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MariagesParmi tous les événements sociaux célébrés dans les familles et les communautés, les mariages sont un des rituels les plus importants et les plus universels de la vie humaine. Tous les mariages ont des éléments en commun, mais les rituels, les objets et les pratiques varient souvent d'une culture à l'autre. Les artefacts, documents et photos de la collection du musée qui sont liés à la cérémonie du mariage permettent d'explorer la riche diversité des mariages dans la société multiculturelle du Canada contemporain. ROBES/VÊTEMENTS :Dans la plupart des mariages, on s'attend à ce que les mariés portent des vêtements spéciaux lors de la cérémonie. Plus souvent qu'autrement, ces vêtements sont richement ornés, et les modèles, les couleurs et les ornements employés dans leur fabrication peuvent revêtir une valeur symbolique. Le port d'une longue et élégante robe blanche est courant dans de nombreux mariages canadiens. Cette pratique remonte au XIXe siècle, alors que les futures mariées canadiennes-anglaises de la classe supérieure portaient des robes de soie richement ornées pour témoigner de la fortune et du rang social de leurs familles. L'utilisation du blanc comme symbole de la pureté de la mariée, toutefois, n'est entrée dans les murs qu'au XXe siècle. Dans d'autres communautés culturelles, les détails de la robe de la mariée révèlent aussi d'importants renseignements sur son milieu, son éducation et son rang social. Autrefois, les manches brodées de la robe de la mariée ukrainienne pouvaient indiquer son habileté à manier l'aiguille. Dans plusieurs cultures, l'habillement du mariage est embelli par l'utilisation de tissus, de couleurs et de motifs traditionnels. L'áo dài vietnamien que l'on voit ci-dessus est rouge, couleur traditionnelle des costumes nuptiaux au Vietnam, en Chine et à Taiwan. Souvent, l'áo dài est brodé de symboles impériaux comme le phénix. Dans l'exemple donné ici, on a brodé une procession nuptiale sur le devant de la robe. Le vêtement du marié peut être tout aussi coloré et élaboré que celui de la mariée. Lors des mariages traditionnels à Taiwan, au Vietnam et en Chine, par exemple, l'homme porte un manteau de soie bleu foncé ainsi que des pantoufles et un chapeau de soie noir. Les mariés ukrainiens, hommes et femmes, pouvaient porter des poyas (ceintures tissées à la main) multicolores. Il existe diverses tailles de poyas. La couleur prédominante est le rouge et on y retrouve des motifs géométriques vieux de plusieurs siècles. RITE ET OBJECTS RITUELS :Pour bien des familles d'immigrants au Canada, les vêtements de mariage traditionnels sont devenus des artefacts textiles, des trésors qui évoquent des souvenirs et des liens historiques avec la mère patrie de leurs ancêtres. Faciles à transporter, ces tenues spéciales peuvent être transmises de génération en génération et elles constituent un précieux héritage. Les mariages comprennent divers rites visant à marquer le passage des fiancés du célibat à la vie de couple et à les préparer à leurs nouveaux rôles de mari et d'épouse. Plusieurs mariages commencent par une procession vers le lieu de célébration de la cérémonie. Lors d'un mariage chrétien traditionnel dans une église, la mariée, au bras de son père, et ses dames d'honneur avancent dans l'allée centrale jusqu'à l'avant de l'église où la fiancée quitte son père (et de façon symbolique sa demeure) et rejoint son futur mari. Dans un mariage cambodgien ou vietnamien traditionnel, c'est le marié et sa famille qui forment une procession pour se rendre à la maison de la mariée où aura lieu la cérémonie. Les cadeaux destinés à la famille de la fiancée sont transportés dans des contenants spéciaux ornés des symboles traditionnels du phénix et du dragon. Ces boîtes renferment habituellement des cadeaux tels que des feuilles de bétel, des noix d'arec, du thé, du vin, des fruits, des gâteaux et parfois des bijoux pour la mariée. La cérémonie même du mariage peut comprendre plusieurs « rites de séparation », symboles d'une rupture avec le passé. Lors