Comme pour l'origine culturelle et la descendance des Planussiens moyens
de la Période III, l'origine (les origines) des Planussiens
récents constitue encore un sujet de controverse. Une opinion
répandue veut que les deux traditions archéologiques,
appelées Napilwan et Tunaxa, aient donné naissance aux
deux cultures différentes qui ont co-habité dans le nord
des Prairies
(Reeves 1970;
1983). Une modification de cette
opinion voudrait que le complexe de Pelican Lake remplace le complexe
de McKean (Hanna) à la Période III et partage les prairies
avec le complexe de Besant à la Période IV seulement pour
être lui-même éventuellement remplacé
(Dyck and Morlan : Sous
presse). On le déduit, en partie, de l'enregistrement
stratigraphique et des données de composantes uniques où
les pointes de projectile récentes de Pelican Lake se trouvent en
association directe avec des pointes anciennes du style de Besant
(e.g. Dyck and Morlan 1995;
Van Dyke and Head 1983). On a
récemment observé que "...nous commençons à
remettre fortement en question l'idée qu'un complexe
archéologique, encore moins le regroupement de séries
déficientes, puisse être défini par un seul type
de pointe"
(Dyck and Morlan 1995 :
405). D'autres aspects de l'organisation des Planussiens, notamment
les modes d'établissement et de subsistance, démontrent
aussi des continuités indubitables entre les complexes de Pelican
Lake et de Besant. De telles données favorisent la
probabilité du développement d'une seule tradition
culturelle. Les arguments visant la contemporanéité des
complexes de Pelican Lake et de Besant, à l'exclusion de la
transition du premier vers le deuxième, sont vus comme un produit
de l'éventail temporel inhérent à la méthode
de radiocarbone combinée par des cas de pauvreté du
contexte des échantillons et de la contamination
(Morlan 1988;
Morlan et al. 1996). Dans le
plan choisi ici, le complexe de Pelican Lake est égal à
la première partie du Planussien récent alors que le
complexe de Besant se développe directement du premier. De la
même façon, le complexe d'Avonlea à la
Période V est considéré comme un
développement depuis le Planussien récent (Besant).
Dans cette perspective, le Planussien récent est
considéré comme le développement d'une seule tradition
culturelle dont les ancêtres s'enracinent dans le Planussien moyen
à la Période III et dont les descendants représentent
le Planussien à la Période V. De nombreux sites
stratifiés, notamment Walter Felt
(Kehoe 1974), Long Creek
(Wettlaufer and Mayer-Oakes 1960),
Old Women's Buffalo Jump
(Forbis 1962), Head-Smashed-In Buffalo Jump
(Reeves 1978;
1983), Garratt
(Morgan 1979), and Sjovold
(Dyck and Morlan 1995),
permettent de croire à une séquence culturelle
impliquant une seule tradition. Cependant, il est important de
remarquer que ce qu'on considère ici comme le Planussien
récent aurait compris, à l'instar de toutes les autres
reconstitutions culturelles proposées dans ce tome, plusieurs
bandes indépendantes dont les liens les unes avec les autres
auraient été graduellement atténués en
fonction de la distance.
Le bison a constitué la nourriture animale la plus importante
des Planussiens récents, comme ce fut le cas pendant les
12 000 ans de l'histoire pré-européenne qui s'est
déroulée dans les plaines. Il y a eu cependant des
variations significatives quant aux modes de subsistance eu
égard aux saisons et aux régions. La flexibilité
d'adaptation est sans doute un prérequis pour les chasseurs
mais particulièrement quand il s'agit de plusieurs zones de
végétation. Ces dernières comprenaient les
prairies, les forêts-parcs, le piémont des montagnes
Rocheuses, les zones limitrophes de la forêt boréale
et, au début de la Période IV, la forêt des Grands
Lacs/Saint-Laurent. De telles zones de végétation,
caractérisées par des groupes distincts de plantes,
n'entretenaient pas des liens statiques entre elles. Par exemple, les
étés plus froids et plus humides comme ceux d'aujourd'hui
permettaient aux forêts d'envahir les forêts-parcs et les
prairies, un procédé qui s'est stabilisé seulement
vers 650 avant J.-C. L'antilope d'Amérique, le cerf de Virginie,
le cerf-mulet, l'élan, le mouflon de montagne, la chèvre
de montagne, le castor, le petit gibier, le poisson et les racines et
les baies variaient en importance par rapport aux zones de
végétation et les saisons. La viande aurait fourni la
plus grande partie des calories consommées par les Planussiens
mais, comme les humains sont incapables d'extraire efficacement la
vitamine C de la viande, la vitamine C ou l'acide ascorbique qui
constitue un élément essentiel de la nutrition ne pouvait
être tirée en grande quantité que des plantes.
