Au début de la guerre, en août 1914, le gouvernement canadien promulgua rapidement la Loi sur les mesures de guerre (LMG). Les pouvoirs importants accordés par cette loi permirent au gouvernement de suspendre ou de limiter les libertés civiles dans l’intérêt de la protection du Canada, y compris le droit d’incarcérer les « sujets d’un pays ennemi ».
Les «sujets d’un pays ennemi » et les opérations d’internement
L’expression « sujet d’un pays ennemi » faisait référence aux citoyens d’États en guerre avec le Canada qui vivaient au Canada pendant le conflit. En vertu de la LMG, le Canada interna 8579 sujets d’un pays ennemi dans 24 stations de réception et camps d’internement de 1914 à 1920. Otter en classifia 3138 comme des « prisonniers de guerre », alors que les autres étaient des civils. La majorité des personnes internées étaient d’origine ukrainienne, ciblées parce que l’Ukraine était alors partagée entre la Russie (une alliée) et l’Empire austro-hongrois, un ennemi de l’Empire britannique. Outre ceux qui furent placés dans des camps, 80 000 autres sujets d’un pays ennemi, eux aussi surtout ukrainiens, furent obligés de porter des papiers d’identité et de se présenter régulièrement aux postes de police locaux.
Le gouvernement employait souvent des internés pour d’importants travaux, par exemple l’aménagement du parc national Banff et de nombreuses opérations minières et d’exploitation forestière. Sir William D. Otter, un des plus éminents soldats du Canada, commanda la gestion de ces camps d’internement souvent installés en pleine campagne et isolés. On confisquait aux internés une bonne partie de leurs biens, et on versait à la plupart 0,25 dollar par jour, beaucoup moins que ce qu’on offrait aux travailleurs de cette époque. Les Canadiens internés furent également privés de leur droit de vote au cours de la guerre.
Un aveu d’innocence
La ferveur et la peur xénophobe du temps de guerre avaient été les principaux facteurs déterminant la politique d’internement, et non de véritables attaques contre l’effort de guerre intérieur du Canada par des sympathisants de l’ennemi. Il y eut bien quelques projets absurdes de sabotage en sol canadien, et la crainte d’une invasion allemande persista pendant plusieurs années, mais aucune menace sérieuse ne se matérialisa.
L’internement de Canadiens laissa des cicatrices douloureuses et, dans le cas des Canadiens d’origine ukrainienne en particulier, le soupçon persistant d’une déloyauté générale. En novembre 2005, après une longue campagne populaire menée par la communauté ukrainienne, la loi C-331 reconnut l’internement de Canadiens d’origine ukrainienne pendant la Première Guerre mondiale et appela à un règlement négocié entre le gouvernement et les membres de la communauté canadienne d’origine ukrainienne.
Depuis 2005, des négociations ont lieu entre des membres de la communauté canadienne d’origine ukrainienne et le gouvernement sur des questions de réparations.