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Consignes à la
clientèle et conditions de vente émises par Dupuis
Frère. Catalogue
printemps-été 1934, p. 2.
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Lisez toutes les clauses !
ou Comment la poste s'est mise au service de la vente par
catalogue
Texte de Gaëtanne
Blais
Le ministère des Postes a procuré bien
des services
à l'industrie de la vente par catalogue : l'envoi
de
catalogues et de marchandises, l'offre de différentes grilles
tarifaires,
l'émission de mandats et de bons postaux afin de permettre
aux consommateurs
de payer leurs articles par la poste, ainsi que la perception de sommes
des envois
contre remboursement. Les entreprises œuvrant dans ce secteur ont su
profiter
de ces conditions et s'y sont adaptées en
conséquence.
Introduction | L'harmonisation
de la vente par catalogue et des exigences du service postal | Le
paiement des commandes | L'expédition des
marchandises
| La livraison gratuite | Les tarifs
postaux
locaux | L'envoi de biens périssables
| Le
retour des marchandises | Conclusion | Sources
documentaires
Introduction
Le Musée canadien de la poste (MCP) possède plusieurs
objets
reliés à la vente de marchandises par la poste :
catalogues
de vente par correspondance, bons de commande, enveloppes pour
l'envoi
de ces bons, échantillons, bons de poste et mandats postaux. Ces
objets
témoignent de l'importance du service postal dans le
processus de
distribution d'une vaste gamme de marchandises auprès des
Canadiens
et des Canadiennes, notamment les résidants des régions
rurales.
Grâce à l'examen des documents de la collection du
Musée,
certains remontant aux années 1930, il est possible
d'esquisser
la nature de la relation entre le ministère des Postes et les
entreprises
de vente par catalogue, une relation qui fut profitable aux deux parties.
D'un
côté, les Postes en tirent une bonne partie de leurs revenus;
de
l'autre, les entreprises sont en mesure d'offrir un large
éventail
de produits à une clientèle qui ne pourrait se les procurer
autrement,
ces biens étant bien souvent introuvables dans leur coin de pays.
Si tout
le monde y trouve son profit, ce partenariat n'est pas sans causer
certaines
tensions.
L'harmonisation de la vente par catalogue et
des
exigences du service postal
Les envois destinés aux clients
Les catalogues et les articles commandés sont soumis à deux
catégories
d'envois postaux : le courrier de troisième classe et
les colis
postaux. La première inclut les périodiques (journaux et
revues),
les livres, les brochures, les circulaires et les catalogues. Par
conséquent,
le tarif des catalogues et des échantillons est moins
élevé.
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Page
de couverture du catalogue d'Army & Navy, édition
« Expansion
Sale ! ». Regina (Saskatchewan), 1937. Le galvano
exigé par les Postes apparaît en haut de la page, à
droite.
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Les Postes facilitent l'envoi de catalogues au moyen
d'ententes
selon lesquelles « le paiement anticipé des frais
postaux des
articles peut être fait en argent comptant (plutôt
qu'avec
des timbres) ». De plus, l'expéditeur doit
« estamper
l'emballage ou la couverture de chaque article de l'un des
timbres
officiels fournis à cette fin ». Il doit alors obtenir
du maître
de poste un permis et un galvanotype (« galvano »)
portant
le nom du bureau de poste, le numéro du permis et le montant des
frais
postaux réglés à l'avance. De telles ententes
sont
uniquement possibles dans les grands bureaux de poste des villes où
sont
établies les entreprises de vente par catalogue et
« où
il existe un système de vérification et de comptabilisation
qui
protège entièrement les recettes postales ».
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L'envoi d'échantillons appartient à une
catégorie
distincte. Les échantillons du MCP sont un exemple de ceux qui
respectent
les directives des Postes quant aux limites de dimension et de poids des
articles
« sans valeur marchande ». Toutefois, comme aucune
directive
n'autorise, ou n'interdit, l'utilisation
d'enveloppes
comme outils de commercialisation, Eaton emploie ce procédé.
Ces
enveloppes montrent des images attrayantes et le texte qu'on y
ajoute ne
se limite pas aux « mots nécessaires pour indiquer
précisément
l'origine et la nature de la marchandise ».
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Colis
et échantillons du catalogue de papiers peints d'Eaton.