Diverses baies séchées ou tubercules comme la lewisie
reviviscente et le persil sauvage étaient vraisemblablement les
sources majeures de cette vitamine essentielle
(Aaberg 1983). Pendant toute la
Période IV, l'enregistrement des fosses à cuisson, des
foyers, des amas de pierres de chauffe, et d'os écrasés
indique l'importance grandissante du pemmican
(Reeves 1990). Le pemmican
était produit en écrasant la viande de bison
séchée, en la mélangeant avec le gras extrait des
os et de la moelle, et en les emballant dans de grands sacs de
vésicule de bison. Même si la production du pemmican
était une activité de travail intense, elle fournissait
une réserve de nourriture pour la consommation hivernale ainsi
qu'une protection contre les déboires de la chasse. Elle aurait
aussi servi de nourriture aux chiens qui, servant d'animaux de
bât, contribuaient à la mobilité, aspect essentiel
de la survie dans les prairies.
Les types de pointes de projectile ont joué un rôle
mécanique important pour la reconstitution de l'histoire
culturelle dans le nord des plaines et, de ce point de vue, ont
été à la fois une bénédiction et une
malédiction. Tous les "types", qu'il s'agisse de pointes de
projectile, de vases en poterie, ou d'autres catégories d'objets,
sont des abstractions sujettes à des limitations inhérentes
à la classification et à la précision des auteurs
des classifications et, à ce titre, possèdent des
éléments de simplicité classificatoire et de
subjectivité personnelle. Par conséquent, il y a souvent
désaccord entre une pointe désignée pointe de Pelican
Lake par un auteur et pointe de Besant par un autre auteur;
particulièrement en ce que les tendances des styles de pointe sont
généralement continues et se confondent graduellement. Comme
une bonne partie de l'interprétation archéologique est
fondée sur des objets ramassés en surface ou
récupérés de sites dont les dépôts sont
mélangés, les types peuvent jouer un rôle important
comme repères culturels ou temporels. Cependant, l'usage non
critique de la typologie et les classifications non systématiques,
sont capables de produire des reconstitutions culturelles qui reposent
en fait sur une base fragile. Alors que la plupart des archéologues
reconnaissent les dangers inhérents au fait d'établir des
cultures sur des types de pointe, de telles cultures caractérisent
encore une bonne partie de l'histoire culturelle des prairies. La
situation est été davantage agravée par une tendance
de se fier aux types de pointes de projectile seulement pour assigner des
sites temporellement et culturellement. Une telle procédure ignore
souvent ou minimise le reste de la technologie et des autres secteurs de
la culture à l'étude, notamment les modes
d'établissement et la cosmologie. Le complexe de Pelican Lake,
par exemple, est en grande partie fondé sur une grande
variété de pointes de projectiles à encoches
baso-latérales; un faible béquille pour supporter une
culture ou un complexe. Les pointes de projectile sont indubitablement
la catégorie la plus importante d'objets uniques chez les
Planussiens mais on considère qu'elles devraient aussi être
perçues comme un seul élément de l'outillage qui
est lui aussi seulement une partie d'une culture définie en
archéologie. Les tendances des styles de pointes de projectile
au cours de la Période IV impliquent une grande
variété de pointes de javelot à encoches
baso-latérales qui, tôt dans la série, se modifient
en des formes comportant de grosses encoches latérales.
