(Page 2) |
Skedans
Les habitants de villages haïdas tels que Skedans échangeaient probablement plusieurs milliers d'objets avec des voyageurs. Un millier de ces objets se trouvent peut-être maintenant dans des musées, mais on ne connaît le village d'origine que de quelques dizaines d'entre eux. Dawson a fait quelques observations intéressantes sur la façon dont se déroulaient les échanges de curiosités :
Nous avons été assaillis ce matin par des Indiens qui avaient diverses choses à vendre, des curiosités, des pommes de terre nouvelles grosses comme des noix [...] Peu après la tombée de la nuit, le capitaine Klue et trois de ses gens sont arrivés, dépités de ne pas avoir été assez malins pour nous offrir des articles à acheter quand nous étions dans leur pays, ayant entendu dire que Skedan profitait à ce point de notre passage. Ils avaient apporté un masque remarquable avec un nez d'à peu près six pieds [1,8 m] de long, un mât de danse très prisé et peint de couleurs vives ainsi qu'un ornement de tête composé d'un anneau d'écorce de cèdre dans lequel étaient plantées un grand nombre de fausses flèches en bois et à plumes. Ils accordaient une grande valeur à tout cela et avaient manifestement apporté ce qu'ils avaient de mieux pour couper l'herbe sous les pieds de Skedan et de ses amis.
|
On voit sur ce hochet de chaman un Ours à la langue étirée. De l'autre côté, on voit une tête d'Épervier.
Recueilli à Skedans en 1897 par Charles F. Newcombe.
MCC VII-B-544 (S92-4238) |
Il se dégageait du village de Skedans une atmosphère toute particulière, que peuvent encore sentir les visiteurs d'aujourd'hui. Robert Bruce Inverarity, historien de l'art, collectionneur et directeur de musée, s'est rendu sur les lieux en 1932 et a décrit ses impressions :
Hier soir, j'ai cru entendre des voix dans le vent, et j'ai d'abord pensé que les chasseurs de phoque avaient débarqué sur la plage. Mais quand j'ai entendu des voix de femmes, je me suis dit qu'un groupe venait peut-être d'arriver de Skidegate, mais comme les voix ne se rapprochaient ni ne s'éloignaient, j'ai compris que je me trompais. Ils semblaient tous chanter. Les voix d'hommes étaient basses, et les voix de femmes très aiguës et soutenues. Je me suis levé et j'ai porté mon regard sur la plage -- il n'y avait pas âme qui vive. Au matin, j'ai jeté un coup d'oeil à la plage, mais rien n'indiquait qu'un bateau y ait abordé. J'ai appris plus tard que d'autres personnes avaient aussi entendu des revenants, et quand j'ai décrit le chant à de vieux Indiens, ils m'ont dit que j'avais entendu un chant funèbre.
|