Il est nécessaire de commenter l'usage du mot "Esquimau" dans
Paléoesquimau. Je suis d'accord avec l'observation "...que les
Dorsétiens parlaient une vieille variation de la langue
esquimaude"
(Taylor 1968a : 9), une
opinion supportée par les traditions orales des Inuits, plus
communément appelés Esquimaux, qui affirment que les
Tunits (Dorsétiens) parlaient la même langue qu'eux
(Rasmussen 1931 :
113-114). D'autres ne sont pas aussi enclins à accepter cette
affirmation (e.g.
McGhee 1996 : 41).
Au cours de la grande partie de la Période IV (1 000 avant
J.-C. à 500 après J.-C.), l'arctique oriental a
été affecté par un refroidissement qui a
débuté vers 2 000 avant J.-C. Le plus grand impact
que le refroidissement du climat a eu sur les gens s'est manifesté
par la manière avec laquelle il a influencé les conditions
des banquises et les plans d'eau restreints, appelés polynas,
où des concentrations de mammifères marins auraient
été disponibles.
Le Paléoesquimau moyen est utilisé comme une rubrique
pour tous les complexes régionaux composant la tradition des
Outils microlithiques de l'arctique remontant à 1 000
avant J.-C. et 500 après J.-C. Ceci implique une occupation
qui s'étend du delta du fleuve Mackenzie dans l'ouest jusqu'au
Groenland dans l'est, au nord de l'île d'Ellesmere et au sud
jusqu'à l'île de Terre-Neuve. Une telle distribution
d'occupation englobe une envergure est-ouest de 3 000 km et
une envergure nord-sud approchant 4 000 km
(Taylor 1968a : 6).
Étant donné la variabilité de la topographie,
des ressources fauniques et des conditions des banquises dans toute
cette énorme étendue de terre et de mer, une
variabilité culturelle considérable est
inévitable, mais toujours dans le cadre d'un modèle
culturel généralement partagé. Dans le but
d'identifier la variabilité culturelle régionale
chez le Paléoesquimau moyen, le complexe local
impliqué sera spécifié. Le terme "sous-culture"
pour de tels complexes a été utilisé
antérieurement, mais est discontinué ici comme une
source inutile de confusion potentielle. Des banques de
données plus amples sont requises pour évaluer les
relations mutuelles de ces complexes et indubitablement il y aura
des changements significatifs de classification dans l'avenir. Par
exemple, chaque complexe est indubitablement composé de
plusieurs communautés indépendantes qui auraient eu
leur propre nom pour eux-mêmes et un sens clair de leur
identité propre. Une telle fluidité classificatoire
ne peut pas et ne devrait pas être évitée dans
une discipline à base de données comme
l'archéologie. À titre de discipline dont les
classifications sont basées sur des processus culturels,
plutôt que sur des lois de génétique ou de
physique, l'archéologie se voit forcée d'établir
les classifications requises au contrôle d'une masse de
données tout en étant conscient que la
réalisation de ces données est toujours
incomplète et doit être ajustée avec l'obtention
de renseignements nouveaux. Un intérêt croissant dans
les problèmes de la classification archéologique de
l'arctique devrait résoudre quelques-unes des
difficultés récurrentes de classification, notamment
l'assignation du même site à différents
complexes par divers chercheurs.
En plus des complications engendrées par les liens
susceptibles d'exister entre les variantes régionales
du Paléoesquimau moyen, l'enregistrement
révèle que plusieurs différentes
migrations ont eu lieu à différents endroits
à des époques différentes. Les
antécédents du complexe de Groswater du
Paléoesquimau moyen dans le nord du Québec, au
Labrador et à Terre-Neuve, par exemple, ont
été dérivés de
développements culturels de l'île d'Ellesmere
et du Groenland voisin. La colonisation de la région
de la baie d'Hudson, par contre, a été faite
par des populations provenant de l'ouest dans bassin de
Foxe.