Même si c'est une question à débattre, on
suggère ici que l'adoption de l'arc et de la flèche a
eu lieu au cours de Période IV. Vraisemblablement adoptés
des Bouclériens récents de l'ouest depuis l'est ou des
ancêtres immédiats de ces derniers, on croit que l'arc est
apparu dans les plaines vers 500 avant J.-C. Sauf les pointes de
projectile, les outils stylistiquement diagnostiques sont rares,
notamment les formes de couteaux bifaciaux ou unifaciaux encochés
dans le complexe de Pelican Lake
(Davis 1975) et la
préférence en même temps pour les grattoirs
retouchés sur l'avers. La continuité de l'outillage chez
les Planussiens récents et la pauvreté de
différences significatives entre les complexes de Pelican
Lake et de Besant appuient la perception du développement
d'une seule tradition technologique.
L'enregistrement le plus ancien de l'existence de l'arc et de la
flèche dans les plaines nous permet de croire qu'ils ont
été contemporains du propulseur. Plusieurs des pointes
de flèche ont été façonnées sur du
chert distinctif de la rivière Knife provenant du Dakota Nord.
L'apparition de l'arc et de la flèche comportant des pointes
de flèche façonnées à partir d'un type
spécifique de pierre a aussi été un
modèle plus à l'est chez les GL-St-Laurentiens
récents (chert d'Onondaga) et les Bouclériens
récents de l'ouest (nodule de chert des basses terres de la
baie d'Hudson) et même se trouve à l'ouest des prairies
sur le plateau canadien et le sud de la côte de la
Columbie-Britannique (basalte vitreux). On estime que l'arc et la
flèche ont été introduits dans les plaines vers
500 avant J.-C. Certains archéologues opinent en faveur d'une
apparition antérieure vers 2 000 avant J.-C.
(Dyck and Morlan 1995 :
Tables 3.5 et 26.1). Le problème est que la distinction
entre les pointes de flèches et les pointes de javelot n'est
pas une mince affaire. Alors que les données métriques
peuvent servir à démontrer l'impossibilité
d'emmancher certaines pointes à un fût de flèche,
certaines pointes, petites et minces, ont pu avoir servi d'armatures
aux javelots et aux flèches. Les données
métriques n'ont pas été consultées pour
identifier la présence de l'arc mais plutôt une
série de phénomènes. Ces derniers comprennent
l'association initiale fréquente de pointes de flèche
avec un type distinctif de pierre, le changement abrupt des
caractéristiques métriques des pointes qui
permettaient d'emmancher les pointes en pierre dans les fûts
en bois, une période plutôt longue d'association entre
les pointes de javelot et les pointes de flèche, et le
synchronisme de ces événements quant à la
direction de l'est vers l'ouest de la route présumée
de diffusion de l'arc et de la flèche. Il a été
nécessaire de discuter de la typologie des pointes de
projectile ainsi que de l'introduction de l'arc et de la
flèche car, plus que partout ailleurs au Canada, le style
des pointes de projectile a été utilisé pour
établir l'histoire culturelle. Les reconstitutions
archéologiques de l'histoire pré-européenne
des prairies sont donc sujettes à la force et aux limitations
des tendances stylistiques des pointes de projectile et de leur
pertinence quant à ce qui a vraiment eu lieu dans le
passé.
