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Pierre-Théophile
Legaré (1851-1926), fondateur de la compagnie P. T.
Legaré,
1920. La
photo a paru en 1920, dans le catalogue de P. T. Legaré
Limitée
(no 44, 1920, p. 2).
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Après des débuts
modestes,
la compagnie
P. T. Legaré est devenue, au début du vingtième
siècle,
un véritable empire commercial au Québec, se faisant
connaître
en milieu rural par la vente d'équipement agricole ultra
moderne.
L'homme
d'affaires
| L'essor de la compagnie | Promotion
de la marchandise | Remerciements | Sources
documentaires
La qualité et l'efficacité
de l'équipement
agricole ont beaucoup évolué au cours du vingtième
siècle
grâce à une meilleure diffusion des techniques et des
connaissances.
Si les livres ont pu grandement contribuer à répandre le
savoir
dans ce domaine, un autre type d'imprimé, trop souvent
oublié,
a joué un rôle important : le catalogue. Malgré
le peu
de sources documentaires disponibles, la documentation existante permet
tout
de même d'affirmer que la compagnie P. T. Legaré
limitée
fut un des agents de la modernisation agricole.
Dans les années 1900, la compagnie avait été
l'un
des principaux artisans de l'évolution de la machinerie
utilisée
dans le secteur agricole. Elle concentrait ses activités dans la
fabrication
et la vente d'outils destinés à l'agriculture.
Son
catalogue rassemblait toutes sortes de produits dans une seule
publication, faisant
ainsi connaître les nouvelles techniques aux quatre coins du
Québec
rural.
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L'homme d'affaires
Pierre-Théophile Legaré est
né
à Charlesbourg en 1851. Vers la fin des années 1860, il est
le
co-fondateur, avec son père, un cultivateur, d'une petite
fabrique
d'instruments aratoires installée dans cette localité.
En
1879, lorsqu'il décide de faire cavalier seul dans le monde
des
affaires, il est loin d'y être un apprenti. Il devient
représentant
de la Cossitt Brothers, de Brockville, en Ontario, une compagnie
également
spécialisée dans le domaine de l'équipement
agricole.
Puis, en 1890, il s'associe avec Robert Johnston Latimer, un
manufacturier
de Montréal. De cette union naît la Latimer &
Legaré.
Désireux d'assurer seul la direction de la compagnie,
Legaré
met un terme à cette association en 1896. L'entreprise adopte
alors
le nom de P. T. Legaré, qui prendra le nom définitif de P.
T. Legaré
Limitée en 1921. On estime alors que sa valeur se situe entre
25 000 $
et 30 000 $.
Les activités de Legaré se multiplient et il fait
équipe
avec les frères Joseph-Herman et Pierre-Wilfrid Fortier, avec
lesquels
il travaillait déjà. En 1903, ceux-ci deviennent
associés
à part égale avec le fondateur.
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Placard
publicitaire de la Latimer & Legaré, 1893. Annonce
insérée dans
L'indicateur
de Québec et Lévis, adresses des citoyens de Québec
et Lévis par ordre
alphabétique et par rues, 1893-1894 (Québec, Boulanger
et Marcotte,
1893).
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Trois édifices
de la P. T. Legaré, 1920. Cette page du catalogue de
P. T.
Legaré (no 44, 1920, p. 1) illustre le siège social de
la compagnie,
à Québec,
et ses magasins à Sherbrooke et à Montréal. Elle
fournit également
des statistiques intéressantes sur cet empire commercial.
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L'essor de la compagnie
Suite à cette nouvelle association
s'amorce
une véritable expansion de la compagnie à travers le
territoire
québécois. Le catalogue de 1912 indique qu'elle
possède
11 succursales au Québec : Rimouski, Montmagny, Sherbrooke,
Victoriaville,
Saint-Hyacinthe, Chicoutimi, Lac-Mégantic, Beauceville,
Saint-Georges-de-Beauce,
Saint-Évariste, Courcelles. En 1910, la compagnie P. T.
Legaré
devenait la P. T. Legaré Limited et Legaré en était
demeuré
le président. L'année suivante, il fonde la
Legaré
Automobile and Supply Company Limited. Puis, en 1916, la P. T.
Legaré
Limited achète la Percival Plow and Stove Company Limited,
située
à Merrickville, près d'Ottawa. L'achat de cette
entreprise
lui donne pignon sur rue en Ontario.
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La
manufacture Percival, à Merrickville, 1920. L'usine avait
été
acquise
de la Percival Plow & Stove Co., en 1916. Cette compagnie avait
été fondée
en 1851. Illustration tirée du catalogue de P. T.
