Au début, les tentatives de comprendre l'évolution
de la culture de la Côte-Ouest se sont appuyées sur
des études ethnographiques comportant peu ou aucune
considération eu égard à l'histoire des
Autochtones telle qu'on la lit dans l'enregistrement
archéologique. Étant donné la nature
récente de la recherche archéologique, une telle
approche était compréhensible. Les premières
hypothèses ont considéré les influences de
l'Asie et de l'Océanie comme des stimulus majeurs
responsables de la formation des sociétés
complexes observées par les Européens à la
fin des 18e et 19e siècles. Les
explications subséquentes fondées sur
l'archéologie ont eu tendance à compter sur une
combinaison de migrations conjointement avec la diffusion de
traits culturels et d'éléments technologiques. Les
efforts en cours pour expliquer le changement culturel se
concentrent sur la disponibilité de certains aliments
dus aux facteurs environnementaux, notamment la fluctuation du
niveau de la mer et l'inclinaison des rivières et les
changements climatiques
(Fladmark 1975). Sans
doute, il y a eu plusieurs facteurs inter-reliés qui ont
influencé l'émergence de sociétés
complexes sur la Côte-Ouest. Cependant, la
compréhension de ces facteurs et la nature de leur
interaction les uns avec les autres doivent être
perçus dans le temps, perspective qui n'est possible
qu'en archéologie.
Pour acquérir une quelconque appréciation de
l'exceptionnelle diversité culturelle et linguistique des
peuples de la Colombie-Britannique, on recommandé au lecteur
de consulter le Tome 7, la Côte Nord-Ouest, Handbook of
the North American Indians. Les chapitres particulièrement
utiles de l'introduction sont ceux de Wayne Suttles
(1990;
1990a). Un volume
récent, qui porte sur l'évolution des
inégalités sociales et la complexité sociale
sur la côte, examine aussi l'aire culturelle du Nord-Ouest
dans des perspectives instructives
(Matson and Coupland 1995).
Une bonne partie de l'information contenue dans des thèses et
des comptes rendus du potentiel culturel de la province est comprise
dans cette dernière publication. À l'arrivée des
Européens "La hiérarchie sociale et l'esclavage
héréditaire, et l'importance de la richesse ont
été identifiés comme les caractéristiques
les plus distinctives de l'aire culturelle..."
(Suttles 1990 : 4). Le
modèle culturel de la Côte Nord-Ouest comprenait
"...l'inégalité sociale héréditaire, le mode
d'établissement semi-sédentaire comportant des villages
d'hiver permanents, et une production intensive et l'entreposage des
ressources, spécialement le saumon"
(Coupland et al. 1993 :
59). Certaines données indiquent que les sociétés
étaient encore structurées en groupes corporatifs
égalitaires dans le nord de la côte au début
de la Période IV. Vers la fin de cette période, dans la
même région, un enregistrement incontournable indique que
certains villages étaient en position d'empêcher des
villages voisins d'accéder à certaines ressources
localement disponibles. Le contrôle des ressources alimentaires
était un ingrédient essentiel à l'émergence
de l'inégalité entre les groupes. Des réclamations
antérieures quant aux origines du modèle culturel de la
Côte Nord-Ouest, y compris les sociétés
hiérarchisées, ont été faites pour le sud
de la côte aux sites de Pender Canal dans l'extrême sud du
détroit de Georgia où "...l'évolution presque
complète de la culture de la Côte Nord-Ouest - le
potlach commémoratif fondé sur l'enregistrement direct
pour alimenter les morts, la spécialisation de l'artisanat, les
masques et le rituel, différents types de labrets indiquant le
rang social, l'industrie du bois, l'art en trois dimensions, et la
continuité de la subsistance marine" sont identifiés
entre 2 250 et 1 250 avant J.-C. au cours de la
Période III
(Carlson and Hobler 1993 :
45). L'affirmation précédente comporte des
éléments spéculatifs qui s'appuient sur une
dépendance étroite eu égard à l'analogie
ethnographique comme outil interprétatif
(Carlson 1990 : 115).
L'analogie ethnographique est une méthode utile qui prolonge
les pratiques des peuples autochtones historiquement documentés
jusqu'aux périodes pré-européennes mais on doit
l'appliquer avec un soin considérable. Le chaos culturel qui
a résulté de l'introduction des maladies
européennes, les fusils, l'alcool, les machinations
politiques, et l'imposition de l'économie monétaire,
non seulement ont massivement et soudainement altéré
les modes de vie pré-européens mais l'ont fait avant
l'observation systématique des sociétés
autochtones par des ethnographes de formation.
L'émergence des sociétés hiérarchisées
sur la Côte-Ouest est la caractéristique par excellence de
la Période IV et constitue un aspect théorique important
à considérer pour arriver à la compréhension
du changement culturel, aspect auquel une contribution
archéologique est incontournable. La hiérarchie sociale
sur la Côte-Ouest ne peut pas correspondre à la perception
européenne habituelle d'une société
hiérarchique consistant en un souverain dominant plusieurs
familles nobles qui exerçaient une autorité sur plusieurs
gens du peuple qui, à leur tour, ont pu être moins nombreux
qu'une classe inférieure d'esclaves. Une telle structure
pyramidale pouvait en fait être inversée sur la
Côte-Ouest où les nobles, ou "les gens dignes",
constituaient une partie plus importante de la population que les gens
du commun et les esclaves de rang inférieur. Un relevé de
la littérature indique que les sociétés
hiérarchisées étaient assez variables sur la
Côte mais que les systèmes hiérarchiques du nord et
du sud de la Côte comportaient des différences majeures.