L'adaptabilité des Planussiens récents quant à
leurs activités de subsistance se reflète lors du
complexe de Pelican Lake pendant l'occupation du site Long Sault
situé sur la rivière Rainy en Ontario, dans laquelle
l'orignal, le castor, l'esturgeon, le doré et le cotostome
noir représentaient les principaux restes de nourriture
(Arthurs 1986). Le
harponnage de gros esturgeons à partir d'un canot en
écorce correspond difficilement à l'image qu'on se
fait de la subsistance d'un chasseur planussien mais
l'adaptabilité était la base de la survie pour tout
peuple de chasseurs et les simples stéréotypes de
subsistance résistent rarement à un examen
étroit. L'étendue de la mobilité
saisonnière des bandes de chasseurs est aussi un sujet
difficile à régler en archéologie. Par
exemple, les gens de Pelican Lake qui ont occupé la
rivière Rainy auraient pu avoir été
principalement des chasseurs de bisons qui entreprenaient des
expéditions saisonnières vers l'est pour
récolter l'esturgeon riche en gras et d'autres ressources
tout aussi bien que pour le commerce. Étant donné
la proximité des prairies et des forêts-parcs, la
mobilité et le caractère portable des embarcations,
le rayonnement vers l'est en Ontario d'une exploitation de la part
des Planussiens récents n'est pas surprenante,
particulièrement en raison d'une longue histoire
d'exploitation de zones similaires de ressources dans le sud-est
adjacent du Manitoba
(Buchner 1979;
1982;
1982a). L'identification
du complexe de Pelican Lake au site de Long Sault est
fondée sur la similarité de l'outillage des sites
du complexe de Pelican Lake dans le sud-est limitrophe du Manitoba
(Buchner 1979 : 42-45)
et la différence de l'outillage des derniers
Bouclériens moyens
(Wright 1972;
1995), ainsi que d'autres
genres d'enregistrement. En dépit des qualifications
précédentes, on ne peut nier que l'importance
croissante des techniques communautaires de chasse au bison
constitue la caractéristique la plus frappante des
Planussiens récents. La croissance de l'abattage en masse
des bisons, débutant avec le complexe de Pelican Lake, a
été attribuée à la croissance de la
population des bisons
(Dyck and Morlan : Sous
presse). Cependant, l'impression que les camps du complexe de
Pelican Lake sont plus nombreux que chez leurs
prédécesseurs, reflète probablement la nature
pauvrement définie du complexe chez qui presque toute pointe
de projectile à encoches baso-latérales
détermine son attribution culturelle. La visibilité
archéologique croissante de l'abattage en masse des bisons,
la destruction et l'enterrement d'un enregistrement
archéologique ancien plus dispersé sont aussi des
facteurs qui ont pu conduire à une impression erronée
d'une augmentation significative des populations au début de
la Période IV. De ce point de vue, la spéculation que
l'amélioration des méthodes de chasse communautaires
et de la production du pemmican a fourni une base économique
à la complexité sociale croissante et à
l'élaboration des systèmes culturels
(Reeves 1990), ne semble pas
être entièrement justifiée. Il y avait un
regroupement des gens au cours de la Période V mais elle est
insuffisante pour suggérer l'établissement ancien
d'un système social historique dans le nord des prairies.
Ce dernier comprenait de très grands rassemblements de gens,
représentant plusieurs bandes, durant la chasse communautaire
au bison. L'auto-discipline au nom du bien commun était
essentielle durant le processus complexe de manipuler les troupeaux
de bisons dans des systèmes de pièges. Le
contrôle du comportement individuel devenait alors essentiel.
D'autres systèmes sociaux documentés historiquement
comportent l'existence d'une différence de statut
découlant de la richesse personnelle et de la polygamie.
Cependant, ces processus conduisant au modèle
documenté historiquement étaient indubitablement
graduels plutôt qu'abrupts. Des disruptions culturelles
majeures causées par l'introduction du cheval, du fusil,
des maladies d'origine européenne et l'échange de
comportement traditionnel doivent être
considérés quand on se fonde sur la documentation
européenne pour interpréter des
événements pré-européens.