Le Paléoesquimau moyen descend du Paléoesquimau
ancien de la Période III (4 000 à 1 000
avant J.-C.). La controverse entourant la transition du complexe
pré-dorsétien au complexe dorsétien continue
à la Période IV. Par exemple, on discute encore
pour savoir quand exactement et comment le complexe
pré-dorsétien est devenu le complexe
dorsétien. Ici la période de la transition du
Pré-Dorsétien au Dorsétien est inclue
dans le Paléoesquimau moyen et, ainsi, débute
à 1 000 avant J.-C. plutôt que 500 ans plus
tard comme plusieurs l'avancent pour le début du
Dorsétien
(McGhee 1996). La
différenciation des deux complexes a été
principalement basée sur la présence ou
l'absence de certains éléments
archéologiques, avec une emphase claire placée
sur les différences plutôt que les
similarités. Plusieurs assomptions de nature douteuse
ont été faites concernant les relations entre
les deux complexes, notamment la suggestion que les
Paléoesquimaux anciens avaient l'arc et la flèche
mais que les Paléoesquimaux moyens ont abandonné
ce système d'armes. Une autre hypothèse veut que
tous les Paléoesquimaux aient manqué de moyens
techniques pour capturer les grands mammifères marins
à partir d'embarcations. Cette opinion semble se fonder
principalement sur l'absence d'attirail spécialisé
dont les Inuits plus récents se sont servis pour la
chasse aux mammifères marins et qui ont survécu
dans l'enregistrement. Des restes de grandes baleines sont
occasionnellement récupérés de sites du
Paléoesquimau moyen mais sont présumés
avoir été le résultat de gens qui
dépeçaient les carcasses des baleines
échouées. La précision de cette
hypothèse a été remise en question par
l'enregistrement de chasse aux grandes baleines à la
fin de la Période III dans le site du complexe de
Saqqaq de Queqertasussuk dans l'ouest du Groenland
(Grønnow 1994 :
Table 1). Il est nécessaire d'accepter le fait que les
éléments des anciennes technologies sont
invisibles en archéologie. Il n'y a aucun doute
qu'une dépendance eu égard à la riche
documentation ethnographique de la technologie et du mode
de vie des Inuits a influencé les
interprétations de la technologie des
Paléoesquimaux, spécialement quand elle
dévie du modèle inuit. Une telle
hypothèse étroite renferme plusieurs
pièges.
Une différence majeure entre le Paléoesquimau
ancien de la Période III et du Paléoesquimau moyen
de la Période IV a été l'abandon par ces
derniers de territoires autrefois occupés dans
l'intérieur du nord de l'Alaska et des barrengrounds
des districts du Keewatin et du Mackenzie dans les territoires
du Nord-Ouest
(McGhee 1987). Ce
changement de stratégie d'établissement loin dans
l'intérieur indique des activités réduites
sur la chasse au caribou et une concentration sur la chasse aux
mammifères marins. En fait, on considère que la
transition vers le complexe dorsétien a
découlé directement d'une adaptation aux avantages
que présentait une banquise plus étendue suite au
changement de climat.
Une hypothèse qui se situe au cur de
l'archéologie de l'arctique oriental durant la
Période IV, et plus tard, correspond au concept selon
lequel une région-noyau comprenant le détroit
d'Hudson, le bassin de Foxe et la région de l'île
de Baffin, aurait été occupée de
façon ininterrompue et aurait servi de relais pour les
migrations des gens vers des régions plus
éloignées ainsi que d'une place où se
retirer dans des situations défavorables. Alors que
le concept a encore une certaine utilité, il semple
être une simplification exagérée des
événements. D'autres régions qui
revêtaient le caractère de noyau, notamment
l'extrême arctique et le nord du Groenland, le Labrador
et l'arctique central, ont existé pour des
périodes considérables de temps et ont interagi
les unes avec les autres autant que la prétendue
région-noyau. Mais l'intensité de l'interaction
a été variable. Par exemple, il semble maintenant
que les premiers Paléoesquimaux moyens du Labrador et de
Terre-Neuve avaient plus en commun avec les gens de
l'extrême arctique, voisin du Groenland, que la plus
grande partie de la côte québécoise n'en
avait avec les gens de la zone-noyau proprement dit.