À la Période IV, le modèle évolué de la
Côte Nord-Ouest, dont les documents historiques nous font un compte
rendu, a été atteint dans le sud de la Côte entre 500
avant J.-C. et 500 après J.-C.
(Matson and Coupland 1995 :
199). Il est évident que les facteurs à la base de ce
modèle, à savoir : la concentration de l'entreposage
du saumon séché, le ramassage des crustacés et les
villages hivernaux, n'ont pas été mis en place soudainement
suite à la stabilisation de la dualité terre-mer qui avait
commencé plus de 5 000 ans plus tôt. Chacun des facteurs
environnementaux mentionnés précédemment semble avoir
eu une histoire indépendante contribuant à créer une
conjoncture favorable, par exemple : les quantités suffisantes
de nourriture entreposée pour l'hiver ont permis la concentration
des populations et en conséquence la croissance d'une
complexité culturelle; l'impact économique de l'entreposage
intensif du saumon et les ajustements sociaux concomitants ont
altéré le contrôle des ressources déjà
distribuées inégalement et aurait conduit à
l'inégalité sociale. Ainsi la stratification sociale a suivi
plutôt que précédé l'intensification,
l'utilisation et le contrôle des ressources du saumon. Dans ce sens
"Le changement économique n'altère pas la nature et la valeur
des ressources, et permet ainsi différents changements sociaux
d'émerger"
(Matson and Coupland 1995 :
305). L'exploitation du saumon à grande échelle a une longue
histoire et n'est pas nécessairement liée aux villages
sédentaires ou à un statut social attribué. C'est
lorsque un tel entreposage de nourriture a permis l'agglomération
de grands groupes de gens en des villages saisonniers peu avant le
début de la Période IV qu'a été activée
la dynamique qui a conduit aux changements sociaux, d'abord graduels mais
ensuite exponentiels.
Les archéologues sont d'accord sur le fait que ce fut au cours
de la Période IV (1 000 avant J.-C. à 500 après
J.-C.) que les sociétés hiérarchisées
émergèrent sur la côte du Pacifique depuis
l'Orégon jusqu'au sud-ouest de l'Alaska. La croissance de la
sédentarité et l'exploitation de la pêche
accompagnaient cette émergence. Le processus impliqua la formation
d'une structure de classes composées de lignages familiaux
puissants, de gens du peuple et d'esclaves, avec des
cérémonies confirmant le statut, notamment le potlatch, et
a à juste titre attiré une attention considérable.
Cependant la Côte-Ouest est loin d'être une entité
culturelle monolithique. Une analogie appropriée est de voir la
phase récente de la culture de la Côte-Ouest comme un tissu
dont la chaîne, les éléments verticaux du tissu,
représente les distinctes traditions culturelles locales alors
que la trame, les éléments horizontaux du tissu,
représente les nombreux traits partagés par ces
nombreuses traditions locales pour former une co-tradition ou un
modèle culturel plus ample. La continuité avec la
Période III précédente est indubitable et
"...il y a entre 3 500 et 1 500 ans, les gens de la
Côte-Ouest, dans une impressionnante floraison d'accomplissements
créatifs, ont amplifié et élaboré des
thèmes culturels dont les débuts remontent à
plusieurs milliers d'années auparavant"
(Fladmark 1986 : 84).
À l'intérieur de ce modèle culturel largement
répandu, les cinq variations régionales les plus
importantes existaient dans le nord, le centre et le sud de la
côte, dans les îles de la Reine Charlotte et sur la
côte la plus avancée de l'île de Vancouver,
reflétant la variabilité régionale apparente
à la période précédente. Le
modèle ethnographique impliquant une concentration
croissante des ressources marines et particulièrement le
poisson, l'industrie massive du bois, modèle rehaussé
par les cérémonies et la croissance des objets de
richesse traversait les nombreuses différentes traditions
culturelles locales.
Alors que les origines de la culture de la Côte-Ouest (phase
récente) s'enracinaient, croit-on, dans la culture de la
Côte-Ouest (phase ancienne) de la Période III, une
simple évolution linéaire est un peu trop facile. En
particulier, les qualifications reliées à la
parenté entre les occupants du bas fleuve Fraser et la
région de Hope-Yale et ceux du détroit de Georgia
(Borden 1970;
Burley 1980;
Mitchell 1971). De la
même façon, au nord, les liens entre le
développement intérieur du canyon Kitselas et ce qui
a eu lieu à l'embouchure de la rivière Skeena dans
la région de Prince Rupert Harbour a soulevé une
controverse
(Allaire 1978;
Coupland 1988). Une
césure partielle dans l'enregistrement archéologique
à la fin de la Période IV vers 500 après J.-C.
