Après la Conféderation, les villes se sont développées rapidement en Ontario. Si chaque ville avait son caractère particulier, elle n'en suivait pas moins un modèle commun où les boutiques se mêlaient aux logements (en anglais seulement) et à l'industrie légère. En 1885, presque trois cents agglomérations canadiennes comptaient au moins 1000 habitants. C'est dans le sud de l'Ontario que l'urbanisation (en anglais seulement) a été la plus sensible, et de nombreuses petites villes y ont surgi aux alentours des grandes cités.
Cette rue d'une petite ville ontarienne prospère, autour de 1885, illustre toutes les manifestations de la vie victorienne (en anglais seulement). L'opulence de villes comme celles-ci reposait en partie sur les innovations techniques. La mécanisation accrue des industries manufacturières accéléra la production et réduisit le coût de maints articles. De plus, le chemin de fer, tout juste terminé, permettait d'ouvrir de nouveaux marchés intérieurs et extérieurs et on pouvait à présent se procurer de nombreux articles de luxe importés comme ceux des vitrines du magasin. L'apparition dans les villes des systèmes d'égout, de l'eau courante, de l'éclairage des voies publiques, des trottoirs, des rues goudronnées y éleva le niveau de vie et rehaussa la fierté.
Et cette fierté était surtout manifeste chez la classe huppée à laquelle appartenaient les commerçants, les banquiers et les entrepreneurs. Ils finançaient des projets qui concouraient au prestige de la ville et au développement économique de la région. Certaines villes rayonnèrent, mais la plupart conservèrent une vocation locale.
La boutique de la modiste et le magasin de faïencesLes articles exposés dans les vitrines montrent les tendances de la mode. Dans le magasin de faïences, il y a de nombreux articles importés d'Europe (notamment de Grande-Bretagne). On trouve parmi eux une cruche à eau rouge et ses gobelets ornés d'un orignal, une saucière en verre en forme de canot, un plat et des assiettes sur lesquels sont dessinées des espèces de poissons, et un plat de service illustrant les chutes du Niagara. À côté des services à thé en porcelaine et de la vaisselle pour les grands repas figurent des objets de tous les jours comme un pot à eau, une cuvette et un crachoir. Il y a aussi dans la vitrine des objets décoratifs tels qu'un petit buste d'époque du premier ministre Sir John A. Macdonald et un vase en porcelaine blanche ressemblant à du marbre. |
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Près du magasin de faïences se trouve une boutique de
modiste et d'articles de
nouveautés. On y vend des chapeaux de femmes ainsi que des
accessoires tels que de la dentelle, des rubans, des plumes, des gants,
des éventails et des ombrelles. À l'époque, les
vêtements de femmes comportaient des tournures, des ruches, des
volants, de la dentelle, des perles et autres ornements. Une robe de
femme, agrémentée de tous ces accessoires, pouvait peser
cinq kilos. Les chapeaux étaient souvent somptueusement
ornés de fleurs, de plumes d'oiseaux exotiques et d'animaux
empaillés. On pouvait aussi se procurer, dans les petites
localités, des rubans et de la dentelle faits à la machine,
ainsi que d'autres articles importés, grâce à
l'amélioration des méthodes de distribution.
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L'atelier de l'ébéniste
L'atelier de l'ébéniste illustre les progrès accomplis
dans le secteur manufacturier. L'atelier devait se trouver à
l'arrière du magasin. Les machines fonctionnant à la vapeur
et à l'aide de courroies de transmission étaient
actionnées par des ouvriers spécialisés dans la
fabrication d'un élément particulier. Une chaise pouvait
passer ainsi entre les mains de six ouvriers avant d'être
achevée. La mécanisation se généralisant,
l'ébéniste a passé d'artisan à
commerçant ou chef d'entreprise. Il vendait également des
meubles faits à l'étranger et dans les grands centres urbains
de même que des articles plus petits tels que des cadres de tableaux,
des miroirs et des tapis. Le cercueil d'enfant exposé dans la
vitrine indique que l'ébéniste faisait souvent fonction
d'entrepreneur des pompes funèbres de la localité.
Les machines utilisées dans les manufactures étaient
dangereuses car elles ne comportaient aucun mécanisme de
sécurité. Les produits manipulés dans les usines
étaient souvent nocifs, et le manque d'aération ainsi que
les conditions insalubres aggravaient le problème. Les ouvriers
étaient mal rémunérés et travaillaient de
longues heures, et ils n'étaient pas indemnisés en cas
d'absence pour cause de maladie ou de blessure. Les travailleurs demandaient
parfois de l'aide à des organisations telles que celles des
francs
maçons (en anglais seulement) ou des orangistes
quand ils se trouvaient dans l'incapacité de travailler.
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