La recommandation de James B. Griffin était de restreindre
le terme paléoindien aux artisans des pointes
cannelées, l'outil le plus caractéristique des
Paléoidiens
(Griffin 1977 : 10).
Ainsi, contrairement à la pratique courante, le
Paléoindien ne comprend pas la culture planoïenne qui,
dans l'ouest, s'est développée à partir de
la culture paléoindienne. Les Planoïens dans l'ouest
et les Archaïques dans l'est ont constitué des
formations équivalentes. L'exclusion de ces cultures de la
désignation paléoindienne et leur évaluation
comme équivalent occidental de l'Archaïque dans l'est
représentent un arrangement classificatoire plus
cohérent.
En dépit des comptes rendus qui, entre 1895 et 1932
après J.-C., ont rapporté que, dans les Plaines,
on avait trouvé des restes de bisons exterminés
dans la même couche que des outils en pierre taillée
(Rogers and Martin 1986),
les archéologues n'ont généralement pas
accepté ces observations avant l'avènement de la
datation par le radiocarbone
(Wilmsen 1965). Les
idées ont cependant commencé à changer en 1925
lorsque des archéologues ont mis au jour des pointes de lance
en pierre et des os de bisons exterminés dans un site
près de Folsom, au Nouveau-Mexique
(Figgins 1927). On a par
la suite reconnu que ce style distinctif de pointes de lance
recueillies dans ce site était largement répandu
à l'est des Montagnes Rocheuses aux Etats-Unis et au Canada
(Cotter 1937). Les sites
livrant ce genre de pointes contenaient souvent des renseignements
reliés à des conditions géologiques et
écologiques essentiellement différentes de celles
d'aujourd'hui. Grâce à l'avènement de la
datation par le radiocarbone, ces dates se sont constamment
regroupées entre 11 500 et 10 500 A.A. Parce que
cette culture largement répandue et fermement datée
apparaît dans un contexte archéologique, elle semble
représenter la première occupation humaine en
Amérique du Nord à l'exclusion de la Béringie.
Initialement définie dans les Plaines du centre, cette
formation la plus ancienne et la plus répandue est
appelée Clovis alors que Folsom désigne l'expression
la plus récente de cette culture. Cependant, il n'y a pas de
césure entre les datations par le radiocarbone relatives
à la culture paléoindienne ancienne (le Clovissien) et
la récente (le Folsomien)
(Haynes et al. 1984).
Le site Lindenmeier au Colorado a livré les deux styles,
anciens et récents, de pointes de lance cannelées
et des pointes qui n'étaient pas cannelées
(Wilmsen and Roberts 1978).
Il est clair que le continuum culturel entre les Paléoindiens
anciens et récents est marqué par un régionalisme
accru dans le temps. Ce régionalisme est à ce point
prononcé dans l'Ouest et dans l'Est de l'Amérique du
Nord que plusieurs archéologues sont d'avis que les termes
"Clovissien" et "Folsomien", originaires de l'Ouest, sont
étirés à l'extrême quand on les applique
aux assemblages paléoindiens recueillis à l'Est de la
rivière Mississipi
(Deller and Ellis 1992).
Dans cet ouvrage, le Paléoindien ou la culture
paléoindienne désigne les assemblages clovissiens,
folsomiens et les classifications qui en sont dérivées
dans l'est. Le terme "culture" est utilisé comme une
étiquette pour décrire un modèle culturel
largement partagé et à prédominance technologique
(Frison 1983;
Haynes 1980;
MacDonald 1983;
Wilmsen 1965;
Wormington 1957).
La propagation de la culture paléoindienne coïncide
avec les changements écologiques nombreux qui sont survenus
à la fin du Pléistocène; des changements
reliés au climat, à la végétation,
à l'hydrologie, aux cycles d'érosion et de
déposition, à l'extinction d'espèces
animales et à la densité des populations. Les
Paléoindiens rencontrèrent des milieux uniques
consistant en une mosaïque de communautés de plantes
qui n'ont aucun parallèle aujourd'hui, ainsi que des glaciers
et des plans d'eau qui en découlaient, et une faune
variée qui comprenait des espèces comme des mammouths,
des chevaux, des chameaux, et de grands bisons d'une espèce
aujourd'hui disparue. À la fin du Pléistocène
les communautés de plantes ont changé rapidement et
des espèces de grands fauves, autant proies que
prédateurs, se sont éteintes. Le rôle
joué par les Paléoindiens dans leur extinction a
donné lieu à des discussions qui se poursuivent
encore. Il y a des indices que la culture paléoindienne a
servi de base au développement de la plupart des cultures
régionales dont les cultures archaïques dans l'est
et les cultures planoïennes dans l'ouest.
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