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La fabrication d'amulettes était l'un des modes d'expression
artistique des Inuits durant la période historique. Avant
l'arrivée des missionnaires, les amulettes faisaient partie de
la vie quotidienne des gens.
« Si l'âme humaine était considérée
comme puissante et la source principale de la force de la femme et de
l'homme, il y avait inévitablement des difficultés que
des êtres mortels ne pouvaient résoudre seuls. Aussi,
chaque Inuk était accompagné d'un esprit auxiliaire ou
« familier », qui lui facilitait la chasse ou autres exploits
et le protégeait contre la maladie et les accidents.
Cet esprit pouvait s'incarner dans des objets portés sur les
vêtements ou à l'intérieur de ceux-ci : une
sculpture, une dent d'animal, une griffe, un morceau de peau ou un
objet trouvé inhabituel. »
(Issenman, p. 184)
D'après Boas, « [...] les types les plus communs d'amulettes
étaient les plumes d'un harfang, les dents d'un ours et autres
objets du genre [...] ». (Boas, p. 184) Pour sa
part, Hawkes note : « Le shaman avait souvent pour tâche,
entre autres, de fabriquer des amulettes. »
(Hawkes, p. 130)
« Dans le Labrador, une lanière de peau de phoque portée
autour du poignet était une coutume presque universelle.
Les pieds d'oiseaux tenaient également lieu de charmes. »
(Hawkes, p. 136)
Turner soutient : « Dans la région d'Ungava, certains
charmes étaient portés pour repousser les attaques des
esprits malveillants; d'autres servaient de souvenirs pour évoquer
les parents défunts. » (Turner, p. 37)
Petitot, en 1876, fait mention de sculptures d'ivoire utilisées
comme amulettes. Il note que les Inuits du long de la rivière
Mackenzie décoraient robes et ceintures de minuscules figures
d'animaux en ivoire. (Petitot, p. 7)
Ensemble d'amulettes, 1913-1916
Dans les environs de Chesterfield Inlet, Nunavut
ivoire, tendon
longueur : 15 cm
MCC IV-C-911
Acquis par l'anthropologue danois Christian Leden durant son
expédition dans le Keewatin, de 1913 à 1916
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Même si Leden répertorie ces objets en tant que
« répliques en miniature d'animaux et d'anciens outils maintenant
hors d'usage et peu connus [...] », on peut présumer que de petites
sculptures rattachées ensemble servaient d'amulettes avant
d'être troquées. Il mentionne avoir recueilli l'ensemble
auprès de la tribu des Aiviliks. Historique d'exposition :
Liens avec la Terre : Traditions vestimentaires de trois
cultures autochtones. Musée canadien des civilisations,
Hull (Québec), 2 février 1995 au 14 septembre 1997.
Référence :
Hall, Judy; Jill Oakes et Sally Qimmiu'naaq
1994 Sanatujutt: Pride in Women's Work. Copper and Caribou
Inuit Clothing Traditions. Hull (Québec), Musée
canadien des civilisations, ill. p. 59.
Phoque en ivoire, 1912
Aillik Bay, près de Hopedale, Labrador
ivoire
1 x 3,5 cm
MCC IV-B-160
Acquis par l'anthropologue Frank Speck alors qu'il effectuait des
travaux sur le terrain au Labrador
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Le trou pratiqué dans la tête du phoque indique qu'il
s'agit d'une amulette, sans doute pour que la chasse aux phoques soit
un succès.
Bibliographie
Boas, Franz
[1888] 1964 The Central Eskimo. Réédition,
Lincoln, University of Nebraska Press.
Hawkes, E. W.
1916 The Labrador Eskimo. Ottawa, Imprimerie du gouvernement
du Canada, (Commission géologique du Canada), Étude 91,
Collection d'anthropologie, no 14, p. 136.
Kobayashi Issenman, Betty
1997 Sinews of Survival. Vancouver: UBC Press.
Petitot, Emile
1867 Monographie des Eskimaux Tchiglit. Paris :
Ernest Leroux.
Turner, Lucien
[1894] 1979 Indians and Eskimos in the Quebec Labrador
Peninsula. Ethnology of the Ungava District, Hudson Bay Territory.
Quebec: Presses Comiditex. |