Le Corps canadien, une formation de 100 000 hommes, reçut l’ordre de se rendre sur le front de Passchendaele, à l’est d’Ypres, à la mi-octobre 1917.
Des conditions effroyables
Lancée le 31 juillet, l’offensive britannique dans les Flandres avait eu pour objectif de chasser les Allemands des ports essentiels de la Manche et de détruire les bases des U-boots sur la côte. Mais la pluie et les tirs d’obus incessants réduisirent le champ de bataille à un immense bourbier, parsemé de corps et de trous d’obus, où l’attaque se retrouva paralysée. Après des mois de combat, les troupes allemandes tenaient toujours avec opiniâtreté la crête de Passchendaele. Sir Douglas Haig, commandant en chef de la British Expeditionary Force, donna l’ordre aux Canadiens de remporter la victoire.
Préparation minutieuse et attaque
Sir Arthur Currie, commandant du Corps canadien, était contre la bataille, craignant qu’elle ne puisse être remportée qu’au prix de lourdes pertes, mais Haig voulait à tout prix une victoire symbolique et insistait sur la nécessité de consentir cet effort, croyant qu’une victoire, même limitée, permettrait de sauver la campagne. N’ayant d’autre choix que d’attaquer, Currie se prépara soigneusement au combat, comprenant qu’une préparation minutieuse, particulièrement dans le cas de l’artillerie et des ingénieurs, était indispensable pour pouvoir avancer sur ce terrain dévasté.
Les Canadiens arrivèrent dans les Flandres à la mi-octobre pour prendre la relève des troupes australiennes et néo-zélandaises et ils furent choqués par les conditions effroyables régnant sur le champ de bataille. Currie ordonna la construction de nouvelles routes, le creusement de trous à canons ou leur amélioration, et la réparation et le prolongement des lignes de tramway (chemin de fer léger). Des chevaux et des mules transportèrent des centaines de milliers d’obus au front en vue du barrage d’artillerie qui serait opposé à l’attaque de l’infanterie. Les Allemands occupant la crête de Passchendaele tirèrent sans discontinuer sur ces efforts, tuant ou blessant des centaines d’hommes.
L’héritage de Passchendaele
Les Britanniques perdirent environ 275 000 des leurs à Passchendaele contre 220 000 pertes pour les Allemands, ce qui fit de cette bataille une des plus meurtrières batailles d’usure de la guerre. Les Alliés, plus nombreux, pouvaient davantage supporter leurs pertes, grâce, tout particulièrement, à la récente arrivée des États-Unis à leurs côtés, mais la bataille avait sapé le moral collectif de la British Expeditionary Force. Passchendaele, souvent décrit comme le creux de la vague de l’effort de guerre britannique, demeure le symbole des combats terribles et meurtriers du front occidental.