Le Canada et la Première Guerre mondiale

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La guerre étendit l’éventail et la complexité des activités du gouvernement et accrut son intervention dans de nombreux aspects de la vie canadienne.

Du volontarisme à l’intervention

Lorsque le Canada entra en guerre, sa fonction publique était modeste, l’impôt sur le revenu n’existait pas et le gouvernement était peu impliqué dans l’économie. Le gouvernement fédéral n’avait aucune expérience de la conduite d’une guerre d’envergure et présumait, comme la plupart des Canadiens, qu’il lui suffirait de continuer à faire des affaires comme avant pour organiser le pays de façon à ce qu’il puisse affronter les problèmes futurs.

Mais la guerre coûtait des sommes astronomiques, exigeait énormément de gens, de biens et de services, et exerçait une forte pression sur les salaires et les prix ainsi que sur de nombreux secteurs d’activité sur le front intérieur. Dans son effort pour s’assurer le soutien des Canadiens pour la guerre outre-mer tout en tentant d’en amoindrir ou d’en gérer les effets au pays, le gouvernement fédéral intervint de plus en plus dans la vie des Canadiens, le plus souvent à contrecœur et pas toujours avec succès.

L’esprit de volontarisme et de ferveur patriotique qui avait marqué les débuts de la guerre ne s’atténua que progressivement et les contemporains considérèrent nombre d’initiatives gouvernementales ultérieures, notamment l’impôt personnel sur le revenu, comme des mesures temporaires mises en œuvre pour la durée de la guerre et qui seraient abolies une fois celle-ci terminée. La conscription, ou service militaire obligatoire, en 1917 fut l’intervention gouvernementale temporaire la plus marquante de la guerre, mais il y en eut bien d’autres, notamment la fiscalité des entreprises et des particuliers, l’interdiction de consommer de l’alcool, la censure et la propagande.

Censure et propagande

Contrôler les informations militaires sensibles était une nécessité en temps de guerre, mais le rôle du gouvernement dans la gestion de l’information dépassa largement la surveillance et la révision du texte des lettres des soldats au front. Un censeur officiel au Canada surveillait les journaux et d’autres publications pour y détecter les textes pouvant nuire à l’effort de guerre, alors que des fonctionnaires fédéraux menaçaient rédacteurs et éditeurs de peines de prison s’ils ne se conformaient pas aux avertissements reçus.

Les vastes campagnes de propagande en vinrent à faire partie de la vie courante. Des affiches exhortaient à s’enrôler ou à participer autrement à l’effort de guerre et demandaient aux citoyens de contribuer aux campagnes de charité, d’acheter des obligations de la Victoire ou de rationner les produits rares comme la viande et le combustible. Ils illustraient leurs propos avec des symboles patriotiques, des icônes reconnaissables et des figures historiques afin d’identifier la guerre à des causes populaires ou méritoires. Les défilés, les rassemblements politiques et les manifestations charitables publics encourageaient la participation volontaire et contribuaient à embarrasser ou à mortifier ceux qui ne « faisaient pas leur part ».

Legs et leçons apprises

Le niveau sans précédent d’activité du gouvernement pendant la guerre eut des effets durables. Certaines initiatives, notamment la nationalisation des chemins de fer, achevées en 1919, allaient façonner l’activité commerciale au Canada pendant des décennies. D’autres, par exemple, l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur les particuliers, n’ont jamais été retirées. Les leçons apprises en gérant – ou en négligeant de gérer – l’économie canadienne allaient avoir des répercussions profondes sur les activités du gouvernement pendant la Deuxième Guerre mondiale.

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