Peter PitseolakPeter Pitseolak (1902-1973) est un artiste inuit, un historien et un pionnier de la photographie. Il vécu presque toute sa vie dans des campements traditionnels près de Cape Dorset (Kingait) sur la côte sud-ouest de l'île de Baffin, aujourd'hui le Nunavut. Au cours de son existence, le Nord a subi de profond changements sociaux où la vie nomade a été remplacée par la vie sédentaire; le système d'appartenance familiale par le numéros d'assurance sociale; le kayak par la motoneige et le harpon par la carabine. Redoutant de voir le savoir traditionnel –les techniques de chasse, les histoires et les mythes –oublié dans deux ou trois générations, Pitseolak s'est servi de la caméra pour documenter un mode de vie en voie de disparition. Prises par un des leurs, les photos de Pitseolak offrent une perspective unique du peuple Inuit. Ses clichés le représentent lui, ses amis et sa famille dans des situations réelles, ce qui permet d'éviter les stéréotypes qu'auraient pu y percevoir le regard d'un Blanc. Il orchestrait parfois de petites mises en scènes en demandant à son sujet de porter les habits traditionnels et les armes de chasse d'une autre époque. C'était sa façon de transmettre les techniques ancestrales comme la pêche ou la trappe aux générations à venir. En 1912, Pitseolak rencontra le cinéaste Robert Flaherty. Celui-ci, un photographe qui réalisa ensuite le célèbre film Nanook of the North (1922), est à l'origine de l'intérêt de Pitseolak pour la photographie. En 1923, Pitseolak se maria avec Annie de Kimmirut (autrefois Lake Harbour). Le couple eut sept enfants dont seules deux filles, Udluriak et Kooyoo survécurent. Annie mourut en 1939 de la tuberculose. En 1941, Pitseolak s'installa avec Aggeok, qui sera sa compagne tout au long de cette nouvelle période de sa vie où il sera à la fois chef de camp, photographe et historien. Pitseolak prit des photos spontanées d'Aggeok avec son amauti traditionnel, de ses enfants et des membres de sa communauté. À la maison, avec l'aide d'Aggeok, il expérimenta différentes techniques de développement et d'impression. Le travail dans une habitation permanente était beaucoup plus facile quand on pense qu'ils ont conduit leurs premières expériences de développement de photos dans un igloo pendant les expéditions de chasse, ou sous le quarmak (une grande tente soutenue par une structure de bois). Toutefois, même à l'abri dans une hutte en bois, développer des photos dans le Nord n'est pas une mince affaire. Les changements extrêmes de température et la lumière intense reflétée par la neige compliquent la tâche. Sans compter qu'il n'était pas facile de se procurer la pellicule, ni les produits chimiques nécessaires à l'opération. Ils ont néanmoins trouvé d'ingénieuses solutions pour remédier à ces problèmes techniques. Par exemple, ils ont fabriqué un filtre de lentille à l'aide d'une vielle paire de lunettes fumées, ou encore ils ont développé des photos à l'aide d'une lampe de poche recouverte d'un tissu rouge. Au cours des années 50, un nombre grandissant d'administrateurs du gouvernement ont afflués vers le nord amenant avec eux des nouvelles technologies : l'avion, l'hélicoptère, la motoneige, le moteur diésel, les génératrices, le logement permanent, les magasins d'alimentation, les vêtements modernes, ont transformé pour toujours la vie des gens. À force d'inciter la population inuite à s'installer dans les villages érigés par le gouvernement canadien, les campements traditionnels se sont mis à disparaître. En 1961, à 59 ans, Pitseolak quitte son campement à Keatuk et reprend son mode de vie sédentaire dans le village de Cape Dorset. Pitseolak a raconté l'histoire de la vie inuite d'un point de vue Inuit. Son travail a servi, d'une part, à documenter les traditions inuites en voie de disparition grâce à ses clichés, à ses récits d'histoire orale et à ses archives. D'autre part, il constitue un des rares compte-rendu direct qui témoigne d'une période de changements extrêmes dans la vie culturelle, sociale et économique de cette population. Les photos qui sont présentées ici ne représentent qu'un petit échantillon de l'immense collection de Peter Pitseolak. Sa vie durant, il a pris plus de 2000 photos. Son travail lui a permis de dresser un portrait authentique de sa communauté de Seekooseelak. Famille de Peter Pitseolak: Grand-père : Etidluie Première épouse : Annie de Kimmirut (anciennement Lake Harbour) marié en 1923. Ils eurent sept enfants, mais que deux filles ont survécu ; Udluriak et Kooyoo. Annie est décédée en 1939 de la tuberculose. Deuxième épouse : Aggeok (1906-1977) Enfants : Udluriak (Manning), Kooyoo (Ottochie), Mary (sa fille avec Nyla deLake Harbour), Ashevak Ezekiel (fils d'Aggeok d'un autre marriage). |
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