(Fladmark 1982 :
Figure 7, 111) a aussi causé des problèmes à
l'application de l'approche historique directe à la culture
de la Côte-Ouest (phase récente). Cette approche
identifie les villages historiquement documentés des
Autochtones comprenant d'abord des articles de commerce
européens et ensuite des traces d'une séquence de
villages apparentés ne contenant pas de biens
européens en reculant de plus en plus dans le temps. En
dépit de quelques faiblesses dans l'enregistrement connu,
la plupart des chercheurs voient les manifestations
régionales de la culture de la Côte-Ouest (phase
récente) comme conduisant directement aux populations
autochtones que rencontrèrent les Européens. Par
exemple, dans la région de Prince Rupert Harbour dans le
nord de la côte, entre 1 500 avant J.-C. et 500
après J.-C., les modes d'établissement,
d'économie et d'évolution sociale sont
considérés comme conduisant directement aux
Tsimshians de la fin du 18e siècle
(MacDonald and Inglis
1976).
Les complexes culturels régionaux, en partie ou en
totalité, pertinents à la culure de la Côte-Ouest
(phase récente) de la Période IV sont
représentés par les suivants : dans le sud de la
côte, et spécifiquement dans le détroit de Georgia,
les complexes séquentiels de Locarno Beach et de Marpole; sur
la côte avancée de l'île de Vancouver et de la
péninsule Olympic de l'état de Washington voisin, le
complexe de Yuquot Zone II; dans le centre de la côte, Namu III
et IV; dans le nord de la côte, Prince Rupert II; et sur les
îles de la Reine Charlotte, la tradition Graham. Les complexes
de Baldwin et de Kleanza du bas fleuve Fraser et de la rivière
Skeena, respectivement, représentent des développements
survenus à l'intérieur mais encore apparentés
à la côte. À l'intérieur de ce
régionalisme culturel considérable se trouvaient des
éléments culturels partagés impliquant
"...l'enregistrement accru de la différenciation de statut
dans les sépultures; le plein développement d'un
équipement complexe et diversifié pour la pêche
et la chasse aux mammifères marins généralement
semblable à celui de la période ethnographique;
l'enregistrement d'agglomérations significatives de
populations, et les premiers fermes indices de la guerre"
(Fladmark 1982 : 113).
Les nouveaux traits à apparaître ou à
acquérir une distribution généralisée sur
la côte ont été les harpons à tête
basculante, les labrets, les râpes à écorce, et
les poids de filets perforés. Dans la région du
détroit de Georgia dans le sud de la côte, la sculpture
sur pierre dure, des extenseurs lobaires, des bandeaux frontaux et
probablement les tumulus funéraires apparaissent pour la
première fois. Comme on l'a fait remarquer, la reconstitution
de la culture de la Côte-Ouest (phase récente)
représente un tissu culturel lâche dans lequel plusieurs
cultures régionalement distinctes interagissaient à
un degré suffisant pour soutenir un mode culturel
généralement partagé. Cependant, l'introduction
d'un nouvel élément technique aurait pu avoir un
impact soudain et dramatique sur ce modèle. Une
discontinuité dans le sud de la côte vers la fin de la
Période IV impliquant le remplacement des outils en pierre
taillée par des outils en pierre polie semble avoir
été partiellement le résultat de l'introduction
de l'arc et de la flèche. L'arc et la flèche
arrivèrent dans la région du détroit de Georgia
depuis le plateau canadien vers 400 après J.-C.
(Charlton 1980 : 56),
événement qui non seulement est relié à
la disparition du propulseur mais aussi peu après au
remplacement du basalte vitreux des pointes de flèches
provenant de l'intérieur par des têtes de flèche
en pierre polie
(Ibid : 56-57). Il
semble que les peuples côtiers n'aient pas pris longtemps pour
arriver à la conclusion que le nouveau système d'armes
travaillait tout aussi bien sans les pointes de pierre
importées. En conséquence de ce transfert technologique
et vraisemblablement d'autres facteurs, la transition depuis le
complexe de Marpole de la fin de la Période IV vers le
complexe du golfe de Georgia à la Période V semble, du
point de vue de l'archéologie, avoir été
plutôt rapide
(Mitchell 1971a: 167).
Dans le détroit de Georgia, les ancêtres les plus
anciens des Salish de la côte sont généralement
attribués au complexe de Marpole
(Mitchell 1971 : 71).
La continuité culturelle est en partie fondée sur
l'apparition d'objets de richesse et une distribution apparemment
inégalitaire de ces objets de richesse dans les
sépultures. L'apparition de la déformation
crânienne à cette époque a aussi
été interprétée comme une marque de
statut comme l'ont été les labrets et les extenseurs
lobaires. On a spéculé que la richesse était
source de prestige en raison de sa redistribution au moyen de la
cérémonie des potlatch. Cette importante
cérémonie impliquait la ré-affirmation des
droits et privilèges des gens de rang. Une distribution
inégale des objets de richesse dans les sépultures
n'a pas été observée dans le complexe
précédent de Locarno Beach qui, croit-on, constituait
une société plus égalitaire. Cependant, la
différence entre les complexes de Locarno Beach et de Marpole
en est encore une de degré plutôt que de nature (e.g.
