Scientifiques et chefs :
Storker Teodor Storkerson
(La présente biographie a été rédigée par
Jette Elsebeth Ashlee)
Storker Teodor Storkersen mène une vie marquée
par le triomphe et la tragédie. Né en 1883 en
Norvège arctique, Storkersen s'enrôle comme matelot
dans la marine marchande à l'âge de 16 ans. À
Victoria, en 1906, il rencontre l'explorateur danois Ejnar
Mikkelsen et le géologue américain Ernest de
Koven Leffingwell qui planifient une expédition dans
la mer de Beaufort. Storkersen les rejoint dans le cadre de
« L'Expédition polaire anglo-américaine »
qui se situe sur la carte sur le plateau continental
au nord de l'Alaska. Vilhjalmur Stefansson est également
membre de cette expédition. Lorsque Stefansson retourne
avec R. M. Anderson dans le cadre de l'expédition Stefansson-Anderson
de 1908-1912, Storkersen les aide à diriger les petits
sloops remplis de provisions et d'équipement.
En 1910, à l'île Herschel, Storkersen épouse
Uiniq, ou Elvina (1895?-1931), son nom anglais, la première-née
de l'union entre Klengenberg du Danemark et Kemnik de l'Alaska. Ils vivent au
bord du delta du fleuve Mackenzie jusqu'en février 1914 lorsque Stefansson,
alors chef de l'Expédition canadienne dans l'Arctique (1913-1918) recrute
une nouvelle équipe nord après avoir perdu ses hommes et son équipement
lors du naufrage de son navire amiral, le Karluk. Storkersen est engagé
par Stefansson ainsi qu'Uiniq qui travaille comme couturière pour l'Expédition.
Storkersen s'est distingué au cours de l'Expédition
canadienne dans l'Arctique, l'un des derniers grands voyages de découverte
ayant eu lieu sans radiocommunication ou sans transport aérien. En 1914
et en 1915, Storkersen explore la mer de Beaufort avec Stefansson et Ole Andreasen.
Ils ne découvrent aucune terre en 1914, mais, en 1915 et en 1916, ils trouvent
quatre îles, inconnues jusqu'à ce jour, au nord de l'île Prince
Patrick. Storkersen termine presque la cartographie de la côte nord de l'île
Victoria lors de ses voyages de 1915 et de 1917, réalise les premiers sondages
hydrographiques sur des banquises et trace le plateau continental entre l'Alaska
et l'archipel arctique. Lorsque Stefansson tombe malade en 1918, Storkersen dirige
la dernière excursion sur les glaces qui met fin à l'Expédition.
Après l'Expédition, Storkersen laisse sa femme
et ses trois filles Martina Novaluk (1911-1931), Aida Mamaginna (1915-1986)
et Bessie Povlirak (1918-1998) - à la mission anglicane St. Peter's à
Hay River dans les Territoires du Nord-Ouest. Storkersen rejoint ensuite Stefansson
pour former la Hudson's Bay Reindeer Company et introduire le renne de la Norvège
dans l'île de Baffin, un premier projet de développement durable
conçu afin de transformer les chasseurs inuits de cariboux en des gardiens
de troupeaux de rennes. En tant que gérant résident de l'entreprise
de rennes, Storkersen doit retrouver sa femme et ses filles à la baie d'Amadjuak
sur l'île de Baffin. Cependant, dans un moment de colère attribuable
à l'embauche d'un aide par la Compagnie de la Baie d'Hudson pour l'assister
dans le choix et le transport des rennes, que Storkersen interprète comme
un affront à son intégrité, il démissionne soudainement
de son poste et rentre en Norvège en 1921 pour établir sa propre
entreprise privée de rennes.
Son entreprise échoue et, en 1925, Storkersen est sans
le sou. Il effectue une dernière tentative pour retourner vers sa famille
en organisant une expédition qui traverse le pôle Nord jusqu'au Canada.
