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Peintures
de façades
Mâts et poteaux
d'intérieur
sculptés
Écrans intérieurs,
fosses et
trous à fumées
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Les villages haïdas permanents sont constitués d'une ou de plusieurs rangées de maisons se déployant le long de la plage. Les villages comportant deux rangées de maisons étaient très courants, mais ceux qui en comptaient jusqu'à cinq n'ont existé que dans les temps mythiques. La maison du chef du village était habituellement plus vaste que les autres et s'élevait près du centre de l'agglomération.
L'étude ancienne la plus approfondie sur les villages autochtones de la côte septentrionale est l'oeuvre de l'enseigne de vaisseau Albert Niblack, qui les a d'abord visités au cours de périodes de service avec la marine américaine. Plus tard, dans les années 1880, il est retourné dans ces villages, et y a passé un certain nombre d'années à les photographier et à les décrire en détail pour la Smithsonian Institution. Ce sont les maisons construites par les Haïdas qui l'ont le plus impressionné :
Leurs maisons sont extrêmement bien construites, et la coutume d'ériger une colonne sculptée tout contre la façade de la maison et de découper une porte circulaire à travers les deux ne semble nulle part ailleurs aussi courante.
Selon des mythes anciens, la maison fut l'un des principaux apports du Corbeau à la vie des Haïdas après qu'il en eut volé l'idée au Castor. La maison était le cœur de la vie sociale, politique et économique des Haïdas. Il est nécessaire de s'arrêter plus particulièrement sur certaines particularités de la maison et sur certains sujets qui s'y rapportent pour mieux comprendre le cadre dans lequel tout l'art haïda était créé et utilisé. On trouvera une étude approfondie des maisons et de leur décoration dans l'ouvrage Haida Monumental Art.
Les maisons haïdas étaient construites en cèdre rouge de l'Ouest, et de solides poteaux d'angle en supportaient les poutres massives. Leur charpente était revêtue de larges planches. Pour bâtir ces maisons, on utilisait, entre autres, des marteaux de forgeron, des herminettes, des maillets et des coins pour fendre le bois. La plupart des outils qui servaient à la construction des maisons n'étaient pas décorés, mais quelques spécimens appartenant aux collections du Musée canadien des civilisations sont absolument remarquables.
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Maillet en basalte sculpté de fa¸on élaborée qui servait à enfoncer des coins de bois dans des rondins de cèdre rouge pour en détacher des planches. James Deans affirme que la face du bas est celle d'un Ours, surmonté d'une tête de chasseur naturaliste. Le chapeau conique du chasseur coiffait traditionnellement les maillets à bout en mamelon, ce qui donne à penser qu'il s'agit peut-être d'un vieux maillet enrichi plus tard d'un motif sculpté. Dans le dossier d'acquisition, on affirme qu'il a autrefois figuré dans la collection de sir Matthew Begbie, juge en chef de la Colombie-Britannique.
Acquis en 1899 pour la collection A. Aaronson, mais probablement recueilli à l'origine par James Deans, au début des années 1890, dans Haida Gwaii.
MCC VII-B-908 (S82-269) |
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Marteau de forgeron utilisé pour enfoncer des coins dans du bois de cèdre pour en faire des planches. Sur ce beau spécimen, la tête de l'Oiseau-Tonnerre tient une petite Baleine.
Recueilli dans Haida Gwaii en 1879 par Israel W. Powell.
MCC VII-B-924 (K85-2630) |
Les maisons les plus petites mesuraient en moyenne 6 m sur 9 m et étaient occupées par trente ou quarante membres très apparentés d'une même famille, tandis que les maisons les plus vastes pouvaient atteindre 15 m sur 18 m et loger deux fois plus de personnes, dont des membres de la famille immédiate et des esclaves. La maison idéale comportait une vaste fosse centrale, souvent bordée d'une structure verticale en planches épaisses qui l'enfermait comme une boîte. Le foyer en occupait le milieu, directement sous un orifice qui permettait de laisser s'échapper la fumée et était recouvert d'un rabat formé d'une planche qu'on pouvait mouvoir à l'aide de cordes pour régler le tirage du foyer. La maison du chef du village possédait habituellement la fosse la plus grande ou la plus profonde. Les toits de celles des personnes de rang élevé étaient recouverts de planches qui se chevauchaient et étaient maintenues en place par de grosses pierres. Les toits des maisons des personnes moins fortunées et des remises pour les pirogues étaient en écorce de cèdre, et il fallait les remplacer fréquemment.
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Intérieur de la Maison-du-monstre du chef Wiah. On voit les deux profondes fosses ainsi que les compartiments du niveau supérieur où dormaient les habitants de la maison (à droite). Une porte (à gauche) couverte d'illustrations tirées du London Illustrated News donne accès au compartiment réservé au chef Wiah, qui est construit à l'extérieur de la maison même. La plupart des meubles proviennent du navire Susan Sturgis, qui avait été capturé.
Photo : Richard Maynard, 1884. |
Les techniques de construction des habitants des régions septentrionales de Haida Gwaii étaient différentes de celles des habitants des régions méridionales. Dans le nord, y compris dans les villages de l'archipel Prince of Wales, les maisons haïdas ressemblent aux vastes constructions en planches à toit en pignon que l'on retrouve dans tous les autres villages de la côte septentrionale. Ce type de maison se compose d'une charpente intérieure constituée d'au moins quatre poteaux d'angle verticaux massifs, reliés entre eux par des poutres rondes et tout aussi massives pouvant atteindre 15 m ou plus de longueur, et recouvertes de larges planches.
Dans le sud, la charpente des maisons est extérieure, le revêtement en planches s'ajustant parfaitement entre les pièces de bois parallèles de la charpente de la maison. Ce type d'habitation plus élaboré, à tenons et mortaises et à menuiserie à faible tolérance, n'a probablement pas été conçu avant l'arrivée des outils en acier à la fin du XVIIIe siècle. C'est dans le village de Ninstints, à la pointe sud de Haida Gwaii, qu'on trouve la plus grande concentration de maisons à charpente extérieure.
Type du nord (Kiusta) |
Type du sud (Skedans) |
Un troisième type de maison prédominait chez les Haïda- kaïganis de l'archipel Prince of Wales, en Alaska. Il s'agit d'un mariage des deux styles de base, comportant à la fois une charpente intérieure supportée par quatre poteaux massifs ainsi que des murs et des pignons soutenus par quatre poteaux d'angle extérieurs plus petits. Dans les grandes maisons, comme celles du chef Skowl dans le village de Kasaan, une lourde pièce de bois est posée entre les deux poteaux d'angle de la façade (de même qu'à l'arrière de la maison), et le revêtement des pignons de devant et de derrière, au-dessus et en dessous de cette pièce de bois, se trouve ainsi divisé en planches plus petites.
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