« Il y avait un poêle à charbon dans la
cuisine et un dans le salon. Et on ne pouvait pas les faire
marcher toute la nuit. Souvent, quand on se levait le matin,
l'eau était gelée dans la bouilloire sur le
poêle. »
(Olive Pope, Grand Bank, baie de Fortune)
« On prenait les repas... c'était comme un rite. Le
samedi, on avait de la soupe aux pois, des biscuits au gingembre et
puis, pour le souper, c'était un pâté aux patates
et au porc. Et puis le vendredi, c'était du poisson et des
patates et le jeudi, du chou, des patates, des navets etc... et
peut-être des pois cassés ou du pouding. Et le mercredi,
c'était encore le tour du poisson... Je sais que le lundi,
chez ma mère, on servait toujours des patates, des navets...
[Le dimanche] On mangeait peut-être des patates, des
navets, du porc salé, de la viande salée. Pas comme
dans le temps... dans le temps, ce n'était pas un vrai samedi
si on n'avait pas son pâté au porc. »
(Mme Alice Forsey, Grand Bank, baie de Fortune)
ontrairement au salon
qui était réservé aux occasions
spéciales ou formelles, et à la chambre qui
était l'endroit le plus privé de la maison, la
cuisine était un endroit très public et très
occupé. Il était coutume d'entrer dans la cuisine
sans frapper à la porte.
Puisque les femmes passaient une grande partie de leur temps
dans la cuisine, y effectuant toutes sortes de tâches,
cette pièce était considérée comme
le domaine des femmes. Parmi les travaux essentiels qu'on y
accomplissait il faut noter la préparation des repas,
la lessive, le filage et les travaux de couture. Entre les
saisons de pêche, durant les périodes de froid
intense et quand les soirées étaient longues, les
hommes venaient quelquefois s'installer dans la cuisine pour
réparer leurs filets. À la fin du
dix-neuvième siècle, le poêle était
devenu l'objet le plus important dans la cuisine de la plupart
des familles de pêcheurs.
Il ne fallait pas négliger le confort et on posait sur
les planchers de la cuisine, des couloirs, des chambres et des
salons des tapis crochetés. Normalement, les femmes
fabriquaient ces tapis à l'aide de cadres et de crochets
fabriqués par les hommes. On mettait de côté
les sacs de nourriture pour animaux ou de biscuits de mer et on
s'en servait pour le revers du tapis. La trame du tissu des
sacs de jute était assez serrée pour tenir les
minces bandes de tissus qui étaient tissées pour
former les poils du tapis. On pouvait se procurer des patrons
pré-imprimés ou "étampés" et les
femmes se les passaient de l'une à l'autre en effectuant
des modifications au dessin original.
Les maisons et les dépendances étaient
généralement construites par les pêcheurs
eux-mêmes, aidés par leurs amis et voisins. À
la fin du dix-neuvième siècle, la majorité
des maisons dans les villages côtiers de Terre-Neuve avaient
deux étages. Au rez-de-chaussée, il y avait
d'habitude un porche arrière, une cuisine et un salon ou
salle de séjour et au premier étage il y avait
plusieurs chambres. On entrait directement dans la maison par le
porche arrière, entrée habituelle de la maison.
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