Legaré (no 44,
1920, p. 12).
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Promotion de la marchandise
En raison du succès florissant de la
compagnie,
il est important d'assurer un bon service à la
clientèle.
La poste semble un excellent moyen de rejoindre les gens. La compagnie
fait paraître
des annonces dans la presse francophone. Par le biais de ces
publicités,
la P. T. Legaré demande des représentants pour les endroits
où
elle n'est pas installée. Des circulaires
spécialisées
sont disponibles, ainsi que des catalogues. Il suffit
d'écrire à
la compagnie pour en recevoir un exemplaire.
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« Est-ce
Laurier ? » - Concours organisé par la
P. T. Legaré,
1918. Ce genre de concours apparaissait dans quelques journaux
francophones. Ici, il s'agit de trouver les dix figures connues de
personnages du monde politique et de l'industrie au pays. L'annonce
avait paru dans Le Saint-Laurent, journal publié à
Rivière-du-Loup,
le 21 mars 1918, p. 7.
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Semoir
et cultivateur « Legaré », 1912.
L'utilisation de
l'anglais et du français, dans les catalogues de la compagnie,
dénote
la volonté de courtiser autant le marché anglophone que le
francophone.
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La publication d'un catalogue
s'avère
un moyen fort efficace pour rejoindre le plus grand nombre de gens. Le
journal
torontois Financial Post, dans sa livraison du 13 mars 1925,
parle du
catalogue de cette compagnie comme la « bible » du
Canada
français. Il est rédigé dans les deux langues :
le
français et l'anglais. Le catalogue de 1912 illustre chaque
produit
offert par une photographie ou un dessin, en noir et blanc, auquel
s'ajoute
une description. Plus de la moitié du catalogue porte sur la
machinerie
agricole et tout ce qui touche à l'entretien d'une
ferme :
clôtures, engrais, harnais, pelles, charrettes,
« boghei »,
etc. On y offre également d'autres marchandises :
machines
à coudre, coffres-forts, manteaux d'hiver - le choix
est toutefois
limité. De plus, le catalogue contient une douzaine de pages
illustrant
divers modèles de poêles à bois.
Au fil des ans, il se produit une évolution sur le plan de la
présentation
visuelle du catalogue. Ainsi, l'édition de 1920 est plus
vivante
grâce à l'utilisation de la couleur et insiste
davantage sur
l'utilité, voire la nécessité des produits
décrits.
On peut y lire des slogans comme « Essayez la charrue
'Legaré
no 5' si vous êtes difficile » ou encore «Si
vous
voulez un silo parfait, achetez un
'Legaré' ».
L'espace accordé à l'équipement agricole
prédomine
toujours, quoique plusieurs meubles, laveuses, pianos, orgues, y soient
offerts.
Il est évident que le but premier de la compagnie est de rejoindre
la
classe agricole.
L'entreprise est florissante. Elle acquiert une grande
renommée
à travers le Québec, dans l'Est ontarien et le Nord du
Nouveau-Brunswick.
Cette présence à l'extérieur du Québec
explique
l'utilisation de l'anglais et du français dans les
catalogues.
La compagnie connaît le succès jusqu'au début
des années
1930. Après le décès de Pierre-Théophile
Legaré,
en 1926, ses associés doivent assurer la gestion de
« l'empire
Legaré ». Ses successeurs connaissent d'importants
déboires
financiers et légaux qui provoqueront la disparition de la
compagnie.
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Remerciements
L'auteure désire remercier M. Antonio Lechasseur de sa
précieuse
collaboration à cette recherche.
Sources
documentaires
Catalogue P. T. Legaré limited, n°
13, 1912,
204p.
Catalogue P. T. Legaré limitée,
n°
44, 1920, 422p.
Documents divers sur la compagnie P. T. Legaré, RG-95, Directions
des
corporations, série 1, volume 1612, Ottawa, Archives nationales du
Canada.
GIROUX, Jean-Luc, « Chronique du jeton : Jeton P. T
Legaré »,
Bulletin de liaison (Société numismatique de
Québec),
mai-juin 1998, p. 69-70.
LECHASSEUR, Antonio, « Pierre-Théophile
Legaré »,
article à paraître dans un prochain volume du
Dictionnaire biographique
du Canada.
« Legaré Firm to Reorganize Charges
Laid », The
Financial Post, 25 juillet 1936, p. 11.
LESSARD, Michel. « L'empire P. T. Legaré
limitée
», Cap-aux-Diamants, n° 40, hiver 1995, p.
34-37.
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