Durant l'ECA, Anderson, ses collègues et leurs adjoints recueillent plus
de 400 spécimens de mammifères, surtout des crânes et des
peaux, qui représentent au moins 22 espèces. À la suite d'échanges
avec des Inuits de la région, ils acquièrent certains échantillons,
en particulier de buf musqué. À cette époque, cet animal
est rare dans l'ouest et le centre de l'Arctique.
Le spermophile arctique
Le spermophile (spermophile) arctique, appelé
sik-sik par les habitants de la région, a servi traditionnellement de source de
nourriture, et sa fourrure a été employée pour l'ornementation
ou la fabrication de parkas. Son territoire s'étend jusqu'à la côte,
mais ne comprend pas l'archipel Arctique. L'animal hiverne dans des terriers creusés
dans un sol sablonneux et se cache jusqu'au printemps à partir de septembre
ou du début octobre selon les conditions météorologiques.
Aujourd'hui, sa peau sert toujours à l'ornementation de parkas de luxe
et de chapeaux de danse traditionnels.
Le lemming
Les lemmings
recueillis sur l'île Borden constituent les spécimens les plus septentrionaux
de mammifères collectionnés par l'ECA.
« Près d'ici, sur un monticule herbeux, j'ai trouvé un lemming
mort. Il était probablement mort depuis quelque temps parce qu'il était
en train de muer. Celui que nous avons attrapé vivant il y a deux jours
avait son pelage d'été. De toute évidence, les hiboux et
les renards sont peu nombreux ici. Nous n'en avons vu aucun durant ce voyage. »
(Journal de Wilkins, île Banks, 28 mai 1916).
Le loup arctique
Les membres de l'ECA rencontrent beaucoup de loups
arctiques. Souvent, ces derniers font concurrence à l'équipe
nord, car les deux groupes chassent les mêmes proies, c'est-à-dire
le caribou et le buf musqué. Les caches de viande de caribou et de
phoque de l'Expédition sont pillées par des loups sur les îles
Banks et Melville. Parfois, des hommes font la sentinelle pour garder les caches
de viande de caribou jusqu'à ce que celle-ci puisse être transportée
au camp de base en traîneau.
L'attaque d'un loup
Diamond Jenness a sans doute vécu la rencontre la plus
excitante et la plus inhabituelle avec un loup. Lors d'une remontée de
la rivière Coppermine en février 1915, Jenness est attaqué
par une louve quand il tente de l'éloigner de son attelage de chiens. Le
récit de cet assaut par un loup chose qui se produit très
rarement a été décrit dans le journal de trois
membres de l'Expédition, faisant en sorte que cette attaque soit l'une
des mieux documentées.
« Mercredi 10, 8 h. Le petit déjeuner est fini.
Les chiens ont aboyé. Johansen est sorti. Il y avait une grande louve blanche
parmi nos chiens. Nous avons couru prendre nos carabines. Quand Jennes[s] lui
a lancé une grosse pierre, elle s'est précipitée sur lui
et [sic] l'a mordu au bras. Il [le loup] a lâché prise et s'est
éloigné de nouveau, puis Doc l'a abattu. Longueur : 5 pieds 1 pouce
du museau à l'extrémité de la queue. Queue de 16 ½,
femelle. Nous avons fait une halte et aménagé une cache. »
(Journal de Castel, février 1915).
La blessure n'est pas trop grave et se cicatrise rapidement. La louve est ramenée
à Ottawa, naturalisée par le taxidermiste du Musée national
et exposée pendant de nombreuses années. La louve est de nouveau
exposée au Musée canadien de la nature durant les années
1980.
Aklak, le grizzli
Des rencontres avec des grizzlis (ours bruns) ont lieu le long de la côte
Arctique durant l'ECA. Plusieurs spécimens de cet animal sont recueillis
pour le musée. À l'époque et encore maintenant, les ours
constituent une menace potentielle pour les gens de la région, en particulier
pour les hommes qui les chassent sans arme à feu. Diamond Jenness, anthropologue
de l'expédition, doit traiter Ayalik, un homme de la région dont
le pouce a été arraché d'un coup de dent par un grizzli qu'il
avait essayé de tuer.
Les grizzlis sont souvent aperçus le long de la côte durant l'automne
lorsqu'ils cherchent des baies, des spermophiles et d'autres aliments
avant d'hiberner. Des empreintes, des noyaux et des signes de creusage, signes
de leur recherche de spermophiles arctiques, signalent leur présence.
Par contre, on ne les voie habituellement que la nuit. Des avis
publics sont affichés au sujet des ours causant des problèmes.
Les grizzlis ayant un comportement inquiétant sont abattus, et leur viande
est partagée entre les membres de la collectivité.
