Quêtes et songes hyperboréens |
Vers 500 apr. J.-C., le mode de vie dorsétien a changé. Les établissements se sont multipliés dans plusieurs régions, et les Dorsétiens ont occupé certains endroits dans l'Arctique central et le Haut Arctique qui semblent avoir été abandonnés pendant plusieurs générations. De nouveaux styles d'objets ont fait leur apparition. L'uniformité de ces objets indique que des déplacements ont eu lieu entre des endroits éloignés et que la communication a été soutenue dans tout le territoire dorsétien. C'est la période que les archéologues nomment le Dorsétien récent, une période qui est aussi fascinante que difficile à comprendre.
Les Dorsétiens récents ont sculpté beaucoup plus de petites figures et d'objets rituels que leurs ancêtres. Dans certains sites, on compte en fait plus de sculptures que de têtes de harpons et de couteaux, objets pourtant très utilitaires. La majorité des sculptures présentées dans cette exposition proviennent des fouilles d'établissements du Dorsétien récent. Comme on le verra dans la section suivante, les Dorsétiens récents semblent avoir connu un stress environnemental et social au cours de cette période. La floraison de l'art, et probablement des activités religieuses et magiques auxquelles l'art était associé, était peut-être une mesure pour contrer les nouveaux dangers qui menaçaient l'univers dorsétien.
Un autre trait remarquable du Dorsétien récent se manifeste dans la construction de grandes «maisons longues» en pierre, structures rectangulaires allongées et délimitées par de grosses pierres ou des dalles de pierre sur chant qui étaient renforcées. La plupart ont de six à sept mètres de largeur, et elles varient en longueur de dix à quarante-cinq mètres. Les murs ont environ un mètre de haut et semblent avoir servi de murs symboliques plutôt que de murs conçus pour fournir une protection ou soutenir le toit. En fait, on devrait considérer les maisons longues dorsétiennes plutôt comme des enceintes. Peut-être que chaque famille érigeait sa tente à l'intérieur de l'enceinte, qui fournissait une frontière symbolique et marquait les liens communaux unissant les familles d'une bande locale.
La préparation de la nourriture semble aussi avoir été une activité communale dans les communautés de maisons longues. Des rangées de foyers de cuisson se trouvent à l'extérieur des enceintes; leur construction forme souvent une longue ligne pavée de dalles. Parfois ces rangées sont directement contre un mur extérieur de la maison longue, et parfois les foyers sont à quelque distance de la structure principale mais forment une ligne dont la longueur est égale à celle de l'enceinte.
Les ruines des enceintes des maisons longues dorsétiennes sont parmi les ruines archéologiques les plus impressionnantes des régions arctiques. On les trouve abandonnées sur des plages isolées, leurs rangées de foyers de cuisson nettoyées du charbon de bois et des cendres par l'eau, entourées d'os animaux et de petites sculptures. Servant d'endroits pour les célébrations communales, ou peut-être d'endroits où les bandes locales pouvaient se réunir dans des moments de crise, les énormes structures qui parsèment les plages de l'Arctique canadien ont dû être des symboles puissants dans la culture des petites communautés dorsétiennes. Le modèle qu'on voit dans cette section de l'exposition montre les ruines d'une structure de maison longue située sur la côte de l'île Victoria, dans l'Arctique central.
De l'autre côté du corridor, un cairn représente une autre forme de construction dorsétienne. Selon l'histoire traditionnelle des Inuits, les Tunit, soit les Dorsétiens, on été les premiers à construire de telles structures :
«Les Tunit ont rendu notre pays habitable. Ils ont élevé des rangées de cairns qui guident les caribous vers les lieux de passage de rivières où les chasseurs les piègent et les tuent. Ils ont aussi installé des barrages à poisson dans les rivières.»
Inuit netsilik, 1923 |