Carlson and Hobler 1993)
et on a observé que le mode de vie du premier était
"....fondamentalement semblable à celui de la Côte
Nord-Ouest ethnographique"
(Matson 1981 : 64). Le
complexe de Marpole, avec ses sépultures
présumées de statut, les maisons multi-familiales
en planches, l'enregistrement de grandes embarcations munis de
patins pour les tirer sur la plage à certains sites, la
programmation des ressources impliquant l'acquisition, la
conservation et l'entreposage du saumon, une tradition artistique
florissante, des cérémonies complexes, et la
participation à un réseau de commerce étendu,
est au moins considéré comme faisant partie d'une
série d'événements indicateurs d'un long
processus de complexité culturelle plutôt que
d'une sorte de floraison culturelle soudaine. L'enregistrement
relié au complexe de Locarno Beach est plus limité
que celui du complexe de Marpole. De grandes maisons
communautaires étaient présentes dans la
région vers au moins 1 000 avant J.-C. et, en outre,
les nombreux coins en bois et en andouiller dans le complexe de
Locarno Beach indiquent la production de maisons de planches.
L'acquisition et le traitement du poisson broyé à
grande échelle dans le complexe de Locarno Beach, apparent
aussi au site de la rivière Hoko situé sur le
côté de l'état de Washington du détroit
de Juan de Fuca
(Croes and Hackenberger 1988),
démontre la capacité de traiter des
approvisionnements importants de nourriture pour l'hiver
longtemps avant le complexe de Marpole. En fait, cette
capacité remonte à 7 000 ans au site Namu
dans le centre de la côte
(Cannon 1991).
On a accordé un certain mérite à la proposition
que les phases ou les types ou les complexes culturels comme Locarno
Beach et Marpole représentent en fait des stades
économiques du développement plutôt que des
entités culturelles distinctes en soi
(Croes and Hackenberger 1988 :
79). La perception des changements conduisant à la
différenciation de telles reconstitutions culturelles
peut simplement refléter les ajustements aux
méthodes d'acquisition de la nourriture résultant
de la surexploitation de certaines ressources combinées
à la croissance de la population. Au site Hoko River
dans la Olympic Peninsula, l'industrie de la pierre et de l'os
se relie clairement au site du complexe de Locanro Beach et
pourtant les styles de vannerie provenant de ce site a produit
des formes distinctement différentes des styles de
vannerie provenant des composants contemporains de Locarno Beach
du site Musqueam Northeast dans le delta du fleuve Fraser
(Borden 1976). Un article
de fabrication complexe, telle que la vannerie, semble
être un indicateur plus sensible de développement
culturel régional que la pierre. Dans ce cas, deux sites,
Hoko River et Musqueam Northeast situés à moins
de 150 km de distance, ont partagé certains
éléments de la technologie mais pas les autres,
tels les styles de vannerie, suggérant que les deux
sites représentent des traditions culturelles locales
séparées qui ont cependant participé à
une co-tradition plus ample. Malheureusement, relativement peu de
sites revêtent des conditions appropriées à la
conservation des éléments de l'industrie du bois et
de l'écorce. Les traits qui parviennent à survivre
dans les dépôts archéologiques sont souvent
plus typiques d'une co-tradition ample que des facettes locales
distinctes de l'industrie. Ainsi, l'archéologie
reçoit indubitablement une vue biaisée du degré
d'hétérogénéité technologique
dans toute région particulière puisque la
variabilité locale peut être masquée par une
plus grande conservation d'éléments susceptibles de
surestimer la co-tradition technologique. Une ramification
critique de cette proposition
(Croes 1989 : 118) est
que si les reconstitutions comme celle de Locarno Beach et Marpole
correspondent à des sommets économiques plutôt
que des cultures "totales", tel que suggéré par les
styles régionaux de vannerie, alors de telles
reconstitutions archéologiques peuvent être mal
placées pour distinguer la distribution linguistique
Salishan (Musqueam Northeast) de Wakashan (Hoko River). On n'a pas
besoin de faire appel à la migration pour expliquer plusieurs
distributions linguistiques car différents groupes
linguistiques auraient pu apporter leur contribution pour atteindre
les sommets économiques la plupart du temps
reflétés dans l'enregistrement archéologique
des techniques. En d'autres mots, les horizons économiques
représentés par les complexes, par exemple Locarno
Beach entrecoupent apparemment les séries ethniques
englobant des familles linguistiques totalement différentes
comme l'indiquent les styles de vannerie et l'application de
l'approche historique directe. L'enregistrement que "...Les
tendances horizontales à l'échelle d'une région
perçues dans ces sommets ou plateaux économiques
peuvent refléter une évolution générale,
et le changement qui en résulte dans les solutions
apportées aux activités de subsistance, non des
modifications au style culturel ethnique ni de populations"
(Croes 1989 : 124) peut
accommoder à la fois les distributions archéologiques
et linguistiques. De la même manière, dans le nord de
la côte, même si les Tlingit, les Haida et les
Tsimshians partageaient plusieurs caractéristiques ethniques
et interagissaient à un haut degré, leurs styles de
vannerie étaient passablement distincts les uns des autres.
Les seuls objets archéologiques disponibles dans les sites
saturés d'eau de la région proviennent du site
Lachane à Prince Rupert Harbour. Ici les styles de vannerie
remontant à 2 000 ans correspondent aux styles
historiquement documentés des Tsimshians de la même
région
(Croes 1989 : 124).