1933.
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La catégorie des colis postaux sert
à
l'envoi « de produits agricoles et fabriqués,
[…]
de marchandises sèches, de produits d'épicerie,
d'outils,
d'articles en papier, […] de semences, de boutures, de bulbes,
de
racines, […] et de tout autre article qui n'est pas inclus
dans le
courrier de première classe et dont l'envoi par la poste
n'est
pas interdit par des règlements prohibitifs généraux
concernant
les articles inadmissibles ». Puisque les entreprises de vente
par
catalogue expédient beaucoup de colis aux dimensions et au poids
variés,
elles doivent se renseigner sur les multiples tarifs et règlements
régissant
l'expédition des colis postaux : plus de
25 règlements, décrits sur 13 pages dans le Guide
officiel
du service postal canadien de 1933.
Le calcul des frais postaux exacts à
inclure
dans son paiement peut parfois décourager le client.
Qu'advient-il,
par exemple, si celui-ci ne désire pas profiter de l'offre
d'un
magasin qui lui fait miroiter la possibilité de recevoir sa
commande sans
aucuns frais de transport s'il achète pour au moins
5 $ de marchandises ? Il doit alors inclure un «
montant
pour les frais » dans le bon de commande. Ainsi, dans le cas
d'achat
de semences chez Eaton, l'acheteur doit déterminer si le
coût
de la livraison est compris dans le prix (frais d'expédition
payés
par le magasin) ou non. Est-il possible de commander plusieurs articles et
de
les recevoir en un seul envoi pour économiser sur les frais
d'expédition ?
Un tableau des poids et des distances sert à déterminer les
sommes
exigées au moment de l'envoi de marchandises afin
qu'Eaton
puisse établir le montant à soustraire pour sa part de
frais.
La proximité d'un bureau de poste ou d'un
chemin
de fer
Certains détails sur les bons de commande et les
enveloppes peuvent
sembler insignifiants jusqu'à ce qu'on les examine
à
la lumière des directives postales. Ainsi, pour commander du papier
peint,
le client doit-il préciser son nom, celui du bureau de poste le
plus près,
celui de la rue, le numéro de la route rurale ou de la case postale
ainsi
que la province. Et pourtant, cette adresse demeure insuffisante !
En effet, Eaton et d'autres entreprises du
genre
exigent le nom du bureau de poste pour s'assurer que la marchandise
sera
remise à la bonne personne et que celle-ci peut profiter du service
de
mandat postal et d'un accès à une liaison ferroviaire.
Par
conséquent, le bon de commande du catalogue de papiers peints
d'Eaton
comprend ces deux questions :
« Y a-t-il un agent en poste à votre
gare ? »
et « À quelle distance de la gare demeurez-vous
? ».
De telles précisions s'avèrent importantes,
particulièrement
dans le cas de l'expédition d'articles fragiles :
« Certains
bureaux de poste au Canada situés près d'une ligne
ferroviaire
ne possèdent que le service de
"happe-dépêches",
car le train ne s'y arrête pas. Dans ces cas, les sacs de
courriers
sont lancés dans le train en mouvement ou sur le quai de la gare;
il est
donc impossible de transporter des colis fragiles de manière
satisfaisante. »
Le paiement des commandes
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Enveloppe
de bon de commande d'Eaton. Catalogue de papiers peints d'Eaton.
1933.
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Pour recevoir un article d'une entreprise de vente par catalogue,
les
clients doivent en régler les coûts à l'aide de
mandats
ou de bons postaux. Le paiement accompagne la commande ou l'article
est
remis contre remboursement. Le magasin Dupuis Frères recommande
fortement
l'emploi des mandats postaux, car ils sont peu chers et totalement
sûrs.
Eaton favorise aussi cette façon de faire et, sur l'enveloppe
de
commande, rappelle à ses clients d'y inclure leur mandat
postal.
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Mandat
postal émis à l'ordre de Dupuis Frères. 1933.
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Pour garantir la popularité du service
auprès
des entreprises et des consommateurs, ces modes de paiements doivent
être
pratiques et sûrs. Les mandats postaux peuvent atteindre un montant
maximal
de 100 $ et il est possible d'en acheter plusieurs de cette
somme.
Il s'agit d'une méthode sûre pour envoyer de
l'argent.
