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Page
de couverture du catalogue de Woodward, printemps-été
1919.
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Charles Woodward ouvre son premier grand magasin en
1892 à
Vancouver, à l'angle des rues aujourd'hui
appelées
Main et Georgia. Son catalogue, publié de 1897 à 1953,
proclame
qu'il s'agit de « la grande maison de vente par
correspondance
de l'Ouest ». Ce service étend l'influence
de Woodward
au-delà de Vancouver, jusque dans les régions
éloignées,
particulièrement en Colombie-Britannique et en Alberta. Durant la
période
de l'après-guerre, l'entreprise décide
d'augmenter
le nombre de ses grands magasins au lieu de se concentrer sur ce type de
vente.
Les premiers catalogues | Le
débat sur la vente de médicaments par catalogue | L'expansion
de la gamme des produits | La grande maison de vente
par catalogue
de l'Ouest | Conclusion | Sources
documentaires
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Les premiers catalogues
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Le
magasin Woodward, à l'angle des rues Hastings et Abbott.
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Woodward établit un service de vente par catalogue en 1896 et
publie
son premier catalogue l'année suivante. David Spencer, son
concurrent
de Victoria, fait de même à peu près en même
temps.
En 1891, la population de Vancouver se chiffre à 13 700
habitants.
Dix ans plus tard, elle a pratiquement doublé. Le marché de
Woodward
comprend alors les localités de l'intérieur et celles
de
la côte de la Colombie-Britannique et, pendant la ruée vers
l'or
du Klondike, s'étendra vers le nord.
Les premiers catalogues proposent des vêtements pour femmes,
hommes
et enfants, des valises, de la quincaillerie et des bijoux. On n'y
trouve
que des listes de prix accompagnés de dessins au trait et parfois
de photographies.
Pendant la période de prospérité économique
des premières
années du vingtième siècle en Colombie-Britannique,
avant
que ne débute la Première Guerre mondiale, le nombre de
pages des
catalogues, la gamme d'articles offerts ainsi que la qualité
des
produits augmentent.
In 1902, Woodward emménage dans de plus grands locaux, au
cœur
du nouveau secteur des affaires de Vancouver, à l'angle des
rues
Hastings et Abbott. Le magasin y installe de nouveaux rayons. Les
catalogues
offrent maintenant des produits d'alimentation, un service
très
populaire auprès des habitants des régions isolées
où
les approvisionnements sont sporadiques. Les Albertains ont droit à
une
liste d'épicerie particulière. Dans son catalogue
printemps-été,
Woodward explique que « la vente au comptant est partiellement
responsable
du succès et de la croissance
de [l']entreprise ». « Nous ne tenons aucun
registre,
précise le rédacteur, et n'avons pas de comptable, ce
qui
fait économiser des milliers de dollars à nos
clients. »
En 1908, Woodward se lance dans la vente d'ameublement, de
revêtements
de sol et d'articles spécialisés : livres
religieux,
classiques de la littérature, papeterie, fournitures scolaires et
jouets.
« Nous pouvons, prétend le magasin, vous obtenir tout ce
dont
vous avez besoin, que l'article se trouve ou non dans le
catalogue. »
En 1912, les produits d'alimentation sont retirés des
catalogues
saisonniers et vendus au moyen de listes de prix publiées trois
fois par
année. Outre ces produits, Woodward vend de la nourriture pour le
bétail,
comme le foin et l'avoine, et pour la volaille. Ses grands magasins
à
rayons sont novateurs; ils inaugurent un étage d'alimentation
libre-service
et instaurent les fameux jours à 95 ¢ en 1919 (1,49 $ en
1951).
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Le débat sur la vente de
médicaments
par catalogue
Jack Woodward, le fils de Charles Woodward, est pharmacien. En 1896,
dans
le magasin de son père, il ouvre un comptoir qui devient rapidement
achalandé
en raison des bas prix. À compter de 1908, les médicaments
réguliers
et brevetés deviennent des produits vedettes des catalogues. Dans
celui
de 1912, on assure aux clients que les « ordonnances sont
soigneusement
préparées par des pharmaciens qualifiés […] et
le
sont seulement si elles portent la signature d'un médecin
compétent ».
Quant aux commandes de produits à base de poisons, les acheteurs
doivent
préciser clairement à quels usages ils sont destinés.
Woodward
est le seul grand magasin à posséder une pharmacie en
Colombie-Britannique.
Pharmaciens et médecins s'opposent à cette vente de
médicaments
en magasin ou par catalogue; la lutte durera jusque dans les années
1930.
À un certain moment, les pharmaciens bloquent efficacement les
fournisseurs
de Woodward; ils doivent alors s'approvisionner chez Eaton ou
Simpson.
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Le
rayon de la pharmacie chez Woodward, 1926. Catalogue
printemps-été
1926,
p. 29.
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L'expansion de la gamme des
produits
Dans son catalogue automne-hiver de 1908-1909, Woodward
présente, pour
la première fois, une gamme restreinte d'ameublement. Cette
section
prend de l'ampleur pour introduire, durant la décennie
suivante,
de nouvelles gammes de mobilier et d'accessoires ménagers,
entre
autres, de la porcelaine et du verre. La section des jouets,
imprimée
sur du papier rose, s'appelle désormais le
« merveilleux
monde des jouets du père Noël ». Après la
Première
Guerre mondiale, les amateurs de photographie, de sport et de musique
trouvent
dans le catalogue de plus en plus d'articles reliés à
leur
passe-temps favori.