Comme la distribution des familles linguistiques le long de la
Côte-Ouest a fréquemment plané au-dessus de
l'interprétation de l'archéologie sur la
Côte-Ouest
(Borden 1951;
Cressman 1977;
Mitchell 1988), le
postulat sous-jacent d'une parenté correspondante entre
les langues et les reconstitutions culturelles
archéologiques doit être sérieusement remis
en question ainsi que la nature de l'enregistrement qui a
été utilisé dans le passé à
l'appui des migrations linguistiques (voir
Suttles 1987 :
Chapitres 14 et 15 : 256-281).
Étant donné la signification de l'information
culturelle fournie par les styles archéologiques de
vannerie, il est approprié de répéter
l'analogie du tissu eu égard à la classification
des cultures archéologiques de la Côte-Ouest. Les
données que les éléments de la trame sont
plus locaux, ethniques et conservateurs, signifient que la
reconstitution d'une seule culture archéologique, comme
le complexe de Locarno Beach, était composée de
plusieurs groupes ethniques différents. L'analogie de
corréler chaîne-trame aux larges facettes locales
de la technologie archéologique est loin d'être
une proposition nouvelle; "Le tissu de l'archéologie de
détroit de Béring, il me semble, a sa
chaîne dans ses modes de comportement transmis par les
parents aux enfants à un seul endroit, et une trame
composée d'échanges mutuels continuels de
pensées dans l'espace vers l'extérieur"
(Giddings 1961 :
157). Par exemple, il n'y a pas de doute que, si la co-tradition
des Iroquois du nord-est de la région des Grands Lacs
n'avait pas été caractérisée par
des styles locaux de poterie, que, sauf les Iroquoiens du
Saint-Laurent avec leur assemblage hautement distinct d'outils
en os, les autres objets de la culture matérielle
à savoir les pointes de flèche, les herminettes,
les metates/manos, les grattoirs, la plupart des instruments
en os, etc. auraient été classifiés comme
une seule reconstitution culturelle plutôt que les huit
reconstitutions archéologiques qu'on reconnaît
maintenant.
En plus des complexités impliquées dans la
reconnaissance du jeu mutuel d'une série de styles
d'horizons généralement partagés avec
plusieurs expressions technologiques régionales, il
y a le problème d'évaluer la nature des liens
unissant les complexes archéologiques riverains de
l'intérieur et de leurs contemporains côtiers. Par
exemple, on a suggéré que l'archéologie de
la région de Hope-Yale du bas-fleuve Fraser
représente un mélange de traits provenant de
l'intérieur et de la côte, que les influences
côtières sont représentées par
des pointes de projectile et des couteaux en pierre polie
tandis que les influences de l'intérieur, par des
maisons semi-souterraines et l'usage
généralisé d'outils en pierre polie dans
toute la séquence. Même si on reconnaît un
certain mérite à la suggestion que le
mélange des traits de l'intérieur et de la
côte puisse refléter une aire de transition
culturelle
(Von Krogh 1980),
il ne faut pas oublier le problème que l'absence
générale de la conservation des os dans
la région du bas-fleuve Fraser gêne les
comparaisons avec les assemblages côtiers comme
ceux de Locarno Beach et Marpole. Aussi, il y a des
parallèles entre le complexe de Baldwin du fleuve
Fraser (1 000 à 350 avant J.-C.) et celui de
Locarno Beach du détroit de Georgia, notamment des
styles de pointes de projectile, des herminettes en
néphrite, des microlames, des pointes de projectile
et des couteaux en pierre polie, des perles en pierre, des
labrets, des pendentifs, et une scrulpture zoomorphique.
Cependant, durant le complexe subséquent de Skamel
du bas-fleuve Fraser, il semble avoir eu une intrusion plus
intensive de la part des Platéliens récents
ou des influences dans la région de Hope-Yale
(Borden 1970) suivies
d'une autre fusion de traits provenant de l'intérieur
et de la côte
(Von Krogh 1980 : 222).
Comme le fossé linguistique le plus profond entre les
langues des Salish de l'intérieur et les langues salish
de la côte se trouve "...dans la basse vallée du
Fraser ou du canyon du Fraser"
(Suttles 1987 : 260),
on serait peut-être en mesure de s'attendre à obtenir
un portrait archéologique mélangé. De la
même manière, sur la basse rivière Skeena
dans le canyon de Kitselas dans le nord de la côte, une
occupation côtière initiale suivie d'une occupation
permanente de l'intérieur comportant une acculturation
subséquente par les gens de la Côte-Ouest
(phase récente) de la région de Prince Rupert
Harbour a été rapportée
(Allaire 1978 : 251),
processus assez analogue à celui du canyon du fleuve Fraser.
Cependant, un ouvrage plus récent,
(Coupland 1988)
suggère que la séquence du canyon de Kitselas est
fondamentalement d'origine côtière. Comme c'est le
cas pour la région du fleuve Fraser, les comparaisons
sont gênées par l'absence
généralisée de conservation des os dans
l'intérieur. Les commentaires précédents
constituent un avertissement à l'effet que les
frontières entre les différentes cultures sont
rarement convenablement claires.
