cravinette, Edgerite, Imperial,
Foundation,
Multiplex, Braemore, Lady Fair Birkdale et Renown. Certains de ces
articles sont
produits par l'entreprise elle-même ou par des filiales tandis
que
d'autres le sont sous licence.
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Papier à
en-tête
d'Eaton, 1916. Plusieurs immeubles de l'entreprise y sont
illustrés.
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Le chiffre d'affaires du magasin de Winnipeg atteint
11 000 000 $
en 1911, somme qui tient compte de la vente de maisons et de granges.
Eaton met
sur pied un bureau de recherche sur les produits pour examiner les
articles offerts
dans son propre catalogue et les comparer à ceux que vendent ses
concurrents.
Puis, en 1916, un nouvel immeuble de huit étages, situé
à
l'arrière de la succursale de Winnipeg, ajoute un espace de
cinq
acres au service de vente par catalogue.
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L'expansion dans l'Ouest et
dans l'Est
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Publicité
d'Eaton
parue dans le Christmas Globe, 1908. L'annonce
s'étale
sur deux pages.
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En Saskatchewan, Eaton fait directement concurrence à Simpson.
Comme
ce dernier a fait construire, en 1916, un entrepôt de huit
étages
à Regina, Eaton réplique en y installant un premier centre
de distribution
et un second à Saskatoon. Ces deux centres vont
accélérer
le service de livraison des gros articles à ses clients de la
Saskatchewan,
de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. S'établit
alors
un lien solide entre les magasins et le service de vente par catalogue. De
nouvelles
succursales disposant de salles de vente par catalogue apparaissent
partout dans
la région. Toutefois, Eaton tarde quelque peu à ouvrir des
magasins
en Colombie-Britannique en raison de la forte concurrence de Woodward.
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Annonce
d'une brochure d'Eaton réservée aux militaires. La
publicité
reproduit
la page de couverture de cette brochure, disponible sur demande, qui
propose aux anciens soldats, qu'ils soient célibataires ou chefs de
famille, des plans de bâtiments agricoles et l'équipement
dont ils
ont besoin pour s'installer dans l'Ouest. Annonce tirée du catalogue
d'Eaton, automne-hiver 1919-1920, p. 420.
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Gâteau
du premier anniversaire du service de vente par catalogue d'Eaton à
Moncton.
1921.
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Dans le cadre du plan de colonisation rurale par des soldats que le
gouvernement
fédéral a élaboré après la
Première
Guerre mondiale, Eaton produit une brochure destinée à ceux
d'entre
eux qui prévoient s'installer dans l'Ouest. Ces
vétérans
trouveront dans la publication tout le matériel essentiel à
leur
installation. L'économie des Prairies est florissante :
aussi
Eaton fait-il ériger un deuxième immeuble de neuf
étages
à Winnipeg en 1921.
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Quelques
faits saillants sur Eaton, 1921.
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Eaton construit son bureau principal de la région de
l'Atlantique
à Moncton en 1920, l'année où
l'entreprise voit
son chiffre d'affaires des ventes par catalogue atteindre
60 000 000 $.
Les catalogues demeurent un outil d'achat important dans
l'Ouest
pendant toute la durée de la période de colonisation en
dépit
du fait que la valeur moyenne des commandes diminue durant la
Dépression.
Dans les années 1930, Eaton instaure un système qui permet
à
ses clients de régler, par versements échelonnés sur
un
certain nombre de mois, le coût des articles plus dispendieux. Puis,
l'urbanisation
croissante de l'après-guerre marque la diminution de la
popularité
des catalogues.
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La concurrence de Simpson
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Page
de couverture du catalogue d'Eaton, printemps-été
1976.
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Eaton est contraint de réévaluer ses pratiques quand, en
1953,
Simpson, son plus féroce concurrent, fusionne avec
l'entreprise
américaine Sears. Chaque district est alors responsable de ses
propres
achats jusqu'à ce qu'une réorganisation
structurelle
centralise, au bureau des marchandises de l'entreprise, les achats
pour
les magasins et les catalogues. Eaton abandonne graduellement la
fabrication
de produits vers le milieu des années 1960. Vers cette
époque,
les seuls profits générés par le catalogue
proviennent des
bureaux des marchandises de l'Ouest et des Maritimes. Durant la
décennie
suivante, le service des ventes par catalogue connaît un
déficit
annuel de 17 000 000 $. Il cessera ses activités en
1976.
En 1900, les trois quarts de la population canadienne vivent en milieu
rural.
Soixante-dix ans plus tard, c'est l'inverse : 75% des
gens sont
des citadins. Les changements démographiques ne sauraient cependant
expliquer
qu'en partie la fermeture du service des ventes par catalogue. Celui
de
Sears va prospérer après qu'Eaton aura fermé le
sien.
Sears triplera même son chiffre d'affaires. Puis, des
problèmes
de gestion au sein d'Eaton conduisent éventuellement à
la
faillite des magasins et à la disparition de ses catalogues.
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