Mais, en tant que citoyen norvégien, après la revendication faite
par Otto Sverdrup de régions dans l'archipel Arctique au nom de la Norvège,
Storkersen ne peut pas obtenir le permis d'exploration requis. Storkersen est
entraîné dans une spirale de circonstances catastrophiques dont il
ne peut s'extirper. L'échec de son entreprise de rennes et de ses plans
d'exploration lui permettant de retourner auprès de sa famille au Canada
le pousse dans un gouffre dont il ne revient jamais. Storkersen est institutionnalisé
jusqu'à sa mort à Sørøysund, Norvège, le 22
mars 1940 et est enterré près de son lieu de naissance.
Une grande péninsule sur la côte nord de l'île
Victoria ainsi qu'une baie, un lac et une rivière sur l'île Banks
portent le nom de Storkersen.
Elvina (Weena) Storkersen
Elvina Storkersen est rémunérée pour
son travail de couturière dans l'Expédition
pendant 16 mois, à 20 $ par mois et pendant 12 mois,
à 40 $ par mois (Rapport du Vérificateur général
de 1917-1918). Sa deuxième fille, Aida, naît
sur l'île Banks en 1915. « Le capitaine Bernard
retourne dans le doris emmenant ma femme et mes enfants, Mme
Thomsen et ses enfants, les nouveau-nés se portent
tous bien spécialement le mien, une fille née
le 13 juin. Bébé Thomsen, né le 23 juin
est un garçon. » (Journal de Storkersen, le 9
août 1915).
Stefansson compte sur les couturières de l'Expédition
canadienne dans l'Arctique et donne beaucoup de crédit au travail accompli
par Elvina et les autres femmes :
« Nous sommes arrivés au camp de base de Storkersen
le 16 octobre, que nous avons trouvé très accueillant
sous la direction de Mme Storkersen et de Mme Lopez. Durant
l'été, elles avaient fait plus que leur part
en aidant à sécher la viande et elles s'affairaient
maintenant à préparer des vêtements d'hiver
chauds et à imperméabiliser les bottes d'été
sans lesquels notre travail serait difficile et le confort,
impossible. » (Stefansson 1921).
Dans un manuscrit non publié, Stefansson
ajoute : « Les femmes, Uttaktuak (Mme Lopes) et Uinirk
(Mme Storkersen) ont toutes deux fait beaucoup de bon travail
et n'auraient pas pu être beaucoup plus utiles qu'elles
ne l'ont été. Elles ont écorché
et découpé des bufs et ont fait beaucoup
de travail de séchage, en plus de coudre des vêtements. »
(Manuscrit de Stefansson, The Summer Work in Melville
Island, Dartmouth College).
L'île Elvina sur la côte nord de l'île Victoria
est baptisée en l'honneur d'Elvina Storkersen.
Sir George Hubert
Wilkins
En septembre 1916, Wilkins quitte l'Arctique et se rend à Ottawa. À
son retour chez lui, en Australie, il est chargé de monter un dossier photographique
des activités de la Première Guerre mondiale dans le nord de la
France. Il reçoit la Croix de guerre avec agrafe pour sa bravoure. Sa vie
se poursuit, particulièrement remplie d'aventures, tandis qu'il participe
à l'expédition dans l'Antarctique de Shackleton en 1921-1922, à
une expédition du Musée britannique dans l'est de l'Australie et
à de nouvelles expéditions dans l'Arctique de 1925 à 1927.
En 1928, il effectue un premier vol polaire de l'Alaska à Spitzbergen,
pour lequel il est fait chevalier par le roi George V. Durant une excursion sous
la glace polaire dans un sous-marin déclassé, il prend les premières
images cinématographiques sous la glace. Ce voyage est suivi de quatre
nouvelles excursions en Antarctique, d'un voyage autour du monde dans le dirigeable
Hindenberg et d'un vol dans l'Arctique canadien dans un hydravion à la
recherche de six aviateurs russes perdus. Il sert dans les Forces armées
américaines au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Après
sa mort en 1958, ses cendres sont éparpillées au pôle Nord.
Stefansson nomme le détroit séparant l'île Borden et l'île
Mackenzie King en l'honneur de Wilkins.
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