Quêtes et songes hyperboréens |
Les Paléoesquimaux de culture dorsétienne commencèrent alors à occuper des maisons hivernales construites de pierre et de mousse. L'usage de lampes à l'huile qui ne dégageaient pas de fumée pour la cuisson et le chauffage, au lieu d'un feu, leur a permis de construire des habitations qui étaient plus hermétiquement fermées et isolées qu'antérieurement. Les maisons dorsétiennes étaient relativement grandes et rectangulaires, chaque côté mesurant habituellement entre quatre et cinq mètres. Les fondations étaient creusées de dix à cinquante centimètres dans le sol sec ou dans le gravier pour assurer l'isolation et la protection contre les vents. On érigeait les murs en utilisant les matériaux excavés du plancher de la maison, et de grosses pierres et des blocs de mousse servaient d'isolant thermique. Les toits étaient probablement recouverts de peaux soutenues par des pieux de bois flotté, et toute la maison était probablement recouverte de neige pour compléter l'isolement. L'arrangement intérieur d'une telle maison semble avoir imité celui de l'habitation paléoesquimaude antérieure, comportant un couloir central pavé et bordé de dalles de pierre séparant les aires d'activités et de couchage de part et d'autre de la maison. Cependant, au lieu du foyer qui se trouvait au centre de la maison paléoesquimaude antérieure, les maisons dorsétiennes avaient un emplacement central pour une lampe à l'huile.
La reconstitution d'une maison dorsétienne récente qu'on voit dans l'exposition repose sur un site archéologique récemment fouillé sur la côte occidentale de l'île d'Ellesmere. Le site remonte à environ 1000 apr. J.-C. et comporte une seule habitation. La fouille du site a mis au jour un plancher dallé, un couloir central délimité par des dalles de pierre placées verticalement et un foyer bordé par des pierres pour y asseoir une marmite. Parmi les objets récupérés sur le plancher de la maison se trouvait une petite tête humaine sculptée à laquelle on avait incorporé des dents en ivoire.
Une petite cache recouverte de grosses pierres à proximité de l'habitation servait à mettre une provision de viande congelée hors de la portée des renards et des loups. Une structure extérieure était plus intéressante : un petit foyer à quelques mètres de la maison était généreusement saupoudré d'ocre rouge, poudre minérale que les Dorsétiens semblent avoir utilisée lors d'activités religieuses. Dans le foyer se trouvait un petit objet ressemblant à une spatule dont une extrémité est sculptée en forme de tête d'eider. On ignore à quoi servait ce foyer, mais on soupçonne qu'il devait se trouver au centre d'un rituel religieux pratiqué par les occupants de la maison.
L'environnement sec et froid de l'Arctique, et le pergélisol, constituent un milieu idéal pour la conservation des objets et d'autres témoignages. La plupart des sculptures que vous verrez dans l'exposition proviennent de sites archéologiques tel que celui qui a été reconstitué ici.