Une bonne partie des produits vendus sont alors illustrés par
des photographies
ou des dessins au trait, mais la couleur n'entre en jeu que vers la
fin
des années 1920. Mesurant 23 cm sur 30 cm et comptant
152 pages, les catalogues de Woodward sont beaucoup plus petits que ceux
d'Eaton
ou de Simpson. Un bout de ficelle, passé à travers un petit
trou
percé dans le coin supérieur gauche du catalogue permet de
le suspendre.
Les clients sont invités à le garder sous la main et
« à
le suspendre dans un endroit commode ». Plus tard, Woodward
ajoute
un calendrier de six mois sur la page de couverture, raison de plus
d'accrocher
la publication dans un endroit bien en vue.
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La grande maison de vente par catalogue de
l'Ouest
Woodward s'identifie à ses clients de la
Colombie-Britannique.
Ainsi son catalogue printemps-été 1923 soutient que
« le
secteur commercial de la province ne saurait être mieux desservi que
par
un magasin de la Colombie-Britannique ». L'entreprise
connaît
parfaitement les difficultés du transport dans la province et
pourvoit
aux besoins des gens vivant dans des régions
éloignées :
mineurs, bûcherons, pêcheurs et agriculteurs. Le catalogue
baptise
des produits selon les régions, par exemple, les poêles
à
bois
« Fierté de Vancouver » - le produit
devient
« Fierté d'Edmonton » en Alberta.
Woodward construit un nouveau grand magasin
à
Vancouver en 1924 et un autre à Edmonton en 1926, mais la grande
dépression
des années 1930 met rapidement fin à tout autre plan
d'expansion.
À l'origine, l'entreprise ne vend qu'au comptant,
mais
elle instaure un plan de paiements différés en 1929 pour
l'ameublement.
Pendant la Dépression, l'argent comptant se fait rare et la
concurrence
des magasins locaux et des services de vente par catalogue des magasins de
l'Est
est féroce. En 1934, 38 personnes travaille au service de vente par
catalogue
de Woodward, un nombre plutôt restreint. Pourtant, selon la
Commission
royale sur l'écart des prix et l'achat en
quantité,
lors des jours à 95 ¢, le nombre d'employés
grimpe jusqu'à
500 ou 700 personnes.
La Seconde Guerre mondiale interrompt de nouveau les approvisionnements
et
rend difficile la garantie des prix, mais le magasin Woodward assure
à
ses clients qu'il leur fournit les meilleurs articles aux plus bas
prix.
En 1940, le magasin met en place le service d'envoi outre-mer de
colis
pour soutenir l'effort de guerre britannique. Il étend
ensuite ce
service aux États-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande,
et
le continue après la guerre jusque dans les années 1950.
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Conclusion
Woodward célèbre 50 ans de vente par catalogue en 1947.
En 1950,
le tirage de son catalogue varie de 25 000 à 35 000 exemplaires par
année.
L'entreprise offre la livraison gratuite partout dans l'Ouest
canadien
et l'achat transférable par correspondance pour les clients
de l'extérieur
qui font leurs emplettes au magasin de Vancouver et qui souhaitent les
faire
expédier à leur domicile. Même après la fin de
la
publication du catalogue principal, en 1953, le service de vente par
catalogue
poursuit ses activités. Woodward continue de publier ses catalogues
plus
modestes, « Meilleurs achats », dans les
années
1950. La liste d'épicerie est distribuée
jusqu'en 1967;
des catalogues de mode sont publiés dans les années 1970.
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Calendrier, service de vente
par correspondance des magasins Woodward, 1940.
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En 1951, Woodward commence un programme d'expansion par
l'ouverture
d'un magasin pilier dans le premier centre d'achats au pays,
à
West Vancouver. En 1988, la chaîne compte 29 magasins en
Colombie-Britannique
et en Alberta. Les étages de produits d'alimentation ont
toujours
été un élément important des
établissements
Woodward. Les magasins ferment leurs portes en 1993 et la Compagnie de la
Baie
d'Hudson fait aussitôt l'acquisition de l'actif de
Woodward :
pour les gens de l'Ouest canadien, une époque
s'achève.
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Sources documentaires
HARKER, Douglas E. The City and the Store. Vancouver,
Woodward's
[Evergreen Press], 1958.
HARKER, Douglas E. The Woodwards: The Story of a Distinguished
British
Columbia Family, 1850-1975. Vancouver / Chicago, Mitchell
Press,
1976.
WATT, Robert D. The Shopping Guide of the West: Woodward's
Catalogue
1898-1953. Vancouver, J.J. Douglas Ltd., 1977.
WOODWARD STORES LTD. So Much to Celebrate: Woodward's 100th
Anniversary.
Vancouver, Woodward Stores Ltd., 1992.
Les fonds d'archives du service Patrimoine de la Compagnie de la
Baie
d'Hudson à Toronto et les City of Vancouver Archives.
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