La vie de BarbeauLes études outre-mer (3)Les vacances à Paris ne duraient que de Noël au Jour de l'An. Le professeur Mauss obtint mon inscription aux Hautes Études pour diplôme. Je m'achetai la série de « l'Année sociologique » en six volumes (gros), et contenant tant de travaux captivants: « Variations saisonnières parmi les Esquimaux » par Hubert et Mauss; « Les rites de la mort » par Robert Hertz ; « les orientations symboliques ...» (Cette dernière me conduisit à une étude assez fouillée et enthousiaste des Zunis et des Pueblos au sud ouest des États-Unis, mon premier contact avec les sauvages d'Amérique). Un jour, aux Hautes Études, je rencontrai Henri Beuchat, dont le « Manuel d'archéologie américaine » venait de paraître. Plus tard, (en 1914) je le fis choisir comme ethnologue de l'Expédition Stefansson sur la côte arctique. Vers le printemps 1908, à Oxford, mon tuteur Marett sembla trouver que j'avais fait assez de progrès avec mon anglais pour me donner une nouvelle direction. Je devrais choisir un sujet de thèse pour le BA. Auparavant, j'étudiais (avec trois compagnons) seulement pour le Diploma of Anthropology. L'idée me flatta et j'acceptai. Mais quel sujet de thèse choisir? Je dus y réfléchir. À Paris de nouveau, pour les vacances de Pâques je revis le professeur Mauss et lui en parlai. Le sujet qui me tentait était « Masks ». Mauss secoua la tête négativement. C'était trop vaste, un sujet trop diversifié, dans toutes les parties du monde. Jamais je ne pourrais bien saisir mon sujet, encore moins le construire dans une courte thèse d'examen. Il me suggéra: Pourquoi pas l'organisation sociale des sauvages de la Côte Nord-Ouest, au Canada, mon pays? Recommandation fort sage à laquelle je me rendis. J'en reparlai à mon tuteur, qui me fit la même recommandation. Donc, je me suis mis à y travailler, d'abord à une courte bibliographie. Puis je trouvai ample matière imprimée à la Bodleian Library: Boas entra dans ma vie pour la première fois. Mon étude du sujet pour thèse devait durer pendant deux ans et un terme. Après mes trois années à Oxford et à Paris, j'ai passé l'examen. Il y avait à Oxford un Canadien, Sir William Osler; c'était un homme religieux qui enseignait la médecine et qui faisait autorité dans son domaine. Après ma réussite à l'examen, il est venu me trouver et m'a mis une lettre sous les yeux. Il m'a dit: « Quand vous serez au Canada, allez voir monsieur Fisher, à Ottawa. Il se pourrait bien qu'il ait un poste pour vous. Vous devriez retourner au Canada, jeune homme, il n'y a pas d'anthropologues là-bas; l'anthropologie n'y est pas étudiée, et il n'y a personne à la Commission de géologie. C'est là qu'est votre place, il faut que vous la preniez. » |
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