La tradition des Outils microlithiques de l'arctique
(Irving 1957), dont le
Paléoesquimau moyen représente un segment dans
la branche orientale de la tradition, a été bien
nommée. Les outils en pierre ont une taille
typiquement minuscule et se conforment de manière
exceptionnellement conservatrice à des modèles
stylistiques culturellement approuvés. Les outils
étaient façonnés avec un soin
méticuleux. On compte une grande variété
de burins, la plupart comportant un tranchant poli contrairement
aux instruments de la Période III dont le tranchant
était obtenu par coup de burin. Les burins semblent avoir
servi une grande variété de fonctions : couper,
creuser, graver et, comme ils étaient toujours
façonnés de pierre très dure comme le chert
et la néphrite, étaient idéalement
appropriés pour le façonnage d'instruments et
d'ornements en ivoire, en andouiller et en os. Les microlames
peuvent ne pas être présentes ou abondantes dans
les sites du Paléoesquimau moyen. Dans les sites
comportant des conditions favorables à la conservation du
bois, on a trouvé des microlames emmanchées dans
des manches en bois. Leur fonction principale aurait
été de servir de couteaux pour couper les peaux
en vue des vêtements et pour trancher la viande. On croit
généralement que les pointes ont pu avoir
armé les têtes de harpon à tête
basculante plutôt que le fût des flèches mais
cette hypothèse est douteuse. Les armatures
latérales en pierre taillée ont été
insérées dans des fentes dans le côté
des lances en os et en andouiller, les harpons et,
occasionnellement, les flèches. Les pointes et les
couteaux en ardoise polie se généralisent et sont
fréquemment encochés latéralement comme
plusieurs pointes en pierre taillée. Il y a une grande
variété de formes de grattoirs, de couteaux, et
d'herminettes en pierre taillée, ces dernières
généralement en pierre dont le polissage
dégage le tranchant seulement. Les instruments importants
en os et en ivoire sont les aiguilles avec un chas creusé
au lieu d'être perforé à la mèche et
une variété de harpons à tête
basculante, ces derniers étant particulièrement
utiles comme repères d'horizons. Quelques harpons en ivoire
et en andouiller étaient armés de pointes en pierre
taillée ou polie alors que d'autres étaient d'un
seul tenant dans le sens que la pointe perforante était
simplement polie. Grâce aux conditions du pergélisol
favorables à la conservation du bois, on a
récupéré dans quelques sites des articles
comme des manches en bois pour des burins en pierre et des
microlames, et des parties d'embarcation et de traîneau.
Des objets d'art en ivoire, en os, en bois et en stéatite
sont présents en nombre croissant mais n'atteignent pas
le degré de fleuraison apparente au cours de la
Période IV. Les premières descriptions
détaillées en quantité et en qualité
des outillages du Paléoesquimau ancien et moyen ont
été faites par
Taylor (1968) qui a
tenté de démontrer la continuité
technologique entre les complexes pré-dorsétiens
et dorsétiens.
