Les fonds patriotiques existaient au Canada depuis plus d’un siècle. Principalement privés, ils acceptaient des dons de particuliers et d’entreprises pour aider les soldats et leurs personnes à charge pendant et après les guerres.
De l’argent pour les familles
Le militant pour l’action sociale et manufacturier de Montréal, sir Herbert Ames, poursuivit dans cette voie et créa en août 1914 le Fonds patriotique canadien (FPC). Organisation privée parrainée par le ministre fédéral des finances, qui en était le trésorier, le FPC allait recueillir près de 50 millions de dollars pour les familles des soldats et les distribuer grâce à un vaste réseau de bénévoles locaux. Le Fonds exhortait les Canadiens « à se battre ou à payer », et s’efforçait de garantir aux hommes mariés – 20 pour cent de tous les soldats canadiens pendant la guerre – qu’on allait prendre soin de leurs femmes et de leurs familles en leur absence.
Admissibilité influencée par les valeurs sociales
Dans l’accomplissement de sa mission – recueillir des fonds, apporter des secours et donner des conseils de nature sociale aux bénéficiaires – le FPC professait des opinions conservatrices quant à l’admissibilité fortement axée sur la vertu morale. Les personnes chargées des enquêtes pour le fonds, notamment des centaines de femmes, agissaient en qualité de travailleurs sociaux bénévoles, visitant les familles pour déterminer leurs besoins et leur admissibilité. Elles les conseillaient souvent sur la façon de résoudre des problèmes liés à la guerre, comme l’établissement d’un budget, les soins à donner aux enfants, la nutrition et l’hygiène personnelle. Les bénéficiaires considérés comme non méritants pouvaient être abandonnés sans appel.
Une leçon bien apprise : L’État providence
Le FPC et d’autres initiatives privées effectuèrent un travail essentiel, mais la guerre convainquit la plupart des Canadiens que soutenir les familles des soldats était une responsabilité publique. Le FPC ne fut pas rétabli au cours de la Deuxième Guerre mondiale et c’est le gouvernement canadien qui allait se charger du bien-être des soldats. Ce fut un élément important de la transformation du Canada en un État providence.