Étant donné l'étendue géographique
occupée par les Planussiens récents, il n'est pas
surprenant que certains traits culturels aient eu une distribution
inégale. Par exemple, les vases en poterie sont plus
communs sur les sites de l'est qui étaient situés plus
près des centres de l'est de la diffusion de la poterie. La
même situation s'applique quant à la présence
des tumulus funéraires du complexe de Besant qui sont
restreints au Dakota Sud et Dakota Nord. La variabilité des
terres occupées par les Planussiens récents assurait
aussi que les modes d'établissement étaient
également variables. Alors que les établissements
stéréotypés sont représentés par
des sites comme les précipices à bisons Head-Smashed-In
(Reeves 1978) ou Old Women's
(Forbis 1962), de tels sites
sont plutôt rares. Presque aussi visibles en archéologie
que les impressionnants "précipices" à bisons, se
trouvent d'autres sites communautaires "d'abattage" où un
grand nombre de bisons étaient achevés dans des enclos,
des battues et dans des embuscades naturels tels que des kettles,
des rivières et le bord des lacs. La conservation
habituellement excellente des os dans les prairies assure que de
tels sites, avec leur masse d'os de bisons, sont facilement
reconnaissables. Moins évidents sont les anneaux de tentes
ensevelis et les petits campements qui auraient été
impliqués dans un ensemble d'activités, notamment les
réunions dans un grand abri de perches, et la cueillette de
baies et de racines. Les anneaux de tente en pierre constituent
certainement l'enregistrement le plus
généralisé des habitations. Vers 1 000
avant J.-C. de grands camps hivernaux comportant des anneaux de tipi
de différentes tailles sont présents. Certains sites
spécialisés pouvaient atteindre des dimensions
exceptionnelles et posséder une profondeur de temps
importante. Par exemple, la carrière Schmitt et le camp
associé au Montana
(Davis 1987; Leslie B. Davis,
Montana State University : Communication personnelle et examen
personnel), s'étendaient sur plus de 100 hectares et ont
été occupés de façon intermittente
pendant 1 000 ans.
Une autre caractéristique des Planussiens récents se voit
dans le nombre relativement élevé d'articles exotiques.
Tôt à la Période IV, l'obsidienne de Wyoming et
les cherts de Montana se retrouvent partout, particulièrement
dans les sites situés le plus à l'ouest. Le silex de la
rivière Knife du Dakota Nord est particulièrement
fréquent dans le complexe de Besant. D'autres matériaux
exotiques sont représentés par les perles en coquillages
Olivella et Dentalium provenant de la Côte ouest
et même le cas d'une lame de hache en jade dans la canyon du Fraser
en Colombie-Britannique. Les rares articles en cuivre natif provenaient
de la région du lac Supérieur.
On a une faible idée de la cosmologie des Planussiens
récents. De l'information de la peinture rupestre de
Writing-On-Stone situé dans le sud de l'Alberta, on déduit
que ces gens ont été les premiers à utiliser ce
site comme un lieu sacré où un chaman ou un individu
possédant un pouvoir spirituel pouvait invoquer les pouvoirs
surnaturels
(Brink 1978). Il y a aussi un
enregistrement à l'effet que les Planussiens récents
participaient aux cérémonies de mise en place des
alignements radiaux qui ont débuté à
l'époque des Planussiens moyens
(Calder 1977). Un aspect de
la cosmologie des Planussiens récents, dont la signification
pour toute la culture a été surestimée, a
été l'apparition des cérémonies
reliées aux tumulus funéraires dans le Dakota Sud et
le Dakota Nord
(Neuman 1975). Même si
l'influence responsable de ces tumulus funéraires s'enracine
dans l'Hopewellien à l'est, plusieurs des
caractéristiques des tumulus étaient d'origine locale.
Les tumulus funéraires n'ont pas été
adoptés par la majorité des Planussiens
récents et les caractéristiques sont au mieux des
phénomènes provenant du bassin de la rivière
Missouri. Plus à l'ouest et au nord, à savoir dans
le sud de l'Alberta et la Saskatchewan, deux fosses de
sépulture contenant des sépultures multiples en
faisceaux étaient recouvertes d'ocre rouge et comprenaient
une grande variété d'offrandes mortuaires dont des
articles exotiques comme des perles en coquillage marin et du
cuivre natif. Dans un cas, une tombe était recouverte par un
cairn de galets
(Brink and Baldwin 1988;
Walker 1982). Les deux
sépultures précédentes appartenaient dataient
du début du Planussien récent et indiquent
l'exposition des cadavres sur échafaud avant l'enterrement.