Les complexes régionaux du Paléoesquimau moyen ont
été identifiés principalement sur la base
de leur outillage. Ceci ne s'applique pas seulement au
Paléoesquimau moyen mais aussi au Paléoesquimau
ancien. Ainsi, durant la Période III (4 000 à
1 000 avant J.-C.) "Dans l'arctique nord-américain,
la tradition des OMA (Outils microlithiques de l'arctique) est
représentée par le complexe de Proto-Denbigh et
de Denbigh Flint en Alaska, du complexe de l'Indépendance
I principalement dans l'extrême arctique canadien et le
nord du Groenland, le complexe de Saqqaq, trouvé
principalement dans le sud-ouest et le sud-est de Groenland et
les complexes du Pré-Dorsétien et du
Dorsétien généralement trouvés dans
les régions canadiennes de l'arctique central et oriental,
y compris le Labrador et Terre-Neuve"
(Schledermann 1990 :
20). La différenciation régionale semble
s'accroître durant la Période V avec le complexe de
Lagoon dans le centre de l'arctique et les complexes de
transition du Pré-Dorsétien, de
l'Indépendance II, de Saqqaq récent, le
Dorsétien I et de Groswater dans l'est. Par contre, comme
pour la Période III, les similarités entre ces
complexes régionaux excèdent leurs
différences.
Il y a eu un changement significatif du mode de subsistance de
la Période III à la Période IV alors que
les Paléoesquimaux moyens de cette dernière
abandonnèrent les anciens territoires de chasse de
l'intérieur et intensifièrent la chasse aux
mammifères marins sur la banquise
(Maxwell 1980 :
170). Les animaux terrestres étaient encore importants
mais comme une ressource complémentaire plutôt
qu'une ressource principale. Le climat plus froid a, croit-on,
réduit la disponibilité du caribou. En outre,
les mammifères marins ont tendance à constituer
une nourriture plus fiable quoique leur disponibilité
soit affectée par l'état de la banquise. Comme
les Paléoesquimaux moyens ont occupé plus
1 500 000 km carrés d'un paysage
très variable, s'étendant du delta du fleuve
Mackenzie à travers l'arctique jusqu'au Groenland et
au sud sur la côte du Labrador jusque sur l'île
de Terre-Neuve, les ressources animales et les méthodes
nécessaires pour les capturer auraient été
aussi variables. En dépit des différences
régionales quant à la disponibilité des
ressources et quant à l'importance accordée aux
proies animales spécifiques, comme le caribou, le phoque
semble avoir constitué l'élément de base
de la subsistance dans toute la région.
Concomitant avec une concentration sur la chasse aux
mammifères marins, on remarque le changement naturel
du mode d'établissement sur la côte et loin des
établissements intérieurs d'autrefois. C'est
l'une des caractéristiques exceptionnelles de
l'occupation dans l'arctique à la Période IV.
Plusieurs sites sont situés à courte distance
de la banquise et de ses concentrations de mammifères.
Un problème majeur qu'on doit solutionner afin
d'acquérir une plus grande compréhension des
modes d'établissement est relié à la
vraisemblance qu'il y ait eu des établissements
hivernaux, des iglous, sur la banquise. De tels
établissements hivernaux auraient été
idéalement appropriés pour des fins de chasse
soit près d'un plan d'eau ou au phoque aux
cheminées de respiration. La possibilité de
l'établissement hivernal sur la banquise a
été soulevée pour les
Paléoesquimaux anciens à certains endroits
comme le centre de l'arctique où les sites
d'occupation hivernale sur la terre ferme semblent absents
(Wright 1995 :
435). Évidemment, tout témoignage de l'occupation
hivernale de la banquise disparaîtrait chaque
année avec la glace. Il y a aussi les problèmes
reliés à l'acquisition d'échantillons
fauniques nous permettant de tirer des conclusions quant
à la subsistance. Les os de grands animaux, par exemple,
étaient utilisés comme combustible et,
étant donné le climat et la disponibilité
du pergélisol ou des bancs de neige en été,
la nourriture pouvait être facilement cachée pour
la consommation hivernale. Ainsi, une concentration de vestiges
d'oiseaux aquatiques dans un site n'indique pas
nécessairement une occupation estivale au moment
où les oiseaux étaient disponibles mais,
plutôt, pourrait représenter d'autres saisons
de l'année alors que les carcasses cachées
des oiseaux étaient consommées. Dans plusieurs
cas, la localisation des sites est vraisemblablement un
indicateur plus fiable de la saison d'occupation que la
récupération des vestiges fauniques.