Étant donné la diversité de la nourriture et
de sa distribution inégale le long de la Côte-Ouest,
il y avait une variabilité prévisible eu égard
à la subsistance de la culture de la Côte-Ouest (phase
récente). Les extrêmes varient des chasseurs de
l'intérieur, aux pêcheurs saisonniers de saumon, et
cueilleurs de racines le long des basses terres des principales
rivières jusqu'aux chasseurs de mammifères marins sur
les côtes avancées, les pêcheurs des îles de
la Reine Charlotte et la côte occidentale de l'île de
Vancouver. Les gens de la culture de la Côte-Ouest (phase
récente) ont suivi un mode de subsistance varié qui
aurait eu comme complément, les divers aliments obtenus par
le commerce, notamment l'huile d'eulakane et le saumon
séché. Il y a eu une tendance compréhensible
à mettre l'accent sur l'importance du saumon comme fondement
de la culture de la Côte-Ouest (phase récente) (e.g.
Burley 1979 : 131) car
le saumon était la seule ressource saisonnière à
apparaître en assez grande abondance pour fournir une
composante critique à l'approvisionnement de nourriture pour
l'hiver. Le saumon était la source de nourriture la plus
importante dans le dossier exceptionnel de l'enregistrement faunique
remontant à 7 000 ans au site Namu dans le centre de la
côte (Cannon 1991) et,
pourtant, le modèle ethnographique classique de la
Côte du Nord-Ouest n'est apparu dans la région que
beaucoup plus tard. Ce modèle ethnographique aurait
été fondé sur plusieurs facteurs
inter-reliés, culturels autant qu'économiques.
La stabilisation de la côte qui a permis le rassemblement
de populations de façon permanente aux endroits
stratégiques riches en ressources a constitué un
facteur vraisemblablement aussi important que le saumon pour
établir le fondement des développements
subséquents. Dans certaines régions de la
côte, par exemple, le poisson plat, le poisson de fond ou
l'eulakane dépassaient le saumon en importance. La
nourriture végétale se composant de baies, de
tubercules, de rhizomes et de pommettes ainsi que du
goémon, qui était si importante à
l'arrivée des Européens sur toute la côte,
est à toute fin pratique absente de l'enregistrement
archéologique, reflétant plus un problème
de conservation et de méthodes de
récupération archéologique que de
l'importance de la nourriture végétale dans le
régime alimentaire. L'observation
précédente ne vise pas à dénigrer
l'importance du saumon mais à souligner que le rôle
joué par le saumon dans l'entreposage de la nourriture
hivernale a été un élément, sans
doute important, dans un ensemble de nourriture qui a inclu
les crustacés, l'huile d'eulakane, le poisson
broyé, les mammifères terrestres et marins,
et les plantes.
Quant aux modes d'établissement, les villages d'hiver sur
des amas de coquilles ont d'abord commencé à
apparaître sur la côte en partie lors de la
Période III et ont augmenté en nombre durant la
Période IV dans la plupart des régions. Dans le
nord de la côte, par exemple, entre 1 500 avant J.-C.
et 500 après J.-C., les plus grands sites témoignent
d'une croissance des populations. L'occurrence fréquente de
coins, d'herminettes et de percuteurs indique l'importance
croissante des maisons de planches et des pirogues monoxyles.
L'enregistrement de dentalia et d'obsidienne témoigne
de l'expansion du commerce. Le témoignage
d'activités guerrières se présente sous
la forme de massues, de poignards, de trophées
crâniens et de trauma du squelette
(MacDonald and Inglis 1976 :
77). Curieusement, dans la région du détroit de
Georgia, les sites d'amas de coquillages n'augmentent pas en
taille avant l'époque de Marpole vers 500 avant J.-C.
et, de ce point de vue, sont en contraste avec le reste de la
Côte-Ouest y compris les côtes avancées de
l'île de Vancouver et les îles de la Reine Charlotte.
Certaines caractéristiques des établissements sont
généralisées dans les sites d'amas de
coquillages, notamment la proximité d'eau douce, une
place appropriées pour accoster les canots, un endroit
protégé dans une anse ou baie, la proximité
des lits de moules et de palourdes et d'autres ressources
notamment les ruisseaux de fraie du saumon. Il peut y avoir une
variation considérable de ces thèmes, même
l'occurrence d'amas de coquillages dans des grottes
(Haggarty 1982).
Le portrait des modes d'établissement de la culture de
la Côte-Ouest (phase récente) a été
biaisé par la concentration des fouilles archéologiques
des grands sites côtiers d'amas de coquillages. Quelques sites
d'aspect spécialisé, notamment les sites de
pictographes/pétroglyphes, tendent aussi à être
associés à de grands sites d'amas de coquillages
(Simonsen 1973). On
connaît quelques petits sites situés sur les
îles avancées où une variété
spécifique de nourriture d'origine marine aurait
été acquise au cours de la ronde saisonnière
(MacDonald et al. 1987).
