Le long du fleuve Saint-Laurent, les fermes ne ressemblaient en rien à celles de l'Acadie. À partir de 1634, les fermes étaient désignées selon le système seigneurial, où les concessions de terre, ou seigneuries, étaient distribuées à tous ceux qui pouvaient attirer des colons. Une seigneurie typique mesurait 1 x 3 lieues (ou 5 x 15 km) et était divisée en de longs et étroits lots faisant face au fleuve. Ces terrains étaient semblables à ceux que l'on trouvait autour des fermes de Normandie d'où la plupart des colons étaient originaires. Ils convenaient parfaitement à la vallée du Saint-Laurent car chacun d'entre eux accédait directement au fleuve et aux routes qu'il fallait emprunter pour aller au marché. La proximité du voisinage diminuait le sentiment d'isolement et permettait aux gens de s'adapter à leur nouveau pays.
Les fermes avaient des activités hautement diversifiées. Elles produisaient de la nourriture pour la famille, et on vendait le léger excédent dans les marchés de la région. Le blé, denrée essentielle, fournissait la farine pour le pain, nourriture de base en Nouvelle-France. On l'alternait avec l'avoine, le maïs, l'orge et le tabac. Il y avait aussi des potagers et des arbres fruitiers. Le cheptel comprenait les cochons, les bovins, les chevaux, les moutons, les chèvres et la volaille. Les familles d'agriculteurs, cependant, ne pouvaient pas subvenir totalement à leurs besoins. Les agriculteurs fabriquaient des outils rudimentaires, des vêtements faits avec de la laine et du lin filés à la maison et des peaux traitées à la main, mais pour les autres articles, ils dépendaient des artisans locaux tels que les forgerons et les tonneliers.
La maison de ferme que l'on voit est typique de l'époque
de la Nouvelle-France. Le toit en pente empêchait la neige
de s'accumuler et les murs étaient enduits de crépi
et blanchis à la chaux pour éviter le pourrissement
des billes équarries. Une maison de ferme de dimension
moyenne mesurait 8 x 6 m et avait habituellement un toit en
chaume ou en bardeaux de cèdre. À
l'intérieur, il y avait normalement une ou deux
pièces séparées au beau milieu par un foyer
utilisé pour la cuisson et le chauffage. On fabriquait les
meubles à la main et on accrochait souvent des objets
religieux sur les murs.
Nous sommes probablement en automne ou en hiver. On réparait généralement les meubles après la moisson, et le fait que l'on confectionne et raccommode des vêtements signifie que l'hiver se prépare.
Les habitants
de la vallée du Saint-Laurent
et les Acadiens possedaient un
mobilier semblable à celui en usage en France. Ils importaient
généralement de France leurs poteries d'étain
ou de terre ainsi que leurs ustensiles de cuisine. Les Acadiens
ont souvent l'occasion d s'approvisionner auprès des marchands
ambulants qui viennent des colonies
britanniques du Massachusetts et de New York. Les cultivateurs de la
Nouvelle-France jouissent
d'une
vie plus facile que leurs homologues de la mère patrie.