La production alimentaire et l’agriculture étaient des éléments essentiels de l’effort de guerre et Ottawa encouragea les agriculteurs et les fabricants de produits alimentaires à maximiser leur production.
L’expansion de l’agriculture
La production agricole augmenta rapidement en réaction aux pressions du gouvernement fédéral, à la pénurie sévissant au niveau international et aux prix élevés. Les familles des régions rurales s’enrichirent, alors que les exportations de blé, de fromage, de viande, de poisson et d’autres denrées augmentaient pour répondre à la demande internationale croissante. Mais ces profits élevés masquaient de graves problèmes, particulièrement dans les Prairies productrices de blé, où la chaleur, la sécheresse, le gel et l’épuisement des sols pendant la guerre réduisirent la production à l’acre alors que la superficie des exploitations et les besoins en main-d’œuvre agricole augmentaient.
Les agriculteurs en manque de main-d’œuvre s’opposent à la conscription.
Lors du débat sur la conscription en 1917, les agriculteurs poussèrent le gouverment Borden à reconnaître l’importance de leur effort de guerre en exemptant leurs fils de la conscription. Le gouvernement de coalition de Borden, qui avait désespérément besoin du vote des agriculteurs, accepta dans un premier temps, mais il mit fin à cette exemption en avril 1918 à cause des pertes continuelles outre-mer et du faible recrutement au pays.
Persuadés que Borden les avait trahis, les agriculteurs protestèrent collectivement, mais la conscription se poursuivit. L’opposition du monde rural à la façon dont Ottawa traita les questions rurales et régionales, et celles concernant l’agriculture pendant la guerre, perdura après celle-ci et suscita la création de nouveaux partis politiques et de mouvements de protestation.
Les soldats de la terre
La pénurie de main-d’œuvre agricole obligea les autorités à solliciter l’aide d’enfants plus âgés et d’adolescents. Les « Soldats de la terre » (SDT) étaient une initiative de la Commission canadienne du ravitaillement. Elle encourageait les garçons adolescents à se porter volontaires pour les travaux agricoles et recruta 22 385 jeunes hommes de partout au pays. Beaucoup venaient d’écoles secondaires urbaines et vécurent sur des exploitations agricoles pendant des périodes de trois mois ou plus.
En échange de leur travail, les recrues des SDT étaient logées et nourries, recevaient de l’argent de poche et – dans le cas des élèves du secondaire – étaient exemptées des cours et des examens de fin d’année. Une fois leur période d’engagement terminé, et si elles avaient servi avec honneur, on leur remettait également un insigne reconnaissant leur service, souvent au cours d’une cérémonie communautaire.
Le Corps du service agricole (« Farmerettes »)
La pénurie de main-d’œuvre incita également le gouvernement et le secteur privé à appuyer l’embauche de femmes et d’un certain nombre de filles et de garçons du secondaire pour les travaux agricoles.
Le Corps du service agricole, par exemple, était une initiative du gouvernement de l’Ontario dont les objectifs était semblables à ceux du programme national des Soldats de la terre, mais il s’adressait principalement aux femmes.
Ses membres, appelés « farmerettes », participaient à tous les travaux de la ferme, remplaçant les hommes servant dans l’armée. En 1918, par exemple, 24 000 femmes récoltèrent des fruits dans la vallée du Niagara : La Young Women’s Christian Association, ou YWCA, organisa également des camps de travaux agricoles, tout comme certaines institutions charitables et ministères des travaux publics de certaines provinces. Il n’existait pas de programmes de ce genre dans les autres provinces, mais les femmes des régions rurales participèrent intensivement au travail agricole, comme elles l’avaient fait avant la guerre, mais maintenant, elles le faisaient sans l’aide de leurs maris, de leurs fils ou d’une quelconque main-d’œuvre agricole. Malgré le défi que cela posait, c’est ce type de travail solitaire et harrassant qui permit au Canada de fournir à ses alliés le matériel et les produits alimentaires qui leur permirent de gagner la guerre.