Currie commanda le Corps canadien de juin 1917 à son démantèlement à la fin de 1919.
D’officier de la milice à commandant de division
Officier de la milice et éducateur, Currie n’avait jamais commandé quoi que ce soit de plus important qu’un régiment au moment du déclenchement de la guerre en 1914. On lui confia un commandement de brigade au sein du premier contingent et montra qu’il était un excellent organisateur et animateur d’entraînement. Au cours de la deuxième bataille d’Ypres, en avril 1915, la brigade de Currie joua un rôle central pour tenir la position alliée. Il obtint en septembre 1915 le commandement de la 1re division canadienne et la dirigea avec compétence pendant les deux années suivantes.
Currie n’était pas un leader charismatique et il n’entretenait pas de rapports chaleureux avec ses soldats. Mais sa compréhension de l’importance de la préparation à la bataille et de l’attaque planifiée limitée pour « prendre et tenir » des positions ennemies venait d’une préoccupation sincère face au sacrifice inutile de vies dans des attaques frontales futiles. Il étudia soigneusement les leçons des récents combats et chercha à les mettre en œuvre dans les forces sous son commandement.
Un brillant commandant de corps
Sir Julian Byng, le commandant du Corps canadien de 1915 à 1917, prépara Currie pour qu’il le remplace. Quand Byng devint commandant d’armée après que ses Canadiens eurent pris d’assaut la crête de Vimy avec succès en avril 1917, Currie fut nommé en juin à la tête du Corps canadien. Premier, et unique soldat canadien à occuper ce poste, Currie s’avéra un excellent commandant de corps. Son empressement à exiger davantage de canons ou de temps de préparation avant les grands assauts sauva des vies alliées et accrut les chances de succès. Sous la direction de Currie, les Canadiens consolidèrent leur réputation de formation d’assaut d’élite, avec une série ininterrompue de victoires majeures en 1917-1918, dont la Cote 70, Passchendaele, Amiens, Arras et le Canal du Nord. Il est généralement considéré comme l’un des meilleurs généraux de la guerre.
Politique et scandale après-guerre
La réputation immaculée de Currie en temps de guerre ne resta pas intacte dans l’après-guerre. Son opposition à la nomination d’officiers favorisés par les politiciens lui avait créé des ennemis à Ottawa. Parmi ceux-clà figurait sir Sam Hughes, dont Currie avait oublié le fils, Garnet, ami intime avant-guerre, pour une nomination à un poste important en France. Quand la guerre prit fin, Hughes père accusa Currie d’avoir sacrifié des vies canadiennes dans d’inutiles batailles à la veille de l’Armistice. Ce n’était pas vrai, mais l’accusation suivit Currie pendant des années, même quand il devint recteur de l’Université McGill au début des années 1920. Le général finit par riposter et gagna un procès en diffamation très suivi en 1928, mais cela ruina sa santé et il mourut en 1933 à l’âge de 57 ans. Des dizaines de milliers de personnes assistèrent à ses obsèques, plus que pour tout Canadien jusqu’à ce moment de l’histoire du pays.