Les abris des Paléoesquimaux moyens varient d'anneaux de
tente et de structures rectanguloides semi-souterraines à
des abris comportant des régions avec alignement axial
foyer-aire de travail et des endroits pour dormir de chaque
côté; ce dernier arrangement était le plus
caractéristique dans l'extrême arctique, le nord
du Groenland et le Labrador - Terre-Neuve.
Le chamanisme chez les Paléoesquimaux moyens se
reflétait indubitablement dans les sculptures,
principalement naturaliste, en ivoire, en andouiller, en os,
en stéatite et en bois. Plusieurs de ces objets
peuvent aussi avoir servi d'amulettes personnelles. Alors
qu'un tel art avait connu des débuts à la
Période III et s'était
généralisé graduellement à la
Période IV, ce n'est pas avant la Période V
(500 après J.-C. jusqu'à l'arrivée des
Européens) qu'il atteignit le sommet de son
développement. En plus des formes animales et
humaines, d'autres objets relativement généraux
sont des contenants pour l'attirail des chamans, attirail
sculpté sur des défenses de morse et des
harpons miniatures à tête basculante. On
détecte, dans les manifestations stylistiques,
certaines correspondances avec celles des complexes
d'Okvid et Ipiutak de la région du détroit
de Béring en Alaska. On ne peut pas dater les sites
de pétroglyphes sur la rive québécoise
du détroit d'Hudson mais, sur la base des styles,
on croit qu'il appartient à la Période IV.
Non seulement les archéologues mais les historiens
d'art ont été fascinés par l'art
Paléoesquimau (e.g. Taylor and Swinton
1967). En
fait, il a élicité l'observation à
savoir que "Les croyances magico-religieuses ont
imprégné la technologie dorsétienne
à un point tel qu'elles ont contribué à
l'accomplissement le plus frappant des Dorsétiens :
la création d'un corpus artistique qui est unique,
imprévu et remarquable"
(McGhee 1996 :
148).
Le témoignage des sépultures des
Paléoesquimaux moyens est extrêmement rare et
provient principalement de sépultures vandalisées
situées des crevasses des escarpements de calcaire
à Terre-Neuve. Quelques sites situés plus au
nord ont produit occasionnellement des restes humains. Pour
des raisons inexpliquées et peut-être symboliques,
ces restes sont souvent représentés par des
mandibules. Les restes de chien sont également rares.
On accordait peut-être aux chiens le même
traitement qu'aux humains, probablement l'exposition ou leur
déposition sur la banquise. Les études en
anthropologie physique des témoignages restreints
placent les individus dans l'ensemble racial des
Mongoloïdes du nord auquel les Inuits actuels
appartiennent.
On a trouvé populaire de considérer que les
Paléoesquimaux moyens étaient isolés dans
leur patrie de l'arctique oriental. Il y a cependant des
témoignages évidents d'influences provenant de
peuples apparentés d'Alaska. La dépopulation
des côtes du Labrador de la part des
Paléoesquimaux moyens vers 200 après J.-C. a
été attribuée aux intrusions de la part
des Indiens sur la côte ainsi qu'aux désastres
naturels
(Tuck 1976 : 101).
Le témoignage direct de contacts entre Indiens et
Paléoesquimaux moyens sont absents et "Les conclusions
générales concernant les contacts entre
Dorsétiens/Indiens au Labrador doivent être que
l'enregistrement n'apporte pratiquement aucun
témoignage de leur existence..."
(Fitzhugh 1980 :
29).
Les goupes familiaux, petits et très mobiles, composant
la société des Paléoesquimaux moyens
étaient vraisemblablement organisés en bandes
locales qui, à leur tour, auraient été
apparentés par le sang avec les bandes voisines.
