Jeudi, 28e jour de février 1754
Ce jeudi, aucune information
ne fut portée au journal de bord par Jean Marin Le Roy.
Nous présumons que le capitaine Bellet procéda
à son enquête à la suite de la fugue du
novice Jacques Philippe. La désertion d'un pêcheur,
ou même d'un novice, impliquait des coûts, à
commencer par l'enregistrement de la plainte au greffe de
l'amirauté, et ce n'était que le début
d'une poursuite qui pouvait traîner en longueur. Mais,
outre ce défi à l'autorité et le bris du
contrat d'un apprenti en quelque sorte envers son maître,
ce qui devait particulièrement agacer le capitaine
c'était la perte des avances versées : loyer
et pot de vin. Ce dernier était une sorte de pourboire
irrécupérable versé inconditionnellement
à la signature du contrat. À Honfleur,
l'engagement était au tiers franc. Les officiers comme
les pêcheurs, et même les novices, recevaient avant
leur départ un loyer, c'est-à-dire une sorte de
prêt sur le tiers du produit de la pêche. Cependant,
au retour, si le bénéfice était insuffisant
pour couvrir les avances, les pêcheurs devaient rembourser
et même payer des intérêts sur la somme
déficitaire 55.
Si l'un d'eux désertait avant la campagne, le capitaine
se voyait floué.
Vendredi, 1er jour de mars 1754
Vers 3 heures de l'après-midi, le capitaine est
allé à terre à bord de la chaloupe avec
4 hommes à la recherche d'un pilote pour descendre la
Seudre. Il est revenu avec un lamaneur vers 7 heures du soir.
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