Quêtes et songes hyperboréens

La disparition des Dorsétiens



1) Inuit
2) Terre indiennes du Nord
3) Culture dorsétienne
4) Colonies noroises

La culture dorsétienne a pris fin au moment où les Dorsétiens habitaient la région la plus étendue qu'ils avaient jamais occupée, produisaient une grande quantité de sculptures et d'autres œuvres d'art, et construisaient de grandes maisons longues. Comment pouvons-nous expliquer cette disparition apparemment rapide et totale d'un mode de vie qui avait survécu pendant plus de 3000 ans?

Vers 1000 apr. J.-C., au cours d'une période de quelques siècles, le climat de l'Arctique s'est réchauffé de façon significative, devenant plus chaud qu'il n'avait jamais été depuis le développement de la culture dorsétienne. Des étés plus chauds auraient provoqué des changements dans les déplacements des animaux dont les Dorsétiens dépendaient. Ils auraient aussi entraîné des changements rapides et imprévus dans la quantité et la distribution des glaces et des nappes d'eau. La perturbation de leurs stratégies de chasse et la rupture des itinéraires de voyage ont dû engendrer des privations et même de la détresse dans plusieurs petites communautés dorsétiennes de l'Arctique.

MCC S95 32587; CD97-320-071
Figure humaine
Ivoire
Thuléen Inuit
Golfe de Coronation

Au même moment, peut-être stimulés par le réchauffement du climat et l'accroissement des nappes d'eau, d'autres peuples commencèrent à apparaître dans le territoire dorsétien. De nouveau, des groupes indiens colonisèrent Terre-Neuve et la côte forestière du Labrador. Les Scandinaves établirent des colonies au Groenland et firent des visites occasionnelles dans l'Arctique oriental. Depuis l'ouest, les ancêtres des Inuit migrèrent de l'Alaska jusqu'au cœur du territoire dorsétien.

Un environnement en mutation, la poussée des Indiens, des Inuit et des Européens, et peut-être l'introduction de maladies contre lesquelles les Dorsétiens isolés n'avaient aucune immunité, ont dû placer un stress énorme sur la petite population indigène de l'Arctique canadien. Il est tentant de supposer que l'accroissement de l'activité artistique des Dorsétiens récents correspond à des efforts de leur part pour utiliser des moyens religieux et magiques dans l'espérance de contrôler un environnement de plus en plus imprévisible.

Même si les Indiens ont de nouveau occupé Terre-Neuve et le sud du Labrador, ils n'étaient pas attirés par la toundra du nord. Les Scandinaves ont occasionnellement visité l'île de Baffin et le Labrador, et ont dû commercer occasionnellement avec les Dorsétiens, mais ils ne quittèrent jamais leurs colonies agricoles situées sur la côte sud-ouest du Groenland. Pour les Inuit de l'Alaska, cependant, une période de réchauffement climatique et un accroissement des nappes d'eau a transformé l'Arctique oriental en une région alléchante où il semblait faire bon chasser et vivre.

MCC S95 32631; CD97-321-015
Tête de harpon pour la chasse à la baleine
Os de baleine
Thuléen Inuit
Île Devon

Les Inuit ont apporté avec eux de l'Alaska les outils et les armes de leur culture sophistiquée de chasse marine, qui s'était développée dans les eaux généreuses de la mer de Béring. Capables de chasser des animaux aussi gros que la baleine franche, la plus grosse créature des mers arctiques, les Inuit pouvaient nourrir des communautés beaucoup plus grandes que ne pouvaient le faire les Dorsétiens. Ces communautés étaient extrêmement mobiles, voyageant en été dans de grandes embarcations recouvertes de peaux de dix mètres ou plus de long, et en hiver dans des traîneaux tirés par des attelages de chiens bien nourris. Les Inuit ont eu peu de difficulté à occuper rapidement tout l'Arctique, et ont ainsi contribué à la disparition des Dorsétiens.

Les Dorsétiens ne contribuent plus à l'enregistrement archéologique à partir d'environ 1200 à 1500 aprs. J.-C. Leur disparition est bien expliquée dans les traditions historiques des Inuit, dont les ancêtres avaient observé les dernières générations de Paléoesquimaux :

«Les Tunit constituaient un peuple fort, mais timide et facile à effaroucher. On ne dit rien de leur envie de tuer.»

Inuit netsilik, 1923


«Les Tunit constituaient un peuple fort, et pourtant ils furent chassés de leurs villages par d'autres qui étaient plus nombreux, par beaucoup de gens d'une grande ascendance. Ils aimaient tellement leur pays qu'en abandonnant Uglit un homme harponna des pierres et les fit éclater comme des morceaux de glace, en geste d'amour désespéré pour son village.»

Ivaluardjuk, Igloolik, 1922

Une bande vidéo à la fin de l'exposition présente des traditions historiques concernant les Tunit, selon les dires de cinq aînés inuit de la communauté de Cap Dorset.

MCC S95 32633

Couteau à neige
Ivoire
Thuléen Inuit
Île de Baffin

Même si le mode de vie dorsétien disparut de l'Arctique, il n'est pas certain que les Dorsétiens furent exterminés sans laisser de traces de leur patrimoine physique ou culturel che les Inuit qui les remplacèrent dans la plus grande partie de l'Arctique nord-américain. Si la société des anciens Inuit ressemblait à celle de leurs plus récents descendants, il semble très plausible que quelques membres de la population dorsétienne aient été incorporés comme individus dans les communautés inuit. Pendant les générations où les deux groupes furent en contact, il a dû se présenter beaucoup d'occasions où une femme tunit a été persuadée de devenir la femme d'un Inuk, ou enlevée à sa famille, et où les enfants étaient donnés ou pris en adoption. Dans de telles situations, les Paléoesquimaux ont dû contribuer à l'héritage biologique de la population inuit; plusieurs Inuit de nos jours peuvent probablement faire remonter une petite proportion de leur hérédité à leurs ancêtres tunit.

Quelques éléments de la culture dorsétienne ont peut-être survécu parmi les Inuit. En fait, il semble très possible que les deux symboles les plus distinctifs da la culture inuit, L'inukshuk (cairn formé de grosse pierres) et la maison de neige en forme de dôme aient été développés par les Dorsétiens et transmis aux nouveaux héritiers de l'Arctique.

Une exposition d'objets qui appartenaient aux anciens Inuit illustre la différence frappante qui existait entre les technologies et les traditions artistiques des Inuits et des Dorsétiens. En dépit de cette distinction, plusieurs objets manifestent des similarités intrigantes. Une forme de tête de harpon, un faucon sculpté sur ivoire, et un petit disque en ivoire témoignent de la continuité des éléments dorsétiens dans la culture des anciens Inuit.

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