De plus, en cas de perte, il est possible d'obtenir un duplicata.
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Bon
postal émis à l'ordre de Canadian Tire. 1931.
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Tandis que les mandats postaux servent à régler les
coûts
de commandes importantes, les bons postaux sont utilisés lorsque la
transaction
implique des sommes plus modestes, de 10 ¢ à 5 $.
Tout
comme pour les mandats, il est possible d'assurer le suivi des bons
postaux
et d'obtenir des duplicata. Dans son catalogue de semences de 1938,
Eaton
préconise l'usage de ces deux formes de paiement, car elles
« préviennent
les pertes et protègent toutes les parties ».
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Bon
de commande de semences. Catalogue de semences d'Eaton, 1938.
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Mandats et bons postaux simplifient donc
l'achat
de marchandises, car ils sont facilement et rapidement utilisables par les
clients.
En outre, ce système d'achat est profitable aux Postes.
Ainsi, au
cours de l'exercice se terminant le 31 mars 1934,
11 790 068
mandats postaux, d'une valeur de 101 926 368,91 $,
produisent
des recettes brutes de 1 462 016,60 $. Un total de
5 115 761
bons postaux, d'une valeur de 9 247 458,65 $,
génère
des rentrées de 114 308,02 $.
L'expédition des marchandises
L'envoi contre remboursement
Après la préparation d'une commande,
l'entreprise
de vente par catalogue peut faire un envoi contre remboursement. Le
maître
de poste, ou l'entrepreneur de poste (en milieu rural), est
responsable
de la perception du paiement auprès du client et du retour,
à l'entreprise,
de la somme perçue.
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Étiquette
d'envoi (recto-verso) contre remboursement du ministère des Postes.
1931.
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Articles
de lingerie féminine proposés dans le catalogue de
liquidation des
banquiers et des fournisseurs d'Army & Navy, automne-hiver 1932-1933,
p. 2.
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Army & Navy offre ce service assez fréquemment :
« Nous
vous expédierons votre article en utilisant la méthode envoi
contre
remboursement si vous nous en faites la demande. » Par contre,
Dupuis
Frères ne le recommande pas : selon le magasin
montréalais,
il est plus coûteux pour les clients et entraîne des
délais.
Les Postes touchent une commission pour ce service qu'ils font
payer
par le client. En 1933-1934, la grille tarifaire des envois contre
remboursement
est la suivante : « 15 ¢ si le montant à
rembourser
est égal ou inférieur à 50 $; 30 ¢ si
ce
montant est supérieur à 50 $, et la limite de
perception est
fixée à 100 $. Les frais sont payés au moyen de
timbres
postaux collés sur l'article du client par
l'expéditeur
(l'entreprise de vente par catalogue) et s'additionnent aux
frais
d'expédition habituels. »
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Placard
publicitaire vantant le service « envoi contre
remboursement » du
ministère des Postes.
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Bien que tous les bureaux de poste du Canada ne soient pas des bureaux
de
mandats postaux ou de « comptabilité », ceux
des
régions le sont et offrent le service d'envoi contre
remboursement.
En 1933-1934, les Postes traitent 1 709 304 colis envoyés
contre
remboursement, ce qui représente des frais de
256 395,60 $,
une moyenne de 6 $ par perception. Les frais s'additionnent.
Les Postes
encouragent l'utilisation des envois contre remboursement sans tenir
compte
de l'avis des entreprises.
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La livraison gratuite
Dans le but de séduire leur clientèle, les entreprises
proposent
à leurs clients de payer une partie des frais
d'expédition,
question de les amener à acheter davantage sans
qu'elles-mêmes
n'aient à débourser davantage pour ces frais :
« Nous
payons, précise Eaton dans son catalogue de papiers peints de 1933,
les
frais d'expédition des commandes de 5 $ ou plus. Si
votre commande
n'atteint pas ce montant, vous pouvez acheter d'autres
articles de
notre catalogue général. »
Le magasin Army & Navy est encore plus incitatif : il offre de
« payer
les frais d'expédition ou d'envoi express pour toutes
les
commandes, sans exception ». Cette proposition apparaît
à
chaque page de son catalogue de 1932-1933, et l'offre tient toujours
en
1937. Le détaillant va même jusqu'à donner des
cadeaux
pour les commandes « de 10 $ ou plus ». Dupuis
Frères
complique les méthodes d'envoi : si la livraison est
gratuite
pour les commandes de 2 $ ou de 5 $, les conditions de cette
offre
ne s'appliquent pas nécessairement à tous les articles
de
son catalogue et certaines régions du pays ne peuvent en profiter.
