La salle du Canada


Le chantier naval

La construction navale a constitué une importante activité économique dès les premiers jours de la colonisation. Plutôt d'envergure modeste, les premiers bateaux étaient utilisés par les pêcheurs et les corsaires. Ce n'est pas avant le XIXe siècle, avec l'amélioration de la technologie et l'importance accrue du commerce maritime, que l'on commença à construire des navires plus rapides et d'un plus gros tonnage. De 1850 à 1870, période considérée comme «l'âge d'or de la voile» au Canada, la flotte canadienne devint la quatrième en importance de toutes les marines marchandes du monde, après la Grande-Bretagne, les États-Unis et la Norvège.

Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, les navires marchands sillonnaient l'Atlantique, transportant des produits d'ici tels que du bois, du poisson, des produits agricoles, du tabac et des produits manufacturés ainsi que du coton américain. On importait le charbon, le coke, la fonte grise, le cuivre, la porcelaine et les articles de luxe, d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Orient. Le Canada se voyait aussi offrir d'autres débouchés à la suite de la décision de la Grande-Bretagne d'interdire aux navires américains l'accès aux Antilles britanniques. Ainsi, les navires canadiens importaient en Amérique du Nord des produits exotiques comme du bois précieux, du café, du sucre, de la mélasse et du rhum et exportait des produits canadiens comme du bois d'oeuvre et du poisson séché, fumé ou mariné.


Équipage de l'Agnes Sutherland

La vie du marin à bord des navires gréés au carré était rude et pleine de dangers. Il devait accepter les longs séjours loin de sa famille, les maigres récompenses financières, ainsi que les risques de rapt et de désertion. La vie en mer offrait également aventure, voyages et possibilités de promotion. Les nouveaux membres d'équipage avaient beaucoup à apprendre et à experimenter avant d'être aptes à bien faire leur travail. L'isolement, conjugué aux mystères de l'océan, a donné naissance à un riche folklore, qui se répandait dans toutes les couches de la société des Maritimes.

Le bateau en construction est une goélette (en anglais seulement) à trois mâts, type de bateau construit en Nouvelle-Écosse dans les années 1870 et 1880. On ne peut voir qu'une petite partie de la coque. À ce stade de la construction, le bateau est bordé; c'est-à-dire que l'on a ajouté des planches à l'intérieur. Pour fixer les planches à la coque, on a percé des trous dans les membrures à l'aide d'une tarière, puis on a enfoncé de grandes chevilles en bois et des pointes en métal au moyen d'un maillet de bois très lourd. Les interstices entre les planches ont été bouchés avec de l'étoupe faite de chanvre et de poix. Pour étouper, on se servait d'un maillet et de fers à calfater s'apparentant à de larges ciseaux.

La plupart des navires construits sur la côte atlantique canadienne étaient faits en bois tendre tel que l'épinette ou le pin blanc. Ces navires étaient moins solides que les navires américains ou britanniques faits en chêne, mais ils coûtaient moins cher. Entre les années 1820 et les années 1880, les progrès techniques dans le domaine de la construction navale doublèrent la durée de vie des navires, rendant les bateaux canadiens plus attrayants. La construction navale procura des emplois et stimula tous les secteurs de l'économie entraînant l'apparition d'entreprises secondaires qui fournissaient les pièces indispensables.

À la fin du XIXe siècle, le boom de la construction navale dans les Maritimes prit fin, et la flotte canadienne n'occupa plus que le dixième rang mondial. Les facteurs ayant contribué à cet état de fait sont nombreux et complexes : chute des prix mondiaux des ressources primaires, surexploitation des réserves forestières, manque d'argent pour construire des paquebots à coque d'acier, concurrence des industries liées aux ressources naturelles, et politiques gouvernementales favorisant le transport continental des marchandises par chemin de fer.

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