de tels rites, on peut jeter, enlever ou briser quelque chose, par exemple couper et jeter une mèche de cheveux ou raser le marié. Lors des mariages cambodgiens, par exemple, les mariés sont soumis à une coupe de cheveux rituelle lors de la cérémonie. Dans une des pratiques répandues en Amérique du Nord, la mariée lance son bouquet. Les cérémonies du mariage incluent aussi divers rites visant à assurer la fertilité du couple. Parmi ces rituels, il y a le lancement de grains de riz ou de pétales de fleurs – deux symboles de la fertilité de la terre – sur les mariés à la fin de la cérémonie. Les rituels symbolisant l'union du couple et son intégration dans la communauté sont encore plus universels dans les cérémonies de mariage. Il s'agit, par exemple, d'attacher ensemble les mains ou les poignets des mariés, de les encercler ou d'échanger des anneaux, des bijoux ou des guirlandes de fleurs. Dans certaines cultures, le témoignage de reconnaissance à l'égard des parents et des ancêtres est un rite essentiel pour assurer la réussite du mariage. Au Vietnam, par exemple, les futurs mariés servent le thé à leurs parents, devant tous les invités, et placent des chandelles et d'autres offrandes sur les autels de la maison consacrés aux ancêtres. Le repas communautaire est habituellement un aspect important de la cérémonie nuptiale. En plus de constituer une expérience agréable pour la famille et les amis, le partage de nourriture et de boissons lors du mariage témoigne de la bonne entente et renforce le nouveau lien entre les familles des deux mariés. Certains aliments préparés en vue des mariages, qu'ils soient consommés pendant le repas, utilisés à des fins rituelles ou tout simplement exposés, revêtent une signification spéciale. Tel est le cas, par exemple, du korovai, un pain ukrainien traditionnel servi lors des mariages. Le korovai est un pain rond dont le dessus est décoré de morceaux de pâte. Autrefois, on employait plusieurs korovai pendant la cérémonie. Un petit pain utilisé lors du rituel servait à saluer et à bénir les nouveaux mariés. Des pains plus gros et plus élaborés étaient exposés ou offerts aux invités. Certains couples choisissent de préserver leur korovai de mariage pour l'exposer dans leur demeure. LA CHARRETTE SICILIENNE :Dans certains cas, des objets ayant servi à un mariage acquièrent un nouveau sens dans les communautés d'immigrants. La charrette sicilienne en bois en est un exemple. Tirées par un âne ou par un cheval, ces charrettes étaient utilisées par les familles des cultivateurs dans la campagne sicilienne. Il s'agissait d'un mode de transport de base pour tout déplacer, depuis les produits de la ferme et le vin jusqu'aux passagers, mais on les décorait lors des nombreux festival et défilés célébrés en Sicile tout au cours de l'année. Les charrettes ainsi décorées et peintes transportaient également les futurs mariés et leurs familles le jour du mariage. Après la Seconde Guerre mondiale, au moment où de petits camions remplacèrent les charrettes des cultivateurs, les carretti peints et décorés sont devenus des objets de collection, même si on continuait à les utiliser lors des festivals, des défilés et des mariages. Lorsque les Siciliens sont arrivés au Canada en grand nombre après la guerre, ils apportèrent leurs charrettes avec eux. Utilisées lors des défilés et des festivals italiens, elles sont des icônes de l'identité sicilienne. C'est Joseph Pillitteri qui apporta le carretto que vous voyez ci-dessus de la Sicile au Canada, en 1962. C'est un des artefacts les plus élégamment ornés de la collection du musée. Fabriqué en 1949, il est décoré de scènes inspirées des récits historiques des croisades et des guerres du roi Charlemagne. CONCLUSION :La célébration de mariages au sein des communautés canadiennes constitue souvent des occasions où les familles peuvent se remémorer et célébrer les traditions de leurs ancêtres immigrants. Le mariage peut consolider les liens au sein des communautés tout en favorisant la transmission du savoir traditionnel, de l'histoire et d'un sens d'appartenance. |