En fait, la rareté des sépultures et leur absence
vers la fin du Planussien récent, sauf les tumulus
funéraires de l'est, indiquent que les pratiques
historiquement documentées de laisser des cadavres sur
des échafauds, dans des tipis abandonnés, ou de
les exposer autrement aux éléments, étaient
déjà la façon normale de traiter les restes
des défunts.
On a accordé une importance démesurée à
l'impact que l'Hopewellien a pu avoir sur la dernière partie du
Planussien récent. D'après l'hypothèse d'une
occupation du nord des prairies par deux cultures différentes
mais contemporaines, le complexe de Besant se propagea dans les
plaines depuis l'est aux dépens du complexe local de Pelican
Lake. L'explication pour cette propagation vers l'ouest a
été : la participation du complexe de Besant dans
la sphère d'interaction hopewellienne; le besoin de s'assurer
du contrôle économique sur certains ressources
précieuses notamment l'obsidienne de Yellowstone au Wyoming,
le silex de la rivière Knife du Dakota Nord, et les produits
des bisons
(Reeves 1970 : 173).
L'impérialisme à base économique est un
expédient inadéquat pour expliquer les liens entre des
sociétés de chasseurs. Il n'y a qu'un enregistrement
limité concernant un réseau d'échange entre les
communautés hopewelliennes situées à l'est. Au
contraire, il y a un enregistrement plus convaincant du commerce des
Planussiens récents dans les Montagnes Rocheuses et sur la
côte du Pacifique qu'avec ce qui est maintenant le midouest
des États-Unis. Les articles des plaines qui ne se retrouvent
pas dans le mid-ouest, notamment l'obsidienne et le silex de la
rivière Knife, reflètent simplement la continuation
des modèles d'échange qui étaient
déjà bien établis à la Période
III. Évidemment, le commerce probable vers l'est de biens
périssables tels que des couvertures et des boucliers en peau
de bison est impossible à démontrer. Sans égard
à la nature équivoque de cet enregistrement, les
archéologues des prairies acceptent encore
généralement que le complexe de Besant a
résulté de la fusion du complexe
précédent de Pelican Lake et des influences du
Sylvicole de l'est
(Dyck 1983;
Kehoe and Kehoe 1968;
Reeves 1983).
Un lien dont on saisit encore faiblement la signification a
existé entre les Planussiens récents et les
Bouclériens récents de l'ouest (Laurelliens) du
Bouclier canadien et des environs. Les gens du complexe de Pelican
Lake, généralement appelés le complexe de
Larter ou phase au Manitoba, occupaient autrefois des grandes
zones du sud-ouest de l'Ontario septentrional, le sud-est du
Manitoba et le nord du Minnesota mais ont abandonné la
région à cause du retrait vers l'ouest des prairies
et de ses troupeaux de bison sous l'effet du climat. Le territoire
abandonné a éventuellement été
réoccupé par les Bouclériens récents
de l'ouest qui se propagèrent vers l'ouest jusqu'aux
forêts-parcs. Comme les deux cultures ont occupé
les mêmes sites dans le sud-est du Manitoba, l'expansion
dans cette région suggère qu'il s'agissait d'un
phénomène de déplacement forcé
plutôt qu'une simple occupation d'un groupe occupant le
territoire abandonné par un autre. Les bandes de
Bouclériens récents de l'ouest de la région
de la rivière Rainy possédaient une organisation
sociale relativement complexe et sous cet aspect
différaient d'une simple organisation d'une bande comme
c'était le cas de leurs parents de l'est, du nord et du
nord-ouest. La complexité sociale rehaussée et une
plus grande densité de population dans la région
de la rivière Rainy doivent beaucoup à la
récolte et à l'entreposage du riz sauvage. Comme le
sud-est du Manitoba était riche en riz sauvage, ce fait a
pu avoir été une motivation importante pour les
habitants des forêts de se déplacer vers l'ouest.
