La guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres
La Première Guerre mondiale se solda par une coûteuse victoire pour l’Entente et une défaite totale des Puissances centrales. S’y trouvaient enfouis les germes d’un conflit futur.
Changements radicaux après-guerre
La guerre sonna le glas des empires allemand, austro-hongrois, russe et ottoman et créa une foule de nouveaux États aux frontières arbitraires, et fit couver des conflits de la mer Baltique au golfe Persique. Les vainqueurs européens – la France, l’Italie et la Grande-Bretagne – étaient financièrement et politiquement épuisés. Pleurant un nombre de morts sans précédent, ils voulaient obtenir de leurs ennemis territoires et réparations. Les États-Unis se réfugièrent bientôt dans l’isolationnisme, consternés par les querelles apparemment insolubles de l’Ancien Monde. La Russie demeura aux prises avec la guerre civile et la violence idéologique, d’abord attaquée, puis ignorée par les gouvernements occidentaux. La nouvelle Société des Nations ne pouvait jouer aucun rôle significatif pour préserver la sécurité internationale si ses principaux membres n’avaient en vue que leurs propres intérêts. Pendant les cruciales premières années de la Société des Nations, les plus importantes puissances potentielles de l’Europe, l’Allemagne et la Russie soviétique, n’en furent pas membres.
Une paix instable
La Première Guerre mondiale se termina par une victoire complète et une paix instable. L’Allemagne d’après-guerre, désarmée et humiliée, devint une république faible et éphémère. Ses ressentiments et ses frustrations – réelles ou imaginaires – facilitèrent l’ascension des violents fascistes de Hitler. La Russie bolchevique, l’Espagne fasciste et une bonne partie de l’Europe orientale et centrale succombèrent également à des dictatures brutales mais parfois populaires. La plupart nourrissaient des desseins territoriaux sur des États voisins ou avaient des comptes à régler au pays avec ceux qui n’avaient pas accepté leur arrivée au pouvoir. Des émeutes, des actes de répression domestique et même des guerres eurent lieu dans une grande partie de l’Europe. L’Italie chercha à accroître ses possessions coloniales en Afrique. Le Japon se dota des forces armées et de l’éthos militariste qui conquerraient bientôt la plus grande partie de la région Asie-Pacifique. La guerre laissa les principales puissances divisées, même aux négociations du traité de Versailles, avec un esprit de vengeance à l’égard de vieux ennemis et de méfiance vis-à-vis des vieux amis.
Désillusion, crainte et menace d’une guerre future
La période d’après-guerre fut marquée par la lassitude, des dettes et des désillusions. Des intellectuels et des citoyens ordinaires remirent en question les notions de progrès humain et de rationalité scientifique que les générations d’avant-guerre avaient crues naturelles et éternelles. Des auteurs parlèrent d’une « génération perdue » ; des artistes représentèrent les horreurs de la guerre. Lentement et de façon inégale, les économies occidentales récupérèrent de leurs efforts du temps de guerre et se réorganisèrent; beaucoup d’économies de l’Est, ravagées par l’inflation d’après-guerre, parvinrent à peine à se reconstruire. Le Canada et les autres dominions britanniques avaient acheté la fierté, la gloire et l’autonomie politique sur les champs de bataille des Flandres à l’Irak, mais elles l’avaient fait à un coût très élevé. Les cicatrices de la guerre, et les terribles séquelles laissées par les morts, firent que la plupart des Alliés victorieux évitèrent les engagements internationaux au cours des années d’après-guerre.
Cela n’était pas évident aux yeux des foules qui faisaient la fête à Ottawa ou à Paris en novembre 1918, mais sous les cendres de la Première Guerre mondiale se dissimulaient les braises de la Seconde.