Avant la guerre, Fisher a réalisé de nombreuses peintures murales pour des édifices et des églises de la région de Vancouver, en collaboration avec d'autres futurs artistes de guerre officiels, Paul Goranson et E.J. Hughes. Dès qu'ils eurent appris la nouvelle du déclenchement de la guerre en septembre 1939, les trois hommes ont décidé de mettre leurs talents artistiques à profit pour être artistes officiels pour l'armée. L'exemple du programme artistique de la Première Guerre mondiale, les Souvenirs de guerre canadiens, a été leur inspiration. Moins de deux semaines après le déclenchement de la guerre, ils ont écrit au directeur de la Galerie nationale du Canada (l'actuel Musée des beaux-arts du Canada), H.O. McCurry, sollicitant un emploi d'artiste de guerre. (1) McCurry a transmis leurs candidatures en octobre au ministère de la Défense, mais à ce moment les militaires n'avaient pas encore prévu d'employer des artistes. (2)
Ne recevant aucune réponse, Fisher s'enrôla en août 1940 dans le Corps royal du génie canadien. Mais à un certain moment il semble que sa correspondance antérieure soit parvenue entre les mains du directeur de la Section historique à Ottawa, A. Fortescue Duguid, qui commença à utiliser les services de Fisher et Hughes comme artistes de guerre à Ottawa, dans l'espoir qu'un programme plus sérieux prenne forme un jour. "On envisage l'emploi de membres choisis de la Force active de l'Armée canadienne pour représenter par l'image la participation canadienne à la guerre actuelle ", écrivait-il à McCurry en mars 1941. "Depuis un certain temps, deux artistes, le sergent E.J. Hughes et le sapeur O.N. Fisher sont sous instruction ici dans le but de mettre à l'épreuve et d'améliorer leur capacité de fonctionner efficacement comme artistes de guerre sur le terrain." (3) Deux ans plus tard, alors qu'un programme d'art militaire venait d'être annoncé, Fisher, avec l'artiste Jack Shadbolt, continuait de solliciter auprès de McCurry la possibilité de représenter l'action. " Nous sommes déterminés tous les deux à faire tout ce qui est raisonnable pour être en mesure de travailler de manière efficace", écrivit Shadbolt au nom des deux artistes. (4)
À peine un jour après que cette lettre eut été écrite, le 5 février 1943, le Comité de contrôle des artistes de guerre canadiens à Ottawa recommanda la nomination de Fisher comme artiste de guerre officiel. Mais tout ne baignait pas encore dans l'huile. En septembre 1943, l'artiste était prêt à se rendre en Angleterre lorsque le haut-commissaire du Canada à Londres, Vincent Massey, écrivit à McCurry pour lui dire que son comité consultatif et lui ne pensaient pas que Fisher était "compétent pour s'acquitter des tâches proposées " . (5) L'évaluation de Massey se basait sur des reproductions d'oeuvres de l'artiste qui lui avaient été envoyées. La section historique de l'armée à Ottawa répondit que " ses talents justifiaient son emploi ". (6) McCurry, le président du Comité de contrôle des artistes de guerre à Ottawa, soutint la nomination faite en février par son comité, et, malgré les réserves de Massey, Fisher gagna l'Angleterre. Nous ne saurons probablement jamais s'il savait à quel point il avait bien failli ne pas atteindre son but déjà vieux de quatre ans. Qu'il suffise de dire que l'énergie et le dévouement qu'il avait déployés pour devenir artiste de guerre servaient maintenant à réaliser des oeuvres d'art militaire qui représentaient non seulement les réalisations des Canadiens, mais faisaient progresser son art. À la fin, il avait renversé les opinions négatives de 1943.