Le silex de la rivière Knife du Dakota Nord, aussi appelé
calcédoine ou chert, se retrouve souvent dans les sites des
Bouclériens récents de l'ouest situé dans la
région de la rivière Rainy et les objets des Planussiens
récents, notamment les pointes de projectile et probablement
la poterie
(Kenyon 1971), sont aussi
présents. Ce que les Planussiens récents recevaient
en retour n'est pas particulièrement évident dans
l'enregistrement archéologique et peut avoir impliqué
des biens périssables, notamment le riz sauvage
desséché et des fourrures. Des quantités
mineures de cuivre natif provenaient certainement de l'est. La
poterie des Bouclériens récents de l'ouest
(Laurelliens) a été identifiée dans des
sites planussiens récents
(Klimko 1985;
MacNeish and Capes 1958;
Meyer 1983) mais les vases lisses
comportant des bosses et modelés à partir de colombins,
sont considérés ici comme un style de poterie des
Planussiens locaux.
Sur le flanc ouest du nord des plaines, il n'y a pas d'enregistrement
clair des liens qu'ont pu entretenir les Planussiens récents
avec les Platéliens récents du plateau canadien ni du
piémont des Montagnes Rocheuses au nord de la source de la
rivière Athabasca. L'obsidienne provenant de
l'intérieur de la Colombie-Britannique est présente,
comme le sont occasionnellement des objets caractéristiques
du Platélien, mais généralement de tels
articles ne sont pas récupérés dans des
contextes appropriés pour la datation. Une certaine forme
de lien a dû avoir existé comme l'indique la
présence de perles en coquillages marins provenant de la
côte du Pacifique dans des sites planussiens récents,
mais l'ampleur du commerce est à peine connue.
L'enregistrement concernant la biologie humaine est limité
aux tumulus funéraires du Dakota Sud et du Dakota Nord
(Bass and Phenice 1975)
et de structures de sépultures uniques en Saskatchewan et
en Alberta
(Brink and Baldwin 1988;
Walker 1982). Cet
enregistrement suggère que les Planussiens récents
étaient relativement grands et avaient une musculature bien
développée mais souffraient de malaises dus à
l'arthrite, la périostite, la mastoïdite et même
peut-être de syphilis tertiaire et cardiovasculaire. La
santé dentaire était généralement
excellente jusqu'à l'âge de 30 ans alors que l'usure
excessive des dents entraînait la maladie périodontale
et des abcès qui causaient la perte subséquente des
dents. Puisque l'inhumation constituait une pratique culturelle en
perte de vitesse tôt dans l'histoire des Planussiens
récents, l'enregistrement requis pour comprendre les liens
génétiques entre les populations et la pathologie va
probablement demeurer limité.
Se servir de l'enregistrement archéologique pour en tirer
des déductions sur la société constitue toujours
un procédé qui risque de créer des
scénario impossibles à démontrer. Cependant,
comme tous les aspects de la vie, alors et maintenant,
possèdent un élément de probabilité,
l'hypothèse concernant les façons les plus probables
que les sociétés du passé se soient
organisées demeure un domaine valide d'enquête
archéologique. À l'époque des Planussiens
récents, les éléments culturels qui avaient
apparu à la Période III précédente,
notamment la chasse communautaire au bison et la production du
pemmican, ont été élaborés et auraient
éventuellement formé le fondement des systèmes
culturels observés par les Européens aux 18e
et 19e siècles de notre ère. L'ascendance
de l'arc et de la flèche sur le propulseur représente
une tendance technique qui a eu des conséquences potentielles
sur la pratique de la guerre et sur les relations sociales. Durant
la Période IV, les systèmes associés à
une fiabilité croissante eu égard à la chasse
communautaire au bison étaient déjà en place.
Ces systèmes comprenaient la formation possible de
rassemblements qui, composés de plusieurs bandes ou tribus
impliquant un grand nombre d'individus et de chiens, auraient requis
une certaine forme de maintien de l'ordre durant les périodes
critiques de la chasse. La production étendue du pemmican
aurait aussi fourni le fondement économique d'une
complexité sociale croissante y compris la
différenciation de statut personnel et de richesse.
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