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Pendant plus d'un
siècle,
Simpson fut le seul véritable compétiteur du grand magasin
Eaton.
Depuis son premier catalogue, publié en 1893, jusqu'au
dernier catalogue
de Simpsons-Sears, en 1978, sans oublier l'édition marquant
le cinquantième
anniversaire de Sears Canada, cette entreprise a proposé sa
marchandise
à la population canadienne de tout le pays.
Le décès de Robert Simpson
et
la croissance de son entreprise | Grâce à
Simpsons,
entrée de Sears, Roebuck dans le marché canadien de la vente
par
catalogue | La fin de Simpson | Sources
documentaires
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Le Grand Magasin Moderne du Canada s'adresse de nouveau à
vous
dans cette édition printanière du catalogue du consommateur
canadien.
Nous sommes désormais confortablement installés dans notre
nouveau
et magnifique magasin dont nous avons pris possession il y a quelques
mois. Personne,
sans exception, ne peut contester notre suprématie de grand
détaillant.
Le coin familier des rues Queen et Yonge est sans contredit le premier
centre
de vente au détail du Dominion.
Voilà donc comment, en 1896, Robert Simpson éveille
l'intérêt
des lecteurs de son catalogue, quelques mois après
l'ouverture de
son nouveau magasin dans le centre-ville de Toronto. L'immeuble de
six
étages, en poutres d'acier, s'élance sur
l'emplacement
même d'un autre édifice de six étages,
bâti en
1894 et entièrement détruit par un incendie le 3 mars 1895.
Dans les années 1870, la révolution industrielle a
atteint le
Canada. Des familles quittent leur établissement agricole pour
s'installer
en ville et travailler dans les usines. Le centre-ville se
développe,
tout comme les magasins où les travailleurs font leurs courses.
Simpson
et Eaton, deux entreprises établies à Toronto, font partie
de cette
nouvelle mode et leurs catalogues contribuent à
l'introduction des
marchandises des grandes villes dans les foyers des villages et des
régions
rurales.
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Portrait
de Robert Simpson. Paru dans The Canadian Magazine,
après le décès de Simpson, survenu en 1897.
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Venu d'Écosse, Robert Simpson ouvre son premier magasin de
détail
à Newmarket, en Ontario. En 1871, il déménage
à Toronto
et crée le grand magasin qui porte son nom. L'année
suivante,
il distribue, à la main, des circulaires aux résidences de
la ville.
Puis, en 1893, Simpson publie son premier catalogue. Les 82 pages sont
remplies
de tissus et d'articles de mercerie, de caleçons, de bas, de
manteaux
et de vestes pour femmes, de cravates et de bretelles pour hommes, de
valises
et de parfums et autres articles de fantaisie.
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Clients
des magasins Simpson et Eaton, rue Queen, Toronto, 1924. On
traverse la rue pour comparer le prix et la qualité des
produits.
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Le principal compétiteur de Robert Simpson
est
Timothy Eaton. Ce dernier promet à sa clientèle
« satisfaction
garantie ou argent remis ». Le premier, lui, clame que les
acheteurs
« aimeront magasiner chez Simpson ». Les deux
géants
de la vente au détail s'affrontent directement sur la rue
Queen,
près de la rue Yonge. La gamme de produits et les prix demeurent
compétitifs
grâce aux nombreuses allées et venues des employés
entre
les deux magasins pour en examiner minutieusement les
stocks.
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Le décès de Robert Simpson et
la
croissance de son entreprise
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L'édifice
de vente au détail et par catalogue de Simpson à Halifax, en
Nouvelle-Écosse. Dès
les années 1940, Simpson avait établi un réseau de
centres de distribution
des commandes postales à travers le pays.
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À la mort de Robert Simpson, en 1897, trois investisseurs
reprennent
le magasin : H. H. Fudger, J. W. Flavelle et A. E. Ames. Durant les
50 ans
qui suivent, ils entreprennent d'élargir son rayonnement. Ils
ouvrent
des succursales à Montréal, à Halifax, à
Regina et
à London. En 1914, le service de vente par catalogue
déménage
dans un immeuble de onze étages de Toronto.
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Formulaires
d'expédition de colis de Simpson. 1943. Ces reçus
sont probablement
ceux de colis envoyés par des Canadiens à des prisonniers de
guerre
canadiens en Allemagne.
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Dans les années 1930, l'imprimerie du catalogue y occupe
tout
le premier étage et devient rapidement l'une des plus
importantes
entreprises d'édition du Canada. En 1916, un entrepôt
de huit
étages, consacré à la vente par catalogue, est
construit
à Regina. Un édifice de cinq étages ouvre ses portes
à
Halifax en 1919.
En 1943, 1000 personnes travaillent pour le service de vente par
catalogue
de Simpson. Le magasin de Toronto compte 5500 employés; il
s'agit
sans aucun doute de l'un des plus importants employeurs de la ville.
Simpson
possède 149 comptoirs de commande, 298 camions de livraison et 66
chevaux.