Les ours polaires
Les ours polaires constituent une importante source de nourriture
pour les hommes et les chiens de l'équipe nord. Certains des nombreux
ours abattus sont transformés en
spécimens et expédiés
à Ottawa. Wilkins prépare, à l'intention du musée,
la peau de deux oursons recueillis par Natkusiak près d'une carcasse de
baleine près de la base de Kellett en décembre 1914. Les peaux survivent
au long périple vers Ottawa. En 1934, elles sont naturalisées par
le taxidermiste du Musée national et sont incluses dans un diorama sur
les ours polaires qui est exposé de 1940 à 1969. L'un des oursons
est actuellement prêté à une exposition itinérante
sur les changements climatiques présentée à Québec
au Musée de la civilisation jusqu'au 1er septembre 2003.
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Crâne d'ours polaire, cap Bathurst (T.N.-O.). 12 novembre
1914. « Abattu par Mike [Siberia] »
Modèle 3D : Paul Bloskie; © Musée canadien de la nature,
spécimen no 2983.
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« Vu un gros ours polaire en train de nager dans la mer à environ
deux milles à l'ouest de l'île Baillie. Nous avons dévié
de notre cap d'environ 400 verges pour nous approcher de lui, et tous les appareils-photo
à bord [
] avons pris des photos de lui. L'ours allait presque aussi
vite que le bateau (environ 6 milles à l'heure) et créait de l'écume
devant lui, laissant un sillage semblable à celui que fait un vapeur. »
(Journal de R.M. Anderson, août 1916).
L'hermine
L'hermine (Mustela erminea) est répandue dans une vaste
zone dans l'hémisphère Nord. En Amérique du Nord, on la retrouve
partout en Alaska et dans tout le Canada, sauf dans certaines régions des
Prairies. Elle habite à la grandeur de l'archipel Arctique, jusqu'à
la côte Arctique de l'île d'Ellesmere et au Groenland septentrional.
Dans l'Arctique nord-américain, il existe plusieurs noms donnés
par la population locale à cet animal, par exemple tigiak, tegiak, tereak,
tiriak et tiriaq.
Le pelage estival de l'hermine est de couleur chocolat sur
le dessus et blanc crème sur le dessous. Dans les régions nordiques,
tout le pelage est blanc en hiver, sauf l'extrémité de la queue,
qui est noire en tout temps. L'animal a une longueur moyenne de 236 à 272
mm. Le mâle est généralement plus gros que la femelle. La
reproduction a lieu en avril et les petits naissent en mai, selon la latitude.
Dans le Nord, les principales proies de l'hermine sont le lemming
brun, le lemming variable et des oisillons, surtout des bruants des neiges. Bien
qu'on dispose de peu de renseignements à cet égard, il est probable
que l'animal se nourrit aussi de jeunes spermophiles arctiques
et de levrauts arctiques. Il joue peut-être un rôle important dans
le contrôle des cycles démographiques du lemming. Bien qu'il ne soit
jamais abondant dans un secteur donné, il est répandu à travers
l'Arctique.
Bien adaptée à la vie dans la neige, l'hermine
se déplace sur la surface de la neige, y creuse des terriers et emprunte
les passages aménagés par les lemmings. Dotée d'une bonne
vision des couleurs et d'une bonne vision de nuit, elle est surtout nocturne et
la faible luminosité durant l'hiver arctique ne lui pose probablement aucun
problème. Demeurant active durant l'hiver, l'hermine obtient ses proies,
surtout des lemmings, en les pourchassant dans leurs terriers. Souvent, elle prend
possession du terrier de ses proies. On trouve dans ses nids hivernaux une grande
quantité de fourrure de lemming. Les surplus de nourriture sont parfois
dissimulés dans des caches pour consommation ultérieure, en particulier
l'automne et l'hiver.
L'hermine, à son tour, est chassée par le carcajou,
les renards arctique et roux et le harfang des neiges. On trouve souvent des crânes
d'hermine dans les pelotes de régurgitation (bols alimentaires) du harfang
des neiges. N'ayant pas très peur des humains, l'hermine peut s'établir
dans les camps et leurs environs. Il est difficile de la photographier à
cause de ses mouvements rapides et erratiques.
Bien que, traditionnellement, l'hermine n'ait pas été
très utilisée par les Autochtones nord-américains, sa peau
a servi à décorer des vêtements. Les Inuits du cuivre de l'ouest
de l'Arctique canadien ont attaché énormément de prix à
la peau de l'hermine. Ils l'employaient pour leurs chapeaux
de danse de cérémonie et la suspendaient dans le dos de leurs
manteaux comme porte-bonheur pour la chasse ou comme amulette préservant
contre la maladie.
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