Aussi
le client doit-il prendre le temps de lire attentivement toutes les
clauses de
cette offre !
Dans son catalogue de semences de 1938, Eaton propose de régler
les
frais d'expédition (à l'exception des envois
contre
remboursement ou par poste aérienne) pour toutes les semences
horticoles
portant la mention « Livraison en fonction des
prix ».
Cela signifie que le magasin paie les coûts de livraison au bureau
de poste
le plus près (d'où la nécessité
d'indiquer
le nom du bureau de poste sur le bon de commande), ou à la gare
ferroviaire
la plus près, pour les commandes plus substantielles. Des frais
d'expédition
sont exigés pour « les semences de plein champ, les
plants
de pommes de terre, les rosiers, les oignons plantés, les bulbes,
les
racines, les plantes et les engrais ». Puisque ces articles
sont périssables
et qu'ils sont commandés en quantités suffisantes pour
exiger
un traitement particulier, le magasin prévient l'acheteur
qu'il
doit « communiquer avec [son] chef de gare pour connaître
les
frais d'expédition réduits pour les semences
agricoles ».
Eaton utilise les services de la poste
aérienne
à la demande des clients, mais ne paie que le tarif standard de
colis
postaux pour les articles dont il accepte de couvrir les frais
d'expédition.
Le client a l'obligation de
« s'informer auprès du maître de poste sur
les
tarifs de la poste aérienne et s'assurer d'inclure la
somme
nécessaire pour payer les frais d'expédition
supplémentaires
pour le service postal aérien ». Dans tous les cas, la
société
torontoise suit ses propres directives et « se réserve
le droit
d'expédier les marchandises de la manière la moins
chère
».
Les tarifs postaux locaux
Au cours des années 1920 et 1930 surgissent des tensions entre
les
Postes et les entreprises de vente par catalogue, tensions reliées
aux
coûts d'expédition. Dans le but de réduire leurs
frais,
Eaton et d'autres entreprises expédient leurs colis dans des
centres
de distribution en utilisant leur propre flotte de camions et le service
de compagnies
de messagerie - transport par camion ou par train. Les colis sont
ensuite
envoyés aux clients par la poste à partir de ces centres,
car les
compagnies profitent alors des tarifs postaux locaux moins
élevés.
Cette pratique est contraire aux directives des
Postes,
comme l'indique ces extraits de la correspondance versée au
dossier
du Ministère, en 1932 :
« Les entreprises de vente par catalogue ont de nouveau
demandé
à ce que leurs marchandises soient expédiées
jusqu'à
mi-chemin à bord d'un train rapide de marchandises, puis de
les
envoyer par la poste aux tarifs de colis postaux moins
élevés.
[…] Nous avons toujours encouragé les entreprises de vente
par catalogue
à expédier leurs colis par l'entremise du bureau de
poste
habituel […] et à payer les tarifs complets des colis postaux
pour
l'envoi des marchandises par la poste uniquement. Nous nous sommes
toujours
opposés à leur accorder ce droit spécial
qu'elles
demandent [ et ] qui violerait l'engagement pris auprès des
marchands
du pays lors de l'inauguration des envois de colis postaux [en
1914]. »
De bien nobles sentiments, en effet. En 1932,
les Postes
reçoivent
« 3 500 000 $ par année des entreprises
de vente
par catalogue pour l'envoi de leurs marchandises par la
poste ».
L'envoi de biens périssables
Bien qu'il ne s'agisse pas véritablement d'une
plainte
émise à l'endroit des bureaux de poste et des services
ferroviaires,
le magasin Eaton se sent obligé d'avertir les consommateurs
des
risques que comporte l'expédition de biens périssables
à
certaines époques de l'année :
« Veuillez
prendre note que nous n'expédions aucun plant de pommes de
terre,
oignon planté […] par temps froid en raison du risque de gel.
