C’est au milieu du dix-neuvième siècle
que Hannah Ingraham dicta ses mémoires à une
voisine, Cornelia Tippet, qui « nota
l’information en respectant le plus possible la
façon de s’exprimer de la narratrice ». Il
en résultera un récit évocateur qui nous
permettra de vivre l’expérience loyaliste de la
révolution américaine par
l’intermédiaire des yeux d’une fillette
terrifiée.
Sur la carte des voyages de Hannah, ses péripéties
débutent à la ferme Ingraham
dans New Concord (New York), où vivent ses
parents Benjamin et Jerusha Barrit Ingraham, Loyalistes
engagés. En juin 1776, lorsque les rebelles de la
localité se mettent à cerner les hommes qui ont des
tendances politiques suspectes, Benjamin s’enfuit
premièrement pour se joindre à un groupe de partisans
loyalistes et ensuite s’engager dans le King’s
American Regiment.
Durant le service de Benjamin, la persécution de la
famille Ingraham continue. Très bien organisés à
l’échelle régionale, les rebelles forment des
comités de districts ou comités de sécurité
leur conférant plein pouvoir d’agir pour
réprimer une révolte, incluant une mise en arrestation
arbitraire et une confiscation de la propriété. Les
hommes du comité du King’s district confisquent la
ferme et le bétail des Ingraham et forcent la mère de
Hannah à payer un loyer.
Au terme des combats, il n’y avait aucun endroit aux
nouveaux États-Unis où pouvaient aller vivre Hannah et
sa famille. Les soldats du King’s American Regiment et
leurs familles sont évacués de New York sur le William
et le King George, des navires de la flotte « Fall Fleet
» qui atteingnirent Saint-John le 4 octobre 1783. De là,
les membres de la famille Ingraham remonteront la rivière
Saint-Jean jusqu’au site de Fredericton où ils
s’installeront et vivront en paix pour la première
fois en sept ans.
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