Il y aurait eu aussi des camps saisonniers majeurs établis
aux endroits riches en ressources dont les rivières
à fraie du saumon et/ou de l'eulakane. Il est pratiquement
impossible aux méthodes de reconnaissances
archéologiques de détecter l'enregistrement
d'innombrables sites à fonctions spécifiques
qui indubitablement ont existé dans le rayon
d'activités des grands établissements. De tels
sites invisibles en archéologie auraient été
des sites de cueillette de baies, de racines et de rhizomes,
les sites d'acquisition d'écorce, et les sites où
l'enlèvement des planches des cèdres rouges sur
pied auraient eu lieu. L'enregistrement de quelques sites de
carrière est aussi limité et reflète
vraisemblablement l'importance décroissante de l'outillage
en pierre polie et la disponibilité
généralisée de la pierre locale
appropriée pour les outils sur éclat simple ou
outil sur galet.
L'élaboration de l'art entre 500 avant J.-C. et 1
après J.-C. depuis ses tout débuts vers 2 500
avant J.-C., a été attribuée à un
système chamanique de croyances qui, reculant dans la nuit
des temps, est profondément ancré dans la
quête d'un esprit gardien
(Carlson 1983 : 204).
Dans le détroit de Georgia vers 500 avant J.-C., plusieurs
nouveaux traits mortuaires élaborés apparaissent,
notamment l'inclusion de nombreuses offrandes avec les
défunts, particulièrement un grand nombre de perles
en coquillage et en pierre, des cairns mortuaires, et très
vraisemblablement des tumulus funéraires. Quelques-uns des
cairns mortuaires se trouvent dans des cimetières
isolés par rapport aux sites d'habitation
(Smith and Fowke 1901)
et témoignent de l'existence de "lieux sacrés"
réservés spécifiquement aux dépouilles
mortelles. Cependant, l'enregistrement archéologique des
500 ans antérieurs, est trop limité pour assumer
que ces innovations étaient uniques au complexe de Marpole.
De même, dans le nord de la côte, des tombes richement
dotées d'offrandes apparaissent dans les amas de coquillages.
Une bonne partie de l'art rupestre trouvé à
proximité des plus importants villages hivernaux remontent
à la Période IV mais la datation directe de l'art
rupestre défie encore les méthodes
archéologiques. Les méthodes indirectes de datation,
notamment l'inscription des motifs sur de petits objets en pierre
provenant de composants datés par le radiocarbone,
suggèrent une profondeur temporelle considérable
pour cette pratique
(Lundy 1983). Entre
1 000 avant J.-C. et 500 après J,-C., l'incidence d'os
humains modifiés, particulièrement du crâne,
dans le nord de la côte, témoignent de pratiques
chamaniques et même potentiellement des premières
étapes du développement des sociétés
de cannibales documentées historiquement
(Cybulski 1978).
L'observation que "La préhistoire de l'extrême ouest
diffère de celle du reste du continent nord-américain
parce qu'elle s'est développée à sa volonté"
(Cressman 1977 : 208)
n'est que partiellement valide. Un modèle culturel distinct
a vraiment émergé mais il n'était certainement
pas immunisé contre les influences externes. Dans le sud de
la côte, l'arc et la flèche ont été
introduits par le Platélien récent vers la fin de la
Période IV. Depuis la même région, les concepts
cosmologiques exprimés sous la forme de bol en statue humaine
assise en stéatite, comportant souvent des
représentations de serpents à sonnettes et des
têtards/grenouilles, ont aussi atteint la côte. Des
sources géologiques majeures de néphrite ressemblant
à du jade et de la stéatite surviennent près
de Lillooet et Yale à l'intérieur des terres et ont
représenté d'importants articles de commerce avec
les gens de la côte. Les herminettes en néphrite
semblent avoir été particulièrement
précieuses. Les labrets qui étaient
insérés dans un ou des trous perforés dans la
joue ou la lèvre se trouvent sur toute la côte dont
l'enregistrement le plus ancien de leur usage provient des
îles de la Reine Charlotte il y a quelque 4 500 ans
(Severs 1974). On ne sait
pas avec certitude si les labrets prennent leur origine dans le
nord et se diffusent vers le sud en suivant la côte ou
vice versa. Mais les styles de labrets indiquent certainement un
lien entre la côte de la Colombie-Britannique et le sud de
l'Alaska adjacent à la région des Esquimaux du
Pacifique
(Clark 1984). S'il y a un
lien direct entre l'industrie de l'ardoise polie en Alaska et sur
la côte de la Colombie-Britannique, alors cette observation
renforcerait la vraisemblance que des influences ont fleuri du
nord au sud puisque cette technique de façonner la pierre
est apparue vers 2 500 avant J.-C. dans le nord. On a
spéculé que les extenseurs lobaires, le harpon
à tête basculante, la sculpture sur pierre et les
tumulus funéraires sont tous des traits introduits sur
la Côte-Ouest en provenance d'ailleurs en Amérique
du Nord
(Fladmark 1986). Alors
qu'il est possible que la diffusion par stimulus ait
été impliquée, le style de harpon à
tête basculante du nord est distinctement différent
du harpon composite à tête basculante de la
Côte-Ouest. Une invention indépendante sur la
côte de la Colombie-Britannique de quelques-uns des
traits précédents ne peut pas être
écartée dans le moment.
