Le moteur d'automobile
e moteur à
étincelles a motorisé la pêche
côtière et l'a rendue plus sûre, plus
productive et moins laborieuse. Le moteur d'automobile la
révolutionne encore davantage et en améliore
considérablement la polyvalence et le rendement. Fait
peut-être plus important encore, le moteur d'automobile
rend possible les modifications aux formes de la coque qui
mèneront à ce qui sera un jour considéré
comme la forme classique du bateau du type Cape Island.
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Stephanie Dawn,
un bateau de Cape Island classique
Stephanie Dawn, un bateau de Cape Island classique, à
East Dover, dans le comté d'Halifax. Il a été
construit à Sandy Point, dans le comté de Shelburne,
en 1976.
(Gracieuseté : David Walker)
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Sa coque en bois est typique des dernières du genre.
Le Stephanie Dawn est doté d'un gaillard
surélevé et gréé d'un mat arrière
qui peut soutenir une voile de cape ou de tempête.
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Alors que le moteur à étincelles a fait entrer les
pêcheurs de la côte dans l'ère mécanique,
le moteur d'automobile leur assure une polyvalence accrue. Les
vieux moteurs à étincelles à un ou à
deux cylindres sont lourds, et leur puissance limitée ne
permet pas l'utilisation d'équipement auxiliaire. Dès
que l'automobile cesse d'être une rareté, on commence
à voir des moteurs de véhicules accidentés ou
envoyés à la ferraille reprendre du service sur de
petits bateaux. La conversion de ceux-ci en unités à
moteur hauturières à haut rendement ne tarde pas. Le
moteur d'automobile compte beaucoup plus de chevaux-vapeur par livre
de poids que le moteur à étincelles, mais bien qu'il
soit plus gros, il ne pèse pas tellement plus lourd. Les
bateaux étroits qui en sont munis acquièrent une
vitesse et une polyvalence jusqu'alors inconnues. Le moteur
étant plus puissant et les tours plus nombreux, il faut
conserver la boîte de vitesses. Il en va de même du
pignon de marche arrière, car on faisait auparavant marche
arrière simplement en éteignant le moteur et en le
relançant dans la direction opposée, comme un moteur
à vapeur alternatif.
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Modifications à la coque
tant donné que
les nouveaux moteurs dotés d'une boîte de vitesses
prennent plus de place, il devient souhaitable d'apporter des
modifications à la coque. On construit donc des bateaux
plus larges, des façons de l'arrière plus plates
et plus larges, de manière à pouvoir fixer un grand
tableau à l'arrière. Ces façons longues et
plates des uvres vivres empêchent la coque de
« s'écraser » sous le poids du moteur
et augmente beaucoup l'espace de rangement pour l'attirail de
pêche ou les casiers à homards, dans le cockpit.
Les coques élargies et mieux adaptées à la
mer permettent de pêcher plus au large, dans des eaux plus
profondes.
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Bateau de Cape Island
Bateau de Cape Island sans nom dont la bigue n'a plus qu'un montant,
à Port Maitland, dans le comté de Yarmouth. Remarquez
la tille au toit en pente, sur le gaillard.
(Gracieuseté : David Walker)
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Les moteurs d'automobile comportent une commande à distance
et en leur adjoignant une roue de barre sur le devant, on donne
la possibilité au timonier de s'avancer et de pêcher
le homard directement sur les côtés. Un abri devient
alors nécessaire. On construit donc à l'avant une
courte surface de pont sur laquelle on aménage un petit
abri surélevé ou « poste de
pilotage », qui sera plus tard garni d'un pare-brise.
Avec le temps, le pont de gaillard sera élevé et
coiffé d'une tille, ce qui permettra d'installer des
sièges et un petit poêle sous le pont. Enfin, un
toit s'étendra du pare-brise vers l'arrière pour
protéger le timonier, et cet habitacle deviendra à
son tour un petit rouf ou, s'il est portatif, une
« maison d'hiver ».
Au début de la Deuxième Guerre mondiale, l'aspect
général des embarcations de cette sorte
présente les caractéristiques que les gens en
viendront à considérer comme celles du bateau de
Cape Island. Elles seront conservées jusqu'à ce
que la fibre de verre remplace le bois.
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Never Tell, bateau du comté de Lunenburg
Le Never Tell, bateau du comté de Lunenburg
construit à l'île Eastern Points en 1953. Le
cagnard de toile assure une protection supplémentaire
sur bâbord.
(Gracieuseté : David Walker)
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Appareils mécaniques auxiliaires
eu après
l'adoption du moteur d'automobile, on crée la
première pièce d'équipement auxiliaire
mécanique, un treuil pour casiers à homards. Cet
engin nouveau et commode est lui aussi fabriqué à
partir d'une pièce d'automobile mise au rebut, le pont
arrière. On coupe un arbre de roue du pont et on le pose
sur le différentiel de sorte que l'arbre restant se
dresse à la verticale. Une poulie sur l'arbre de
transmission sectionné est reliée à la
poulie de la courroie de ventilateur, à l'avant du moteur,
et une poulie de tension est commandée par un levier qui
assure la mise en marche. À l'extrémité
supérieure de l'axe de roue est fixée une petite
poupée de cabestan en bois qui permet de hisser les
casiers, ce qui facilite grandement le travail du pêcheur
de homard.
On réalise ensuite nombre d'autres treuils et appareils
mécaniques auxiliaires qui contribuent à adapter
les coques à diverses méthodes de pêche.
La récupération et la transformation de
pièces mécaniques d'automobile ou de camion
envoyés à la ferraille conduit à la mise
au point de nouveaux treuils servant à ramener de petits
filets de fond, à remonter les longues palangres,
à activer les turluttes et à tirer et hisser les
dragues à pétoncles. Grâce à une
appropriation astucieuse des techniques, le bateau du type Cape
Island devient une embarcation fiable et éprouvée
pour l'exploitation du milieu marin diversifié de la
côte. Quand on constate que les nouveaux appareils
fonctionnent bien, on construit de plus grands bateaux afin de
reculer les frontières de la pêche, mais le style
demeure essentiellement inchangé.
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Un treuil pour casiers à homards
improvisé
Sur cette illustration du Never Tell, on voit à
tribord un treuil pour casiers fabriqué à partir
du pont arrière d'une automoblie.
(Gracieuseté : David Walker)
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