Bernard Harbour
En février et en mars 1915, Anderson, Jenness, Johansen
et Castel se rendent jusqu'à la rivière Coppermine en attelage de
chiens, en utilisant un traîneau venant de Nome et un toboggan. Ils effectuent
des explorations biologiques, géologiques et archéologiques le long
de la rivière. Johansen étudie les épinettes mortes et celles
qui sont atteintes de maladie à la limite septentrionale de la forêt,
découvrant trois espèces de scolytes à l'uvre dans
le bois.
Après le retour de Jenness et de Johansen à la
base, Anderson et Castel poursuivent leur chemin en amont de la rivière
Coppermine puis la traversent pour atteindre le lac Dease. Ralentis par la neige
molle et la glace irrégulière et dentelée sur la Coppermine
et par l'épaisse neige molle sur la rivière Dease, les chiens exténués
ne peuvent se rendre jusqu'au Grand lac de l'Ours, d'où l'impossibilité
de transporter le courrier jusqu'à destination. Ils rebroussent chemin
et atteignent Bernard Harbour le 1er avril.
Expéditions du printemps
En avril, Diamond Jenness se met en route vers l'île
Victoria et entame sept incroyables mois d'excursions avec sa famille inuite du
cuivre adoptive, sillonnant la région sud-ouest de l'île, chassant
le caribou et se familiarisant aux difficultés de la vie nomade sur le
terrain.
Comme les conditions permettent les déplacements au
printemps 1915, les autres membres de l'équipe sud quittent Bernard Harbour
et se dirigent vers l'est jusqu'à Bathurst Inlet en goélette, en
traîneau à chiens et en oumiak (embarcation recouverte de peau) tout
en étudiant, cartographiant et en recueillant des échantillons durant
le voyage. Ils cartographient en détail des terres qui n'ont pas été
explorées depuis le voyage de Franklin en 1821 et explorent et cartographient
les formations rocheuses cuprifères de Bathurst Inlet.
Aventures de l'Alaska
L'année 1915 commence avec l'arrivée d'un visiteur,
Fred Jacobsen, qui transmet à l'équipage de l'Alaska les
premières nouvelles de la Grande Guerre. En plus de cette tragédie
mondiale, une autre, celle-là plus personnelle, se déroule dans
les quartiers d'hiver de l'Alaska. Après dix jours de lutte contre
le scorbut, Daniel Blue, le chef mécanicien de l'Alaska,
meurt d'une pneumonie le 2 mai 1915.
Le 15 mai, l'Alaska sort de son lit de glace hivernal, et commencent
alors les préparatifs du voyage estival de retour vers l'île Herschel
pour chercher des provisions. Le capitaine Sweeney s'inquiète de l'absence
d'Anderson, qui devait voyager à bord de l'Alaska, mais des nouvelles
arrivent bientôt par l'entremise de Ikey Bolt et de Palaiyak qui ramènent
le courrier de Bernard Harbour : Anderson est parti vers l'est avec l'équipe
d'exploration. Wilkins à bord du North Star transporte les hommes
et leurs provisions jusqu'à Bathurst Inlet avant de mettre le cap sur l'île
Banks.
Ikey et Palaiyak se mettent bientôt au travail, faisant
bouillir des crânes d'ours polaires pour le musée à Ottawa,
tandis que Mike et Jacobsen amorcent le long et frustrant travail de réparation
du moteur de l'Alaska. Vingt-trois jours plus tard, Jacobsen est
« payé » avec 5 dollars en argent comptant, 4 sacs de farine, 1 lb
de tabac, 2 lb de savon et la chemise en peau de caribou ayant appartenu au défunt
M. Blue. Mais le moteur ne fonctionne toujours pas. Finalement, il semblerait
que le problème provienne de l'essence livrée l'an dernier. Il faut
donc naviguer jusqu'à l'île Herschel.
Malgré les difficultés causées par la
glace et les récifs peu profonds, l'Alaska parvient indemne à
l'île Herschel. Là, son moteur est finalement réparé
et de nouvelles provisions sont chargées. L'Alaska prend la mer
à la mi-août avec à son bord un nouveau mécanicien,
J.E. Hoff, la femme de Mike, Cis et ses enfants, trois autres Inuits (Adam Ovayuak,
Mungalena et Ambrose Agnavagak) et le caporal Bruce de la R.G.C. N.-O., qui doit
enquêter sur la disparition de deux prêtres tués, croit-on,
par des Inuits.
Comme l'Alaska arrive à Bernard Harbour avant
l'encerclement des glaces, il peut amener Fritz Johansen, le biologiste marin
de l'Expédition, dans le détroit Dolphin et Union pour que celui-ci
puisse réaliser des sondages intéressants lui permettant d'atteindre
une profondeur de 50 brasses. Il obtient ainsi des spécimens grâce
à des installations faites à des profondeurs jamais inégalées
auparavant. Le 22 septembre, les eaux du port gèlent et l'Alaska
se trouve obligé de passer l'hiver dans cette position.
Observations météorologiques (météorologie)
La consignation d'observations météorologiques
quotidiennes, la prise de mesures des marées, la chasse aux mammifères
et la préparation des spécimens font partie des tâches régulières
au quartier général de l'Expédition canadienne dans l'Arctique.
« MM. Cox et Chipman ont travaillé tout l'avant-midi
pour monter l'appareil de gonflement à gaz des ballons météorologiques.
L'appareil est installé dans une grande maison de neige et le télescope
d'observation est monté sur un trépied à l'extérieur.
L'observateur doit regarder le ballon à travers le télescope tant
et aussi longtemps qu'il se trouve dans son champ de mire. Un appareil d'enregistrement
automatique tient un registre des angles dans lesquels le télescope est
déplacé. Le premier ballon envoyé étant de couleur
pâle, il a vite disparu du champ de vision. Ils ont largué un ballon
plus petit, rouge cette fois-ci, beaucoup plus facile à apercevoir, mais
Chipman a été incapable de le suivre avec l'appareil d'enregistrement. »
(Journal de R.M. Anderson, le 27 novembre 1915, Bernard Harbour)
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