L'enregistrement concernant la biologie humaine augmente de façon
marquée à la Période IV. Les gens de la
Période IV, comme leurs descendants connus par les documents
historiques, étaient de "...stature moyenne, avaient un tronc
court et large, des bras longs et fortement développés,
et des membres inférieurs moins fortement
développés"
(Cybulski 1990 : 53). La
recherche indique que, en dépit du témoignage en faveur
de populations reproduites localement, il n'y a ni uniformité
génétique ni de limites génétiques bien
définies. Les maladies identifiées incluent la syphilis
congénitale et vénérienne, criba orbitalia
reliée à l'anémie due à une
déficience de fer, une faible occurrence de caries mais une
forte incidence d'abcès, d'arthrite, de la maladie
combinée de la spondylarthrite et les traumatismes; ces derniers
revêtent un intérêt particulier, car la fracture des
os était vraisemblablement le résultat d'activités
guerrières qui se déroulaient dans le nord et le centre de
la côte. Le témoignage de traumatismes consiste en des
fractures faciales, de la tête, des membres et de l'épine
dorsale suggestives de blessures obtenues de massues ou en se parant
des coups de massue. Les crânes trophées et les corps
décapités sont aussi très raisonnablement
interprétés comme des conséquences de la guerre.
La déformation artificielle du crâne apparaît dans
le sud de la côte vers 500 avant J.-C. mais ne s'est pas
répandue vers le nord de la côte. Cette
caractéristique a été historiquement associée
au statut attribué et sa forte incidence
(Cybulski 1975) peut se relier
à un système hiérarchique inversé selon
lequel les gens "dignes" étaient plus nombreux que ceux
classifiés comme "indignes" ou "esclaves"
(Suttles 1987 : Figure 1).
Comme la déformation crânienne doit être
commencée en bandant la tête d'un jeune enfant, la
caractéristique est clairement reliée à une
quelconque affirmation héréditaire de statut.
Le développement de l'inégalité sociale sous la
forme de sociétés hiérarchisées à
la Période IV a constitué un thème
théorique majeur par les archéologues de la
Côte-Ouest. Les propositions reliées au
développement des inégalités du statut ont
largement été fondées sur de telles
considérations comme l'importance croissante des objets de
richesse notamment l'obsidienne, les perles et des pendentifs en
coquillage marin, des herminettes en néphrite, et le cuivre
natif, l'occurrence inégale des offrandes mortuaires dans les
cimetières dont quelques enfants richement dotés
suggérant les lignages et des familles riches, la
déformation crânienne dans le sud de la côte ainsi
que des tumulus funéraires, et l'association de l'art
élaboré avec les indices précédents
présumés de statut. Il y a aussi la suggestion que
les débuts du potlatch comme rituel signifient le rehaussement
et le renforcement des droits et privilèges
(MacDonald and Inglis 1976 :
70). Une tendance à surestimer l'importance de quelques traits
relativement à leur signification économique et sociale
peut être remarquée, notamment l'association de couteaux
minces en ardoise polie avec le découpage des filets de saumon
en vue de l'entreposage de "nourriture de richesse" requise pour
appuyer une haute classe
(Burley 1980). Le processus
conduisant aux sociétés hiérarchisées
de la Côte-Ouest est au mieux considéré comme
un complément de développement poussé par les
pressions des populations et les ajustements culturels concomitants
(Croes and Hackenberger 1988).
L'enregistrement le plus contraignant de l'inégalité
sociale est la découverte que tous les villages dans une
localité n'avait pas un accès égal à
toutes les ressources locales, ce qui indiquait le contrôle
sur certaines ressources régionales par quelques villages
à l'exclusion des autres
(Coupland et al. 1993).
Il ne s'agit pas seulement d'une question d'inégalité
entre les individus et les familles dans une seule communauté
mais aussi d'inégalité qui a affecté des
communautés entières. Essayer de cerner
spécifiquement le moment où ont eu lieu ces processus
de changements sociaux depuis les sociétés
égalitaires ou "non hiérarchisées" vers les
sociétés hiérarchisées constitue
vraisemblablement un exercice futile. Quelques-uns des indicateurs
de statut social, notamment l'abondance et la nature des offrandes
mortuaires et l'acquisition d'articles exotiques, peuvent aussi bien
être expliqués par des facteurs culturels ou autres sans
lien avec l'acquisition de la richesse pour le statut et le prestige.
Par exemple, il n'y a aucun enregistrement archéologique des
offrandes mortuaires périssables et, par conséquent,
leur rôle dans la procédure funéraire et leur
pertinence potentielle à l'émergence de la
hiérarchie ne peuvent être évalués. La
déformation crânienne est un bien meilleur indicateur
du statut attribué. Les procédés technologiques,
démographiques, économiques et sociales qui ont
transformé les sociétés égalitaires en
sociétés hiérarchisées ont
été indubitablement complexes, exigeant du temps et
une organisation en évolution afin d'acquérir un
degré nécessaire d'acceptation sociale. Alors que
les faibles premiers aperçus de ce processus commencent
à apparaître en archéologie vers 1 000
avant J.-C., il est vraisemblable que les processus sociaux
indiscernables aient déjà été en
uvre beaucoup plus antérieurement. Certainement ce fut
à la Période IV que les sociétés
hiérarchisées sous différentes formes ont
été en place sur toute la côte. Cependant, comme
l'indique la documentation européenne, la nature de cette
hiérarchie sociale était plutôt variable; les
différences les plus frappantes se trouvaient dans le nord
et le sud de la côte.
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