Étant donné la nécessité pour les
gens de trouver de la nourriture et que les animaux de proie
pouvaient être affectés par les circonstances
naturelles et non entièrement prévisibles, une
mobilité considérable peut être
anticipée y compris des migrations occasionnelles de
populations sur de longues distances. Mais de tels
déplacements prenaient place, croit-on, conjointement
avec d'autres groupes et ainsi un système d'appui
mutuel aurait eu lieu. Pendant presque toute l'année,
on peut anticiper que la famille nucléaire était
la plus grande unité familiale et que deux ou trois
familles se déplaçaient ensemble ou se
maintenaient à proximité l'une de l'autre.
À des moments favorables de l'année, notamment
lors des montaisons de l'omble (Salvelinus alpinus)
à l'occasion du fraie dans les lacs et les
rivières à l'automne ou près d'une
colonie d'oiseaux en été, plusieurs des
groupes familiaux auraient pu s'assembler pour
réaffirmer leur identité sociale, arranger des
mariages, organiser des cérémonies et
échanger des renseignements et des
commérages.
À en juger par la nature de l'outillage des
Paléoesquimaux moyens et, en fait, de tous les
Paléoesquimaux, on peut inférer que les gens
réglaient leur comportement à l'aune d'une
conformité étroitement contraignante. Il y
avait une seule façon d'accomplir quelque chose et
c'était la façon paléoesquimaude. De
ce point de vue, il semble qu'on ait très peu
toléré un comportement idiosyncratique,
même quant il s'agissait de la fabrication des outils.
On a suggéré que l'obsession des
Paléoesquimaux moyens quant à leur
façon ultra conservatrice de faire les choses a pu
avoir été généralement
responsable de leur disparition en tant qu'entité
culturelle lorsque les ancêtres des Inuit ont
occupé leur territoire vers le début du
10e siècle
(Nash 1976 :
155).
Les limites de l'enregistrement archéologique sont en
grande partie les mêmes que partout ailleurs au Canada,
notamment la rareté des comptes rendus régionaux
sous forme de publication, le mélange des
occupations composantes en raison de l'occupation
répétée des mêmes sites, et ainsi
de suite. Cependant, il y a deux situations
généralement uniques à l'arctique :
la probabilité d'établissements hivernaux
invisibles en archéologie dans les maisons en neige sur
la banquise et, à un degré de compensation pour
le premier, la visibilité des vestiges
archéologiques visibles de l'air. Comme les Inuits de
la Période V ont fréquemment occupé les
mêmes sites que ceux des Paléoesquimaux, les
établissements hivernaux composés de grandes
pierres, d'os de baleine et de tourbe étaient hautement
visibles de telle sorte que les reconnaissances
aériennes permettent de découvrir
accidentellement des occupations antérieures. On a
suggéré que l'archéologie dans l'arctique
"...partage certains modèles avec la croyance
mythologique : l'acceptation d'une autorité
antérieure, l'intolérance d'une opinion divergente
et la recherche d'explications simples pour des
phénomènes complexes"
(McGhee 1983 : 21).
Il y a eu aussi une tendance à assumer que l'absence
d'enregistrement archéologique direct d'un
élément technologique ou culturel est
l'équivalent d'une absence réelle. Ceci a
été la base pour mettre en doute
l'existence d'éléments de la technologie,
notamment ceux des kayaks, des umiaks, des maisons en
neige, de la traction à chiens, et de l'arc et de
la flèche. En d'autres mots, il y a eu une
dépendance excessive sur l'analogie ethnographique
des Inuits et l'hypothèse tacite qu'elle pouvait
être appliquée à la technologie des
Paléoesquimaux. Comme le démontrent les
études ethnographiques récentes, les gens ont
été capables de recourir à plusieurs
façons ingénieuses pour atteindre leurs buts
sans laisser d'enregistrement archéologique.
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