Sir Robert Borden fut premier ministre du Canada de 1911 à 1920.
Un leader du temps de guerre
Borden gouverna le Canada pendant une des périodes les plus difficiles de son histoire. Il orchestra son énorme contribution à l’effort de guerre tout en gérant les tensions sociales et les problèmes politiques qui allaient s’envenimant au pays.
Le Canada n’avait guère de contrôle sur ses forces militaires ou sur sa politique étrangère au début de la guerre et aucune expérience de la gestion d’une économie de temps de guerre. Borden se servit de l’ampleur et de l’importance de l’effort de guerre de plus en plus intensif du Canada pour réclamer une plus grande autonomie du pays au sein de l’Empire. Il croyait néanmoins profondément en la solidarité avec l’empire et en la nécessité d’une contribution militaire et industrielle importante, et il revint en mai 1917 d’une visite à Londres et sur les champs de bataille de France convaincu que le Canada devait tout faire, même recourir à la conscription, pour maintenir ses troupes outre-mer. Borden conduisit un gouvernement conservateur-unioniste à une victoire décisive au cours de l’élection âprement disputée de 1917 et présida une vaste mobilisation militaire, industrielle et agricole visant à assurer la victoire.
Décisions et controverses
Les exigences de la guerre incitèrent le gouvernement Borden à intervenir à un degré sans précédent dans la vie quotidienne des citoyens, mais pas à recourir à un rationnement généralisé ni au contrôle des prix et des salaires. Toutefois, l’augmentation des prix, les pénuries et la pénurie de main-d’œuvre provoquèrent des grèves, et suscitèrent des accusations de bénéfices excessifs ainsi que de l’incertitude économique.
La décision prise par Borden au début de 1917 de recourir à la conscription, ou service militaire obligatoire, pour maintenir les armées canadiennes se battant au front divisa le pays. Il remporta l’élection suivante, à l’automne, au milieu de polémiques et de violentes récriminations, persuadant de nombreux libéraux d’appuyer son programme unioniste en faisant de la conscription une question de loyauté au roi et au pays. Borden améliora ses chances de victoire en accordant le droit de vote à des personnes qui appuieraient vraisemblablement la conscription (comme les soldats ainsi que leurs mères, épouses ou veuves) et en le refusant à de probables opposants (comme les immigrants arrivés récemment). Le débat empoisonna les relations entre les communautés francophones et anglophones du Canada ainsi qu’entre le gouvernement, les syndicats et le lobby des agriculteurs. Le débat sur la conscription se poursuivit jusqu’à la fin de la guerre, mêlé à des controverses plus vastes sur le fait que l’Ouest n’avait plus de liens avec le centre du Canada, sur les relations entre francophones et anglophones et sur le pouvoir du gouvernement fédéral sur les vies des Canadiens.
Borden se retira de la politique en 1920 et est décédé en 1937.