Les
commandes reçues à un moment où, à notre avis,
il
est risqué d'expédier les marchandises à cause
du
froid sont conservées avec le paiement (et les frais
d'expédition)
jusqu'à ce que l'envoi des marchandises soit
possible. »
Le retour des marchandises
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La
pose du papier peint décrite par Eaton. Catalogue de papiers
peints Eaton, 1933.Musée canadien de la poste 1993.111.2 c.
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Afin d'éviter le retour des articles, Eaton s'assure
que
les clients connaissent exactement la nature des marchandises
commandées.
Par exemple, le catalogue de papiers peints de 1933 contient des
instructions
détaillées en ce sens. Néanmoins, la compagnie promet
à
ses clients « satisfaction garantie ou argent
remis ».
Aussi leur fournit-elle cette précision : « Si vous
n'êtes
pas pleinement satisfaits, veuillez retourner la quantité restante
et
nous vous rembourserons la totalité de votre achat ainsi que les
frais
d'expédition. » (Les clauses de l'entente
n'indiquent
toutefois pas que le client doit payer les frais de retour des articles.)
En
ce qui concerne les envois contre remboursement, les clients ne peuvent
pas examiner
le colis avant de payer les frais ni le remettre et exiger un
remboursement :
« Le service d'envoi contre remboursement ne comprend pas
le
privilège d'examen de la marchandise. […] Aucune
demande de
remboursement ne sera accordée si le client a payé les frais
d'un
envoi contre remboursement et, après l'examen de la
marchandise,
désire la retourner. »
Conclusion
Les documents examinés proviennent des
grands
magasins Eaton,
Army & Navy et Dupuis Frères, et témoignent du
rôle respectif
des Postes et des entreprises dans le processus de la vente par catalogue.
Malgré
leurs relations parfois houleuses, qui ont pu parfois désavantager
l'une
ou l'autre des parties, les deux ont su tirer profit de ce
partenariat.
Les entreprises ont fait de leur mieux pour faciliter
l'expédition
de marchandises à leurs clients, et ce, aux coûts les moins
élevés
possibles pour elles. Il n'est donc pas étonnant
d'apprendre
que les annonces de livraison et de cadeaux gratuits ont pu
s'avérer
d'excellents incitatifs à acheter durant la grande crise des
années
1930.
Soucieuses de raffermir leurs relations avec les Postes, les
entreprises ont
fait paraître, occasionnellement, des annonces pour exprimer leur
reconnaissance
aux employés des bureaux de poste. L'une d'elles
célèbre
ouvertement la collaboration dont ont fait preuve les maîtres et les
maîtresses
de poste dans le traitement des marchandises achetées par catalogue
et
livrées par leurs soins. D'autres placards publicitaires,
également
destinés à remercier ces gens pour l'excellence de
leur travail,
ne manquaient de rappeler au service postal sa responsabilité de
maintenir
de bonnes relations.
La distribution des catalogues était un élément
essentiel
du processus de la vente au détail. Les maîtres de poste
recevaient
des quantités importantes de circulaires et de catalogues (des lots
de
50, 75 ou 100), qu'ils devaient compter et peser afin d'en
vérifier
les frais d'envoi. Ils devaient se conformer aux règlements
postaux
et se soumettre aux demandes des entreprises quand les articles portaient
la
mention « Propriétaire » et devaient
être
réacheminés ou retournés en raison, notamment,
d'une
remise impossible.
Ainsi, en citant le guide postal dans sa dernière annonce, la
Robert
Simpson Company avançait un argument important, très
caractéristique
des relations entre les deux partenaires : elle demandait aux Postes
de
lire attentivement ses propres clauses !
Sources documentaires
Les citations relatives aux règlements
et méthodes
de la poste utilisées dans ce texte proviennent des trois documents
dont
la description apparaît ici.
CANADA. ARCHIVES NATIONALES DU CANADA. Post
Office
Department - Proposed Evasion of Higher Parcel Post Rates by Mail
Order
Houses. RG13, Justice, série A-2, volume 368, dossier
1932-740.
CANADA. MINISTÈRE DES POSTES. Le Guide officiel du service
postal
canadien, 1933. Ottawa, 1933.
CANADA. MINISTÈRE DES POSTES. Rapport
du
ministre des Postes pour l'année se terminant le 31 mars
1934.
Ottawa, 1934.
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