(Durant la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de produits sont
livrés à
l'aide de chevaux et de chariots en raison du rationnement de
l'essence
et du caoutchouc). Ses téléphonistes prennent deux millions
de
commandes par année dans un pays qui compte 12 000 000
d'habitants.
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Grâce à Simpsons,
entrée de
Sears, Roebuck dans le marché canadien de la vente par catalogue
Les recettes des ventes par catalogue de Simpson atteignent
100 000 000 $
en 1951. Le succès de l'entreprise éveille
l'attention
du géant américain de la vente au détail, Sears,
Roebuck.
La compagnie ouvre de nouveaux magasins au Canada sous la bannière
Simpsons-Sears
et prend en charge le service de vente par catalogue. Les cinq premiers
magasins
Simpson ne sont toutefois pas vendus et conservent leur nom. Enfin,
grâce
au soutien de Sears, Simpson peut attaquer la position prédominante
d'Eaton
dans le commerce de détail.
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Pages
liminaires du premier catalogue de Simpsons-Sears, publié en
1951.
Ces
pages comportaient un message rassurant aux clients de Simpson, inquiets
de la cession de l'entreprise au géant américain de la vente
au détail.
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Les Canadiens reçoivent le premier catalogue de Simpsons-Sears
en février
1953. Cette livraison printemps-été compte 556 pages. Le
catalogue
propose une assurance automobile Allstate, des poussins, des selles et
même
des détecteurs de particules (compteurs Geiger).
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Deux
modèles de compteurs Geiger. Extrait du catalogue
Simpsons-Sears,
printemps-été 1954. Les Canadiens pouvaient se procurer ces
compteurs
pour mesurer le niveau de radioactivité dans leur maison, au
début
de la guerre froide.
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En 1954, neuf autres magasins Simpsons-Sears ouvrent leurs portes. Un
nouveau
et vaste centre de commande par catalogue est construit à Burnaby,
en
Colombie-Britannique, et ceux de Halifax et de Regina sont agrandis. Dans
les
années 1960, les magasins Simpsons-Sears déménagent
dans
des centres commerciaux de banlieue afin de suivre les Canadiens qui
s'achètent
des maisons en périphérie des villes. Le magasin Yorkdale de
Toronto
ouvre en 1964 et partage le centre commercial avec Eaton. Le magasin
Fairview
de Montréal commence ses activités l'année
suivante.
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La
succursale de Simpsons-Sears à Québec. 1963.
L'entreprise a
connu une croissance rapide dans les années 1950 et 1960.
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Le catalogue automne-hiver de 1971 compte 736
pages
et propose
50 000 articles, depuis des vêtements pour enfants
jusqu'aux
téléviseurs. Deux millions d'exemplaires sont
distribués
en français et en anglais. Simpsons-Sears possède 41
magasins,
4 centres de commande par catalogue et 553 comptoirs de commande par
catalogue.
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Page
de couverture du catalogue de Simpson Sears, printemps-été
1971.
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La fin de Simpson
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La
Baie, à l'angle des rues Queen et Yonge, à Toronto.
La Compagnie
de la Baie d'Hudson a rénové et agrandi l'immeuble construit
par Robert
Simpson en 1896.
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Page
du catalogue de Sears Canada. 2003. Le catalogue de l'entreprise
est toujours très populaire auprès des Canadiens. Page 710
de l'édition
de 2003.
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Eaton publie son dernier catalogue en 1976. Deux ans plus tard, Sears
Canada
absorbe le service de vente par catalogue de Simpsons-Sears et publie
désormais
le catalogue sous le nom de Sears. Cette même année, la
Compagnie
de la Baie d'Hudson achète les derniers magasins Simpson et
le tiers
des magasins Simpsons-Sears. Vers la fin des années 1980, les
magasins
Simpson sont vendus à Sears ou transformés en magasins La
Baie,
ce qui inclut le premier magasin de Robert Simpson, à l'angle
des
rues Queen et Yonge, à Toronto.
Aujourd'hui, Sears est le seul catalogue
traditionnel
publié au Canada par un grand magasin. Sears a en effet
acheté
Eaton en 1999. Durant l'année qui marquait son 50e
anniversaire,
Sears a publié
24 catalogues différents et traité 22 000 000 de
commandes.
Depuis les années 1950, cette publication est demeurée le
catalogue
de grand magasin le plus populaire au Canada.
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Sources documentaires
BURTON, G. Allan. A Store of Memories.
Toronto,
McClelland and Stewart, 1986.
DENISON, Merrill. This is Simpson's: A
Story
of Canadian Achievement Told in Celebration of the 75th Anniversary of One
of
Her Great Institutions. Toronto, Simpsons Limited, 1947.
FERRY, John William. A History of the
Department
Store. New York, The MacMillan Company, 1960.
SIMPSONS-SEARS LIMITED. Simpsons-Sears: The
First
Twenty-Five Years. Toronto, Simpsons-Sears Limited, 1979.
L'auteure
remercie les services de la bibliothèque de
l'Université
de Toronto de lui avoir gracieusement fourni les illustrations extraites
de cet
essai.
TORONTO STAR LIMITED. The Simpsons
Century.
Toronto, The Toronto Star Limited, 1972.
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